163W0130.TXT
PL. MERBES-LE-CHATEAU 163W
113/124-139
Capitaine Ch. Stevens. - Ann. Soc. géol. de Belgique. Liège, 1914,
t.XLI, (Mém.)
Plan région Grand-Reng.
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PL. MERBES-LE-CHATEAU 163W
125 à 130 (IV)
Capitaine Ch. Stevens.- Ann. Soc. géol. de Belgique. Liège, 1914, t.XLI,
(Mém.), pp.12-13.
Travaux de recherches de la Société de Merbes-le-Château. - La Société de
Merbes-le-Château a effectué, dans la région de Grand-Reng, une série de
sondages. Elle recherchait le sable grossier, rude, nécessaire à ses scie-
ries, tel qu'il trouve à la base de la formation E de M. Rutot.
M. Questiaux, directeur du service des carrières, a eu l'obligeance de me
communiquer le résultat de ces recherches. Elles ont été habilement effec-
tuées sous la direction de M. l'Ingénieur géologue Delhaye. Les coupes que
cet ingénieur a relevées m'ont été fort précieuses, ainsi qu'on pourra le
voir. Je remercie sincèrement ces Messieurs pour leur aimable obligeance.
Coupe no 1 (fig. 8)(1). - Cette coupe montre les différents niveaux de
M. Rutot, mais elle ne tient pas compte de la distinction entre les sables
B et D, pourtant très sensible (D peut avoir été dénudé).
Elle n'indique pas non plus la présence de l'important cailloutis F. Les
notes de sondage le révèlent pourtant dans les sondages nos 4 et 5.
Dans la partie occidentale de la coupe, le Pleistocène acquiert une très
grande importance. Il y a complètement raviné le Landenien supérieur. Un
ravinement quarternaire aussi important n'est pas rare dans le pays; au
cours de mes excursions, j'en ai constaté de semblables à La Courte (Leval-
Trahegnies) et à Maurage.
Il faut retenir ici que le Landenien supérieur descend à la cote 126, en
pénétrant de 9 mètres dans la craie. Le Landenien marin, complètement
traversé, arrive 13 mètres plus haut (cote 139), mais ne possède qu'une
épaisseur de 4 mètres. Se trouvant près d'un lit fluvial, il a subi une
énergique dénudation.
(1) Les coupes des fig. 8, 9, 10 et 11 sont celles de la Société de Merbes-
le-Château. J'ai indiqué en marge les notations de M. Rutot.
Fig. 8.- Coupe no 1.
Notations de la Société de Merbes-le-Château. Notations de M. Rutot
Pléis- Limon hesbayen, gris ou noir, demeurant brun
tocène par altération, terminé par un cailloutis de
silex et de grès landénien peu abondant I
Landé- 2 Sable brun très fin, micacé avec lentilles et
nien linéoles d'argiles grises, non calcaires, et
supé- lentilles et linéoles de marnes grises argileu-
rieur ses; sable blanc, fin et demi fin.
2' Sable demi-gros. E,F,G,H.
2" Sable grossier.
2'" Argiles verdâtres (Coupe no 4) Argiles noires
très sableuses à la partie supérieure, très
plastiques à la base (coupe 2 et 3).
Landé- 3 Sable très fin, brun, sauf pour la coupe no 3,
nien où il est blanc jaunâtre. Ce sable est toujours
terme argileux B et D.
inférieur
Crétacé 4 Craie blanche marneuse (assise de Trivières,
peut-être d'Obourg) A.
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PL. MERBES-LE-CHATEAU 163W
125 à 138
Capitaine Ch.Stevens.- Ann. Soc. géol. de Belg. Liège, 1914, t.XLI,
Mèm. pp. 14-17.
Grâce à ces différents sondages, on a pu tracer sur la carte l'aire occupée
par les sables grossiers de scierie, recherchés par la Société. Comme ces
sables, par leur grosseur, occupent le fond du thalweg, on peut se rendre
compte du tracé du fleuve landenien (fig. 13).
Ce qui frappe, c'est l'irrégularité et la largeur du dépôt.
L'irrégularité s'explique d'abord parce qu'il s'agit d'une espèce litholo-
gique que l'Industrie définit étroitement; ensuite parce que ces sables ont
été brassés avec d'autres sédiments fluviaux et ont été ravinés par le
Pleistocène. Enfin la largeur de cette aire ne correspond sans doute pas à
la largeur du lit, le thalweg de la rivière ayant pu subir des déplacements
latéraux. La rivière a pu aussi se créer de nouveaux passages dans ses
propres dépôts.
