150E0038.TXT

PL. SAINT-GHISLAIN 150

38 (Ib) (= not 86)

Cornet J.- Annales de la Société géologique de Belgique, Liège, 1913, t.XL,
(Bull.), pp.250-258.

Les terrains tertiaires et crétaciques traversés par les puits du siège
d'Hautrages des charbonnages du Hainaut,

PAR
J. CORNET

§ I.

Le siège d'Hautrages, de la Société des charbonnages du Hainaut, est établi
à proximité de la gare d'Hautrages-Etat, sur le chemin de fer de St-Ghis-
lain à Blaton.

Le sol, à l'endroit où ont été creusés les deux puits du siège, est à la
cote 23.

Pendant la durée de l'enfoncement, notre confrère M. Willain a régulière-
ment mis à part des échantillons volumineux des terrains traversés et les
fossiles qu'il a pu recueillir. Les échantillons de roches sont générale-
ment choisis de mètre en mètre; dans quelques passages intéressants, ils
sont plus fréquents encore.

M. Willain à bien voulu me confier cette collection, ce dont je le remer-
cie ici très vivement. Grâce à ces documents, complétés par les recherches
dans les déblais, j'ai pu établir la coupe suivante (1).

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(1) Cette coupe est plus spécialement celle du puits n° 2, situé à 45 mètres
au Sud-Est du n° 1. Par suite de l'inclinaison des terrains vers le Sud, les
niveaux caractéristique se trouvent, au n° 2, à 1m.00 ou 1m50 plus bas qu'au
n° 1.

§ 2.

Pleistocène Epaisseur Base à

Sable gris, jaunes, bruns; gris-verdâtre vers la
base 5.00 5.00

Landenien (L1)

1 Sable glauconifère, gris vert plus ou moins clair
(L1d) 11.00 16.00
2 Sable glauconifère plus fin, de teinte plus foncée 10.00 26.00
3 Sable fin, glauconifère, gris clair, un peu argi-
leux, légèrement calcareux, cohérent 2.00 28.00
4 Même sable, nettement calcareux, marneux vers le
bas 5.00 33.00
5 Même sable, très foncé, très cohérent, très calca-
reux devenue une véritable marne glauconifère. A la
base se trouve un cailloutis (L1a) comprenant: 1°
des cailloux de calcaire blanc, noir-verdâtre à la
sur face; 2° des cailloux irréguliers de silex,
verdis à la surface; 3° de petits cailloux de silex
noirs, bien roulés 4.50 37.50

Montien (Calcaire de Mons)

1 Les fragments de calcaire compris dans la base du
Landenien (L1a) sont de structure oolithoïde et
formés en grande partie de foraminifères. Cette
roche est identique à celle qui a été traversée
au puits de l'Ecole des Mines, à Mons. En place,
on trouve ensuite:
2 Calcaire gris, très cohérent, cristallin, caverneux,
rempli de moules de gastropodes et pélécypodes. 0.30 37.80
Les fossiles les plus remarquables de ce calcaire
sont :
Turritella montensis Briart et Cornet
Corbis montensis Cossman.
Pectunculus Duponti Cossman.
3 Calcaire gris blanc, très compact, très cohérent,
pointillé de grains de phosphate de chaux, avec
petits cailloux roulés phosphatés peu abondants 0.70 38.50

Maestrichtien
(Manque).

Craies de Ciply et de spiennes
1 Craie phosphatée brune, riche, renfermant :
Pecten pulchellus (abondant).
Trigonosemus Palissii.
Pyrgopolon Mosae 3.50 42.00
2 Craie phosphatée plus pauvre, avec intercalation de
zones assez riches de teinte gris brun clair, avec
lits de rognons de silex bruns espacés (entre 46m00
et 51m00) 18.00 60.00
3 Craie non phosphatée, grossière, blanche ou très
légèrement grisâtre à l'état humide. Les rognons
de silex bruns continuent à se présenter; ils sont
plus rares à partir de 70m00. 21.00 81.00

