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151W0030.TXT

PL. MONS 151W
A.RUTOT

30 (6)

III. - Anciennes exploitations de tuffeau montien de Ciply

Nous quittons les sablières de Favarte pour nous diriger vers le Sud-Ouest,
le long de l'ancienne route de Bavai.

Au moment où nous nous engageons sur la route, M. Rutot montre, en passant,
un chemin creux descendant vers le Sud-Est et où l'on peut voir le terme
argileux très glauconifère L1c, épais de 6 mètres, reposant, au bas, sur le
tuffeau montien.

Nous ne nous arrêtons pas devant cette coupe, attendu qu'à 400 mètres plus
loin, nous avons l'occasion d'observer un contact semblable, dans de meil-
leures conditions.

Croquis: Fig.11.- Coupe prise dans l'ancienne exploitation du tuffeau mon-
tien à Ciply.

A. Sable un peu argileux, à gros grains de glauconie, durci,
surtout vers le bas, en grès tendre fendillé. Nous y recon-
naissons le facies dit "Tuffeau d'Angres". Cette couche est
fossilifère et renferme des empreintes de coquilles du
Landenien inférieur marin. C'est le terme moyen du Lan-
denien L1c 3m00

B. Sable jaunâtre, altéré. L1b 0.40

C. Gravier base du Landenien, L1a, constitué en majeure partie
de galets noirs de phtanite houiller, avec quelques cail-
loux très roulés de silex 0.05

D. Tuffeau dit "de Ciply", actuellement classé dans le Montien,
formé d'un calcaire grenu, grossier, stratifié en gros bancs
assez réguliers, de dureté médiocre, traversé horizontalement
de gros rognons lenticulaires de silex gris pâle, à texture
grossière. On y rencontre des lits de petits organismes roulés,
avec empreintes de coquilles marines caractéristiques du
Montien; visible sur 10.00

En effet, à gauche du chemin de Bavai s'ouvre une vaste excavation
dans laquelle se voit la coupe représentée figure 11.

M. Rutot dit que nous aurons sous les yeux un excellent contact du Lande-
nien inférieur marin, très bien caractérisé, sur le Montien, dont la sur-
face a été littéralement rabotée lors de l'arrivée de la mer landennienne,
rabotage rendu encore plus sensible par la présence du gravier de base
du Landenien, formé ici de roches étrangères aux environs immédiats et
notamment de galets de phtanite noir, houiller.

La pente générale des terrains du Sud vers le Nord est ici très visible,
surtout lorsqu'on recule de manière à embrasser d'un coup d'oeil l'ensemble
de la coupe.

La grande excavation dans laquelle nous nous trouvons a été creusée il y a
environ deux cents ans, pour l'extraction de pierres destinées aux forti-
fications de la ville de Mons.

La masse du "tuffeau de Ciply", dont MM. Cornet et Briart avaient constitué
le type du Crétacé supérieur ou Maestrichtien du bassin de Mons, est homo-
gène, d'un blanc jaunâtre, et elle est traversée de gros rognons lenticu-
laires de silex gris pâle.

A la suite d'études prolongées de M. A. Rutot, ce géologue, avec la colla-
boration de M. E. Van den Broeck, a reconnu et démontré d'une manière
définitive (1) que le tuffeau de Ciply est caractérisé par la présence
d'une faune identique à celle du calcaire grossier de Mons, celui-ci ayant
été pris comme type de l'étage montien, classé tout à la base de l'Eocène
inférieur et faisant ainsi partie intégrante du Tertiaire.

De cette constatation paléontologique et d'une autre, stratigraphique, plus
importante encore et qui consiste, ainsi que nous le verrons ci-après, dans
l'existence de la superposition par gravier et ravinement du tuffeau de
Ciply à un autre tuffeau à faune nettement crétacée, il s'ensuit que le
tuffeau de Ciply doit être synchronisé avec le calcaire de Mons et devient
par conséquent d'âge montien.

L'erreur de F.-L. Cornet et de A. Briart provenait de ce qu'en l'absence de
bonnes coupes, ils avaient confondu les deux tuffeaux en un seul et que le
tuffeau crétacé, pour lequel le nom de tuffeau de Saint-Symphorien a été
proposé par MM. A. Rutot et E. Van den Broeck, étant généralement très
fossilifiére et caractérisé par une faune nettement crétacée, tandis que le
tuffeau montien est souvent pauvre en fossiles, la faune crétacée avait été
attribuée à tout l'ensemble.

