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169W0065.TXT

PL. DURBUY 169W
E.MAILLIEUX - 1923

65 (I)

F2i? Calcaire gris, grenu, très crinoïdique (F2i ?) recouvrant du calcaire
+ F2j rouge pâle, massif (recif rouge du sommet à Acervularia = F2j)

Acervularia sp.
Platyceras sp.
Hypothyridina cuboides Sow.
Stropheodonta latissima bouch.

(Cfr. échelle stratigraphique au no 47.)

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PL. DURBUY 169W

65 (suite)

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1932
tenue à Barvaux du 16 au 19 septembre et organisée par la
Société Géologique de Belgique.

Compte rendu par I. de Magnée. - Ann. Soc. Géologique de Belgique, t.LV.

(Nos 193 à 242)

p. 32

Croquis Fig. V.
Croquis Fig. VI.
Croquis Fig. VII.
Croquis Fig. VIII.
Croquis Fig. IX.
Croquis Fig. X.
Croquis Fig. XI.

Dans le prolongement direct de ces derniers se trouve le grand récif de
marbre rouge de Rome (28) activement exploité par la S. Ame des Carrières
du Durbuy.

Comme le montre le croquis fig. V, ce récif est situé au sommet d'un anti-
clinal de schistes F2i et F2k s'ennoyant rapidement vers l'Ouest. Il est
lui-même replié en voûte (voir coupe verticale fig. VIII).

Nous l'abordons par sa retombée vers le SE, au pied du plan incliné con-
duisant de la carrière au chantier de débitage. Ce plan incliné (v. fig.
VII-AF) offre une bonne coupe des schistes envasant le récif.

La partie supérieure du récif est formée, comme à La Jastrée, par la griot-
te à Acervularia; celle-ci est recouverte par quelques bancs de calcaire
noir crinoïdique à polypiers, entre lesquels s'intercalent vers le haut des
schistes bruns bourrés d'articles de crinoïdes et de colonies d'Acervularia
et de Cyathophyllum (5me stade de M. Delhaye). L'envasement est terminé par
des schistes calcareux gris ou olive contenant une faune à brachiopodes
d'âge F2i:

Spirifer Verneuili var. Archiaci Murch.
Athyris Davidsoni Rig.
Schizophoria striatula Schloth.
Atrypa reticularis Linné
Douvillina Dutertrei Murch.
Skenidium Deshayesii Bouch.
Stropheodonta sp.
Leperditia sp.

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La projection horizontale fig. VII montre la disposition générale: l'ex-
ploitation a traversé de part en part la butte élevée que forme le récif de
marbre rouge. La carrière est indiquée en projection horizontale au moyen
de gros traits rectilignes sur le croquis fig. VII: elle livre une coupe
verticale profonde et continue du gisement. Cette coupe, correspondant à la
paroi NE de la carrière est représentée par la fig. VIII.

Dans l'ensemble, la composition du récif est analogue à celle du récif de
la Jastrée, mais les différents stades sont beaucoup plus développés.

A l'entrée de la carrière, nous retrouvons le marbre griotte à Acervularia
du 4me stade (v. fig. VIII). Le marbre rouge forme de grandes masses apla-
ties, grossièrement lenticulaires, dans un calcaire crinoïdique noir bien
stratifé. Ces lentilles s'enchevêtrent irrégulièrement. Certains délits
schisteux séparant les petits bancs de calcaire noir passent sans discon-
tinuité à des terrasses irrégulières du marbre. Considéré dans le détail,
le passage du marbre au calcaire détritique est brusque, comme le montre la
coupe fig. VIII.

Dans la partie SW de la carrière, vers le sommet de la voûte, le marbre
griotte est beaucoup plus homogène, les bancs de calcaire détritique ayant
presque disparu. Par contre dans la retombée du récif vers le NW (coupe
fig. VIII), le stade griotte se réduit à des minces lentilles de marbre
rouge interstratifiées dans un très puissant ensemble de calcaires crino-
idiques noirs en bancs moyens et petits. Le passage progressif d'un faciès
à l'autre s'observe avec précision sur la paroi orientée NE-SW qui forme le
fond de la grande carrière. La fig. IX (1) montre assez fidèlément la
disposition pour qu'une description détaillée soit superflue.

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(1) Les parois sciées Y sont en avant de 10m par rapport au fond de la
carrière. A cause de l'allure plongeante du récif vers le NW, il n'est
pas possible de figurer sur la coupe en question, le raccord entre les
allures observables sur les parois Y et la paroi de fond de la
carrière.
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Dans la partie NW. de la carrière, s'intercalent dans la griotte des len-
tilles assez volumineuses d'un marbre de type particulier, formé par des
articles de crinoïdes en calcite rose se détachant sur un fond plus gris.
Ce marbre "granité" est du plus joli effet.

Une grande terrasse T1, passant latéralement à des bancs de calcaire
détritique noir, sépare la griotte supérieure du marbre rose et gris de la
phase moyenne, la plus intéressante au point de vue marbrier. Le marbre
rose atteint une épaisseur de 18m dans la partie centrale du récif, qui
coïncide d'ailleurs avec la zone axiale de la voûte. Le marbre gris est
localisé au point culminant du "croissant" qu'esquisse en coupe verticale
le massif de marbre rose (v. fig. VIII).

Comme la griotte, le marbre rose et gris passe latéralement à des bancs de
calcaire crinoïdique noir bien stratifié (v. fig. IX).

Ce marbre rose et gris repose, par l'intermédiaire d'une grande terrasse
très continue (T2), sur du marbre rouge, plus clair cependant que la griot-
te et de composition différente. Des paquets de calcaire détritique noir
s'y intercalent. On ne voit malheureusement pas la base de ce marbre rouge,
de sorte qu'on ne peut s'assurer de la précence de la griotte inférieure.

