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169W0009.TXT

PL. DURBUY 169W
X.STAINIER

9

Bulletin de la Soc. belge de géol. etc. Bruxelles, 1909, t.XXIII,
pp.208-285 (Procès-verbaux).

Un gisement de calcite à Barvaux (2)

Au cours d'une excursion géologique avec un de mes élèves, le Dr. A.Schoep,
nous avons découvert dans les environs de Barvaux un gisement de cristaux
de calcite remarquable non seulement par la beauté de ses formes cristal-
lines, mais aussi par ses curieuses allures, dignes d'être décrites.

Lorsque l'on prend la grand'route de la gare de Barvaux à Heyd, cette
route, après avoir longé la voie ferrée pendant environ 380 mètres, aban-
donne la vallée de l'Ourthe et penètre dans un vallon latéral vers le Sud-
Est. A environ 200 mètres de l'origine de ce vallon et sur le bord méridi-
onal de la route, on observe une carrière assez importante mais générale-
ment abandonnée, ouverte dans des bancs de calcaire frasnien inclinés au
Sud-Est de 80° à 85°. A une douzaine de mètres de hauteur et au voisinage
de la surface, les têtes des bancs se montrent profondément altérées et,
au milieu de la carrière, on y voit même se développer une remarquable
poche remplie de produits d'altération du calcaire et au sein de laquelle
se trouvent les cristaux en question.

La coupe de cette poche, que nous figurons ci-contre, en donnera une idée
plus complète que n'importe quelle description.

Comme on le voit d'après cette coupe, les bancs du Frasnien sont très
altérés au voisinage de l'affleurement et reprennent petit à petit leur
fraîcheur en s'éloignant de la surface. Certains bancs ont mieux résisté
que d'autres aux altérations météoriques qui ont dissous leurs voisins.

Fig. 1.

Ces bancs sont restés en saillie, voire même en surplomb au-dessus ou à
côté de poches que l'altération à créées au détriment des bancs les plus
altérables.

Les poches sont remplies de matières meubles assez variées qui sont
évidemment des résidus insolubles de la dissolution des bancs calcaires.
C'est vers la base de ces poches et surtout de la principale d'entre elles
que se rencontrent les cristaux qui font l'objet de cette note. Pour donner
une meilleure idée du remplissage de ces poches, nous figurons une coupe
agrandie prise au point A de la grande poche.

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Fig. 2.

1. Calcaire très altéré devenant jaune et terreux au voisinage de la poche.

2. Argile très sèche, feuilletée, brun grisâtre, montrant de minces
feuillets lenticulaires d'environ 0m05 de long, d'un beau noir luisant,
et des lits ou bandes minces colorés de rouge ou de noir-brun. Vers le
haut cette argile devient moins feuilletée, plus sableuse, intimement
mélangée d'un sable brunâtre qui s'isole parfois en lits assez purs et
qui paraît être un sable dolomitique.

3. Sable cristallin formé d'une sorte de grenaille de petits cristaux de
calcite mélangés, par places, d'un peu d'argile schistoïde qui devient
de plus en plus abondante en s'approchant de la couche d'argile no 1.
Ce sable englobe de très nombreux cristaux plus ou moins volumineux de
calcite. Au voisinage du calcaire, les cristaux sont très abondants et
le plus souvent ternis ou rubigineux à la surface. Ils deviennent de
plus en plus rares au fur et à mesure que la proportion d'argile
augmente, mais en même temps ils deviennent plus purs, plus transparents
et plus beaux. En même temps que les cristaux de calcite on trouve assez
bien de petits nodules de galène cristallisée, altérée, ternie et
noircie à la surface. Dans le sable cristallin et au voisinage du
calcaire, on observe des plaques ou croûtes cristallines formées de
petits cristaux agglomérés de calcite, croûtes libres, mais paraissant
avoir adhéré à quelque chose lors de leur formation. Une seule de ces
croûtes a été trouvée adhérant à une paroi de calcaire.

