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151E0330.TXT

PL. GIVRY 151E

330 (Ia)

Extrait du Mémoire explicatif des Cartes Géologiques et Minières de la
Belgique, 1977, no 17, 230 p, 11 pl.

LE SONDAGE DE 1969, A MONS
(SITUATION, SITE ET COUPE GEOLOGIQUE)
par R.MARLIERE (MONS)

En 1969, par le Sondage de Mons, on voulait recueillir une suite continue
de témoins à proximité immédiate du puits Goffint de 1865, et poursuivre la
reconnaissance jusqu'à la craie sous-jacente. Le sondage fut implanté à
10 mètres de l'ancien puits, en bordure du Chemin de Binche (plan de situa-
tion à la figure 2). Les coordonnées communiquées par le Service Géologique
sont, par rapport au beffroi de Mons:

x : + 1006,04 Coordonnées Lambert : x = 123.084m
y : -2803,26 y = 128.118m
z : + 56,887 (soit à + 56,787)

Le sondage porte le no 330 dans les Archives du Service Géologique, plan-
chette Givry, 151E.

Croquis A: FIGURE 2 - Plan de situation du Sondage de Mons (1969) par rap-
port au Puits Goffint (1865) et aux Puits Coppée (1874), d'après documents
fournis par le Service Géologique de Belgique.

QUELQUES INDICATIONS TECHNIQUES

Le forage a été réalisé par "Entreprises de forages et de constructions"
(Société ayant son siège à Mondorf-les-Bains) entre le 17 janvier 1969 et
le 13 mars 1969.

Les diamètres de forage ont été, successivement:

240 mm de 0,00 à 5,40
165 mm de 5,40 à 79,20
113 mm de 79,20 à 81,20
110 mm de 81,20 à 87,20
puis, il y eut reprise au diamètre de 113 mm depuis la profondeur de 81,10
jusqu'à 90,70 (fin).

Les tubages ont couvert les tranches ci-après:

de 0n00 à 35n40 (au diamètre de 220 mm)
de 5,40 à 76,20 (au diamètre de 128 mm).

L'eau est apparue à 22,90 sous le sol le 23 janvier 1969; après quelques
variations entre les valeurs extrêmes 22,90 et 24,10 elle se serait stabi-
lisée à 23,70 d'après le sondeur).

LE SITE GEOLOGIQUE

La figure 3 donne une idée exacte, croyons-nous, de la coupe des terrains
dans la région. Partout, le recouvrement du Dano-Montien est dû à la trans-
gression landénienne (cailloutis et sables argileux glauconifères, sans
fossiles); ces sables, graduellement relevés vers le Nord, pourraient
permettre au Calcaire de Mons de venir très près de la surface du sol à
fort peu de distance, ce qui n'est pas vérifié au moment où nous écrivons.
Le support reconnu appartient à la Craie de Spiennes (Maestrichtien in-
férieur); la Craie phosphatée de Ciply et le Tuffeau de Saint-Symphorien,
Maestrichtien supérieur) manquent. Cette lacune s'accompagne d'une discor-
dance mise en évidence par la coupe; il en est ici comme au flanc sud du
bassin, à Ciply et à Cuesmes notamment (MARLIERE, 1955, p.307, 1961,
1964,...). Le fait doit être signalé une nouvelle fois. En projetant sur le
plan de coupe l'ancien sondage Lebreton (antérieur à 1866 et auquel BRIART
et CORNET se référaient déjà), nous avons voulu faire apparaître la
proximité des couches lacustres qui couronnent le Montien marin terminal.
On se doit encore de comparer à plus grande échelle les coupes reconnues au
Puis Goffint et au Puits Coppée d'une part, à celle du nouveau sondage
d'autre part (figure 4). Les sables landéniens y sont partout identifia-
bles, mais partiellement ravinés sous la terrasse de la Haine. On possède
peu de détails sur les couches montiennes du puits Goffint à part les
mollusques surabondants) où les récoltes historiques ont été prélevées dans
les déblais; le puits Coppée a été un peu mieux décrit, notamment en ce qui
est des lits fossilifères; tous deux ont été abondonnés à la rencontre de
la nappe aquifère phreatique, vers 21m de profondeur à l'époque. Le sondage
de 1969 a coupé environ 68m de calcarénites friables ou agglomérées, in-
également fossilifères, avec pourtant des lits de lumachelles et de falune
(à mollusques principalement).

