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182E0452.TXT

Feuille : 182E - SENZEILLE - 574
secteur :
numéro : 452
code : 182E0452 - 5740452
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roche :
formation :
localisation :

nature : Affleurement

description :

BOUCKAERT, J. & MOURAVIEFF, N. (avec la collaboration de E. BLYSKOWKSA), 1970. Déviation de la ligne 132. Description géologique du raccord de Neuville. Professional Paper, 1970/8.

La mise sous eau future de la vallée de l'Eau d'Heure par la construction des barrages de Silenrieux et de la Plate Taille nécessite la déviation du chemin de fer desservant la susdite vallée.

Dans ce but deux courbes de raccord ont été établies : St. Lambert et Neuville.

Les terrains recoupés par le raccord de Neuville font l'objet de cette description.

Les importants travaux de génie civil ont d'une part rectifier l'ancien tracé de la voie situé au Sud de la halte de Neuville-Nord sur une longueur de 350 m (tronçon compris entre le pont de Neuville-Nord et le profil 11) et d'autre part ont creusé une
nouvelle tranchée sur une longueur de 750 m (tronçon compris entre les profils 17 et 44).

Tronçon compris entre la halte de Neuville-Nord et le profil 11
(Planche 1, coupe pl. 2)

Les travaux ont rafraîchi une coupe existante, décrite et étudiée jadis par E. Van Winkel (thèse de doctorat inédite, UCL, 1964 et E. Van Winkel in M. Lecompte, VIème Congrès international de Sédimentologie, 1963, Livret-guide des excursions C-D, pp.
29-31, fig. 25).

Sur la planche 1 le sommet du calcaire à faciès F2h ainsi que le petit bioherme F2j de calcaire rouge, situé au Sud de la voie ferrée, sont figurés pour mémoire. Pour l'ensemble de la coupe les couches sont très redressées : 70 à 80°Sud. Cette allure
est représentée sur la planche 2 (coupe générale N-S, perpendiculaire à la direction des terrains recoupés).

Tronçon compris entre les profils 17 et 44 - Paroi Est
(Planche 1, coupes pl. 2, 3, 4 et 5).

A 10 m au Sud de l'emplacement du profil 17, on peut observer des schistes verts et violacés, plus ou moins altérés dans les joints de stratification, contenant quelques lits fossilifères à Spiriferidae, Buchiola sp. et Bactrites sp.

Les terrains décrivent une série de plis synclinaux et anticlinaux assez serrés. En moyenne, la direction des couches varie de N145°E à N50°E.

A 57 m, des schistes broyés marquent le passage d'une faille (Fn).

A 57,30 m, des schistes verdâtres inclinés de 45° vers l'Ouest avec une direction variant de N45°E à N60°E sont caractéristés par la présence de Ptychomaletoechia omaliusi accompagnés de Spiriferidae.
Ces couches décrivent à 85 m un anticlinal : 38°N, N80°E et 70°S, N80°W.

A 95 m, les schistes sont dirigés EW et contiennent quelques minces bancs psammitiques surmontés par une lentille de calcaire organoclastique à Ptychomaletoechia omaliusi, qui a livré comme conodontes
Palmatolepis quadrantinodosalobata
Palmatolepis subperlobata
Palmatolepis tenuipunctata
Ancyrognathus sinelamina
Icriodus cornutus
Polygnathus nodocostatus

Les mêmes calcaires se retrouvent à 117 m ; l'inclinaison est de 78°S, la direction N70°E ; ils sont suivis par des schistes verdâtres à Pt. omaliusi et Spiriferidae.

A 132 m, on observe des schistes très altérés et glissés, indiquant le passage d'une faille (Fa) ; ils sont suivis par des schistes verts à petits nodules calcareux. Certains joints de stratification sont couverts de Spiriferidae. Les couches inclinent
de 60°N avec une direction de N67°E.

Un banc calcaire organoclastique de 20 cm à Brachiopodes et Crinoides a livré, à 153 m, les conodontes Palmatolepis subrecta, P. gigas, Ancyrodella curvata (emplacement du profil 22).

A partir de 170 m affleurent des schistes verts et rouges à Athrypa sp., alternant avec des schistes verts à nombreux petits nodules calcareux, souvent de teinte rosâtre.

A 193 m, une colonie lenticulaire à Phillipsastrea surmonte un banc calcaire à crinoides, qui a révélé une faune à conodontes analogue à celle trouvée précédemment à 153 m, mais qui contient en plus
Ancyrognathus asymmetrica.

Signalons au passage la présence d'Ostracodes dans un schiste rouge à 201 m.

A 212 m, des lentilles de calcaire crinoidique contenues dans un schiste rouge violacé à Bryozoaires ont livré les conodontes suivantes :
Palmatolepis subrecta
Ancyrodella curvata
Palygnathus normalis
Ancyrognathus asymmetrica

Dans un faciès analogue mais à 217 m nous avons trouvé en plus : Palmatolepis gigas.

Immédiatement en-dessous à 218 m réapparaît une colonie à Phillipsastrea surmontant des lentilles de calcaire organoclastique. Un échantillon prélevé à 220 m a livré la même faune à conodontes qu'à 217 m.

De 235 à 263 m, la coupe montre des schistes rouges et violacés alternant avec des schistes verts. Une lentille de schiste noduleux s'oberve à 240 m.