Craie séonienne

1 Craie moins grossière, peu compacte, tendre, blanche
même à l'état humide. Des silex noirâtres clairse-
més jusque 89m00; puis les silex disparaissent.
Vers 85m00 la craie forme pâte avec l'eau jusque
vers 98m00. De 98m00 à 120m00 la craie est un peu
plus cohérente 39.00 120.00
2 Craie plus cohérente, ne formant plus pâte avec
l'eau, d'une teinte gris bleu très clair à l'état
humide. A 140m00 : Actinocamax quadratus.
Vers 167m00 et vers 170m00, des concrétions phos-
phatées brunes assez abondantes. A 190m00 des
fragments de bois carbonisé, noir 72.50 192.50
3 Craie blanche présentant des tubulations remplies
de craie gris bleu très clair (à l'état humide) 1.00 193.50
4 Craie gris bleu, avec concrétions phosphatées 2.00 195.50
5 Craie blanche ou gris bleu très clair (à l'état
humide. Nombreux fragments d'inocérames. A 217m00,
fragments de bois carbonisé, noir 29.00 224.50

Craie de Maisières et Rabots

1 Craie très glauconieuse, gris bleu verdâtre foncé,
très cohérente 4.00 228.50
2 Calcaire grenu, rude, poreux, gris bleu, avec silex
abondants, irréguliers, gris noir bigarré de gris
foncé 1.00 229.50
3 Même roche, avec silex moins abondants 1.35 230.85
4 Marne argileuse, peu cohérente, finement glauconi-
fère, gris très foncé 0.15 231.00
5 Calcaire grenu, rude, gris bleu, très cohérent, cris-
tallin par place, avec silex peu abondants, irré-
guliers, gris noir, bigarrés de gris clair 0.50 231.50
6 Calcaire grenu, moins cohérent, un peu marneux,
gris bleu, avec moins de silex 1.00 232.50
7 Calcaire grenu, un peu marneux, gris bleu, sans
silex 0.50 233.00
8 Calcaire grenu, rude, poreux, avec silex irréguliers,
gris noirs bigarrés de clair (au puits n°2), ou
avec bancs de meulière grise, analogue à celle de
Maisières (au puits n°1) 2.50 235.50
9 Calcaire marneux, cohérent, assez rude, assez
poreux, avec silex en petites parties 1.00 236.50

Fortes-Toises

1 Calcaire marneux assez grenu, gris bleu clair, avec
gros silex passant aux concrétions siliceuses carac-
téristiques des Fortes-Toises 1.00 237.50
2 Calcaire marneux assez grenu, gris bleu clair, avec
silex en petites parties. - Calcaire marneux cohé-
rent, compact, à concrétions siliceuses passant au
silex. - Calcaire marneux cohérent, compact, à
concrétions siliceuses 3.00 240.50
3 Marne compacte, schistoïde, à joints irréguliers
tapissés d'enduits glauconieux noir verdâtre 0.30 240.80
4 Marne compacte gris bleu clair, avec concrétions
siliceuses, volumineuses (têtes de chat) plus
foncées 0.30 241.00
5 Marne compacte gris bleu clair, à petites concrétions
siliceuses passant au silex; - même marne à concré-
tions volumineuses plus foncées; même marne à concré-
tions plus petites 3.00 244.00
6 Marne argileuse compacte, gris bleu 1.50 245.50
7 Marne peu argileuse, compacte, gris bleu, avec con-
crétions siliceuses plus foncées 1.00 246.50
8 Marne compacte gris bleu, très cohérente, à concré-
tions siliceuses plus foncées 0.50 247.00

Dièves

1 Marne très compacte, gris bleu (diève dure) 1.00 248.00
2 Même marne avec minces lits de marne argileuse et
avec parties durcies. Terebratulina rigida 3.50 251.50
3 Marne argileuse gris bleu verdâtre, fine, glauco-
nieuse. Inoceramus labiatus 1.00 252.50
4 Marne argileuse assez compacte, gris verdâtre, très
glauconieuse 6.50 259.00
5 Marne argileuse, un peu sableuse, compacte, gris
bleu verdâtre 3.50 262.50
6 Marne argileuse, compacte, gris bleu verdâtre 6.00 268.50

Tourtia de Mons
et couches cénomaniennes sous-jacentes
(non dénommées)