4. Blocs arrondis de calcaire très altéré et friable. L'affleurement de la
grande poche est garni de semblables blocs probablement éboulés,
quoiqu'ils aient l'air d'avoir conservé l'allure des bancs environnants.

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Les cristaux de calcite présentent les particularités suivantes. Ils
étaient très nombreux au fond de la grande porche et très rares au fond
des poches étroites et profondes situées au Nord. Nous en avons recueilli
plusieurs kilogrammes. Tous ceux qui étaient libres présentaient le fait
d'être bipointus, constitués par des scalénopèdres présentant de nombreuses
facettes de modifications. A peu près la moitié des cristaux présentent une
macle très nette. Certains individus avaient jusque 0m08 de long. Le plus
grand nombre ne présentait aucune trace d'usure ni de cassure, sauf les
petits individus paraissant provenir de la désagrégation des croûtes cris-
tallines précitées, croûtes d'ailleurs très fragiles.

Les cristaux plongés dans l'argile présentaint souvent cette légère teinte
noirâtre qui paraît due à des fines inclusions de pyrite.

Il nous reste à dire quelques mots, maitenant, de l'origine et de la for-
mation de ces cristaux.

En voyant les cristaux se présenter libres au sein de depôts meubles, avec
les deux pointes parfaitement développées, on serait tenté de prime abord
de considérer ces cristaux comme s'étant formés libres au sein de l'argile,
comme les cristaux de quartz bipyramides des poches d'argile de Brilon
(Westphalie). Il n'en est rien. Avec un peu d'attention, on voit immédia-
tement que tous les cristaux indistinctement montrent sur le côté, au point
le plus renflé du cristal, une surface par laquelle ils ont dû adhérer
primitivement à quelque chose. Parfois même, on voit que la surface d'acco-
tement porte une petite croûte cristalline avec surface d'adhérence. La
grenaille cristalline se montre comme formée de débris parfois même bien
reconnaissables de croûtes cristallines qui auraient jadis tapissé des
surfaces rocheuses quelconques. Ces croûtes étaient d'ailleurs identiques
à celle que nous avons trouvée encore adhérant à une surface de calcaire.
La conclusion s'impose donc que tous les cristaux ne sont pas en place à
l'endroit où ils se sont formés. Suivant toute vraisemblance, ils se sont
développés ailleurs, accolés aux parois d'une grande géode de calcaire
tapissée d'une croûte cristalline du sein de laquelle émergeaient les gros
cristaux couchés à plat et adhérant à la croûte.

L'absence de traces d'usure, la netteté des arêtes et des pointes cependant
bien fragiles de la calcite, prouvent que le chemin parcouru par les cris-
taux n'a pas été long. tout indique qu'ils ont grandi sur les parois de la
poche où nous les retrouvons aujourd'hui accumulés.

Deux hypothèses peuvent être émises pour expliquer comment les cristaux
disséminés sur les parois se sont accumulés au fond de la poche.

La poche se montre comme manifestement remplie de dépôts meubles, résidus
de l'altération chimique des parois. Le calcaire encaissant est très riche
en schiste et en argile qui a fourni la matière du remplissage argileux.
Le calcaire encaissant paraît être dolomitique. C'est d'ailleurs ce niveau
de calcaire frasnien qui, au alentours et à peu de distance, se transforme
latéralement en masses très pures de dolomie massive.

Si l'on admet, ce qui est fort possible, que la poche actuelle n'est que le
cul-de-sac terminal d'une poche jadis beaucoup plus étendue, on peut aussi
supposer que les parois de cette grande géode du calcaire ont d'abord
commencé par se revêtir de cristaux et de croûtes cristallines.