A partir de 263 m (profil 24) des lits à Phillipsastrea et des calcaires lenticulaires organoclastiques alternent avec des schistes rouges et verts. Les calcaires contiennent comme conodontes :

Palmatolepis subrecta
Ancyrodella curvata
Icriodus nodosus
Polygnathus normalis

Ces bancs forment un anticlinal ondulé et sont limités à 278 m par une zone dérangée indiquant le passage de la faille b (Fb).

Des schistes verts noduleux, formant le centre de l'anticlinal se retrouvent au Sud de la faille.

De 288 m à 305 m, ils reposent sur des schistes fins gris foncés à bandes claires qui contiennent des Buchiola sp. de grande taille, des Bactrites sp. et quelques débris de Goniatites. Un calcaire finement zoné de 6 cm s'oberve à 297 m ; à 305 m, un
calcaire de 30 cm à Productella sp., contenant Palmatolepis subrecta, P. gigas, Ancyrognathus asymmetrica, Ancyrodella curvata, Polygnathus normalis, termine ce faciès. Un schiste vert avec quelques lentilles calcareuses à Brachiopodes lui succède. A
312 m, affleure un banc psammitique lenticulaire de 7 cm. Vers le Sud, les schistes deviennent très noduleux, de teinte rougeâtre et contiennent de nombreux Philippsatrea.

A 355 m, on atteint le sommet d'un bioherme à faciès F2j, composé de calcaire rouge argileux, qui s'étend jusqu'à la cumulée 438 m. En-dessous et jusqu'au profil 36 (Pl. 4) affleurent des schistes verts fins à très rares petits nodules calcareux
(faciès F2i), quelque peu faillés vers 470 m. Le soubassement de ces schistes est composé ensuite à partir du profil 36, de schistes calcareux à nodules, de calcaires noduleux et de calcschistes, contenant de nombreuses colonies de Alveolites,
Hexagonaria et Phillipsastrea, des Brachiopodes et Goniatites de grande taille comme Manticoceras intumescens et M. tuberculatum. Comme conodontes, nous signalons la présence de Ancyrodella curvata, Ancyrognathus triangularis, Palmatolepis subrecta.
Cet ensemble recouvre un large anticlinal formé de calcaire construit à Stromatopores, représentant le sommet d'un complexe à faciès F2h.

Les travaux de déblayement exécutés à l'Est et à l'Ouest de la tranchée principale ont permis de suivre latéralement les variations de faciès qui affectent les terrains à partir du bioherme à faciès F2j.

Les planches 1 et 5, coupe a-b, montrent que le faciès F2j à calcaire rouge a complètement disparu et est remplacé par des schistes rouges et verts très noduleux à nombreux Philippsatrea. Le banc calcaire de la cumulée 305 m et le lit de calcaire fin
zonaire de la cumulée 297 m ont été reconnus.

La faille b a un rejet stratigraphique plus important vu l'âge des couches situées au Nord de cette faille. Nous notons que le faciès à schistes rouges prédomine sur le faciès noduleux.

Vers l'est, le faciès F2j est sensiblement réduit et réapparaît dans un affleurement situé à l'angle de deux chemins d'exploitation (point 201, pl. 1). Le faciès a également été signalé (Archives de la Carte Géologique) au Nord de la faille b et se
situe dans le prolongement oriental de l'anticlinal ondulé situé au Sud de la cumulée 263 m dans la tranchée principale (point 202, planche 1).

Conclusions générales
La nouvelle tranchée de Neuville a permis de reconnaître de bas en haut, les unités litho-stratigraphiques suivantes :

a. un calcaire massif du type calcaire construit à stromatopores ;
b. des schistes calcareux noduleux, des calcaires noduleux et des calcschistes. Epaisseur : 15 m.
c. des schistes verts fins à rares nodules calcareux. Epaisseur : 43 m.
d. des caqlcaires rouges et verts argileux. Epaisseur : 40 m.
e. des schistes rouges, verts et gris, noduleux par place, alternant avec des minces bancs de calcaire, souvent lenticulaire. Epaisseur : 117 m.
f. des schistes fins, verts et violacés. Epaisseur : ?
g. des schistes verdâtres, contenant quelques minces bancs psammitiques et une lentille de calcaire organoclastique.
Epaisseur : ?

Au point de vue bio-stratigraphique, la présence de Conodontes permet de dater relativement les unités litho-stratigraphiques mentionnées ci-dessus, en comparaison avec la légende stratigraphique allemande.

On peut en conclure que

1. les unités "b, c et d" correspondent à la zone à Ancyrognathus triangularis.
2. l'unité "e" correspond à la zone à Palmatolepis gigas - supérieur.
3. l'unité "g" correspond à la zone à Palmatolepis crepida.

La présence de P. omaliusi associé aux Conodontes de la zone à P. crepida confirme l'âge famennien des schistes compris entre les failles notées "Fn" et "Fa", tandis que la présence de Manticoceras intumescens et M. tuberculatum ainsi que les zones à
Conodontes à A. triangularis et P. gigas - supérieur démontrent l'âge Frasnien moyen et supérieur à attribuer à ces formations.

452 (suite)

Annales de la Société Géologique de Belgique, T.100, 1977, pp. 31-40

LE BIOSTROME "F2h" DE
LA TRANCHEE DE CHEMIN DE FER DE NEUVILLE
(Bassin de Dinant - Belgique) (*)

par
P. J. CORNET (**)
(4 figures dans le texte)

RESUME.- La coupe est étudiée en détail dans le but de reconnaître la succession
des faciès dans chaque banc et d'en expliquer les conditions de dépôt. Les
observations effectuées sur le terrain et en lames minces concernent aussi bien
la paléontologie que la sédimentologie et la prétographie, mais l'accent est
surtout mis sur la distribution des espèces et la forme des colonies de Stroma-
topores, particulièrement abondantes dans des niveaux.

