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151E0005.TXT

PL. GIVRY 151 E
M.Mourlon - Jeudi 9 mai 1889

5 (IV)

Coupe de la carrière Quintens presque à la limite des communes de Spiennes
et de Saint-Symphorien et au Sud de cette dernière localité. Bull. Acad.
roy. des Sciences de Belgique. t.XVII, 1889, p.504, pl.II.

Fig. : Coupe.

a Limon pâle avec figurines calcaires disséminées.

a' Niveau de rares cailloux, peut-être pas continus.

a" Couche de petits cailloux blancs et de silex.

b' Niveau de cailloux parfois très rares et quelques fois très
marqués.

b" Sable ou limon argilo-sableux stratifié jaune : 0m45.

b'" Argile plastique noire : 0m10.

biv Sable humecté gris verdâtre 0m30 à 0m40 renfermant quelques
rares cailloux et se confondant, en un point, avec les silex
mesviniens.

bv Sable avec linéoles de glauconie, stratifié, peu de cailloux :
0m35. Silex taillés; stratification entrecroisée de glauconie et
de gravier. C'est du sable c* remanié.
A la partie N-E de la coupe la couche quaternaire qui surmonte
c'est formée de 0m20 de gravier dans le limon avec carottes cal-
caires et renferme des silex et des cailloux roulés semblables
à ceux de la base du quaternaire.

c Sable gris blanchâtre et jaunâtre variant de 0m20 à 0m80 et
renfermant des silex taillés surtout lorsqu'à la base du quater-
naire il y a des linéoles de sable glauconifère au lieu de
cailloux roulés et de silex.
Stratification entrecroisée de glauconie et de gravier.

c' Sable silexifère noir et vert à la surface, très glauconifère,
renfermant quelques silex corodès. C'est plutôt un conglomérat
sableux ou un sable très grossier avec petits fragments pierreux.

d Cailloux roulés landeniens 0m70 avec veines noires ligniteuses ?
à la partie supérieure - silex taillés.

d' Conglomérat 0m20 renfermant silex taillés.

e Phophate riche variant de 0m05 à 0m35.

e' Banc de silex avec phosphate.

f Craie brune phosphatée : 3m00.

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PL. GIVRY 151E
A.RUTOT

5 bis

A.Rutot.- Compte rendu des excursions de la session extraordinaire de la
Société belge de géologie, de paléontologie et d'hydrologie dans le Hainaut
et aux environs de Bruxelles du 23 au 27 août 1902. (Bull. de la Soc. belge
de Géol. tome XVII, 1903, Mém. pp. 450-455) (4).

Après-midi : Course à Spiennes, Saint-Symphorien et au Mont
Panisel.

I. Ancienne exploitation Helin, à Spiennes

Vers 12h30, les excursionnistes ont pris à Mons le tramway
vicinal pour Saint-Symphorien (terminus).

A peine débarqués, la pluie s'est mise à tomber, et au lieu de
se rendre de suite à l'ancienne exploitation Helin, sur le terri-
toire de Spiennes, comme on comptait le faire, nous nous sommes
mis à couvert pour entendre les explications préliminaires
données par M.Rutot.

Ce géologue a attiré l'attention sur la très grande importance
de la coupe que nous allions visiter, tant au point de vue de la
géologie quaternaire qu'à celui de la Préhistoire.

La coupe de l'ancienne exploitation Helin et les riches documents
qu'elle a fournis sont le phare qui éclaire toute la Préhistoire
depuis l'aurore du Quaternaire.

La pluie ayant à peu près cessé, nous nous sommes dirigés vers
l'exploitation, abandonnée depuis plusieurs années, aux talus
éboulés, mais où la Société de Saint-Gobain, propriétaire actuel
des terrains, avait eu l'extrême amabilité de faire exécuter
quelques travaux destinés à rafraîchir certains points.

Nous avons étudié assez rapidement ces divers points, qui
n'étaient pas toujours facilement abordables, vu qu'il avait
fallu creuser profondément dans la masse des éboulis, et M. Rutot
a fourni les explications nécessaires.

Sans aborder l'examen de chaque fragment de la coupe, que
M. Rutot a pu suivre et explorer pendant plus de quinze ans,
après qu'elle l'avait été déjà par MM. Cels, E. Delvaux, de Pauw,
Mourlon, F. de Munck, etc., elle-ci peut se résumer de la manière
indiquée à la figure 18.

Cette coupe est l'une des plus complètes du Quaternaire que l'on
puisse observer en Belgique; en effet, elle montre quatre des
divisions sur cinq, et cela grâce à ce qu'elle se trouve à bas
niveau.

La Trouille, qui est la rivière voisine, coule à la cote 39, et
la partie la plus élevée de la coupe est à la cote 52 environ.

La premier niveau paléolithique (Acheuléen) se trouve à 5 mètres
plus bas, soit à la cote 47, et le niveau à industrie mesvinienne
à la cote 45, soit à 6 mètres au-dessus du niveau actuel des eaux
de la Trouille.