Remarques se rapportant à l'ensemble de ces sablières.
1 Les sables graveleux de la base sont remplis de gros grains noirs qui se
retrouvent dans beaucoup de sables du Landenien supérieur, fluviatil ou
lagunaire. Examinés à la loupe ou au microscope, ces grains, quand ils
ne sont pas roulés, présentent de arêtes coupantes, translucides sur les
bords. Ils rayent le verre; ce sont des grains de silex. Dumont employ-
ait déjà la désignation de sables silexifères. Cette quantité de silex
est en rapport avec les couches crétaciques détruites par l'érosion
continentale.
Quand aux sables eux-mêmes, beaucoup plus grossiers que ceux du Landen-
ien marin, ils ne peuvent passer pour du Landenien inférieur remanié et
sont évidemment d'origine allochtone.
2 Le cailloutis E est formé en grande partie de silex noirs, de roches
dévoniennes et de quartz blanc. La nature de ces roches, comme celle du
sable grossier du dessus, semble indiquer qu'il faut rechercher vers le
Sud la partie d'amont du fleuve Landenien.
3 J'ai parlé plus haut de la destruction des couches crétaciques.
Cette destruction a pu être facilitée par la dissolution des craies par
les eaux chargées d'acide carbonique. Partout où la craie est surmontée
de sables et où les eaux d'infiltration ont pu opérer leur action chi-
mique, elle se recouvre d'une couche d'argile plastique résiduelle. Cela
se voit parfaitement dans la tranchée du chemin de fer de Mons à Binche,
à Vellereille le sec, où l'on travaille en ce moment.
Peut-être faut-il attribuer en partie à ce processus, l'origine des lits
d'argile plastique que l'on trouve dans les sablières de Grand-Reng.
4 L'interprétation que M. Rutot a donnée en 1902 des divers niveaux des
sables de Grand-Reng et de Jeumont peut toujours être adoptée malgré les
onze années de travaux dont ce gisement a été l'objet depuis.
Pourtant, à mon avis, les sables B et D ont une origine différente. Le
sable B à Ostrea bellovacina et à Ostrea landinensis, légèrement argi-
leux, est certainement marin comme le dit M. Rutot. Il doit être placé à
un niveau voisin de L1c. Mais le sable D est plutôt lagunaire. En effet,
il n'y a pas de passage insensible de B à D et, immédiatement au-dessus
du gravier C, le sable D est très argileux.
Ce sable, très peu homogène, est entrelardé, en beaucoup de points, de
linéoles plus sableuses, parfois plus argileuses. Enfin, le banc de
lignite ou d'argile ligniteuse qui le surmonte lui donne encore une
allure plus continentale que marine.
Le gravier de base C, sur lequel il repose, n'est pas horizontal; il
prend des allures ravinantes sur de très courts espaces. C'est dans ce
gravier que l'on a trouvé le Champsosaurus Lemoinci, la tortue marine
Pachyrhynchus (Euclastes) Gosseleti, et les tortues d'eau douce Trionyx
vittatus et Chelone breviceps. Ce mélange de faune marine et de faune
terrestre ne me semble pas incompatible avec l'idée de lagunes envahies
parfois par des eaux marines, parfois par des eaux continentales.
5 Enfin, l'idée d'un delta doit être rejetée à mon avis. On se représente
un delta dans une plaine basse prolongeant vers le large une plaine
fluviale. Cela me semble peu compatible avec l'érosion verticale du
Landenien marin sur une hauteur d'au moins 13 mètres.
6 A Jeumont, le lit du cours d'eau est creusé dans le Landenien marin; à
Grand-Reng, il est dans la craie. La pente du cours d'eau entre Jeumont
et Grand-Reng est donc au Nord. Cette pente a même dû être assez forte
si l'on considère les 9 mètres d'érosion verticale dans la craie.
On peut se demander ce que devient ce lit fluvial. Vers l'Ouest, les
épaisseurs atteintes par le Pleistocène ont fait abandonner toute idée
de recherche. Vers le Nord, il s'enfonce sous les couches sus-jacentes
et des recherches n'ont pas été effectuées. Le Primaire affleurant
bientôt à Peissant et à Fauroeulx, tous les terrains supérieurs ont été
érodés dans cette région.