Skip to content. | Skip to navigation

Personal tools

You are here: Home / arch / 151W / 151W0125.TXT

151W0125.TXT

PL. MONS 151W
CH.STEVENS

125 (V)

Puits creusé par le Levant du Flénu (1873),
pour reconnaître les Morts-terrains au-dessus de la nappe aquifère.

Cote approximative de l'orifice: 65.00.
Coupe communiquée par M. J.CORNET.

Base à Epaiss.
m. m.

Quaternaire 3.16 3.16
Tufeau de Ciply 5.46 2.30
Poudingue de la Malogne 6.81 1.35
Craie de Spiennes 7.90 1.10
Craie de Nouvelles 27.20 19.20

Abandonné à cette profondeur où l'on a rencontré la nappe aquifère.

---------------------------------------------------------------------------

PL. MONS 151W

125 (suite)

J.CORNET.- Ann. Soc. Géol. de Belgique. Liége, t.47, pp. B 150-153.

Faille à jeu multiple et alternatif dans le Crétacique, à Cuesmes.

Au Sud du village du Cuesmes, tout près et au Sud-Est du viaduc sur lequel
le chemin de fer du Nord croise la route de Cuesmes à Frameries, se trouve
une des plus anciennes exploitations de craie phosphatée des environs de
Mons.

Fondée en 1876 par feu Emile Rolland, qui plus tard y exploita aussi la
craie blanche sous-jacente à la craie phosphatée, elle est aujourd'hui la
propriété de M. J.Mortiau. Les travaux, commencés par carrières à ciel
ouvert, devinrent bientôt en grande partie souterrains, comme ceux de la
Société de la Malogne, qui les avoisinent vers l'Est.

Dans ces derniers temps, M. J.Mortiau ouvrit une petite carrière à ciel
ouvert à une dizaine de mètres à l'Est de la voie de la Compagnie du Nord
et à environ 200m au Sud du viaduc.

C'est la coupe, très remarquable, offerte par cette excavation que nous
allons décrire et tâcher d'interpréter dans ce qui suit (1).

-----------------------------
(1) M. J.Mortiau, frappé par le caractère singulier que présente cette
coupe, s'est empressé d'y appeler mon attention. Je lui en suis fort
reconnaissant.
-----------------------------

Les couches crétaciques mises au jour par l'excavation dont il s'agit sont
traversées par une faille dirigée à peu près exactement du Sud-Est au Nord-
Ouest, c'est-à-dire perpendiculairement à l'inclinaison des couches en cet
endroit du bassin. La faille, dans son ensemble, est très voisine de la
verticale.

La parti de la carrière qui fait face au chemin de fer est la plus nette.
Nous la représentons dans la figure 1.

Croquis S1: Fig.1.- Coupe de la carrière Mortiau, à Cuesmes,
le 1er mai 1924.

La figure montre que la faille partage la coupe en deux compartiments bien
distincts, sauf en ce qui concerne les couches supérieures, lesquelles
sont:

Q. Pléistocène, représenté par un limon brunâtre correspondant à la terre à
briques et à un ergeron assez décalcarisé. A la base, il y a quelques
cailloux, provenant de la base du Landénien. L'épaisseur du limon, gauche,
est de 2 mètres; à droite, elle n'est que de 1m50.

L. Sable landénien très glauconieux, vert-foncé, ne dépassant pas 30cm
d'épaisseur dans la coupe, sauf en quelques points ou il descend dans des
poches de dissolution creusées dans le Tuffeau de Ciply. Ce sable landénien
renferme, comme c'est la règle dans ces circonstances de gisement, deux
sortes de cailloux: des galets de silex noir parfaitement roulés, ovoïdes,
gros en moyenne comme une noix, et des fragments, verdis à la surface, des
silex en plaques du Tuffeau de Ciply sous-jacent, T C.

Sous ce revêtement superficiel, on voit:

1° A gauche de la faille:

T C Tuffeau de Ciply, épais de 5m. Dans les travaux de terrassement qui
sont en arrière de la coupe, on voit, dans la partie supèrieure du
tuffeau, des silex gris clair en grandes plaques.

P M Poudingue de la Malogne. Epaisseur, 0m50 en moyenne.

C C(b) Craie phosphatée de Ciply, épaisse de 6m50, bien normale, riche,
remarquablement homogène dans toute son épaisseur, ne formant qu'un
seul banc, sans nodules phosphatés. Cette craie appartient à la
partie moyenne (sans silex) de la Craie de Ciply. La partie supér-
ieure du banc est plus ou moins durcie.

P C Poudingue de Cuesmes. Epaisseur, 1m. (1)

C N Craie de Nouvelles, à Magas pumilus.

2° A droite de la faille:

T C Tuffeau de Ciply (2m50 à 3m) creusé de quelques poches de dissolu-
tion où descend le sable landénien L.

P M Poudingue de la Malogne, un peu plus mince qu'à gauche.

