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151E0311.TXT

PL. GIVRY 151E

311 (IVd)

NOUVELLE CARRIERE C.B.R.

HUGE J., Veines de Silex dans des failles de la craie à Harmignes (Hainaut)
(Extrait du Bull. Soc. belge de Géol. de Paléont. et d'Hydr., t. LV,
fasc.1, 1946, pp.101-106.)

(Le repérage de la carrière sur la carte au 10.000ème résulte d'une indi-
cation de l'auteur.)

Veines de silex dans des failles de la craie à Harmignies (Hainaut)
par J.HUGE (Mons).

Lors d'une excursion à Harmignies, notre attention fut attirée par des
silex disposés d'une façon peu commune dans les craies du Hainaut. Ils
forment des veines de quelques centimètres d'épaisseur et recoupent la
stratification de la craie sous un angle de 60° à 70°.

Lucien Cayeux a décrit et interprété de tels phénomènes dans son ouvrage:
Les roches sédimentaires de France. Roche siliceuses (Pasis, 1929), pp. 432
et 468 à 472. Il y signale l'existence de veines de silex, minces (quelques
millimètres au plus), indépendantes de la stratification. Tenant compte du
mode de gisement, il distingue:

a) Des veines, rares à sa sonnaissance, remplissant des diaclases de la
craie;
b) Des veines, les plus communes, sans relations avec des fissures ou des
diaclases; enfin,
c) Il souligne l'"absence absolue de veines de silex dans les failles de la
craie". Il fait mention, avec réserve, d'un cas douteux qui lui aurait
été signalé dans le bassin de Mons par Jules Cornet.

Or les veines de silex observées à Harmignies sont incontestablement dans
le remplissage d'une faille et de fissures. L'intérêt de l'observation
réside principalement dans ce mode de gisement.

SITUATION ET DESCRITPION DU GISEMENT.

La carrière, ouverte récemment par la Société C.B.R., se situe dans l'angle
formé par la route de Mons à Beaumont et le chemin d'Harmignies à Spiennes,
bordant au Nord ce dernier et à une cinquantaine de mètres à l'Ouest du
sommet de cet angle.

Croquis: Fig.1.- Stéréogramme représentant la carrière décrite.

Elle est représentée par le stéréogramme (fig.1). Les parois AB et CD,
longues d'environ 70m, ont une direction Nord 120°; AC et BD, longues d'une
trentaine de mètres, leur sont perpendiculaires.

Coupe AB.

4. Terre arable: 20 à 30cm.

3. Sur une épaisseur de 17m: craie blanche, grossière, fossilifère:
terébratules, bélemnites, débris d'huitres. Des silex brun-noir, en rog-
nons, y sont disséminés; certains forment des lits concordants avec la
stratification, inclinée de 5° à 10° Ouest. Dans la partie occidentale de
l'excavation, les travaux ont atteint une profondeur suffisante pour mon-
trer trois lits distants entre eux de 7m environ, le lit supérieur étant à
3m du sol. Le prolongement oriental des deux lits inférieurs n'est pas
observable, mais le prolongement du lit supérieur apparaîtrait clairement
s'il existait dans cette partie de la coupe. Or on y observe uniquement des
silex disséminés sans ordre. Ce lit de silex est donc interrumpu au lieu
même om il rencontre une veine de silex brun-noir, épaisse de quelques
centimètres et inclinée de 70° vers l'Est. Cette veine est accompagnée
d'autres, très inclinées vers l'Est également, d'allure assez sinueuse et
se divisant parfois en plusieurs ramifications.

2. Banc de craie durcie avec des bélémnites, de nombreux débris d'huîtres,
d'inocérames et des nodules phosphatés roulés.

1. Craie blanche, traçante, très fine, sans silex, fossilifère: Echinoco-
rys, térébratules. La craie, affectée de nombreuses diaclases, est visible
jusqu'au fond de la carrière.

Coupe CD.

4. Terre arable: 20 à 30cm.

3. Craie blanche, grossière, fossilifère: débris d'huîtres, d'inocérames,
bélemnites, térébratules. Silex brun-noir, en rognons, disséminés; dans la
partie orientale, un lit de silex plongeant légèrement vers l'Ouest avec la
stratification, inclinée de 10° vers l'Ouest, s'arrêté contre une veine de
silex brun-noir. Celle-ci, épaisse de quelques centimètres, inclinée de 70°
vers l'Est, coupe les bancs de craie à partir du sommet, sur une longueur
de 3m, après qoui elle disparaît. A 0m50 à l'Ouest se trouve une autre
veine, parallèle à la première, traversant la coupe du haut en bas. Enfin,
au delà, sur 2m, on observe un alignement de silex en rognons, à un niveau
de 2m50 supérieur à celui du prolongement du lit de silex observé à l'Est.

2. Banc de craie durcie.

1. Craie blanche, fine, traçante, sans silex. Magas pumilus a été trouvé
sous le banc dur (2).

Coupe BD.

4. Terre arable: 20 à 50cm.
3. Craie grossière, blanche, contenant des silex en rognons.
2. Banc de craie durcie.
1. Craie fine, blanche, traçante, sans silex, Magas pumilus.