IV. - Grandes exploitations de craie phosphatée à Ciply

Nous quittons l'excavation si intéressante, montrant le type du tuffeau de
Ciply, et nous nous dirigeons immédiatement vers le village de ce nom.

Au moment où nous touchons l'extrémité Sud du village, M. J.Cornet nous
fait part d'une remarque fort intéressante.

Vers 1886, au plus fort de la discussion relative à l'âge du tuffeau de
Ciply notre confrère M. Pergens, spécialiste en Bryozoaires, était allé à
Ciply, recueillir des matéreaux à l'effet de voir si l'étude des documents
pouvait éclairer le débat.

Il avait été remarqué que, dans ce que l'on appelait le "tuffeau de Ciply",
il existait, à divers niveaux, de petits lits d'organismes plus ou moins
roulés, parmi lesquels on reconnaissait beaucoup de Bryozoaires.

Dans un chemin creux, à l'extrémité Sud du village, se voyait un affleure-
ment de tuffeau, qui semblait être le prolongement direct du tuffeau type,
renfermant un lit à organismes riche et favorable à l'étude.

A cette époque, personne n'aurait pu établir que ce lit à organismes ne se
trouvait pas en plein dans le tuffeau de Ciply.

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(1) A.Rutot et E. Van den Broeck, Observations nouvelles sur le tuffeau de
Ciply et sur le Crétacé supérieur du Hainaut. (ANNALES DE LA SOC. DE
GEOL. DE BELGIQUE (Liège), t. XII et XIII, 1885-1886).

A.Rutot, Essai de synchronisme des couches maestrichtiennes et séno-
niennes de Belgique, du Limbourg hollandais et des environs d'Aix-la-
Chapelle, avec annexe : Montien et Maestrichtien. (BULL SOC. DE GEOL.,
DE PALEONTOL. ET D'HYDROL., t. VIII, 1894).
------------------

Or, l'étude et la détermination des organismes, par M. Pergens, conduisi-
rent à démontrer qu'il était presque uniquement composé de formes
crétacées.

Démontrant de notre côté que le tuffeau de Ciply renfermait la faune du
calcaire de Mons, nous en étions arrivés à admettre que la majorité des
organismes inférieurs crétacés avaient encore pu vivre dans le Montien, à
moins qu'ils ne fussent des éléments remaiés à des couches crétacées sous-
jacentes.

Assez récemment, des travaux ont été effectués dans le chemin creux, et ces
travaux ont montré que le lit à organismes, au lieu de se trouver dans le
tuffeau de Ciply, se trouvait en dessous de la base de celui-ci, dans le
tuffeau de Saint-Symphorien, qui est d'âge crétacé indiscutable. Une petite
faille avait rompu la continuité des couches.

Voici donc le Montien débarrassé du coup de toute sa faunule d'organismes
inférieurs crétacés.

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PL. MONS 151W

30 (Suite)

F.L.CORNET et A.BRIART.- Ann. Soc. royale malac. de Belgique. Bruxelles,
1873, t.VIII, (Mém.) pp.22-23.

Au sud de la station d'Hyon-Ciply, la Société a suivi la route de Mons vers
Bavay, et, à 700mètres du chemin de fer elle a visité une ancienne carrière
aujourd'hui abandonnée, dans laquelle on observe, sous un dépôt caillou-
teux quaternaire, une épaisseur de 2m50 à 3m00 de sable argileux très
glauconifère, qui forme la partie inférieure du système landenien. Elle
correspond au Tufeau de Lincent que la Société Malacologique a étudié aux
environs d'Orp-le-Grand et de Landen, lors de son excursion du 3 septembre
1871. (Voir tome VI, pages 39 et suivantes).

Les fossiles sont très rares dans la partie inférieure du système landenien
aux environs de Ciply. On n'y a guère rencontré que quelques exemplaires de
Pholadomya Konincki, Nyst; mais ce fossile abonde dans le prolongement de
l'assise vers l'ouest, à Jemappes, Quaregnon et principalement à Angres, où
il est associé à un grand nombre d'autres espèces.

