166W0019.TXT

PL. BIOUL 166W

M.MOURLON - G.SIMOENS,
Mardi 21 Septembre 1880

19 (VII)

Au S.E. de la station de Maredsous.

O 1* Faciès Waulsortien. Calcaire légèrement crinoïdique, violacé.
O 2* Faciès Waulsortien. Calcaire dolomitique.
P 3* Faciès Waulsortien. Calcaire pâle à grands crinoïdes.

19 (Suite) - F.DEMANET

PLAN: Observations de M. F.DEMANET aux environs de Sosoye (1/10.000e).
(Nos 191 - 239, 19 (suite), 65 (suite))

D. Etude du massif de Sosoye sur la rive gauche de la Molignée.

La portion principale du "Waulsortien de Sosoye" affleure sur la rive
gauche de la Molignée, où elle forme une colline allongée, connue sous le
nom de "Tienne de Sosoye". Le versant Ouest de cette colline est très
raide; il forme le flanc Est de la cluse du Laid-Trou et donne une coupe
transverdale du massif waulsortien et les couches qui le flanquent au Nord.

Outre les affleurements naturels qui s'y observent, les tranchées du chemin
de fer, entre le pont du Laid-Trou au Nord et le premier pont en amont de
Sosoye, qui recoupent l'escarpement à mi-côte et les tranchées de la route,
qui suit le fond de la vallée, donnent des facilités spéciales pour l'étude
de cette coupe.

D'autre part le versant Sud du "Tienne de Sosoye" forme un escarpement où
des affleurements presque continus permettent d'étudier le massif suivant
sa longueur. Cette étude peut d'ailleurs être complèter par les affleure-
ments, que présente le sommet rocheux de la colline dans sa plus grande
partie.

1. - Coupe du flanc Ouest du Tienne de Sosoye entre le pont du Laid-Trou et
le premier pont en amont de Sosoye (210 - 213, 19)


Gagnons la voie du chemin de fer dans la tranchée dite "du Laid-Trou".
Nous décrivons cette tranchée à partir de son extrémité Nord-Ouest;
puis nous continuerons à suivre la voie ferrée jusqu'au pont en amont
de Sosoye.

Croquis: coupe III (19, 212, 213)

1. Faciès petite brèche du niveau: V2b.
2. Calcaire gris-violâtre: couches inférieures d'Anhée: V2b.
3. "Banc d'or" de Bachant.
4. Calcaire à points cristallins de Neffe. V2a.
5. Faciès spécial du niveau: V1b.
6. Calcaire à cherts de Sovet, V1b.
7. Calcaire spathique "delta" waulsortien.
8. Calcaire blanchâtre ordinairement à veines bleues: terme: "gamma"
9. Dolomie du terme: "bêta"
10. Calcaire massif à veines bleues du terme "alpha"
11. Dolomies du terme "bêta"

N.B. - ligne de tranchée.

a) La tranchée du Laid Trou débute par un complexe répondant au faciès que
Soreil a désigné sous le nom de "petite brèche". Sur les deux premiers
mètres on voit de la brèche calcaire à pâte rouge, peu distinctement
stratifiée, puis viennent 5 mètres de bancs bien stratifiés dirigés vers
l'Est 16°Sud, une inclinaison Sud 80° par renversement.

Ces bancs sont constitués par un calcaire très compact à teinte gris-
violacé, sans cherts, avec veinules de calcite paraissant sombre par
réflexion. On n'y trouve pas de fossiles. Ces rochees présentent un des
types les plus fréquents des couches inférieures d'Anhée V2b.

Vers la partie moyenne, on rencontre un banc de 0m60 d'épaisseur,
dessinant à mi-hauteur de la tranchée un petit pli serré en zig-zag et
formé de gros cailloux plus ou moins roulés, noyés dans une pâte
argileuse rougeâtre. Ce banc est identique à celui que nous retrouverons
au même niveau stratigraphique dans le flanc Nord du synclinal, dont
nous voyons ici, le flanc Sud. Comme nous le dirons alors, il répond par
ses caractères au "Banc d'or" de Bachant (Avesnois). Dans la région
d'Avesnes, le banc d'or est intercalé dans les calcaires noirs de la
partie inférieure de l'assise de St.Hilaire. Cette assise correspond à
l'assise d'Anhée (1) telle que la limite H.de Dorlodot. Le "banc d'or
de Bachant a été ainsi nommé à cause de cristaux de pyrite jaune, qui
revêtent les cailloux. Nous avons trouvé également des cristaux cubiques
de pyrite sur les cailloux dans notre couche; mais l'altération les a
recouverts d'une patine d'un brun-foncé.