Quant au niveau inférieur, à industrie reutelo-mesvinienne, il ne
surmonte que de 5 mètres le niveau actuel des eaux.

C'est cette basse altitude relative qui a permis aux dépôts des
assises moséene, campinienne, hesbayenne et flandrienne de venir
se superposer sur la basse terrasse.

Quant à la haute terrasse, elle atteint, à 2 kilomètres au Sud,
la cote 93; sur cette terrasse supérieure, M. E. de Munck a
trouvé, comme dans la vallée de la Lys, l'industrie reutelienne
pure.

Voici comment M. Rutot groupe les couches quaternaires de l'ex-
ploitation Helin :

Fig. 17.- Coupe à l'ancienne exploitation Helin, aujourd'hui
Société de Saint-Gobain, à Spiennes.

A. Terre à briques argileuse 1m00
B. Ergeron stratifié, avec faible gravier à la base 2.00
C. Limon stratifiié, grisâtre, hesbayen 1.20
D. Lit de cailloux roulés.
E. Glaise, ou sable grossier et caillouteux fluvial,
recouvrant une ligne noire, tourbeuse, représentant
les traces d'un ancien sol. Industrie acheuléenne pure 0.50
F. Sables fluviaux à stratification oblique, à industrie
chelléenne pure et faune du Mammouth 0.60
G. Sables fluviaux à stratification ondulée, assez
régulière, à industrie chelléenne (1) 0.40
H. Important cailloutis de silex à industrie mesvinienne
pure 0.40
I. Glaise très glauconifère, vert foncé, provenant du
remaniement de la base du Landenien inférieur 0.80
J. Cailloutis de silex noir, à industrie reutelo-
mesvinienne pure 0.20
K. Craie brune phosphatée ou tuffeau de Saint-Symphorien
(Crétacé), selon que l'on se trouve à gauche ou à droite
d'une faille verticale n'intéressant que le Crétacé.


La terre à briques A et le limon sableux très stratifié B connu
sous le nom d'ergeron constituent le Flandrien. A la base du
Flandrien, nous avons constaté l'existence d'un faible lit de
petits fragments de silex concassés.

La couche C, de limon brun ou gris argileux, stratifié, est
le limon hesbayen typique. M. Ladrière, présent à l'excursion,
en montre les subdivisions et notamment le "limon fendillé" qui
existe sous la base de l'ergeron.

Les couches D, E, F et G constituent le Campinien, tel que le
définit M. Rutot à la suite de ses études et non tel qu'il est
décrit dans la légende de la Carte géologique au 1/40.000.

Enfin, H, I et J représentent le Moséen, tel que l'entend
M. Rutot, et non comme le comprend la légende de la Carte
géologique au 1/40.000.

Pour être complète, il ne manque à la série que le Brabantien
(1') ou assise du limon éolien, compris entre le Hesbayen et le
Flandrien, et qui ne se rencontre jamais dans la région de Mons.

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(1) De grandes fouilles, qui ont duré deux mois et qui ont été
effectuées après l'excursion, en septembre et octobre 1902,
m'ont permis de voir que le niveau G fournit l'industrie de
transsition entre le Mesvinien et le Chelléen.
(1') M. Rutot a pu montrer à la plupart de ses collègues belges,
à la carrière de Thiarmont, à Ecaussines, la superposi-
tion, bien nette, des trois assises limoneuses : Flandrien,
Brabantien et Hesbayen, reposant sur le Moséen, mais sans
trace de Campinien.
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La coupe, telle que nous la voyons maintenant, n'est qu'un pâle
reflet de ce que les observateurs ont pu considérer à loisir
pendant une dizaine d'années.

Lors de la pleine exploitation des phosphates, la coupe avait
100 mètres de long, et elle se rattachait par toute une suite
d'autres exploitations, dont nous venons de côtoyer les restes,
à la série des carrières de Saint-Symphorien jusqu'au Bois
d'Havré.

De même dans la direction opposée, la même coupe était reliée
par toute la série d'exploitations au Sud du village de Spien-
nes, à la grande tranchée d'Harmignies.

Il y avait donc alors une coupe pour ainsi dire continue de
5 kilomètres de longueur, dont M. Rutot a pu noter tous les
éléments stratigraphiques.

En même temps, une pléiade de chercheurs s'acharnait à l'ex-
ploration des divers niveaux au point de vue de la Préhistoire,
et le nombre des échantillons recuillis est énorme.

Quant à la valeur de ces matériaux, elle est telle que nul
autre gisement actuellement connu en n'importe quel pays, ne
peut lui être comparé.

L'exploitation Helin fournit, en effet, outre cinq niveaux à
industries humaines éolithiques et paléolithiques parfaitement
définis, l'industrie néolithique à la surface du sol, cette
dernière industrie ayant son âge nettement fixé par sa situa-
tion sur la "terre à briques", niveau le plus supérieur de
tout le Quaternaire.