Ultérieurement, la géode ou poche se sera remplie de dépôts meubles prove-
nant de parties plus superficielles de la poche. Ces dépôts meubles, en
pénétrant dans la poche, auraient arraché des parois et entassé dans le
fond les cristaux en saillie et même les croûtes cristallines, par une
lente et irrésistible pression. L'arrachement aurait été favorisé par
l'altération des parois devenues friables et perdant ainsi toute faculté
d'adhérence aves les cristaux.
Dans une seconde hypothèse, on pourrait admettre que l'accumulation des
cristaux au fond de la poche et dû à un classement qui se serait produit,
après coup, au sein des matériaux remplissant la poche.

Des deux hypothèses, nous préférons la première. Certes, on sait que des
matériaux de volume ou de densité différents peuvent se classer, à la
longue, sans qu'il soit nécessaire de faire intervenir des mouvements ou
des secousses violents. L'imperceptible mouvement produit par le tassement
suffit pour cela, comme on le voit dans la formation de poches de phosphate
de chaux et de conglomérat à silex produites, comme la nôtre, par voie
d'altération chimique.

Mais c'est justement l'exemple de ces poches de phosphate et de conglomérat
qui nous fait penser que la poche de Barvaux ne s'est pas exactement formée
comme elles. En effet, dans ces poches, le mouvement de tassement a suffi
pour amener à la base le phosphate beaucoup plus dense et, au sommet, l'ar-
gile plus légère avec les silex volumineux, de la même façon que, dans un
panier rempli, des secousses finissent par amener à la surface les morceaux
les plus volumineux. De même ici, où aucune différence notable de densité
ne peut être invoquée et où seule la question de volume a dû intervenir, il
nous semble que si un classement s'était produit, il auraît inévitablement
amené les cristaux non au fond, mais à la surface du dépôt. Nous croyons
donc que l'accumulation des cristaux au fond est dué à une intrusion de
dépôts meubles arrachant et poussant lentement devant eux les cristaux.
Pour terminer, nous ajouterons que M. le Prof. G.Cesàro a bien voulu se
cherger de l'étude critallographique de ces cristaux. C'est assez dire
qu'ils sont en bonnes mains.

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PL. DURBUY 169W

9 (suite)

SESSION EXTRAORDINAIRE DE 1932
tenue à Barvaux du 16 au 19 septembre et organisée par la
Société Géologique de Belgique.

Compte rendu par I. de Magnée. - Ann. Soc. Géologique de Belgique, t.LV.

(Nos 193 à 242)

p. 43

Croquis Fig. XII.
Croquis Fig. XIII.

Après une dépression schisteuse sans affleurement, s'élève un escarpement
calcaire dans lequel a été creusée une carrière (33). C'est le calcaire
argileux stomatoporique F2a qui montre ici une puissance totale de 35m.
L'allure irrégulière, mamelonnée des surfaces de stratification est parti-
culièrement apparente.

Au sommet de la carrière, l'exploitation a recoupé une grande poche de
dissolution remplie de sable et de cailloutis à quartz blanc (On?) qui ont
été décrits par M. Stainier (1). La paroi de la poche est tapissée de beaux
scalénoèdres corrodés de calcite (2). Nous en trouvons de beaux exemplaires
dans les éboulis.

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(1) X.STAINIER. - Bull. de la Soc. belge de Géol., t. 38, 1928, F.1,
p. 109.
(2) X.STAINIER. - Bull. de la Soc. belge de Géol., t. 23, 1905, p.280.
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L'allure des bancs de calcaire est N-60°-E, 82° SE. Les couches se sont
donc rapprochées de la verticale, ce qui annonce l'approche d'un axe
anticlinal (v. coupe fig. VIII A).

Nous atteignons ensuite les schistes F2e que l'on trouve en débris dans
une dépression. Mais au point 34 apparaissent en place des bancs calcaires
isolés suivis de schistes altérés sur 25m environ. A ces schistes succèdent
sur 6m des alternances de calcaires argileux et de schistes noirs. J'y ai
trouvé Spirifer Malaisi. C'est la "zone des Monstres" F2a.

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