C C R Couche, épaisse du 1m70, se présentant comme formée de craie brune
phosphatée manifestement remaniée, remplie dans toute sa masse,
mais surtout vers le haut, de nodules phosphatés roulés. Le rema-
niement a atteint le Poudingue de Cuesmes, P C, qui est ici réduit
à 0m30 d'épaisseur.

C N Craie de Nouvelles, à Magas pumilus.

--------------------
(1) Le poudingue de Cuesmes est formé de cailloux roulés phosphatés très
riches. On les a exploités autrefois, débarassés de leur gangue cal-
caire par dissolution souterraine, dans les carrières aujourd'hui
boisées (carrières Heidet) qui sont un peu plus au Sud-Est des exploi-
tations de M. Mortiau. C'était un phosphate riche en nodules, titrant
jusque 70%.
--------------------

Ajoutons à cette description que la craie de Nouvelles C N de la partie
droite de la coupe est mise à nu, dans la carrière, devant la coupe de la
figure 1, de façon à montrer la paroi droite de la faille. Cette paroi est
parcourue de vigoureuses cannelures et rayures verticales.

Cette coupe présente des particularités qui paraissent paradoxales. Les
massifs séparés par la faille ne sont pas symétriques, stratigraphiquement
parlant, et si l'on veut mesurer l'importance du rejet de la faille, on
arrive à deux solutions différentes et incompatibles.

1. La craie phosphatée de Ciply, C C (b), est représentée à gauche de la
faille par la magnifique roche de la partie moyenne de l'assise, avec
une épaisseur de 6m50.

A droite de la faille, on trouve sous le Poudingue de la Malogne P M,
à peine 1m70 d'une couche phophatée tout à fait anormale, remaniée,
remplie de nodules phosphates roulés, non durcie à la partie supérieure.

A gauche, le Poudingue de Cuesmes P C, est bien caractérisé, bien réglé,
épais d'un mètre. A droite, il est remanié, d'épaisseur irrégulière, ne
dépassant pas 30 centimètres.

2. Si l'on s'en rapporte à la position de la base du Tuffeau de Ciply
indiquée par le Poudingue de la Malogne P M, chaque côté de la faille,
on en arrive à donner à celle-ci un rejet arrivant à peine à 2 mètres.

Mais si l'on s'en rapporte au Poudingue de Cuesmes, P C, et au sommet
de la craie de Nouvelles, C N, de part et d'autre de la faille, le
rejet arrive à peu près à 6m50.

Ajoutons que le jeu de la faille a amené le Poudingue de Cuesmes, P C,
à droite, en face du Poudingue de la Malogne, P M, à gauche. Mais il
suffit d'un examen attentif pour se convaincre qu'il n'y a là une
coïdence fortuite. Sur la paroi de la carrière opposée à celle de la
figure 1, cette coïncidence n'existe pas; P C, à droite, est plus bas
que P M à gauche.

--------------------------------------------------------------------------

PL. MONS 151W

125 (suite)

R. Marlière.- Société Géologique de Belgique. Liége, 1936-1937, t.60,
page B 81

a) Ancienne carrière Mortiau, à Cuesmes.

La route joignant les agglomérations Cuesmes et Frameries est coupée très
obliquement par la ligne du "Chemin de fer de Maubeuge"; contre le talus
Est de cette ligne, à proximité du viaduc, s'ouvre l'ancienne carrière
Mortiau, aujourd'hui peu activement exploitée.

Frappé par le caractère singulier de son gisement, M. Mortiau a autrefois
fait part de ses observations à Jules Cornet. Celui-ci s'empressa de
décrire la carrière et de rechercher l'interprétation des faits reconnus
(2).

En quelques mots que précise le croquis ci-contre (fig. 15), voici en quoi
réside l'intérêt de la carrière : Une faille normale s'y observe; elle
traverse la craie blanche, la Craie phosphatée de Ciply et le Tuffeau de
Ciply (1). Mais il n'y a pas symétrie de part et d'autre de la faille : les
épaisseurs des assises y sont très différentes. Immédiatement, on songe à
un déplacement horizontal (sensiblement) : mais les lèvres de la cassure
portent les traces nettes et profondes d'un mouvement presque vertical.

Croquis S2: Fig.15. - Coupe levée dans l'ancienne carrière Mortiau,
à Cuesmes (août 1936).

Il y a donc là une contradiction (plus apparente que réelle). En outre, il
semblait à Jules Cornet que la craie phosphatée était remaniée d'un côté de
la faille, et pas de l'autre.

L'explication proposée par Jules Cornet fait intervenir tour à tour dans un
ordre complexe, des phénomènes de sédimentation, de rejet et d'érosion, la
faille ayant joué par trois fois (disons trois fois, au moins) d'une ma-
nière alternative: "Faille à jeu multiple et alternatif dans le Crétacique
à Cuesmes".