Ces données mettent en évidence la succession rythmique des dépôts et permettent
de définir huit "séquences-faciès" correspondant à des variations à l'échelle du
bassin.

Elles permettent également de conclure à un environnement de plate-forme très
peu profonde, à proximité des constructions récifales qui semblent en jalonner
la bordure (back-reef proximal)

ABSTRACT.- The section is studied in detail in order to determine the succession
of facies in each bed and the environmental conditions under which they were
formed. Palaeontological and sedimentological data were collected both in the
field and the laboratory (thin sections). Special attention was given to the
species distribution and morphology of the stromatoporoids which are the most
abundant fossils at this level.

The results show that the succession is rhythmic. Eight "facies-sequences",
corresponding to basin-wide variations, have been recognised.

They lead to the conclusion that the environment of deposition was close to the
reef-ringed edge (proximal back-reef) of a very shallow-water platform.


I.- INTRODUCTION.

La coupe de la tranchée de chemin de fer de Neuville a fait l'objet de plusieurs
études antérieures, principalement dues à M. LECOMPTE (1960). Depuis lors, le
tracé en a été partiellement modifié et un nouveau levé essentiellement bios-
tratigraphique a été établi par BOUCKAERT et MOURAVIEFF (1970).

Conjointement à cet article, M. COEN publie lui aussi une description qui
s'intègre dans une étude générale du Frasnien du massif de Philippeville.

Pour notre part, nous nous proposons d'étudier plus en détail une entité essen-
tielle de cet ensemble: le complexe biostromal d'âge F2h. Un biostrome présente
de rapides variations latérales de faciès: ceci apparaît clairement dans le
travail de M. COEN. Notre but sera dès lors de distinguer les unités fondamen-
tales susceptibles d'être reconnues à l'échelle du bassin (séquences-faciès) et
d'en préciser les conditions de dépôt, dont la connaissance aidera à reconsti-
tuer la paléogéographie du massif.

Ce travail constitue en fait un des éléments d'une étude sur l'écologie des
Stromatoporoides dévoniens de Belgique (CORNET, 1976), dans laquelle est mise en
évidence l'étroite relation existant entre la forme des colonies et le milieu
auquel elles étaient adaptées.

Le sujet est donc traité sous un double aspect paléontologique et sédimentolo-
gique. Le levé a été effectué banc par banc, chaque banc étant considéré comme
une entité en soi, avec sa zonation et ses variations latérales.

FIGURE 1.- Plan de situation.

Les éléments pris en considération étaient bien sur la répartition et la forme
des Stromatopores - largement prédominants dans ces niveaux - mais aussi leur
position, leur degré de fracturation et d'érosion, la faune associée, la litho-
logie de la matrice et les caractéristiques sédimentologiques des dépôts. Un
échantillonnage le plus représentatif possible fut ensuite réalisé, dans le but
essentiel d'identifier les Stromatopores et d'étudier la distribution des
espèces. Secondairement, l'étude en lames minces de ces échantillons devait
servir à préciser la composition de la matrice.

Avant d'aborder la description des faciès principaux et des séquences établies
sur ces bases, nous préciserons les traits caractéristiques d'un complexe
biostromal ; nous introduirons aussi quelques définitions concernant les prin-
cipaux types de dépôts qui s'y rencontrent.


CARACTERES GENERAUX D'UN COMPLEXE BIOSTROMAL (*)

Un complexe biostromal se présente le plus souvent comme une succession de
niveaux plus ou moins réguliers et continus d'accumulation de fragments de
colonies ou, plus rarement, de colonies entières, provenant d'autres milieux
plus ou moins proches ou les Stromatopores se développaient "in situ" La grande
majorité des fragments proviennent de formes massives, témoins de constructions
irrégulièrement développées dans ces mêmes milieux.

Par ailleurs, la fréquence des traces de courants, alliées à d'autres structures
témoignent d'une faible profondeur, porte à croire que ces accumulations résul-
tent d'un transport à la surface d'une plate-forme peu profonde s'étendant à
l'abri d'une barrière récifale.

Les accumulations peuvent présenter des caractéristiques variables : elles
peuvent être massives, homogènes, ou au contraire hétérogènes ou hétéromorphes,
ou encore témoigner de conditions de transport ou de dépôt variables. D'une
manière générale, plus un dépôt est proche des faciès construits d'origine, plus
l'accumulation est massive et homogène; à mesure que l'on s'éloigne, elle se
fait plus mince et plus irrégulière, plus hétérogène et variée, probablement
suite à la diversité des milieux traversés.

Une évolution parallèle caractérise la distribution des Stromatopores : l'abon-
dance et la taille des fragments diminuent à distance du milieu d'origine tandis
qu'augmente la diversité des formes et des espèces.

Entre les phases d'accumulation et le plus souvent à leur sommet, apparaissent
parfois des formes autochtones, en position de vie : ce sont des colonies
encroûtantes, laminaires ou irrégulières qui s'installent par-dessus les débris
à la faveur d'une interruption des apports. Plus rarement, des formes globulai-
res parviennent également à se développer : elles témoignent alors de conditions
localement plus favorables et apparaissent non fragmentées, parfois même en
position de vie. Quant aux formes bulbeuses, elles sont généralement associées
au Stromatopores branchus, dans des milieux plus éloignés des faciès construits.