Croquis B: FIGURE 3 - Coupe géologique régionale passant par le puits
Goffint (en trait fort) et le sondage de Mons (1969). Commentaires dans le
texte.

Croquis C: FIGURE 4 - Diagramme stratigraphique facilitant l'étude des
relations entre les puits (Goffint et Coppée) et le sondage de 1969. Les
extensions verticales des faunes sont mentionnées d'après les auteurs qui
ont collaboré à l'étude des Foraminifères et des Ostracodes. Commentaires
dans le texte.

Coupe géologique du sondage de 1969.

Sans entrer dans les détails (voir plus loin) la coupe des terrains tra-
versés nous apparaît comme suit:

Epaisseur Base
en m en m

Quaternaire (9m50)

Sol sablonneux; puis limons argilo-sableux cohérents à sec,
de plus en plus sableux vers le bas; sous le profondeur de
5m, ils deviennent straticulés, plus grossiers et se
chargent de cailloutis à la base (succession typique des
dépôts de remblaiement alluvial, de la base terrasse de la
Haine) 9,50 9,50

Landenien (1m90)

Sable fin, vert très glauconifère, sans réaction à l'HCl.
Graduellement vers le bas apparaissent des linéoles
jaunâtres de poudre calcaire (remanié) puis des quantités
croissantes de calcaire remanié et de débris de coquilles
empruntées au calcaire grossier sous-jacent; rares galets
pisaires de phtanite 1,90 11,40

Dano-Montien (68m70)

Les calcaires coupés entre la base du Landénien et la tête de la craie
blanche feront l'objet d'une description lithologique détaillée et ont
fourni le matériel paléontologique examiné par les divers collaborateurs.
Il se résument à une série continue et monotone de calcarénites jaunâtres
meubles (ou ameublies par forage) ou peu consolidées, rarement agglomérées
en nodules diffus ou en petits bancs.

Précisons quelques caractères d'ensemble reconnus au débitage.

De 11m40 à 34m80 (sur 23m40) le total des caisses est en concordance avec
l'avancement, ce qui peut laisser croire à un rendement voisin de 100%. En
fait, les carottes représentent 60% environ, le reste étant constitué de
fragments anguleux centimétriques et de résidus calcaires plus ou moins
malaxés par l'outil.

A l'intérieur de certains tronçons carottés, nous trouvons incidemment,
tantôt une pénétration de glauconie suivant des cassures très obliques,
tantôt un galet isolé (phtanite verdi de la base du Landénien, silex ca-
cholonisé, silex roulé,...) qui sont dus à un "retombage" ou qui ont été
introduits dans les caisses lors d'une manipulation maladroite.

Les échantillons distribués au divers collaborateurs ont été prélevés, dans
toute la mesure possible, dans les tronçons de carottes apparemment in-
tacts.

Cela dit, nous distinguons:

- De 11m40 à 17m40, une suite de calcarénites avec des niveaux de
lumachelles miliaires (au sommet, puis de 13m20 à 15m de 15,60 à 15m70).
- De 17m40 à 26m30, des roches analogues mais fréquemment agglomérées en
petits bancs de 10 à 30 centimètres, ou dont les carottes se clivent en
"rondelles" de quelques centimètres.
- Une lumachelle à dentales, lamellibranches et gastéropodes est identifiée
de 23m à 23m50.
- De 26m30 à 32m80, la calcarénite n'est jamais agglomérée.
- De 32m80 à 34m80, des nodules calcaires pugilaires sont observés de place
en place.

Sous 34m80 (de 34m80 à 80m10), le rendement en carottes a été de l'ordre de
10%. Chaque caisse renfermait à la fois de très courts tronçons de carottes
(de 10 à 30cm), associés à des calcarénites moulues; parfois mêmes les
seuls temoins consistaient en une boue grenue étalée dans les caisses (plus
particulièrement de 62 à 64,90m et de 75 à 79m).