(1) H. de Dorlodot. Ann. Soc. Géol. du Nord, 1895, t.XXII, pp.286 et
A.Carpentier (1913): Contribution à l'étude du Carbonifère du Nord de
la France, p.122 et le tableau (p.112).

b) Par l'intermédiaire de quelques couches de calcaire noirâtre compact,
formant une tranche de 1m50 environ, nous arrivons à du calcaire à
points cristallins, présentant tous les caractères du Calcaire de Neffe
V2a. Dans sa partie supérieure et moyenne, ce calcaire est moins compact
que celui d'Anhée. Il est en bancs épais, recoupé par une série de
cassures parallèles, qu'on pourrait prendre à première vue pour des
joints de stratification. Il est un peu crinoïdique et contient de gros
Productus abondants; sa teinte est généralement grisâtre. Il est
dépourvu de cherts. Les couches conservent les mêmes caractères sur une
largeur de 25 mètres environ. Plus loin, le calcaire devient jaunâtre et
passe à une dolomie dans laquelle se sont creusées de grandes
excavations dont la plupart ont été murées. Il repose sur un ensemble de
roches à faciès particulier.

c) La stratification de ces roches est devenue tout à fait confuse et leur
teinte à pâli. Nous avons maintenant un calcaire jaunâtre très
spathique: de grands amas cristallins remplissent des poches de
dissolution. Cette abondance de calcite rend malaisée l'attribution de
ces couches à un niveau précis de la série ordinaire du Calcaire
carbonifère (1).

(1) M. le Professeur H. de Dorlodot, à qui nous avons montré ces
affleurements, nous dit qu'il a observé un faciès de même genre au
niveau du V1b, notamment dans la bande d'Anthée.


d) Près d'un dernier mur de soutènement, tout en bas de la paroi N-E. de la
tranchée, on observe du calcaire noir, subgrenu avec des concrétions
siliceuses. Ce calcaire se retrouve également en haut de la tranchée,
avec des cherts qui deviennent zonaires: ce sont bien là les caractères
du niveau V1b (2). Cet affleurement se trouve sur la direction du
calcaire gris-noir avec cherts que nous avons décrit, sur la route,
contre la maison isolée, au commencement de cette coupe. Dans la
tranchée ce calcaire n'occupe qu'une faible épaisseur.


(2) Ces cherts du V1b sont très visibles au bassin de la distribution d'eau
à l'Ouest de la ferme de la Cour à Maredret.

e) Il est surmonté, par renversement, par du calcaire extrêmement spathique
et parfois dolomitique, que nous rapportons au terme "delta" de notre
série waulsortienne. Il est bigarrée de teintes rouge, jaune et
bleuâtre, ces différentes couleurs se montrant en taches irrégulières:
parfois il y a aussi des trainées bleuâtres. On trouve encore à ce
niveau du calcaire jaune, se cassant facilement en différents sens,
suivant des surfaces sensiblement planes, sur lesquelles se montrent des
dendrites noirâtres.

En outre, on y voit de la dolomie jaunâtre et du calcaire grenu, jaune
et rouge, très spathique; la calcite y remplit en amas cristallins des
poches, qui etteignent parfois jusqu'à 2 mètres de diamètre.

f) Des roches analogues succèdent, le long de la route, au calcaire V1b;
mais elles présentent une puissance moitié moindre, ce qui, joint à
l'épaisseur plus grande des couches V1b, nous porte à croire que la
partie inférieure de ces dernières passe à la partie supérieure du
terme "delta" de la tranchée du chemin de fer.

g) Plus au Sud, sur une dizaine de mètres, on voit dans la tranchée du
chemin de fer, du calcaire plus ou moins stratifié à taches rougeâtres,
mais dont la teinte pâlit bientôt, en même temps que le grain devient
plus fin et que la dolomie disparait complètement. Nous rangeons ces
couches au sommet de notre terme "gamma", à partier du point où la
dolomie a complètement disparu. Vient ensuite du calcaire compact,
blanchâtre et jaunâtre, avec niveau à veines bleues mais assez rares.

Ce niveau à veines bleues du terme "gamma" forme une bande très visible,
que l'on peut suivre, d'une manière continue sur le plateau puis sur le
versant Sud du tienne de Sosoye, jusqu'à la tranchée de la route, à
20 mètres à l'Ouest de la première maison de Sosoye.

h) Les roches "h" de la tranchée affleurent aussi dans la tranchée du
chemin de fer montrent sur quelques mètres de la dolomie jaune, grisâtre
ou noirâtre, grenue et parfois pulvérulente, alternant avec quelques
bancs de calcaire pâle, moins compact que le précédent.

C'est le commencement de l'affleurement de notre terme "bêta". La teinte
sombre de la surface des roches et leur caractère dolomitique permettent
de distinguer à première vue ce terme du précédent.

La stratification est plus confuse encore que pour le terme "gamma".
Après être sorti de la tranchée, le bord Est de la voie ferrée,
continuant à entamer légèrement le flanc de la colline, recoupe encore
la même formation sur une distance de 18 à 20 mètres.

Vers le milieu de l'escarpement, les bancs de ce complexe, qui, contre
la voie ferrée, ont une inclinaison de 70 à 75° vers le Sud, se
recourbent en ébauchant le flanc d'une courbe anticlinale, dont nous
retrouverons tantôt le flanc Sud.