En alternance avec les accumulations de débris apparaissent des sédiments
pauvres en macrofaune, déposés en milieu non récifal (en dehors des milieux ou
se développent les Stromatopores et les Coraux), ou provenant de la destruction
de faciès récifaux dans des conditions de haute énergie. Des traces de courants
ou de remaniement s'y observent d'autant plus fréquemment que les milieux de
dépôt sont peu profonds ou proches de la côte.


PRINCIPAUX TYPES DE DEPOTS

Dans un complexe biostromal, l'agencement des faciès est, dans le détail, d'une
complexité infinie. On peut cependant distinguer certains modes de dépôts
caractéristiques qui se retrouvent différemment combinés dans la succession des
couches.

La distinction fondamentale sépare les niveaux riches en macrofaune des niveaux
macroscopiquement stériles.

------------
(*) Le terme BIOSTROME, introduit par CUMINGS (1932) in MANTEN, 1971) est fré-
quemment utilisé dans un sens plus large que sa définition originale. Nous
préférons utiliser dans ce cas l'expression COMPLEXE BIOSTROMAL définie comme
l'ensemble constitué par des biostromes et les bancs non construits qui les
prolongent latéralement ou les séparent
------------

Dans les niveaux riches en macrofaune, les organismes peuvent apparaître :

EN PLACE : ils constituent alors un biostrome "sensu stricto" et renfermant des
Stromatopores laminaires irréguliers ou globulaires en position de vie - plus
rarement d'autres formes - ou d'autres organismes (Tabulés, Rugueux, Brachiopo-
des...). Ce Type de dépôt n'a pas été observé dans la tranchée de Neuville.

ACCUMULES : plusieurs types d'accumulation peuvent être classés d'après deux
critères : leur composition et leur mode de dépôt.

1. Selon leur composition, les accumulations sont dites:

- homogènes, lorsque la grande majorité des organismes sont de même nature et de
même forme, qu'ils soient fragmentés ou non (Fig. 2, banc 36h);

- hétérogènes, lorsque ces organismes appartiennent à des groupes différents
(mélange de Stromatopores, Tabulés et Rugueux par exemple)(fig. 2, banc 38a);

- hétéromorphes, lorsque les faunes, et spécialement les Stromatopores, sont de
forme différente (au niveau des formes écologiques décrites précédemment -
CORNET, 1976) (fig. 2,banc 36a).

2. Le mode de dépôt permet de distinguer les accumulations:

- massives, où l'ensemble des colonies et débris représente un volume important
déposé en une seule fois; ils apparaissent dans ce cas mélangés, non classés,
répartis de manière désordonnée dans une matrice identique de la base au
sommet du niveau concerné (fig. 2, banc 36h);

- progressives, lorsque la taille ou la densité des éléments augmente sensi
blement de la base vers le sommet (fig. 2, banc38a, et banc 36d);

- discontinues (latéralement), quand les amas de colonies sont dispersés et
tranchent nettement sur les sédiments avoisinants par la taille de leurs
éléments (fig. 2, banc 36i).

Cas variations apparaissent évidemment au sein d'un même banc, un joint de
stratification étant considéré comme une interruption de la sédimentation et
séparant deux dépôts distincts.

DISPERSES : dans la matrice, les organismes peuvent être considérés comme
constituants secondaires ou accidentels (Fig. 2,banc 38d). A la limite, ils
assurent la transition avec les niveaux stériles.

Ces niveaux stériles apparaissent tantôt homogènes tantôt structurés :


- HOMOGENES lorsqu'ils sont constitués d'une seule masse de même constitution
lithologique et sédimentaire, comme les bancs de calcaire fin, bioclastique
(fig. 2, banc 39), intraclastique, argileux, dolomitique etc.

- STRUCTURES ou hétérogènes lorsque leur mode de dépôt est caractérisé par des
structures sédimentaires telles que brèches intraformationnelles (fig. 2, banc
34), laminations (banc 35c), ripple-marks et, plus rarement, d'autres
structures telles que "bird eyes" et tubules sparitiques (banc 37)


II.- DESCRIPTION DE LA COUPE

Le complexe biostromal de neuville s'avère comparable aux formations de même
type d'âge Gid et F1b décrites à Fromelennes (CORNET, 1976) et plus particu-
lièrement à celle du Gid. Il s'en distingue cependant à plus d'un titre, par
l'abondance des Stromatopores accumulés, la quasi-absence des formes en place
observables sur le terrain et la rareté des structures de courant.

A - FACIES

Les faciès observés sont identiques à ceux du Gid de Fromelennes, mais moins
diversifiés et répartis de manière plus homogène. Dans le détail, la succession
et l'agencement de ces faciès est extrêmement complexe, puisqu'ils varient
souvent plusieurs fois au sein d'un même banc. Nous prendrons comme exemple les
quelques bancs représentés à la figure 2.

FIGURE 2.- SUCCESSION DES DEPOTS dans les bancs no 39 à 33 - NEUVILLE F2h.
A: croquis de terrain; B: log et symboles; C : subdivision des bancs; D :
numérotation des bancs


On y observe, de la base vers le sommet, la succession suivante :

1. Niveau stérile finement bioclastique et homogène (39);

2. Accumulation progressive hétérogène (38a). A sa base, les fragments des
colonies (Stromatoporoïdes et Rugueux massifs) sont espacés, très érodés
et enrobés de schiste. Ils s'impriment en "load cast" dans les sédiments
sous-jacents, encore meubles lors du dépôt. Plus haut, les débris sont plus
petits mais plus nombreux, dans une matrice argileuse montrant des traces de
compaction. Ceci témoigne d'une accumulation rapide, plus massive qu'à la
base, qu'à la base, et probablement due à la destruction de structures
construites à quelque distance.

