Skip to content. | Skip to navigation

Personal tools

You are here: Home / arch / 148W / 148W0247.TXT

148W0247.TXT

PL.LOUVEIGNE 148W A.GROSJEAN 247 (II) Ibidem., p.535. Il existe, au Sud de Louveigné, un ruisseau long de 7 à 800m., qui longe, à petite distance à l'Est, la route de Sprimont. La disposition topographique du vaste hémicycle qui, sur 700 mètres de rayon, s'étend à l'Est de ce ruisseau, le fait s'enrichir, aux grandes pluies et fontes de neiges, d'un apport de ruissellement très considérable. En temps ordinaire, le ruisselet de Louveigné est, faut-il le dire, absorbé en entier dès son contact avec la bande calcaire qui avoisine de ce côté (au Sud) les premières maisons du village. Il en résulte que, dans des conditions normales, la partie du village établie sur le fond du vallon et les 800 mètres d'aval- calcaire au Sud, schiste au Nord- qui s'étendent en un sillon sinueux jusqu'à la rencontre du ruisseau de Stainval, constituent un vallon complètement assèché, comme ceux de Sendrogne et de Blindef, par l'avide soif du calcaire. Mais viennent les pluies, surtout les chutes torrentielles ou les fontes des neiges. Tout change alors. Le ruisselet du Sud de Louveigné, gonflé par le ruissellement de son bassin schisteux, et, de plus triplé de volume par l'apport des ruissellement de l'hémicycle oriental, qui y joint ses eaux à proximité de l'entrée méridionale du village, devient un torrent furieux. De toutes parts, dans le paisible vallon s'ouvrent les bouches avides d'une série presque ininterrompue de chantoirs alimentés, les uns par la crue du ruisseau, les autres par les ruissellements de l'hémicycle oriental. Ces chantoirs multiples ne suffisent pas, malgré leur importance, pour absorber le flot de crue et, comme ce fut encore le cas lors de la fameuse chute pluviale de la nuit du 26 au 27 février 1906 - qui s'est étendue, on le sait, à une grande partie du territoire belge (1) - la région du village qui appartient au thalweg de la dépression se trouva soudain submergée au point que, pendant deux jours, le passage de la route de Sprimont ne fut possible à Louveigné qu'à la faveur d'un service de trasbordement, organisé à la hâte au moyen de charrettes et de chevaux. A cette occasion, faut-il le dire, le vallon sec d'aval vit reparaître l'écoulement à l'air libre des eaux courantes dont le prive en temps normal de fissuration du calcaire. (1) Voir A.LANCASTER, dans le no du 16 mars 1906 de CIEL & TERRE, Revue climatologiaue mensuelle. Février 1906, pp.40-57. Voici quelques extraits de cette communication au sujet d'un phénomène qui eut sa répercussion dans une grande partie du bassin hydrographique de la Meuse et produisit en de nombreuses localités de cette vaste région, des phénomènes analogues à celui qui donna naissance au Chantoir du "Mardi Gras", dont il sera question tantôt. "A partir de l'après-diner du 26 (veille de la fête précitée, en Belgique) une pluie torrentielle, de caractère plus ou moins orageux, se mit à tomber dans la région mosane et cette pluie extraordinaire persista jusque dans la matinée du 27". L'auteur ajoute que par suite de la présence "en certaines régions de l'Ardenne, d'une couche de neige épaisse de plusieurs centimètres, les cours d'eau grossirent rapidement et dans de telles proportions que plusieurs d'entre eux débordèrent et amenèrent les désastres dont le souvenir est encore dans toutes les mémoires". E.Lancaster donne ensuite quelques chiffres desquels ils résulte que la quantité d'eau notée le 27 à 8h. du matin, était respectivement de 40mm. à Dinant, variait de 44 à 62mm. dans la vallée du Bocq, oscillait de 65 à 72mm, dans la vallée de la Sambre, atteignait même 70 à 72mm. dans certaines parties du sillon de la Meuse, arrivait même à 82mm. à Huy. Dans la région de l'Ourthe et de ses affluents: La Vesdre, la Hoegne, l'Amblève, et l'Aisne, les chiffres d'eau recueillis gravirent autour de 50 à 75mm. d'eau tombée en une nuit, avec un maximum de 78,5mm. à Hestreux, dans la Vesdre. M.Lancaster conclut que la pluie de cette nuit du 26 au 27 a déversé en moyenne, sur toute l'étendue de la partie belge du bassin général de la Meuse, une hauteur d'eau de 50 millimètres environ; il ajoute que diverses régions ont reçu sensiblement plus que cette quantité. La moyenne du bassin de l'Amblève- qui nous intéresse spécialement ici - fut de 55mm. et