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155W0716.TXT

Feuille : 155W - MALONNE - 477
secteur : 5
numéro : 716
code : 155W0716 - 4770716
X :
Y :
Z :
commune :
auteur : X. STAINIER
références : STAINIER, X., 1929. Bulletin de la Société belge de Géolgie, de Paléontologie et d'Hydrologie. Bruxelles, tome XXXIX: 88-92.

date :

roche :

formation :

localisation :
nature : Affleurement

description :

La rhyolite de Maulenne (Floreffe)

Si l'on tient compte de la faible étendue superficielle de la bande silurienne du Condroz, on peut dire que c'est le massif belge le plus riche en affleurements de roches éruptives. Elles y sont groupées par région et l'une d'elles se trouve, sur la
rive gauche de la Meuse, au Sud de Malonne, et elle ne comprend qu'un seul type de roche rapporté jadis à l'Eurite et plus tard aux rhyolites anciennes, nom qui, paraît-il, devra changer encore. Trois affleurements distincts, en apparence du moins, et
assez voisins, sont connus. Le plus important (n° 54) a été découvert, il y a longtemps, par A. Dumont. C'est le seul sur lequel nous ayons quelques renseignements. Il est bien visible et exploité depuis longtemps, comme terre céramique, en plein
hameau de Piroy (Malonne). Un deuxième affleurement (n° 59) n'est connu que par sa figuration, sur la feuille Malonne-Naninne de la carte géologique, au hameau de Basse-Calanges (Malonne). Le troisième point amène à Bruxelles les eaux du Bocq. Sa
figuration n'est guère exacte, comme nous allons le montrer.

La roche éruptive n'affleurant pas, son existence n'aurait pu être que soupçonnée par la teinte blanchâtre, en hiver, du sol meuble et par une protubérance anormale du terrain. La galerie qui traverse en tunnel l'angle Nord-Est de la forêt de la
Haute-Marlagne est venue recouper la roche éruptive, en profondeur, juste au sortir du bois, à sa lisièreNord, 260 mètres à l'Ouest de la grand'route de Namur à Saint-Gérard.

Assez longtemps après cette découverte la valeur de la rhyolite au point de vue de l'industrie céramique décida la régie du domaine de la famille d'Arenberg, dans lequel se trouve le gisement, de le faire étudier plus complètement. Ce fut notre collègue
feu G. Velge qui fut chargé de cette étude. La présente note est une synthèse des renseignements que j'ai recueillis notamment sur les découvertes faites par la galerie et les données que G. Velge a eu l'amabilité de me communiquer. Pour rectifier le
tracé inexact de la Carte géologique, nous donnons ici un croquis résumant tous les renseignements connus sur la topographie du massif éruptif.

Gisement de la Rhyolite de Maulenne

L'extrémité orientale du gîte a été rencontrée si l'on en juge par la rangée très serré des sondages négatifs 1, 2, 3, 7, 12 et 13. Dans cette direction, il viendrait buter contre une crevasse quartzeuse reconue par la galerie voisine. Je ne possède
aucune donnée précise sur cette terminaison d'autant plus regrettable qu'on se trouvait là o un pas du contact entre le Silurien dans lequel se trouve la roche éruptive et le Gedinnien du bord Nord du bassin de Dinant. C'est là tout près aussi que passe
la branche principale d'une importante faille de refoulement, la faille de Maulenne. Si la Rhyolite s'était prolongée jusqu'à ce contact et jusqu'à cette faille, la façon dont elle se serait comportée vis-à-vis du contact n'aurait pas manqué de nous
fournir de précieux renseignements sur l'époque à laquelle la roche a fait éruption. Nous saurions peut-être aussi si l'apparition de la roche a une liaison quelconque avec les poussées qui ont déterminé la production de la susdite faille.

On a suivi la roche sur plus de 200 mètres, vers le Nord-Ouest, et, dans cette direction, on n'a pas atteint la limite du gîte. Si les recherches se sont arrêtées, c'est qu'elles étaient pratiquées dans un but industriel et que, de ce côté, l'épaisseur
du terrain meuble de recouvrement augmentait et devait encore être plus forte sur la rive gauche du ruisseau des Calanges, dont la pente est tournée vers l'Est. Si l'on poursuit, en ligne droite, la Rhyolite de Maulenne, avec sa direction reconnue, on
tombe exactement sur l'affleurement précité de Basse-Calanges, ce qui rend la connexion des deux gîtes for probable et donnerait à l'ensemble une longueur de 500 mètres. Si le troisième affleurement, celui du Piroy, fait partie ininterrompue du même
phénomène éruptif, chose beaucoup moins probable [M. Bellière, Annales de la Société Géologique de Belgique, Bulletin, t. XLVI, p. 299], alors le gisement doit se replier vers l'Ouest, avec une direction Est-Ouest sur 500 mètres. La longueur totale
d'un kilomètre n'aurait certes rien d'exagéré si on la compare à la longueur de deux gîtes d'une roche semblable et ayant le même mode de gisement (Rhyolite de Nivelles : 2400 mètres, Rhyolite de Grand-Manil : 1 kilomètre).

La Rhyolite a une puissance de 20 à 30 mètres et son contact avec les schistes encaissants, rencontré dans les trois puits 4, 6, 10, était vertical ou à peu près. En plan le gisement dessine une courbe reliant deux droites faisant entre elles un angle
presque d'un demi-droit.