3. Second niveau stérile comparable au premier, et ne renfermant que de très
rares fragments de Stromatopores (38b).

4. Accumulation montrant les mêmes caractéristiques que 2.(38c).

5. Niveau de biomicrite finement grenue à faune dispersée (38d). Les fragments
de colonies y apparaissent de plus en plus petits et disséminés
progressivement des débris de formes massives à ceux de formes branchues.
Ce dépôt peut être considéré comme la phase finale de l'accumulation
précédente, dont les derniers éléments plus légers et moins abondants, se
mélangent au sédiment fin autochtone.

6. Niveau quasiment stérile dont la base est marquée par une traî,ée irrégulière
d'accumulation de débris de Stromatopores branchus du genre Amphipora (38e).
Ces organismes sont caractéristiques des milieux de back-reef les plus
abrités; ils sont ici étalés, vraisemblablement sout l'action d'un courant
occassionnel. Plus haut, le calcaire micritique ne renferme que des fragments
épars de Stromatopores branchus (Amphipora et Stachyodes) ainsi qu'une large
forme massive surbaissée encroûtant un fragment de Rugueux. Cette association
témoigne d'un environnement un peu moins abrité qu'à la base. De plus,
l'abondance de structures sparitiques horizontales ("bird eyes") et
verticales (cheminées d'échappement de gaz) a été interprétée par divers
sédimentologues comme l'indice d'un milieu très proche de l'émersion.

7. Passée de calcaire microcristallin à cryptocristallin stérile, homogène, très
riche en structures sparitiques de même type que celles du sommet du niveau
précédent (37).

8. Accumulation hétéromorphe de débris de Stromatopores de toutes tailles
comprenant des formes globulaires, bulbeuses, irrégulières et branchues
(36a), de même type que celles décrites de 2 et 4., mais provenant de milieux
plus variés, peu profonds (back-reef proximal). (*)

9. Niveau irrégulier de calcaire microcristallin (36b) à rares fragments de
colonies de même type que dans l'accumulation sous-jacente, considérées comme
les dernières retombées de ces débris.

10. Accumulation massive de fragments d'Amphipora bien classés d'une longueur
moyenne de 1 cm (36c). Ce type de dépôt semble correspondre à l'étalement
des débris d'une "prairie" à Amphipora, en back-reef distal ou très abrité.

11. Passage progressif à un calcaire microcristallin (36d), beaucoup moins riche
en fragments d'Amphipora (ralentissement progressif). Au sommet apparaissent
quelques débris roulés de formes massives annonçant l'accumulation sus-
jacente (accumulation progressive).

12. Accumulation de fragments de formes massives (36e) dans une matrice très
argileuse à lambeaux plus calcaires riches en fragments d'Amphipora,
arrachés aux couches inférieures encore plastiques. A la base, des
intraclastes anguleux de calcaire micritique témoignent du remaniement de
dépôts déjà indurés ; ils donnent à la roche un aspect bréchique (brèche
intraformationnelle). Une telle hétérogénéité suggère le démantèlement de
dépôts variés et pourrait être due à une émersion locale.

13. Niveau stérile et irrégulier de calcarénite finement bioclastique homogène
(36f). Le sommet est largement raviné.

14. Brèche intraformationnelle (36g) de même texture que le niveau sous-jacent,
et provenant de son remaniement (émersion ?)

15. Accumulation homogène de fragments de colonies massives de Stromatopores de
toutes tailles, atteignant 30 cm. La diversité des espèces rencontrées
suggère qu'il s'agit là du démantèlement d'un "patch reef" de plate-forme
abritée (back-reef proximal) Le sommet de cette accumulation est très
irrégulier, et elle se poursuit localement à travers les dépôts supérieurs.

------------
(*) Par back-reef proximal, nous entendons les milieux protégés par une barrière
ou un cordon récifal, à proximité de celui-ci.
------------

16. Niveau de calcaire finement grenu à microcristallin, riche en longs frag-
ments d'Amphipora (4 cm) allongés parallèlement à la stratification. Même
origine que 10., mais dans un milieu moins favorable au développement de
ces organismes, ou à plus grande distance.

17. Niveau stérile structuré (35a) à laminations régulières constituant les
traces de courants peu violents.

18. Niveau stérile homogène de calcaire microcristallin (35b) montrant locale-
ment à son sommet des traces de ravinement.

19. Niveau à lamination régulières (35c) de même type que 17. Dans les zones
ravinantes, les laminations apparaissent entrecroisées, suggérant des
chenaux de marée dans un contexte général plus protégé.

20. Niveau stérile homogène (35d) comparable à 18, avec quelques faibles traces
de ripple-marks au sommet.

21. Niveau à laminations régulières (35e) en tous points comparables à 19.

22. Niveau à laminations légèrement ondulantes et perturbées (35f). Celles de la
base sont localement fractionnées sous forme de "flat breccia" constituant
un indice d'émersion. Les déformations de la partie supérieure sont
fréquemment dues à des décollements sous forme de "bird eyes", ce qui
renforce l'hypothése de l'émersion.

23. Calcaire finement grenu à rares fragments d'Amphipora (34) riches en intra-
clastes anguleux provenant du remaniement des couches sous-jacentes, à la
base et au sommet surtout (brèches intraformationnelles).

24. Passage progressif à un schiste brun à nodules et lambeaux calcaires (35).
Cet épisode suggère une recrudescence temporaire des apports détritiques
continentaux envahissant la plate-forme carbonatée très peu profonde.