1 Marne argileuse, sableuse, grossière, fortement
glauconieuse, gris bleu verdâtre foncé, avec cail-
loux roulés de phtanite, peu abondants 0.60 269.10
On trouve en abondance dans cette couche:
Pecten asper
Ostrea conica
et Ostrea vesiculosa
en outre: Ostrea haliotidea (douteux)
2 Même marne, durcie, très cohérente 0.30 269.40
Même marne, friable comme en 1 1.10 270.50
On y trouve en abondance:
Gastrochaena amphisbaena
4 Marne calcaire glauconifère cohérente = véritable
calcaire, compact 0.30 270.80
On y trouve : Vola quadricostata (de grande taille)
Ostrea conica
Pecten orbicularis
Pecten hispidus
5 Calcaire marneux cohérent (= calcaire), à larges
veines de calcite 0.70 271.50
6 Calcaire gris, compact, très cohérent, avec parties
moins cohérentes et marneuses. Veiné de calcite 1.00 272.50
On y rencontre : Acanthoceras rotomagense
Nautilus elegans
Pecten orbicularis
7 Calcaire gris, glauconifère, poreux, cohérent avec
cherts gris noir 1.00 273.50
8 Calcaire marneux, très glauconieux, renfermant des
cailloux arrondis de calcaire compact, gris 0.50 274.00
9 Grès calcareux gris, cohérent, peu glauconifère,
avec lits de fossiles à l'état de moules 1.00 275.00
On y trouve : Turritella granulata
Pecten orbicularis
10 Calcaire gris clair, glauconifère, cohérent, cris-
tallin.
Veine de calcite 1.50 276.50
11 Calcaire gris clair, peu glauconifère, cohérent,
très poreux, avec fines veinules de calcédoine 1.00 277.50
12 Calcaire gris, glauconifère, cohérent et cristallin,
ou peu cohérent et poreux, renfermant quelques cail-
loux de phtanite et des lits de fossiles 1.50 279.00
On y rencontre: Ostrea conica
Pecten orbicularis
13 Poudingue formé d'une pâte calcaire gris vert, cohé-
rente, cristalline, veinée de calcite, ou friable;
renfermant des cailloux de phtanite gros en moyenne
comme une noix 0.40 279.40
14 Calcaire gréseux, très cohérent, cristallin, glauconi-
fère, vert clair ou vert foncé, rempli de menus
cailloux de phtanite. Veiné de calcite 2.40 281.80
15 Calcaire gréseux, très cohérent, cristallin, pointil-
lé de glauconie, gris foncé 0.10 281.90
16 Sable très fin, calcareux, pointillé de glauconie,
gris, un peu cohérent, avec cailloux de phtanite
comme une noisette et plus petits 0.20 282.10
17 Gravier quartzeux miliaire ou pisaire mèlé de sable
grossier, avec cailloux de phtanite de tailles
diverses 0.60 282.70
18 Sable fin, non calcareux, brun foncé, un peu cohé-
rent, avec minces lits d'argile grise et de sable
ligniteux 0.50 283.20
19 Marne très glauconieuse, peu argileuse, vert foncé,
avec quelques cailloux de phtanite 2.00 285.20
20 Marne à grain fin, grise, pointillée de glauconie,
très cohérente avec des parties friables, renfermant
des cailloux de calcaire noir, un peu cristallin et
veiné de calcite 0.40 285.60

Le Terrain houiller a été atteint à 285 mètres 60.

§ 3. - REMARQUES

1. Le Pléistocène, dans cette coupe, est difficile à délimiter d'avec le
Landenien, par suite de l'absence de cailloutis.

2. A Hautrages-Etat, cimme plus à l'Est (Mons et environs) et plus à l'Ou
est (Hensies etc.), la partie inférieure du Landenien marin est formée
par des couches fortement calcareuses et glauconifères, qui sont parfois
de véritables marnes.

3. Le point le plus intéressant qui soit à signaler aux puits d'Hautrages
est la présence du Montien marin, sous forme de Calcaire de Mons, ca
ractérisé par plusieurs de ses fossiles propres.
Les trois fossiles qui sont cités plus haut sont parmi les espèces les
plus communes du Calcaire de Mons type, des puits Goffin et Coppée.

Ces faits n'ont rien qui doivent nous étonner. J'ai rappelé l'attention,
il y a quelques années, sur l'extension du calcaire montien et du tufeau
maestrichtien dans la région de boussu (1) et j'ai signalé, un peu plus
tard, la présence des mêmes assises au sondage les Herbières (sur Ter
tre) à 250 mètres au Nord et 280m. à l'Est du pont des Herbières, sur le
Canal de Mons à Condé (2). A ce sondage, le Montien présentait une
épaisseur de 4 mètres. Sa puissance n'est plus guère que d'un mètre aux
puits d'Hautrages et nous sommes là, certainement, à l'extrémité du
petit bassin montien de Boussu, puis qu'un sondage pratiqué un peu plus

