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219E0178.TXT

PL. ARLON 219E
A.Jérôme

178

Vrami Les effondrements de Waltzing.

Lorsqu'on parcourt les terrains et les prairies de Waltzing, à l'Est
d'Arlon, on a l'occasion d'observer un phénomène assez remarquable
qui frappe d'autant plus l'attention du géologue qu'il est
absolument localisé et ne se présente que sur une étendue de
territroire très restreinte.

Ce phénomène consiste dans la formation de trous béants dus à des
effondrements et qui ont parfois plus de deux mètres de profondeur
avec une ouverture tantôt circulaire, tantôt oblongue, dont le grand
axe varie de un mètre ou moins à quatre ou cinq mètres.

Ces trous ne s'observent que dans la section de Waltzing, dans la
portion de son territoire qui s'étend entre le village et la ville
d'Arlon.

Le croquis suivant indique leur zône de répartition sur la planchette
au 20.000e (6)

Le sol de cette région est assez fortement ondulé. Dans son ensemble,
il présente un bourrelet accentué formant la limite orientale de
l'étage virtonien à faciès argileux et prenant contact dans la vallée
avec la marne de Strassen, laquelle s'étend dans le village et dans
les plaines basses vosines.

Ce bourrelet est entrecoupé de dépressions d'une déclivité moyenne
de 6%, inclinées vers la marne de Strassen au bord oriental du
bourelet et découpées à peu près perpendiculairement à sa direction
générale.

Placé à la ligne de partage des eaux du Rhin et de la Meuse, le
versant Ouest donne naissance à la Semois, tandis que le versant
oriental où se produit le phénomène que nous allons décrire a son
écoulement ver l'Eich, sous affluent de la Sûre.

Sur le versant occidental existent aussi deux dépressions, dont la
déclivité ne dépasse pas 2 à 3%. On y observe aucun effondrement
analogue à ceux de l'autre versant.

Nature du sous-sol. - Le sous sol est formé de lits d'argile sableuse
bleuâtre à une certaine profondeur, grisâtre ou jaunâtre à la surface
par altération avec des bancs de calcaire argilo-sableux subcontinus,
d'épaisseur variable.

Les lits d'argile ou du niveau ont parfois une teneur en silice très
considérable, surtout dans le haut, et passent au sable argileux.
Les bancs de calcaire argilo sableux sont très altérables. Les blocs
qui les constituent exposés aux agents atmosphériques se délitent, se
clivent et se résolvent en plaquettes qui se brisent sous une faible
pression.

Les lits terreux aussi bien que les bancs sont très pauvres en
fossiles. Je n'ai pu y découvrir jusqu'à ce jour que quelques rares
Gryphaea cymbium et quelques débris de plantes indéterminables.
Des fossiles assez nombreux se rencontrent cependant dans des bancs
qui se trouvent plus au Sud, dans la tranchée d'Arlon, et qui
appartiennent au même niveau. On y a découvert engagés dans la pierre
et faisant corps avec elle des ossements d'Ichthyosaure, des
Pholadomies, Gryphaea regularis, etc.


Description des trous. Circonstances dans lesquelles ils se forment.

Nous avons indiqué plus haut les dimensions des trous: diamètre de
l'ouverture: un mètre et moins jusqu'à 4 à 5 mètres; profondeur: de
un mètre à deux mètres et plus.

Ils se produisent par l'affaissement brusque d'une mince couche
d'argile qui recouvre une excavation souterraine.

Assez fréquemment, cet affaissement se produit sous les pieds des
chevaux qui labourent et dont le corps disparaît ainsi tout à coup
partiellement comme dans une trappe. Mais l'effondrement peut aussi
se faire spontanément, et c'est ce que l'on constate dans les
prairies naturelles entre Waltzing et Arlon, où l'on observe
plusieurs de ces trous qui se sont manifestement formés sans
l'intervention d'une poussée extérieure.

C'est surtout l'hiver et au printemps, après les pluies et les
précipitations abondantes que le phénomène se produit. Nous verrons
tout à l'heure pourqoui.