En résumé, ces observations détaillées ont mis en évidence 24 dépots distincts
sur une épaisseur de 6,8m de sédiment ! Il apparaît clairement sur le terrain
que la plupart de ces variations sont locales et attribuables à des changements
mineurs dans la morphologie de la plate-forme. Elles mettent toutefois en
évidence une nette RYTHMICITE marquée par l'alternance de niveaux micritiques
"steriles", homogènes ou structurés, et d'accumulations plus ou moins massives
de débris intégrés dans un sédiment plus grossier. Les micrites représentent la
sédimentation autochtone caractéristique du milieu de back-reef abrité, tandis
que les calcarénites et calcirudites correspondant à des dépôts allochtones
accidentels, provenant de la destruction des organismes ou des édifices con-
struits qui s'y développent.

Ces destructions semblent dues à des émersions locales temporaires, et la
succession rythmique des dépôts, témoignant d'émersions répétées, pourrait
s'expliquer par la très faible profondeur d'une plate-forme ou la subsidene
n'est pas suffisamment rapide pour compenser la croissance des organismes. Ceci
est d'autant plus probable que le phénomène de rythmicité ne s'observe pas
uniquement dans les faciès les plus riches en constructeurs, mais à travers tous
les dépôts de back-reef, sous des acpects différents. La figure 3 illustre cet
état de fait; elle met en évidence l'alternance des dépôts micritiques et
bioclastiques dans trois faciès typiques : le faciès à Stromatopores branchus
(séquence III), le faciès à construction massifs (séquence V - base de l'exemple
décrit), et le faciès micritique (séquence VI - partie supérieure de l'exemple
décrit).


B - SEQUENCES

Si ces variations locales se succèdent de matière très serrée au sein d'un même
banc, un groupe de bancs peut à son tour constituer une unité d'ordre supérieur
intégrée dans une succession analogue, de plus grande amplitude. Ces unités ont
une extension régionale (à l'échelle du bassin) et sont mises en évidence par
des changements tant lithologiques que sédimentologiques et fauniques : ce sont
les SEQUENCE-FACIES (LECOMPTE, 1962).

Huit séquences ont été econnues à Neuville; elles présentent également, à leur
échelle, un succession rythmique (fig. 4).

1. De 2 m à 10 m

Séquence de base assurant le passage des minces bancs de calcaire fin argilo-
dolomitique du F2g au calcaire du F2h, plus massif, plus clair et moins argi-
leux.

La macrofaune, absente à la base ,est surtout constituée de Tabulés branchus,
parmi lesquels sont dispersés quelques colonies massives d'Alveolites, d'Hexago-
naria et, plus rarement, de Stromatopores. Un niveau discontinu d'Amphipora
accumulés apparaît vers le sommet.

La matrice consiste en une micrite irrégulièrement chargée en débris et bioclas-
tes, essentiellement constitués par des Crinoïdes, des brachiopodes, des Tabulés
et des Foraminifères.

II. De 10 m à 15,5 m

Séquence limitée à deux bancs (61 et 62), constitués par une accumulation
hétérogène de fragments de colonies massives de Rugueux, Stromatopores et
Tabulés de grande taille (30 à 40 cm), associés à d'autres formes laminaires ou
irrégulières. De nombreux débris sont également présents dans la matrice,
localement plus concentrés, parfois cimentés par de la sparite vers le sommet.

Par rapport à la séquence I, la matrice se distingue ici par l'absence de
Foraminifères, l'abondance de spicules et la disparition de la matière organique
(joints styolitiques...) Les Stromatopores branchus ne sont plus présents qu'à
l'état de débris.

FIGURE 3.- Exemples de succession rythmique des dépôts dans trois faciès diffé-
rents.

Les formes les plus répandues sont tabulaires et irrégulières, mais ces der-
nières, très fragmentées, pourraient aussi provenir de la destruction de formes
tabulaires ou globulaires contournées dont on trouve quelques exemplaires plus
grands. La grande majorité de ces fragments appartiennent à une même espèce du
genre Trupetostroma.

III. De 15,5 m à 23,5 m

Séquence pauvre en macrofaune, constituée de niveaux homogènes de micrite peu
bioclastique à fines traînées plus bioclastiques. Elle renferme quelques Stro-
matopores branchus, accumulés en passés irrégulières à la base, dispersés dans
le reste de la séquence, Un niveau renferme quelques rares formes globulaires,
un autre montre des traces de courants sous forme de laminations fractionnées
(Banc 59). La faune annexe est absente également et la matrice ne contient plus
de débris de Crinoïdes.

IV. De 23,5 m à 30,5 m

Réapparition des Stromatopores encore plus ou moins dispersés, sous des formes
très variables, le plus souvent globulaires fragmentées ou bulbeuses. Elles sont
disséminées parmi de nombreuses formes branchues, localement accumulées. Un
niveau à formes tabulaires peu fragmentées apparaît vers le sommet. (Bancs 46 et
47.) La matrice est constituée de micrite peu bioclastique où les Crinoïdes font
une timide réapparition.

Parmi les Stromatopores, le genre Syringostroma est prédominant sous forme
essentiellement massive ou globulaire. Actinostroma et Stromatoporella sont
également présents, mais peu nombreux. Les niveaux d'accumulation de branchus
sont formés d'Amphipora, tandis que Stachyodes est surtout associé aux formes
plus massives.