Le croquis en plan fig. VII montre que la partie supérieure du récif débor-
de sur la partie inférieure, d'où, à première vue, une forme anormale de la
masse coralligène. Ce plan montre également que les calcaires noirs
détritiques passent latéralement aux calcschistes pyriteux (1) en grandes
plaques bien observables au chantier de débitage F. Il n'existe malheureu-
sement pas de coupe longitudinale continue permettant de saisir ce passage
sur le vif.

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(1) De plus, l'épaisseur de la masse calcaire correspondant au 4me stade
(griotte), est bien plus considérable sur la retombée NW de
l'anticlinal chevauché par le récif, que sur la retombée SE. L'allure
dissymmétrique qui en résulte est bien accusée par le croquis fig. VII
et le plan fig. VIII.
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Comparé aux récifs de marbre rouge F2j du bord sud du Bassin de Dinant, le
récif de Rome présente certaines singularités et permet particulièrement
bien de reconstituer l'évolution du phénomène récifal. Surtout au début et
à la fin de son édification, le massif coralligène est en somme constitué
par un amoncellement de petits récifs entourés de toutes parts de bancs de
calcaire détritique grossier. Comme le montrent les coupes, ces petits
récifs, de forme surbaissée, sont véritablement interstratifiés en allure
parallèle dans les calcaires détriques et les surfaces de stratification de
ceux-ci étaient primitivement voisines de l'horizontale. On ne peut donc
considérer ces formations calcaires comme de "talus d'éboulement".

Il s'est déroulé une longue lutte entre les organismes constructeurs et
l'action destructrice et nivellatrice des vagues, aidée d'apports de ma-
tières argileuses. Tantôt l'un, tantôt l'autre de ces processus prenait la
prédominance. C'est ainsi que des débris arrachés au récif, triturés, lar-
gement étalés et stratifiés par la mer, ont servi à plusieurs reprises de
soubassement à de nouvelles constructions coralligènes, elles-mêmes bientôt
envasées en tout ou en partie par des calcaires détritiques ou des argiles.
A plusieurs époques, des brachiopodes, des ostracodes, des spongiaires, des
crinoïdes pullulèrent sur le haut fond récifal, s'accumulèrent dans des
poches ou en couches continues. Dans le cas qui nous occupe, le complexe
récifal a eu une tendance continue à accroïtre sa superficie, du début à la
fin du phénomène coralliaire.

La coupe verticale fig. VIII et le croquis en plan fig. VII permettent de
se rendre compte de l'allure tectonique du récif. Des poussées très inten-
ses ont presque complètement replié sur elle-même la masse calcaire. Les
calcaires stratifiés et les schistes entourant le marbre rouge, plus plas-
tiques que celui-ci, ont été chiffonés en détail, parfois littéralement
laminés. Les photographies fig. X et fig. XI (repérées sur la coupe fig.
VIII) donnent une idée de l'intensité de ces phénomènes.

Le plan fig. VII suggère que le recif, en se repliant en voûte, a été
refoulé vers le haut, laminant son enveloppe schisteuse (1). Aussi
M. Kaisin applique-t-il fort judicieusement le terme de "pli diapir" à ce
phénomène, conformément à la définition originale de Mrazec. M. RENIER
suggère le terme de "faille enveloppe" pour désigner la zone laminée et
froissée épousant la surface convexe du récif.

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(1) A l'inspection du croquis en plan fig. VII on a même l'impression que
ce refoulement avait une composante horizontale vers le SW, la masse
résistante du marbre laissant derrière elle un véritable "sillage"
accusé par l'allure des schistes encaissants.
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D'autre part, un train de petites failles affecte le flanc NW du pli. Les
surfaces de faille sont planes, partout où elles sont visibles, et dirigées
approximativement N-45°-E, direction commune de toutes les failles ren-
contrées jusqu'ici. Les failles plongent vers le NW à 45°-60°. Il n'est
paés possible de déterminer leur rejet exact, peu important en tout cas
(1). Elles recoupent à l'emporte-pièce, sans aucune déviation, les calcai-
res et schistes très plissotés, comme le montrent à suffisance la coupe
fig. VIII et les photographies fig. X et XI. Ces failles se sont donc
déclenchées postérieurement à la phase principale du plissement, alors que
les schistes et calcaires argileux en petits bancs enveloppant le massif de
marbre ne se déformaient plus comme un empilement de strates plastiques.

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(1) Certaines (v. fig. VIII) semblent avoir un rejet normal, disposition
qui peut être due à un décrochement horizontaél. Il n'est d'ailleurs
pas exclu que ces failles puissent avoir réellement un rejet normale
et être dues aux réajustements accompagnant les grands déboîtements
de coins.
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Leur allure est analogue à celle observée le matin pour les branches de la
Faille de Bomal, à la carrière de marbre de la Jastrée; nous nous trouvons
d'ailleurs sur le même anticlinal faillé. Il est donc logique de considérer
ces petits failles comme prolongeant ou relayant en partie la Faille de
Bomal, dont, la branche principale passe plus au Sud (hypothèse figurée par
le croquis fig. V).

Le programme de la journée est épuisé. Nous regagnons Barvaux à la nuit
tombante en suivant dans les schistes F3 le pied de la longue colline
calcaire que forme l'anticlinal faillé de Bomal (2).

(2) Voir carte annexée au mémoire cité de M. P.FOURMARIER. Ann. S.G.B.,
t.XXVII, 1899-1900.

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