On peut chaque année observer en parcourant les campagnes que de
nouvelles excavations de sont formées. D'ailleurs, comme elles
constituent une gène pour la culture, dans les terres labourées, on
les referme, en les remplissant de pierrailles ou de fascines que
l'on recouvre de terre. Ces dernières conviennent particulièrement
bien, parce qu'elles n'apportent aucun obstacle à l'écoulement des
eaux; Elles se conservent assez longtemps en bon état, l'épaisse
couche de terre qui les recouvre, les mettant à l'abri du contact de
l'air.

Les excavations s'observent à différentes cotes de niveau,
généralement dans les endroits où la pente est atténuée et
particulièrement dans les concavités de la surface du sol.


Explication du phénomène, conditions hydrologiques de la région.

Quelle est la cause du phénomène ? Evidemment, elle se trouve dans la
nature du terrain et dans les conditions hydrologiques de la région.

Nous avons dit que le sous-sol est argilo sableux, avec intercalation
de bancs calcaires argilo sableux, non continus et très altérables;
mais les lits de terre argileuse n'ont pas tous le même degré de
compacité et peuvent avoir un certain degré de perméabilité. Les eaux
des précipitations qui se produisent à la surface des plateaux
s'infiltrent immédiatement dans le sol ou ruisselent jusqu'à ce
qu'elles rencontrent un affleurement suffisamment perméable ou une
crevasse en communication avec un lit perméable. Il se produit ainsi
une série de nappes aquifères de faible épaisseur étagées.

Mais les bancs de calcaire argilo sableux jouent aussi leur rôle dans
la circulation des eaux souterraines. Ces calcaires, avons-nous dit,
sont très altérables et de délitent avec le plus grande facilité.

Sous l'action des eaux, ils de fissurent et donnent lieut à des
communications entre les nappes superposées. Ces fissures attirent
les eaux qui coulent dans de véritable canaux naturels et souterrains
en petits ruisselets qui entrainent les terres, tourbillonnent par
places et produisent par érosion souterraine des excavations
relativement considérables, surtout lorsque des pluies abondantes
leur fournissent un contingent plus volumineux.

Une légère pression exercée au-dessus de ces excavations, ou
simplement le poids de la couverture rendue plus lourde par
l'imbibition de l'eau produit l'affaissement, et le trou se forme.

Plusieurs faits viennent confirmer cette explication:

a) dans les fondations d'une nouvelle bâtisse creusées récemment à front
de la route d'Arlon à Waltzing, les eaux des dernières pluies se sont
accumulées sur le sol imperméable, puis ont disparu tout à coup dans
des excavations de quelques décimètres carrés qui se sont ouvertes
dans les bancs de fond.

b) A différentes cotes de niveau, existent des sources, parfois assez
Vrami abondantes l'hiver, mais qui tarissent l'été, d'autant plus tôt
qu'elles sont à des cotes plus élevées. Les eaux de ces sources après
avoir coulé quelque temps à la surface disparaissent parfois un peu
plus bas dans la terre. Les eaux de ruissellement ont le mêle sort
ou s'engouffrent dans des canaux souterrains naturels.

c) Dans le fond des trous d'effondrement, on constate souvent
l'existance de vrais ruisselets. Il en existe une série dans le creux
d'un vallon situé entre Arlon et Waltzing, qui marquent le trajet
d'un courant d'eau en grande partie souterrain sur un parcours de
quatre à cinq cents mètres, et qui apparaît définitivement au jour au
village même.

d) En temps de pluie les eaux des sources sont troubles. Coulant
généralement en ruisselets souterrain, elles ne subissent pas
l'épuration qui est le propre des nappes qui se fraient leur passage
entre les grains d'une épaisse nappe sableuse. Les nombreuses
galeries de taupes qui sillonnent la couche superficielle du sol
favorisent cette circulation en ruisselets.


Il résulte des faits signalés plus haut que le village de Waltzing,
quoique situé dans une dépressions assez profonde, et entouré au
Nord et à l'Ouest de collines assez élevées se trouve dans des
conditions très désavantageuses au point de vue de l'alimentation en
eau potable. Les sources s'assèchent rapidement et tarissent l'été.

D'ailleurs leurs eaux n'ont pas subi une filtration suffisante et ne
sont pas débarrassées des matières organiques dont elles se sont
chargées en traversant la couche arable. L'analyse de l'eau d'une de
ces sources faite par M. Ney, à Arlon, au point de vue chimique, et
par le laboratoire agricole de Liège au point de vue bactériologique
en à démontré la mauvaise qualité.

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