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(1) Bull. Soc. belge de Géologie, t.XIV, 1900, p.v., p.249.
(2) Ibidem, t.XVI, 1902, p.v., p.39.
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à l'Ouest en 1901 (à 630 mètres au Nord et 80 mètres à l'Est du pont
d'Hautrages), a rencontré directement la Craie blanche sous le Landenien
(1). Aux puits d'Hautrages, la base du Landenien renferme, à l'état de
cailloux remaniés, des fragments de calcaire à foraminifères, analogue à
celui qui a été rencontré sous une très forte épaisseur dans le Calcaire
de Mons au puits artésien de l'Ecole des Mines (2). Ces cailloux sont
évidemment des débris d'une importante dénudation qu'a subie le Calcaire
de Mons de la région de Boussu lors de la transgression landenienne. La
même dénudation a totalement fait disparaître le Montien supérieur, qui
a été traversé un peu plus au Sud par un sondage et un puits artésien,
près du pont du chemin de fer jeté sur le canal de Mons à Condé.
Entre ce pont et la gare de Boussu-Haine, un peu à l'Ouest du chemin de
fer, le récent Sondage n°1 de Boussu, des Charbonnages du Hainaut
(creusé par le procédé rapide avec injection d'eau) a atteint à 45,15
mètres la base du Landenien. De 45,15 mètres à 125,70 mètres, on a
traversé des roches indiquées sous le nom de tufeaux et qui doivent
comprendre très vraisemblablement du Calcaire de Mons.

4. Le Maestrichtien, qui avait été traversé sur 15 mètres au sondage des
Herbières, cité plus haut, n'exoste pas aux puits d'Hautrages. La trans
gression du Montien par rapport au Maestrichtien existe donc dans cette
région comme autour de la Ville de Mons.

5. La Craie phosphatée de Ciply se présente aux puits d'Hautrages sous une
forte épaisseur et aussi bien caractérisée qu'à Ciply et à Baudour.
Cette zone, avec la Craie de Spiennes qui rentre dans la même assise,
doit être très développée sous la cuvette maestrichtienne et montienne
de Boussu, où on l'a ordinairement confondue dans la Craie blanche. Elle
a dû être traversée, sous le nom de tufeau, au Sondage n°1 de Boussu des
Charbonnages du Hainaut, entre la gare de Boussu-Haine et le canal; on
l'a recoupée dans le sondage et le puits artésien voisins du pont du
chemin de fer sur le Canal.

6. Dans la Craie sénonienne des puits d'Hautrages, il est très difficile de
séparer les différentes assises reconnues aux environs de Mons. On y
voit assez nettement les craies de Nouvelles-Obourg, de Trivières et de
Saint-Vaast; mais les limites n'en peuvent être fixées avec certitude.

7. La Craie de Maisières, les Rabots, les Fortes-Toises et les Dièves ne
présentent ici rien de bien particulier.

8. En dessous des Dièves, on a traversé le véritable Tourtia de Mons à
Pecten asper et Ostrea conica. Je rattache à la même assise les couches
qui s'étendent entre les profondeurs de 268,50 mètres et de 274,00
mètres et qui renferment une faune cénomanienne typique.

Il ne faut pas confondre le Tourtia à p. asper etc. qui est une vérita
ble assise géologique, pourvue d'une faune bien caractéristique, avec le
Tourtia des mineurs, lequel peut être défini : la marne, plus ou moins
glauconifère, avec cailloux roulés plus ou moins abondants, par l'in
termédiaire de laquelle les dièves cénomaniennes ou turoniennes, (ou
même les Fortes-Toises, dans l'Est du bassin de la Haine) reposent sur
le sous-sol primaire ou les terrains crétaciques plus ancien. Cette
marne peut être, comme aux puits d'Hautrages, à ceux d'Harchies, etc. le
vrai Tourtia à P. asper ; mais c'est souvent un facies caillouteux de la
base des Dièves ou même des Fortes-Toises. Il en est ainsi, notamment,
au récent sondage des Prés à Chardons des Charbonnages du Nord du Rieu
du Coeur, au siège dit de Jemappes des Charbonnages du Hainaut, etc.

9. Les couches qui viennent en dessous de la profondeur de 274 mètres, et
dont le fossile le plus frappant est Turritella granulata, une des
espèces de la Meule de Bracquegnies, font partie de l'ensemble que j'ai
appelé la Meule d'Harchies et dont je donnerai bientôt la description
détaillée.

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(1) Ibidem.
(2) Ibidem, t.XX, 1906, p.v., p.81.