M. Rutot est en ce moment en instance auprès de la Compagnie
de Saint-Gobain pour pouvoir entreprende de nouvelles fouilles
en ce point d'importance capitale, et il espère recevoir
bientôt l'autorisation désirée (1).

Après ces explications, les excursionnistes ont pu se livrer à
quelques recherches, notamment dans le niveau à industrie
mesvinienne, le plus riche de tous, et de nombreuses
pièces de cette industrie ont été recueillies, montrant l'uti-
lisation pure et simple des rognons de silex à la percussion
et l'emploi des éclats, les uns naturels, les autres de
débitage artificiel, comme racloirs ou grattoirs, avec les
séries de retouches d'utilisation fort nettes et destinées à
raviver les arêtes tranchantes émoussées par le travail.

A côté de ces éclats utilisés, on en rencontrait quantité
d'autres non utilisés et par conséquent non retouchés, ayant
conservé leurs bords tranchants tout à fait intacts.

Cette constatation exclut toute idée de production des re-
touches par les agents naturels.

Enfin, avant de quitter la carrière, M. Rutot a attiré l'at-
tention sur les agents naturels.

Ces gros rognons de silex sont alignés en amas locaux vers le
sommet du Campinien, à la limite des sables fluviaux de vive
allure d'eau et de la glaise d'eau tranquille.

Toutefois, les eaux vives qui ont déposé les sables sont loin
d'avoir pu transporter de tels blocs; aussi M. Rutot y voit-il
des blocs apportés de main humaine pendant l'époque chelléenne
et emmagasinés pour le débitage. En effet, on trouve à côté
des blocs entiers d'autres semblables, en partie ou totalement
débités intentionnellement, car tous les éclats portent le
bulbe de percussion très nettement indiqué.

Quant aux éclats, ils sont tellement bien ceux qui ont été
détachés des nuclei, qu'en les triant et en les recollant à
leur place, on a pu reconstituer les rognons primitifs.

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(1) Ces fouilles ont pu avoir lieu; elles ont duré deux mois;
1.600 mètres cubes de terres ont été déplacés et les re-
cherches entreprises dans chacun des niveaux à industries
humaines ont donné d'excellents résultats.
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Enfin, avant de quitter la carrière, M. Dollfus ayant fait
remarquer que des niveaux de gravier se rencontrent et se
confondent sur de certaines distances, ce qui peut amener des
mélanges d'industries et fausser les conclusions, M. Rutot dit
que, seuls, le cailloutis inférieur du Moséen à industrie
reutelo-mesvinienne et le cailloutis supérieur du Moséen à
industrie mesvinienne se confondent parfois, alors que cela
n'arrive pas pour les niveaux supérieurs.

Naturellement, les matériaux recueillis dans les cailloutis
mélangés sont mis à part, ce qui n'empêche qu'ils se laissent
distinguer et trier avec la plus grande facilité.

En effet, presque toutes les industries des divers niveaux ont
utilisé des silex de nature fort différente.

C'est ainsi qu'à l'exploitation Helin, l'industrie reutelo-
mesvinienne n'a utilisé qu'un silex noir, opaque, à clivage
tout à fait spécial, ressemblant beaucoup au phtanite houiller
(1) ainsi que des éclats de vrai phtanite, tandis que l'indus-
trie mesvinienne n'a employé que les silex à surface verdie,
provenant de la base de Landenien, tous semblables, à pâte
brune, criblée de Foraminifères et d'organismes (2).

Enfin, l'industrie chelléenne utilise presque excluivement
des silex à pâte fine et traslucide, comme le silex noir de
la craie d'Obourg, tandis que les matériaux utilisés lors de
l'Acheuléen viennent, en partie, de gisements lointains et
inconnus de M. Rutot.

A chaque époque, par suite même du recouvrement du silex local
par les dépôts moséens et campiniens, les habitants ont dû
aller chercher leurs matériaux de plus en plus loin, dans les
gisements à altitude suffisamment élèvée pour qu'ils n'aient
pu être recouverts et cachés sous les sédiments du Quaternaire
inférieur.

Ces matériaux d'origine plus ou moins lointaine ont toutefois
continué d'être apportés au même endroit, c'est-à-dire à
proximité des bords des cours d'eau (ici la Trouille), selon
l'une des lois de la Préhistoire découverte par M. Rutot et
d'application constante pour toutes les industries préli-
moniennes, c'est-à-dire antérieures au dépôt du limon
hesbayen.

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(1) Ce silex provient d'un niveau local qui se rencontre in
situ vers le sommet de la craie verte phosphatée spéciale
à la région de Saint-Symphorien-Havré, mais de même âge
que la craie brune phosphatée de Ciply.
(2) Bien que très semblables comme aspect, une faible partie
de ces silex semble provenir du tuffeau de Saint-Sympho-
rien, tandis que la majeure partie parait être d'origine
turonienne (Rabots).

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