Feuille : 155E - NANINNE - 478
secteur : 3
numéro : 373
code : 155E0373 - 4780373
X :
Y :
Z :
commune :
auteur : L. CALEMBERT
références :
date :
roche :
formation :
localisation :
nature : Affleurement
description :
CALEMBERT, L., 1941-1942. Société géologique de Belgique, Liège, tome 65, pp. 76-84.
Un gisement de terres plastiques constitué par l'altération du Namurien à Loyers
Figure 1. Schéma géologique des environs du gisemnet Draily à Loyers.
J'ai representé au croquis 1, la situation exacte du gisement qui fait l'objet de la présente note : il se trouve à la limite du Houiller du lambeau oligocène.
En ce point, M. Draily a creusé pour l'exploitation de la terre plastique, un puits atteignant 18 mètres de profondeur et traversant une série de couches de schistes légèrement altérées. De ce puits ont été tracées, au cours des années antérieures, des
galeries de chassage dirigées de l'ouest vers l'est, à différents niveaux. Aujourd'hui, ces galeries supérieures abandonnées sont devenues inacessibles mais je pense que le chassage de 18 m donne des indications comparables à celles qui auraient pu être
recueillies dans ces travaux. Les déclarations des ouvriers de la fosse m'ont confirmé dans cette opinion.
La galerie de 18 m creusée perpendiculairement ou obliquement à la direction des couches atteint une quarantaine de mètres de longueur. A partir du puits, elle rencontre successivement les assises suivantes, en parfaite concordance de stratification et
dirigées dans l'ensemble N70°W avec une inclinaison de 35° à 40° vers le NE (voir figure 2) :
Puissance
1° Schistes relativement peu altérés 4 m
2° Schistes altérés et bancs gréseux avec traces de sidérose et enduits ferrugineux 3 m
3° Schistes altérés avec abondantes traces de végétaux flottés et nombreuses goniatites 7 m
4° Terre plastique grise où s'observe encore nettement l'allure de la stratification et
de la schistosité 5 m
5° Terre plastique blanche compacte 5 m 50
6° Sable blanc argileux appartenant à la poche des sables et graviers aquifères
Figure 2. Plan et coupe du niveau de 18 m du gisement de Draily à Loyers.
L'examen de cette coupe de terrains montre le passage progressif fes roches moins altérées, à caractère bien conservés, au produit d'altération compact et homogène d'aspect et de composition. C'est un trait des roches altérées par les eaux
d'infiltration.
La question vient alors logiquement à l'esprit de connaître les roches saines qui ont subi ces actions de métamorphisme superficiel. Leur âge est connu avec précision. En effet, m. le chanoine F. Demanet a bien voulu examiner les goniatites de l'assise
et les déterminer : Homoceras beyrichianum. Les roches en cause appartiennent donc à la partie supérieure de l'assise de Chokier : Nm1c. M. le chanoine Demanet m'a signalé d'autre part que ses recherches l'ont amené à constater que dans la région,
l'assise Nm1c existe seule et surmonte immédiatement les formations calcaires.
L'examen par plusieurs méthodes appropriées [cf. P. Urbain. Introduction à l'étude pétrograhique et géochimique des roches argileuses. Hermann et Cie, Paris, 1937] des différentes roches de la coupe (voir figure 2) a montré que les constituants
essentiels sont dans chaque cas la silice et la kaolinite. On observe accessoirement : zircon, tourmaline, rutile, un peu de disthène, pyrite et limonite.
L'analyse chimique donne les résultants suivants :
1 2 3 4 5
Perte au feu 3.75 4.58 4.56 6.94 5.14
Silice 79.43 73.32 72.61 71.00 69.32
Alumine 11.57 12.35 16.73 17.04 19.73
Fe2O3 0.34 2.00 0.48 0.92 0.73
FeO 0.66 3.05 0.59 0.21 0.87
CaO 1.20 1.30 0.75 0.71 0.60
MgO 0.61 0.83 0.63 0.65 0.61
K2O 1.24 1.38 1.82 1.45 1.78
Na2O 0.33 0.21 0.35 0.12 0.20
Non dosés 0.87 0.98 1.48 0.96 1.02
100.00 100.00 100.00 100.00 100.00
.......
J'ai laissé jusqu'ici de côté un autre aspect du problèmpe posé par le gisement de Loyers ; les schistes étant des roches peu favorables à la circulation des eaux d'infiltration, comment une altération importante peut-elle avoir lieu ? Si l'on se
reporte à la figure 1, on constate que tandis que la direction des couches - N70°W - est en harmonie avec le synclinal Jambes-Erpent, leur inclinaison vers le NE est anormale et incompatible avec l'allure géologique à l'extrémité orientale d'un bassin.
Il faut donc supposer que les roches namuriennes sont affaissées dans le calcaire carbonifère dont le sommet a été dissous inégalement par les eaux souterraines, comme M. Van Leckwijck et moi l'avons indiqué dans la région de Samson [CALEMBERT, L. & VAN
LECKWIJCK, W, 1941. Sur des phénomènes de dissolution au contact des terrains viséens et namuriens dans la région de Samson. Annales de la Société géologique de Belgique, t. LXV, pp. B 41-46]. Lors de l'effondrement d'ensemble, la disposition relative
des couches s'est maintenue mais elle est devenue indépendante de l'allure du substratum. Il me paraît plausible d'admettre que la circulation plus intense des eaux souterraines est en relation avec l'affaissement du Houiller qui aurait diminué la
compacité des roches et provoqué des fissures.