Les échantillons examinés ont été prélevés soit dans les tronçons de carot-
tes, soit (surtout de 60 à 80m) dans des fragments de roches présumés en
place.

Maestrichtien (sur 10m) : Craie de Spiennes.

Craie durcie pierreuse (sur 0m40), puis craie blanche, rêche, à grains,
renfermant de nombreux silex brun-noir de mètre en mètre environ.
sur 10m ; fin à 90,10m


VERS UNE DELIMITATION DU STRATOTYPE DU MONTIEN
PAR R.MARLIERE (MONS)

Natura non facit saltus

Les stratigraphes apportent actuellement un soin extrême dans la délimita-
tion des stratotypes et s'efforcent d'atteindre à la rigueur, parfois au
delà de ce que semblent permettre les phénomènes naturels. Parallèlement au
développement des exigences, fleurit un vocabulaire scientifique enveloppé
de nuances, sinon de clarté. Ce qui paraissait évident à première vue
devient contestable sous un angle différent; les discussions s'engagent, un
choix s'impose sans toujours recueillir un accord unanime; qu'il soit
rationnel ou conventionnel, il doit être guidé.

A. Pour qui respecte la réalité historique sans céder au formalisme, et à
la seule condition de connaître les publications originales, l'étage
Montien (DEWALQUE, 1868) a pour fondement le "Calcaire grossier de Mons"
découvert par les Ingénieurs François-Léopold CORNET et Alphonse
BRIART (*) au puits Goffint, à Mons, en 1865. Ce puits avait coupé des
couches extrêmement fossilifères sur une hauteur de 14m50 sans en
atteindre la base. Dès l'abord, les fossiles ont été nommés, puis abon-
damment décrits, en sorte que l'entité "Calcaire grossier de Mons"
annonçait une valeur biostratigraphique; sur ces bases, le "Montien" a
pris rang dans la nomenclature internationale des étages, même si sa
place stricte était momentanément indécise. Ainsi encore, les 14m50 en
"Calcaire grossier de Mons" constituent le "holostratotype" (SIGAL,
1964), même s'il n'a pas été nommé comme tel, puisque le vocable
n'existait pas à l'époque. La localité-type est Mons, bien qu'il ne s'y
trouve aucun affleurement connu, ni coupe naturelle (les affleurements
de Clipy, de Cuesmes et d'Hainin sont d'âges divers dans le Dano-montien
et ne sont pas initialement en cause dans la recherche du concept
"Montien").

-----------------
(*) François-Léopold CORNET (1834-1887) et Alphonse BRIART (1825-1898),
Ingénieurs des Mines, n'ont jamais cessé de pratiquer le "métier" dans
les charbonnages du Borinage et du Centre; ils ont oeuvré en si étroite
collaboration scientifique que l'on ne discerne pas le rôle de chacun
dans les publications fondamentales qu'ils ont laissées à la postérité
(voir éventuellement : Alphone BRIART et François-Léopold CORNET en
1863; évocation, par R.MARLIERE. Bulletin d'information de l'A.I.Ms
no 7-8, juillet-août 1964).
-----------------

B. Les choses ne sont pas aussi simples, pourtant. Le puits Goffint (1865)
fut le seul point de départ des recherches stratigraphiques et
paléontologiques. Mais le puits Fernand Coppée tout proche a livré en
1874 des matériaux complémentaires, les uns nouveaux, les autres mieux
préservés, et cependant toujours du même niveau stratigraphique en
toute évidence, sur une épaisseur équivalente (13m70 au lieu de 14m50).
Dans leurs descriptions paléontologiques ultérieures à 1874, F.L.CORNET
et A.BRIART ont mêlé les fossiles des deux puits; ils n'avaient aucune
raison de procéder différemment.
Implicitement, ils ont donc admis une origine identique. Que le puits de
1874 nous donne le stratus typicus au même titre que celui de 1865, j'y
vois pour seul obstacle que le nom de l'étage "Montien" a été proposé en
1868, après le premier, avant le second. Celui-ci serait alors un
parastratotype (dans la nomenclature proposée par M. SIGAL) ou encore un
lectotype ou un néo-stratotype selon des nuances fort subtiles, plus
modernes (Montréal, 1970). De même, le Sondage de Mons (1969) réalisé
par le Service géologique mériterait ce rang.