Tandis qu'au N.E. de la ville de Mons, le sable glauconifère landenien est
séparé du terrain crétacé par un système tertiaire de grande puissance
auquel on a donné le nom de Calcaire grossier de Mons, il repose à Ciply
sur les couches crétacées les plus récentes de notre pays, sur celles
connues sous le nom de Tufeau de Ciply. La grande lacune géologique exis-
tant entre les terrains crétacé et tertiaire et qui est partiellement
comblée au N.E. de Mons, existe donc tout entière à Ciply, comme d'ailleurs
dans la plupart des localités de notre pays où le terrain tertiaire repose
sur les couches supérieures crétacées.

Le tufeau de Ciply est une craie grossière, ordinairement friable,
blanchâtre, stratifiée en bancs réguliers assez épais, et renfermant de
rares rognons de silex gris. Cette assise fut exploitée dans plusieurs
carrières aux environs de Ciply, lors de la construction des fortifications
de Mons. On y a rencontré d'assez nombreux fossiles qui l'ont fait identi-
fier, par tous les géologues, avec le Tufeau de maestricht. Aujourd'hui les
exploitations sont abandonnées; aussi est-il très difficile de se procurer
quelques fossiles du tufeau de Ciply, excepté les Foraminifères et les
Bryozoaires qui abondent dans certains bancs mis à découvert sur les parois
verticales des carrières. Ces bancs ne paraissent pas continus et ne for-
ment pas des horizons parfaitement distincts comme à Maestricht.

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Pl. MONS 151W

30 (suite)

Notes introduites par M. A.GROSJEAN, janvier 1946.

1°) EXTRAIT de F.L. CORNET & A.BRIART: Note sur la découverte dans le
Hainaut, en dessous des sables rapportés par Dumont au système landénien,
d'un calcaire grossier avec faune tertiaire (Bull. Acad. R. des Sciences,
des Lettres et des Beaux-Arts, 34ème année, 2ème série (1865), t.XX,
pp.757-776, P1.)

"On remarque au-dessous des anciennes carrières ouvertes dans le tuffeau
de Maestricht, à l'ouest de Ciply, une couche glauconifère présentant les
caractères suivant, en commençant par la base:

1° Sable très glauconifère, un peu argileux, renfermant quelques noyaux
rouges ferrugineux, et de nombreux débris roulés de silex altérés,
verdâtre à la surface. Cette couche ravine faiblement le tuffeau.

2° Sable moins glauconifère que le précédent; les grains de glauconie sont
plus rares, plus gros et sont empâtés dans une substance bleu-
blanchâtre, assez résistante.

Nous avons trouvé dans cette couche un fossile du genre Arca et deux
exemplaire du Pholadomya Koninckii, Nyst.

3° Sable moins glauconifère encore. Les grains sont empâtés dans une sub-
stance semblable à celle de la couche précédente, mais cette pâte est
devenue très tendre.

Nous désignerons dans nos coupes, l'ensemble de ces trois couches par la
lettre A. Elles présentent une puissance totale d'environ 2.50m.

4° Sable gris un peu glauconifère, coloré en jaune en quelques endroits. La
pâte des couches 2 et 3 a disparu complètement. Il ne reste plus qu'un
mèlange de beaucoup de grains de quartz, avec quelques grains de glau-
conie qui donnent à la roche un aspect gris-verdâtre assez prononcé.

Cette couche a 1m50 de puissance et est recouverte par le diluvium
caillouteux. Nous la désignerons par la lettre B. Il est impossible de
tracer une ligne de démarcation précise entre les assises A et B. Le
passage de l'une à l'autre se fait par diminution insensible de la
glauconie et de la pâte blanche de la couche 3°." (pp.763-764)

NOTE DU SERVICE GEOLOGIQUE: Voir aussi la coupe insérée au dossier MONS,
no 375 (suite); au sujet des variations d'aspect de la couche A, voir le
text inséré au dossier JURBISE, n° 229 (suite, 1°)

2°) Voir sur ces mêmes carrières: Jules CORNET, Leçons de Géologie
(Bruxelles, 1927) le paragraphe n° 62, p.80.

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