V. De 30,5 m à 42,3 m

Accumulation hétéromorphe de colonies de Stromatopores fortement érodées (fra-
gmentées et arrondies) à la base, associées à de nombreuses formes branchues et
quelques Hexagonaria. La matrice est constituée par une biomicrite, la plus
riche en bioclastes de toute la coupe; leur composition par contre est très peu
variée, limitée essentiellement aux Ostracodes, Calcsphères et débris de co-
quilles. Les Stromatopores aparraissent sous forme de colonies le plus souvent
globulaires et fragmentées, mais aussi bulbeuses, irrégulières et encroûtantes;
ils sont représentées par une plus grande variété de genres et d'espèces que
dans la séquence IV, par rapport à laquelle les principales différences sont les
suivantes:

- prédominance d'Actinostrome septatum var. robustum qui constitue une fraction
importante des formes globulaires;

- développement et diversification des genres Trupetostroma et Stromatopora,
dont aucune espèce n'est cependant très caractéristique. Stromatopora apparait
limité à la partie inférieure de la séquence;

- apparition de Parallelopora dartingtonensis, limité à cette séquence et
particulièrement à sa partie inférieure, sous forme globulaire.

VI. De 42,3 m à 49 m

Séquence quasi stérile, comparable à la séquence III, mais moins bioclastique et
plus riche en pellets surtout au sommet. Les bioclastes sont réduits aux Calc-
sphères, Ostracodes et fragments de coquilles comme dans la séquenxe V, mais
dans des proportions différentes. La principale différence consiste dans
l'abondance des traces de courants, représentées par des laminations régulières
renfermant des niveaux de pelsparite.

VII. De 49 m à 57,5 m

Accumulation hétéromorphe comparable à celle de la séquence V, mais moins dense
et laissant une plus grande part aux formes branchues. La matrice est moins
bioclastique, essentiellement micritique. La distribution des Stromatopores est
aussi variée, mais des différences se manifestent par les points suivants:

- prédominance d'Actinostroma dehorneae;

- augmentation du nombre de spécimens de Stromatoporella, toujours aussi variés;

- disparition de Syringostroma percanaliculatum;

- moindre variété et nette regression du genre Trupetostroma;

- disparition du genre Parallelopora;

- recrudescence de la forme branchue Stachyodes le plus souvent réduite à l'état
de débris.

VIII. De 57,5 m à 69 m

Succession de niveaux à macrofaune plus dispersée, séparés à la base par des
traces de courants. La partie supérieure est constituée par une accumulationmas-
sive assez homogène, renfermant essentiellement des Stromatopores globulaires
fragmentées, atteignant localement 40 cm. Un niveau à colonies tabulaires peu
fragmentées apparait vers le sommet. La matrice est plus bioclastique que dans
la séquence précédente, légèrement sparitique par endroit et intraclastique à
la base. En ce qui concerne les Stromatopores, la séquence est nettement
caractérisée par la prédominance d'Actinostroma dehorneae et l'absence de formes
branchues.


III.- INTERPRETATION

Les calcaires en minces bancs réguliers qui constituent le soubassement F2g
suggèrent un milieu abrité et quelque peu confiné (dolomie), dans lequel ne se
déposent que des sédiments bioclastiques très fins, alternant avec des venues
argileuses (lits schisteux).

La séquence I marque le passage à des conditions plus récifales ou apparaissent
les Rugueux et Tabulés branchus et massifs ; les Stromatopores y sont peu
développés, sous forme branchue ou laminaire très fine, ce qui semble indiquer
un environnement peu agité, trop profond ou trop turbide pour favoriser leur
développement.

Dans des conditions semblables, la séquence II témoigne de la proximité de
faciès construits. Le mélange de nombreux Tabulés et Rugueux massifs avec des
fragments de colonies tabulaires de Stromatopores appartenant pour ainsi dire
tous à la même espèce rappelle les faciès caractéristiques de biohermes F2h.
Il est donc probable que l'accumulation massive et hétérogène de cette séquence
corresponde à la destruction partielle d'un tel édifice, à sa base ou dans un
stade initial de son développement (abondance de Tabulés et de Rugueux), mais
aussi au niveau d'un réseau de Stromatopores tabulaires.

La séquence III ramène des conditions peu récifales suggérant un environnement
plus protégé, ou domine une sédimentation micritique relativement massive. Le
milieu est peu profond comme l'indique la présence de quelques traces de courant
et d'érosion (intraclastes) et des concentrations d'Amphipora s'y développent
localement.

Ces accumulations d'Amphipora caractérisent beaucoup plus nettement la séquence
plus nettement la séquence IV, suggérant un milieu franchement lagunaire ou se
développent aussi des formes bulbeuses. L'influence récifale se marque en outre
par la présence de débris de formes massives et l'installation temporaire de
formes tabulaires corespondant à des conditions plus agitées (intraclastes).

L'influence récifale s'avère plus forte dans la séquence V ou une faune très
diversifiée provenant de milieux de back-reef variés se mélange aux faciès à
Amphipora, indiquant toujours un milieu de dépôt lagunaire. La base de la
séquence (banc 43) s'individualise par l'accumulation massive de débris fort
erodés, ayant subi un transport plus long et provenant dans doute de la destruc-
tion d'un édifice construit à plus grande distance. La présence des foemes
massives de Parallelopora, cantonnées à ce niveau, renforce cette hypothèse

La séquence VII témoigne de conditions similaires à celles de la séquence V,
quoiqu'un peu plus lagunaires (Amphipora plus nombreux, accumulations moins
denses des autres formes). Elle en est séparée par une phase stérile - séquence
VI - correspondant à un milieu protégé comparable à celui de la séquence III,
mais probablement moins profond ou plus agité, comme semble l'indiquer la plus
grande séquence des traces de courants.