neuf stations du bassin de la Meuse ont reçu plus de 70mm. L'auteur fait enfin observer que cette énorme quantité d'eau est tombée dans un intervalle de 12 à 15 heures seulement et conclut que, surtout dans la saison hivernale de pareilles chutes pluviales sont extrêmement rares en Belgique. Cette documentation, se précise, est précieuse à noter, car l'ouverture subite ou étonnament rapide du Chantoir du Mardi-Gras de Louveigné est ainsi mise nettement en rapport avec les causes qui l'ont produite. Comme nos notes et observations de 1906 nous ont fait retrouver, en maintes régions et localités du bassin de la Meuse, la trace indélébile et le souvenir vivace de phénomènes analogues, dus à la même cause et survenus à la même date, nous obtenons ainsi une clef de formation subite des chantoirs dans les régions calcaires fissurées, où l'afflouillement torrentiel des eaux de ruissellement et de crue, armées de leur terrible artillerie de cailloux roulés et de blocs arrachés d'amont, a elmporté le manteau limoneux, débouché les diaclases du calcaire sous-jacent et trouvé des voies souterraines d'écoulement, bouleversant ainsi le régile hydrologique des régions affectées. Examinons maintenant les divers chantoirs de Louveigné, en commençant par la série de ceux qui absorbent spécialement les eaux ruisselantes et temporaires du grand hémicycle oriental du Sud de Louveigné. A l'Est du ruisselet de Louveigné, un chemin de terre se dirige au Sud, vers Hodechamps, en partant, à Louveigné, de l(antique chapelle de Trôleux (nom du hameau). Ce repère est bien reconnaissable, grâce à deux énormes et très vieux tilleuls ombrageant pittoresquement la dite chapelle. A environ une centaine de mètres au Sud du carrefour de la Chapelle commence à s'égrener, vers l'aval et dans la direction du point d'absorption du ruisselet de Louveigné, la série des chantoirs de Trôleux, qui, plus au Nord, vont se raccorder à ceux de Louveigné. Le premier d'entre eux, à une quarantaine de mètres à l'Ouest de la route de Grandchamps, est voisin d'un gros noyer. Il y a une quinzaine d'années, c'était un énorme trou béant. Des bestiaux y ayant péri, on l'a comblé à grand'peine et, en vue de mieux relier les terres, on y a planté une trentaine d'arbustes. Le sol s'est encore un peu affaissé et forme une légère dépression, longue d'une douzaine de mètres, large de sept; des trous d'absorption qui s'y étaient recreusées, fonctionnaient au printemps de 1898, lors de notre premier passage. En novembre 1906, un ruisselet, résidu du drainage des prairies à sol schisteux du Sud (le point 29 est précisément à la limite du calcaire), y déversait ses eaux dans une cavité profonde ayant à peu près le diamètre d'un petit baril. Sur le flanc N-N-O de la dépression, une autre ouverture béante analogue attendait les eaux du trop-plein. Mais dans la nuit précédente, le Mardi-Gras (27 février) de la même année, des pluies torrentielles ont fait déborder ruisseaux et chantoirs. La pression et l'affouillement des eaux qui s'écouleaient à torrent dans ces parages ont fait s'ouvrir subitement dans ces parages et s'approfondir à plus de 8 ou 9 mètres de profondeur verticale (1), un véritable abîme. (1) Une perche à meule-de cette dimension- a été plongée dans la cavite pendant son travail d'abosorption intensive et n'aurait pas rencontré le fond du gouffre liquide. Une véritable rivière s'est engoufirée ici en un clin d'oeul et l'écoulement a duré pendant trois à quatre jours, entraîn,ant dans la cavité un énorme cerisier (diamètre 0.40) dont en voit encore une partie du tronc émerger. L'excavation, colmatée depuis, dans ses profondeurs, par le limin que déposaient les eaux, présente encore actuellement de huit à neuf mètres de diamètre sur quatre de profondeur. Ce nouveau point d'engouffrement s'est ouvert à 25 à 30 mètres à peine du chantoir précédent, qui alors se trouvait entièrement recouché. Nous l'avons baptisé du nom de Chantoir du Mardi-Gras, en souvenir d'une date qui a laissé en de nombreuses régions de la Haute-Belgique, des traces matérielles durables de l'intensité exceptionnelle de la précipitation pluviale. C'est dans le verger de M.Delchambre qu eput s'observer ce curieux chantoir, qui témoigne du caractère largement fissuré et caverneux du calcaire sous-jacent dans des parages.

Insert the GSB number to search all associated content