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186W0008.TXT

PL. ROCHEFORT 186W

8 (IV)

E. Van den Broeck, Martel et Rahir.- Les Cavernes et Rivières souterraines
de la Belgique. 1910.

Extrait, pp. 15-22.

Grotte du Pré au Tonneau; altitude + 175m, gouffre situé presque au
débouché du ravin du fond de Dallaine; c'est une ancienne et très impor-
tante déperdition de la rive gauche de la Lomme, à peu près mise hors
fonctionnement par l'approfondissement du lit de la rivière.

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PL. ROCHEFORT 186W
F. CORIN

8 (suite)

E. Van den Broeck, Martel et Rahir.- Les Cavernes et Rivières souterraines
de la Belgique. 1910.

page 15

Le Pré-au Tonneau; alt. 175m, gouffre situé presqu'au débouché du ravin du
fond de Dallaine (qu'emprunte la voie ferrée de Jemelle à Rochefort), est
une ancienne et très importante déperdition de la rive gauche de la Lomme,
à peu près mise hors de fonctionnement par l'approfondissement du lit de la
rivière et surtout par l'établissement de la digue, pourvue d'une vanne
utilisée lors des crues, sur laquelle passe le chemin de fer.

C'est un des meilleurs types de points de capture que l'on puisse rencon-
trer: sa très pittoresque entrée montre à merveille l'agrandissement des
joints et diaclases d'un calcaire incliné à environ 45° sur l'horizon.

L'auvent du rocher qui lui sert de vestibule, mérite de nous arrêter un
instant. D'abord on remarque, à diverses hauteurs, sur ses parois, les
orifices de plusieurs séries de conduites, plus ou moins petites, ir-
régulières, normales aux couches, diaclases élargies par corrosion et qui
témoignent du processus de descente des canaux de capture (facilitée par le
pendage à gauche) au fur et à mesure de l'approfondissement du grand thal-
weg extérieur; puis quand on est parvenu au fond de ce vestibule, à
l'entrée de la partie obscure proprement dite, on constate en toute éviden-
ce que ce fond représente une portion d'un vaste canal souterrain, mainte-
nant à sec (du moins à l'étage) parallèle au thalweg extérieur, et qui a
été mis en communication avec le dehors par un véritable effondrement. De
cet effondrement est résultée l'ouverture du grand porche d'entrée qui
s'est trouvé, ou bien crevé par l'irruption des eaux externes, ou bien
affaissé sous l'effort des eaux internes; plus probablement même, écroulé
par cette double action combinée; car ce porche n'est qu'un regard latéral,
un vaste soupirail greffé sur le canal primitif de capture, dont l'origine
vers l'amont est indiqueée, du côté N-E, par des fissures impénétrables.

Ici, l'on est en présence d'un ancien drain souterrain de la Lomme, prati-
qué quand elle coulait plut haut, et qui serait demeuré ignoré sans
l'ecroulement postérieur et adventice du porche crevé sur un flanc. Très
caractéristiques sont, en cet endroit, les cupules de corrosion chimique et
surtout les ruptures de strates et particulièrement une petite arcade
naturelle due, au contraire, à l'érosion mécanique; la localité est, à ces
divers point de vue, des plus curieuses.

Dès que l'on pénètre (direction du S-O) dans la partie de la caverne où il
faut s'éclairer artificiellement, on voit celle-ci se partager en de mul-
tiples ramifications parmi de gros blocs ou piliers rocheux que leur com-
pacité a protégés contre l'attaque des eaux; mais cet apparent labyrinthe
se réduit vite à deux parties principales: la grotte inférieure et la
grotte supérieure.

A moins de 50m de distance à vol d'oiseau on arrive à une rigole où court
un petit ruisseau, déjà atteint en 1890 par l'un de nous et De Launay (1)
qui, pas plus que nous-même d'ailleurs en 1902, n'a réussi à le suivre, à
cause de l'étroitesse des fissures ou de leur obstruction par l'argile. Ce
courant, situé bien plus bas que la Lomme extérieure, s'en va dans la
direction de Rochefort et des résurgences d'aval et il fait partie de tout
ce réseau de canalicules internes soutirés sur la rive gauche de la Lomme,
drainés en profondeur à cause du pendage naturel des calcaires, et dont la
majeure partie reste totalement inconnue.

La grotte supérieure du pré-au-Tonneau est d'une coupe extrêmement curieu-
se. Au-dessus de la grande salle, remplie d'argile glissante, qui domine la
grotte inférieure (et qui même communique directement avec elle par une
foule d'interstices dangereux à franchir entre des blocs mal équiligrés),
elle s'élève assez rapidement le long des joints de stratification élargis,
et exactement dans la même direction que celle de l'étage inférieur.

En beaucoup de point de recoupement, l'obliquité de certaines fissures fait
rencontrer une crevasse montante dont la voûte se perd en pointe étroite
vers la droite (N-O) tandis que le fond, à quelques mètres en cohtre-bas, à
gauche (S-E) se termine par une poche d'eau ou par un bouchon d'argile.
L'ascension de la grotte supérieure n'est en réalité que la remontée d'une
descente fluviale, le lieu de soutirage des infiltrations du plateau de
Berauregard (alt. 230 à 250m) sous lequel s'ouvre le Pré-au-Tonneau, qui a
opéré le drainage de ce plateau, par le haut, aussi bien que la capture de
la Lomme, par le bas. L'étage supérieur de la caverne en effet, s'élève
régulièrement vers la surface du sol.

Si la galerie n'y débouche pas directement au jour par un orifice naturel,
artificiellement clôturé - ce que personne n'a pu ou voulu nous dire dans
la région (2) - ou accidentellement obstrué, il n'en est pas moins certain
que cette série de fissures, avec leurs crevasses latérales, correspondant
à un ou à plusieurs anciens points de capture ou d'infiltration superfi-
cielle que les pluies actuelles peuvent encore utiliser.

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(1) Bull. de la Soc. Géologique de France, 3° série, t.XIX (1 décembre
1890), p.159, - et Les Abîmes, p.428.

(2) Nous sommes obligés d'avouer que, - mettant à part l'extrême bon
vouloir et la complaisance dont ont fait preuve à notre égard pôur
faciliter nos recherches les propriétaires des grottes de Han et de
Rochefort, MM. de Pierpont et Collignon, - nous avons été, en d'autres
points de la région, parfois gênés dans nos investigations par de
malencontreuses entraves où des indications erronées dues aux défiances
locales, concurrantes entre elles, qui redoutent (ou espèrent) toujours
l'inopinée trouvaille de quelque sensationnelle caverne, appelée à
rivaliser fructueusement avec celles déjà exploitées.

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