Enfin, la séquence VIII débute par un ultime retour aux conditions des séquences
III et IV, dans un milieu plus abrité, peu profond, ou des courants amènent
quelques fragments de colonies de Tabulés et Stromatopores. La partie supérieure
est constituée par une accumulation comparable à celle de la séquence II, mais
beaucoup plus homogène. La nette dominance des colonies globulaires et tabulai-
res d'Actinostroma dehorneae indique une origine commune des fragments proba-
blement un récif construit à peu de distance. Il est frappant de constater que
la distribution des espèces de Stromatopores dans ce niveau correspond à celle
de la partie supérieure du complexe biohermal du Lion. On peut donc envisager
une hypothèse selon laquelle ces fragments proviendraient de la destruction du
sommet d'un complexe similaire, situé à peu de distance.


IV.- DISTRIBUTION DES STROMATOPOROIDES

Séquence I : très pauvre, ne renferme que quelques spécimens, le plus souvent
des formes branchures du genre Stachyodes. Les Amphipora sont également présents
mais très localisés.

Séquence II : très riche quantitativement, mais la presque totalité des spéci-
mens appartiennent à une seule espèce : Trupetostroma pingue, qui apparaît sous
forme tabulaire ou irrégulière.

Séquence III et VI : niveaux quasi stériles ne renfermant que de rares accumula-
tions très localisées d'Amphipora perseviculata.

Séquence IV : caractérisée par une plus grande diversité de genres et d'espèces;
les genres observés dont Actinostroma (forme globulaire), Stromatoporcella
(formes encroûtantes, laminaire et irrégulière) et Syringostroma (forme globu-
laire et bulbeuse). L'espèce la plus répandue est Syringostrama vesiculosum.
Parmi les formes branchues, les deux genres Stachyodes et Amphipora sont bien
représentés, avec nette prédominance d'Amphipora. Ceci est également le cas dans
les séquences V et VII.

Séquence V : rélève un maximum de diversité : tous les genres rencontrés dans la
coupe y figurent. Certains comptent de nombreuses espèces, mais peu représen-
tées, comme Stromatoporella (formes laminaire à irrègulière, parfois bulbeuse ou
globulaire). Trupetostroma (forme le plus souvent irrégulière) et Stromatopora
(forme encroûtante à balbeuse) qui est limité à la base de la séquence. D'autres
caractérisés par une ou deux espèces plus fréquents : Actimostroma septatum var.
robustum, Syringostroma vesiculosum. S. percanaliculatum et Parallelopora
dartingtonensis, elle aussi limitée à la base de la séquence. Ces quatre espèces
apparaissent le plus souvent sous forme globulaire.

Séquence VII : presque aussi diversifié que la séquence V, elle s'en distingue
par la prédominance d'Actinostroma dehorneae et l'absense de Syringostrama
percanaliculatum.

Séquence VIII : très pauvre en espèces, comme la séquence II, et caractérisée
par les formes globulaires et tabulaires d'Actinostroma dehorneae.


V.- CONCLUSIONS

Comme tous les biostromes coralliens connus dans le Dévonien belge, celui de
Neuville correspond à un dépôt de plate-forme peu profonde dans un environnement
récifal. L'affleurement semble recouper ces faciès de back-reef plus près de la
barrière récifale que dans le cas des complexes du Gid et du F1b. Ceci se marque
par la puissance des accumulations de débris, par la rareté des traces de
courant et par la similitude existant entre les faunes et certains niveaux et
celles de niveaux correspondants caractéristiques de complexes biohernaux de
même âge.

La succession des séquences met en évidence une évolution rythmique passant par
trois types de faciès:

- des faciès pauvres et macrofaune correspondant aux milieux les plus abrités
où s'accumulent des micrites peu bioclastique. C'est dans ces séquences que
se rencontrent les rares traces de courant observées dans la coupe. Localement
apparaissent de petites accumulations d'Amphipora, mais elles sont secon-
daires. Ces faciès caractérisent les séquences I, III et VI;

- des faciès lagunaires caractérisés par des accumulations beaucoup plus mas-
sives d'Amphipora auxquelles se mêlent des colonies bulbeuses ou irrégulières
et des fragments de formes globulaires provenant de faciès construits, plus
nombreux à mesure que l'on s'en rapproche. On y trouve aussi des formes
laminaires et encroûtantes en place, mais très peu nombreuses et difficilement
visibles. Ces niveaux contiennent une grande variété d'espèces de
Stromatopores: ils correspondent aux séquences IV, V et VII;

- des faciès plus récifaux, constitués par l'accumulation de débris de grandes
formes essentiellement globulaires et tabulaires, appartenant pour la plupart
à une seule espèce nettement dominante. Les formes branchues sont quasi
absentes de ces faciès rencontrés dans les séquences II et VIII.

Ces variations latérales peuvent être attribuées en partie à des mouvements de
subsidence ou de transgression. Mais il semble qu'elles soient également liées
à des déplacements des faciès construits constituant la barrière récifale,
s'indentant à plusieurs reprises et plus ou moins profondément dans les dépôts
de back-reef.


BIBLIOGRAPHIE

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Stromatoporoïdes dévoniens eu bord sud du bassin de Dinant (Belgique).
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de Namur, du 25 au 28 septembre 1959. Ann. Soc. Géol. belg., T. 83,
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l'Ardenne. Ann. Soc. Géol. Belg., T. 85, no 1, pp. 17-57.

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