--------------
(1) Annales de la Soc. géol. de Belgique, t.LX, fasc. n° 2 (1937).
(2) CORNET J. - Faille à jeu multiple et altérnatif dans le Crétacique à
Cuesmes. Ann. de la Soc. géol. de Belgique, t.XLVII, pp.B 150-158
(1924).
(3) A l'époque où nous observons la coupe, le Tuffeau de Ciply semble ne
pas être affecté par la faille bien que des cassures (sans rejet ap-
parent) traversent cette formation. Cependant Jules CORNET y a vue et
mesuré un rejet vertical apparent de deux mètres, ce qui n'est pas
négligeable et ne trompe pas l'oeil, je crois. Je fais donc confiance
aux observations antérieures de Jules CORNET, à ce sujet.
--------------

Avant de reprendre le problème je voudrais en rassembler les données:

1° Rien ne démontre que la Craie de Ciply ait été remaniée dans la partie
Ouest de la carrière Mortiau, et surtout rien n'établit que ces soi-
disant remaniements ne soient pas primaires (ou syngénétiques). La craie
phosphatée est mince (moins de 0,50m) et comprise entre deux con-
glomérats: l'un, son propre poudingue de base, l'autre qui n'est autre
que le Poudingue de la Malogne à la base du Tuffeau de Ciply. Aucun
fait, ni paléontologique ni autre, ne peut établir qu'il y ait eu rema-
niement stratigraphique.

2° La carrière Mortiau est située en bordure du gisement phosphaté de la
région de Mons, en un endroit où les couches dessinent les allures
représentées sur le schéma ci-contre (fig.16).

Croquis S3: Fig.16. - Schéma de la disposition des assises supérieures
du Crétacé dans la région de Cuesmes (d'après
J.Cornet, avec légères modifications).

La Craie de Ciply déborde en transgression la Craie de Spiennes et vient
même recouvrir la Craie de Nouvelles par l'intermédiaire du Poudingue de
Cuesmes (1). Sous le Tuffeau de Ciply, lui aussi transgressif, les
assises antérieures (Ciply, Spiennes et Nouvelles) viennent finir en
biseau et cela d'une manière bien accentuée (sur moins de 10 mètres,
dans la carrière Mortiau, on peut déjà se rendre compte de la dispari-
tion graduelle de la Craie de Ciply).

3° Une formation avait échappé à l'observation de Jules Cornet.
La Craie de Spiennes existe ici avec ses gros silex et son cailloutis de
base; à l'Ouest de la faille, elle a un mètre d'épaisseur et sa base est
accessible; la Craie de Nouvelles est durcie et perforée au contact. A
l'Est de la faille, l'exploitation de la craie phosphatée s'est arrêtée
au niveau du poudingue de base, mais un puits de 5 mètres de profondeur
permet de retrouver la même succession que dans le massif occidental, à
la seule différence que la Craie de Spiennes atteint trois mètres
d'épaisseur (au lieu d'un). Cette observation venant s'ajouter à celles
qu'a pu recueillir Jules Cornet permet de dégager une règle basée sur la
mesure des épaisseurs de trois formations distinctes : la faille de la
carrière Mortiau est effectivement dyssymétrique, et, à l'Est de la
faille toutes les épaisseurs sont plus fortes qu'à l'Ouest.

-------------------
(1) Le nom de Poudingue de Cuesmes a été proposé en 1882 par F.L.CORNET
pour désigner un conglomérat renfermant des nodules phosphatés, et
situé à la base de la Craie de Ciply là où celle-ci repose sur la craie
de Nouvelles (Ann. de la Soc. géol. de Belgique, t.XI, p. CLXXXV,
1884).
Si l'on veut bien se reporter à la figure, on voit que le Poudingue de
Cuesmes est un conglomérat de transgression. Mais avant de gagner la
Craie de Nouvelles, la transgression a recouvert la Craie de Spiennes
qui lui est supérieure et a formé un conglomérat phosphaté bien visible
dans les anciennes carrières Cailloux à Ciply.
--------------------

Prenant en considération l'ensemble des faits reconnus dans la carrière
Mortiau, se rapportant aux épaisseurs mises en regard par le jeu de la
faille et à la règle qui régit les variations de part et d'autre de
l'accident; compte tenu de la situation géologique du lieu, telle que
les assises sénoniennes se relèvent rapidement et viennent finir en
biseau sous le Tuffeau de Ciply, je pense que la faille étudiée ici peut
s'expliquer rationnellement par un seul déplacement horizontal ayant
amené les craies de la périphérie du bassin (assises amincies) en regard
des sédiments de position plus centrale (plus épais). Envisageant sim-
plement le cas d'une faille de même type observée dans la craie phos-
phatée de la Malogne, M. Stainier s'exprimait en 1932 comme nous avons
aujourd'hui de plus fortes raisons encore pour le faire: "Si l'on admet
qu'une des lèvres de cette faille a subi un transport voisin de l'hori-
zontale, d'une certaine amplitude, ce transport aura amené une région
plus proche du bord de la cuvette phosphatée et partant plus mince, en
face d'une région plus proche du centre de la même cuvette et partant
plus épaisse" (1). Je propose cette même solution.

---------------------
(1) STAINIER X. - Failles normales à rejet horizontal. Bull. de la Soc.
belge de Géol., de Pal. et d'Hydrologie, t.XLII, pp. 10-22, spéciale-
ment p.22 (1932).

Insert the GSB number to search all associated content