Remarque. - A l'extrémité Nord, la craie (3) occupe toute la coupe et le
banc durci (2) ne se voit pas. Il y a donc une faille passant à 2m environ
de cette extrémité. Elle n'est pas directement observable, à cause du
mauvais état de la coupe.

Coupe AC.

4. Terre arable: 20 à 30cm.
3. Craie à trois bancs de silex.
2. (Le Banc durci n'est pas observable à distance).
1. Craie blanche, fine, traçante à térébratules, Echinocorys.

Remarque. - Une faille verticale, d'un rejet d'une douzaine de mètres,
traverse la coupe.

INTERPRETATION.

Au point de vue stratigraphique, la précense de Magas pumilus permet d'i-
dentifier la Craie de Nouvelles (1), surmontée de la Craie de Spiennes à
trois bancs de silex (3). Ces deux termes sont séparés par un banc durci
avec conglomerat (2). Cette interprétation est conforme à la coupe de la
région d'Harmignies que donne Jules Cornet dans Leçons de Géologie, 1927,
p.296.

Une faille FF dirigée N 100°, transversale au gisement, rejette la partie
Nord d'environ 12m vers le bas. Le prolongement de cette faille est reconnu
vers l'Est, dans une carrière voisine.

Dans la disposition observable sur la coupe CD, on reconnait une faille ou
un système de failles contre lequel vient s'éteindre un lit de silex. Au
delà, ni le banc dur, ni les silex de Spiennes ne sont visibles, sauf un
alignement dénivelé comme il fut dit. Comme nous attribuons ce dernier au
lit inférieur de la Craie de Spiennes, la lèvre Est serait rejetée de 2m50
vers le bas. Cette même faille apparaît sur la coupe AB. On suit d'une
façon continue sur le sol de la carrière la trace de cette faille, grâce à
son remplissage par les silex, et nous la désignons par ff. La direction
est N 40°. Les veines voisines soulignent des fissures ou failles moins
importantes constituant avec ff une zone failleuse.

La faille ff se retrouve au sud du plan de coupe CD, de l'autre côté du
chemin de Spiennes. Elle y apparaît comme une faille très nette, inclinée
de 70° vers l'Est. Ses deux lèvres sont distantes de quelques centimètres.
Une veine de silex la remplit au sommet et disparaît graduellement vers le
bas, où elle manque. La partie silicifiée s'étend au travers de la Craie de
Spiennes et d'une partie de la Craie de Nouvelles.

La faille ff est plus récente que FF; en effet, on en suit la trace
régulière, soulignée par la veine de silex d'un bout à l'autre de la car-
rière figurée. Il n'y a pas interruption de la continuité au passage de la
faille FF.

DESCRIPTION DES VEINES DE SILEX.

Le silex en veine est de même couleur que le silex des rognons de la Craie
de Spiennes. Une même veine comprend tantôt une seule lame de silex épaisse
de 3 à 7cm, tantôt plusieurs de quelques millimètres à 2cm séparées par des
vestiges de craie. L'épaisseur totale de la veine peut ainsi atteindre 17cm
au maximum. On peut y recueillir des fragments de silex de plusieurs
décimètres carrés de surface. Dans ces fragments, des inclusions de craie,
allongées dans le sens de la veine, peuvent atteindre un volume de quelques
centimètres cubes.

La veine, dans la faille ff, présente une continuité remarquable et son
inclinaison varie peu. Cette faille possède deux lèvres distantes d'une
dizaine de centimètres, entre lesquelles la craie est affectée de fines
fissures parallèles aux lèvres. Vers le haut, peu à peu apparaissent dans
ces fissures de fines veinules de silex qui, en s'épaississant progressi-
vement, arrivent à occuper tout l'espace compris entre les deux lèvres. On
s'explique ainsi qu'il reste des inclusions crayeuses dans certains frag-
ments de silex et que la veine puisse être constituée de plusieurs lames de
silex séparées par la craie. la silicification s'est faite à la faveur des
fissures de la faille et a pu tranformer complètement la roche initiale, en
laissant cependant çà et là des parties intactes.

Les veines voisines de la faille sont plus ou moins sineuses et l'une
d'entre elle donne naissance à une ramification. Le silex de remplissage y
a une allure filonienne avec des étranglements et même des effacements.

CONCLUSIONS.

1. Deux failles croisées, appartenant à des phases tectoniques distinctes,
sont mises en évidence.
2. L'une et l'autre affectent visiblement la Craie de Nouvelles et la Craie
de Spiennes.
3. La plus récente de ces failles est, à l'exclusion de l'autre, occupée
par des silex.
4. La nature des silex formant le remplissage filonien de cette faille est
apparemment identique à celle des silex interstratifiés dans la Craie de
spiennes.
5. Les filons de silex se prolongent au travers de la Craie de Nouvelles,
pourtant exempte de silex en rognons.
6. La suite des phénomènes géologiques se reconstitue de la manière suivan-
te: dépôt et consolidation diagénétique des craies, formation de la faille
principale FF, formation ultérieure de la zone failleuse ff, enfin remplis-
sage siliceux de cette faille et de fissures et petites failles l'accompag-
nant.
7. Ce remplissage siliceux de la faille et des fissures appartient donc à
un épisode tardif de l'évolution du sédiment.

Mons, Faculté polytechnique, 1er février 1946.

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