C. Une autre difficulté se présente si l'on considère le "Montien" comme
unité biostratigraphique, fondée sur une association faunistique
("assemblage zone" ou "cénone") qui ne se définit pas en mètres
d'épaisseur, mais par l'association faunistique elle-même; on est en
droit de rechercher si cette association apparaît plus bas, au Sondage
de 1969.

Or que voyons-nous?

- Pour Melle VILATTE, les mollusques sont formés ici d'associations
post-mortem riches et diversifiées, rencontrées dans les couches
sommitales du sondage, de 11m40 à 16 ou 17 mètres sous le sol. C'est
effectivement l'un des caractères singuliers (mais faciologique)
traditionnellement admis pour le Calcaire de Mons; il est trop
nettement représentatif d'un milieu pour être retenu comme critère
zonéologique.

- Les associations de foraminifères permettent à M. MOORKENS de situer vers
32m l'apparition d'un "assemblage C" (de benthiques et planctoniques),
vers 56m le début timide de l'espèce-guide Glauboconusa daubjergensis -
kozlowskii, laquelle couvre "l'assemblage B" et une partie seulement de
"l'assemblage C". La lignée évolutive à laquelle appartient cette forme
tardive se prête mal à la délimitation précise que l'on pourrait
souhaiter; la dite microfaune est en outre rare et difficile à isoler.

- Quant aux Ostracodes, d'un incontestable intérêt dans les études
régionales (au moins), M. GODFIRAUX y reconnaît 2 associations étagées,
mais dont les limites ne correspondent dans le sondage à aucune des
précédentes; les couches à Tringinlymus (= Couches d'Obourg) et les
couches à Cytheretta (= couches de Ghlin) ont leur interface vers 38
mètres.

On montre, par ces exemples, combien il est difficile d'arrêter un choix
de position pour la limite inférieure de la tranche biostratigraphique
montienne : ou bien l'on s'en tient aux épaisseurs coupées au puits Gof-
fint (solution 1 sur la figure 4) qui ne permettent pas une extension
générale; ou bien on choisit un critère parmi les associations de
foraminifères (solution 2 ou solution 3 du diagramme) ; ou bien encore
c'est la distribution des Ostracodes qui l'emporte (solution 4).

Personnellement, j'inclinerais à retenir la solution 2 en raison des per
spectives ouvertes sur les corrélations lointaines, et la limite 4 d'une
application régionale si précieuse; les deux solutions sont en fait fort
voisines l'une de l'autre dans la série.

D. La limite supérieure de l'entité biostratigraphique montienne n'est pas
plus aisée à definir ; elle ne correspond pas nécessairement aux couches
les plus élevées du puits Goffint, puisque le Calcaire de Mons y est
abrasé, sous le Landénien. Il faut donc rechercher ailleurs les ultimes
couches marines où disparaissent les associations stratotypiques et
voir, dans le principe au moins, s'il n'existerait pas un "assemblage D"
(par exemple) distinct de "l'assemblage C" nommé par M. MOORKENS.

Nous n'avons actuellement aucune réponse formelle à cette question.

Nous savons que les calcaires marins montiens font place graduellement à
des calcaires à faune estuarienne et à des lumachelles allochtones à élé-
ments marins, maritimes et continentaux. Nous savons que les premiers
faciès lacustres sont proches du site historique, à la fois stratigraphi-
quement et géographiquement. Nous pensons qu'il y a peu de chances de
rencontrer des foraminifères pélagiques dans les couches sommitales, alors
qu'ils sont déjà si rares dans les faciès marins connus. L'altération du
milieu a pu se traduire par des associations faciologiques modifiées,
dépourvues d'intérêt biostratigraphique. Dans le respect de la doctrine, la
question de la limite supérieure reste cependant posée.

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