Entre le sommet du puits n° 6, point le plus élevé du gîte, à la cote 200 mètres et le fond du sondage n° 9, il y a une différence de niveau de 15 mètres, sur laquelle la roche est donc reconnue. Au puits n° 6, le terrain meuble de recouvrement n'avait
que 0 m 50, mais en allant vers le ruisseau, son épaisseur augmentait jusqu'à 4 mètres.

Partout, au voisinage de la surface, la roche était profondément altéré, meuble, tantôt grenue, tantôt fine, onctueuse au toucher, blanche, sauf au voisinage de la surface, où elle était souillée par des infiltrations diverses. Des morceaux plus ou
moins inaltérés étaient englobés dans la masse meuble qui elle-même reposait sur la roche cohérente dont elle était séparée par un joint extrêmement irrégulier, grossièrement parallèle à la surface du sol.

Dans la galerie des eaux du Bocq, où la roche la plus fraîche a été traversée, tout en étant cohérente elle était cependant tendre et d'abattage facile et l'altération était encore manifeste. On ne s'en étonnera pas en réfléchissant qu'avant les grands
déchifrements modernes qui ont réduit fortement l'étendue de la Haute-Marlagen, cette belle forêt multiséculaire recouvrait le gisement éruptif de son épaisse litière tourbeuse et acide. D'autres gîtes existent peut-être dans la région, sous l'épais
manteau de terrain meuble qui, par solifluxion, descend continuellement des hauteurs du Dévonien inférieur sur la dépression silurienne voisine. On sait combien est compliquée la tectonique du massif silurien du Condroz, déchiqueté par des failles
puissantes. Il serait impossible de préciser les relations de la Rhyolite de Maulenne avec le Silurien encaissant. On peut tout au plus supposer que la Rhyolite est parallèle aux bancs de ce terrain encaissant si l'on en juge d'après sa grande
ressemblance d'allures avec les Rhyolites de NIvelles de Grand-Manil, du massif silurien du Brabant qui paraissent interstratifiées, dans ce Silurien. Comme ses congénères du Brabant, la roche de Floreffe est, en effet, très mince, très allongée et
presque verticale.

Je n'ai pu obtenir de renseignements sur la stratification du Silurien rencontré dans les puits de recherche et dans la galerie. On sait d'ailleurs que cette détermination est chose bien difficile. Les limites des divisions du Silurien telles qu'elles
figurent sur la carte géologique n'ont, tout le monde le sait, qu'une valeur de pis-aller. On ne peut donc rien tirer de leur comparaison avec les allures de la Rhyolite.

D'après la carte géologique, le Silurien encaissant appartiendrait à sa division supérieure (S12b) : assise de Naninne de la nouvelle légende (1929) de la carte géologique. D'après cette légendre (p. 73), la Rhyolite du Piroy, comme celles du Brabant,
se trouverait dans l'assise de Roux et de Grand-Manil (S12a), inférieure à la précédente. Mais le levé de la carte du Silurien du Condroz est à refaire, on le sait.

Une prise d'échantillon industrielle a été faite et elle a été analysée au laboratoire de Monsieur le Professeur Dewalque à Louvain.
En voici les résultats :

Eau (perte à 110°) 1,14
Eau (perte à la calcination) 4,52
Silice 56,72
Alumine 0,12
Oxyde ferrique 0,12
Chaux 0,27
Magnésie 0,57
Potasse 3,98
Soude 8,32
Soufre - 0.61 - Pyrite 1,14
Fer - 0.53
Acide sulfurique 0,03
Indéterminé 0,87
99,97

N.B. La roche renferme des cristaux de pyrite.

Lorsqu'on compare les résultats de cette analyse avec ceux de l'analyse de la Rhyolite du Piroy et d'autres Rhyolites du Brabant, on constate immédiatement des différences profondes et capitales. Pour en juger, nous renvoyons aux analyses publiées des
roches dont la nature et le mode de gisement indiquent la parenté avec la roche de Maulenne : Le Piroy [Chevron, L.. Annales de la Société Géologique de Belgique, Mém., t. II, p. 190 & Kaisin, F., 1920], Bulletin de la Société belge de Géologie, t. XXX,
p. 171], Nivelles [de la Vallée Poussin, C., 1887, Bulletin de l'Académie royale de Belgique, p. 515], Grand-Manil [Chevron, L. Annales de la Société Géologique de Belgique, Mém., t. II, p. 190 & de la Vallée Poussin, C. & Renard. Mémoire couronné de
l'Académie royale de Belgique, t. XL, p. 137].

La différence la plus frappante réside dans la teneur en silice. Alors que les autres Rhyolites ont une teneur en silice qui les fait ranger dans les roches éruptives les plus acides (73 à 84 %), dans les roches éruptives les plus acides 56,72 %, c'est
à dire au niveau des roches franchement basiques. Cette basicité est d'ailleurs bien marquée par le fait que les trois bases principales : alumine, potasse et soude ont, à Maulenne, une teneur bien plus élevée que dans les trois autres gisements. En
effet, les trois bases en question titrent réunies : 34.59 à Maulenne ; 24.55 au Piroy ; 20.57 à Nivelles ; 19.27 et 23.13 à Grand-Manil.

716 - suite

Exploitation à ciel ouvert d'eurite à Malonne.

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