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147E0356.TXT

PL. ESNEUX 147E
M.LEGRAYE - 1927

356 (VIII)

Carrière de la Belle Roche : Dolomie à gros crinoïdes.
Dir. N 85° E, Inclinaison 70° S.

Dans la partie sud de la carrière on exploite des calcaires gris, noirs,
souvent très veiné de blanc, en gros bancs, avec parfois quelques interca-
lations schisteuses, très minces. Ce calcaire est traité pour fabrication
de la chaux.
Direction N 85° E, Inclinaison 75° S.

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356 (suite)

NAMUR 1974
International Symposium on Belgian micropaleontological Limits from Emsian
to Visean
September 1st to 10th
Publication no 17
E.GROESSENS
Distribution de Conodontes dans le Dinantien de la Belgique
pp. 91

9.6.- LA BELLE-ROCHE

LOCALITE TYPE de la Brèche de l'Ourthe, CONIL 1967

9.6.1. Références :
1967 : R.CONIL - A.S.G.B. t.90, p.420
1968 : R.CONIL et M.LYS - A.S.G.B. t.91, p.497.

9.6.2. Localisation: Service Géologique : 147 E 356
R.CONIL : Esneux 20.

9.6.3. Description sommaire

Cette immense carrière, située le long de l'Amblève, entaille un ensemble
continu s'étendant du "Calcaire d'Yvoir" au Calcaire de Terwagne.
La Dolomie de Sovet est assez fossilifère (foraminifères, coraux, brachio-
podes) et est surmontée par la Brèche de l'Ourthe. Selon R.CONIL (sous
presse) cette brèche correspondrait à des mouvements responsables des
slumpings observés depuis Godin jusqu'à Aachen; ils auraient ici entraîné
des déplacements considérables comme dans la Vesdre, en érodant toutes les
couches sous-jacentes jusqu'à la Dolomie de Sovet.

Ibidem p. 94: Profil de la Carrière Belle-Roche (croquis A)

Ibidem p. 94: Pl. 28, Limite Tn-V dans la vallée de l'Ourthe (croquis B)

Croquis C: extrait du
Livret-guide
Second Symposium international sur les coraux et récifs coralliens fossiles
Paris - septembre 1975
Excursion C (Nord de la France et Belgique)
par R.Conil, E.Groessens, M.Lejeune (Mme Carpentier), J.Pel, H.H.Tsien
p.19 (Mouvements durant le Viséen inférieur)

Croquis D: Essai de corrélation entre les coupes étudiées et celle de la
carrière de la Belle Roche
= extrait de :
Contribution à l'étude bio- et lithostratigraphique de la limite Tour-
naisien-Viséen dans le bord oriental du synclinal de Namur
Mémoire de Licence en Sciences géologiques et minéralogiques
présenté par Pierina VIEL
Année académique 1983-1984
Université de Liège
Faculté des Sciences

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E.GROESSENS, 1996

NAMUR 1974
International Symposium on Belgian micropaleontological Limits from Emsian
to Visean
September 1st to 10th
Publication no 17
E.GROESSENS
Distribution de Conodontes dans le Dinantien de la Belgique
pp. 91

CARRIERE DE LA BELLE ROCHE

Cette carrière n'est pas décrite dans "Les carrières de Petit-granit de la
Province de Liège" par Joseph LIBERT, 1911 (Ann. des Mines, t.XVI)

9.6.- LA BELLE ROCHE

LOCALITE TYPE de la Brèche de l'Ourthe, CONIL 1967

9.6.1. Références :

1967 : R.CONIL - A.S.G.B. t.90, p.420
1968 : R.CONIL et M.LYS - A.S.G.B. t.91, p.497.

9.6.2. Localisation : Service Géologique : 147 e 356
R.CONIL : Esneux 20.

9.6.3. Description sommaire

Cette immense carrière, située le long de l'Amblève, entaille un ensemble
continu s'étendant du "Calcaire d'Yvoir" au Calcaire de Terwagne.
La Dolomie de Sovet et assez fossilifère (foraminifères, coraux, brachio-
podes) et est surmontée par la Brèche de l'Ourthe. Selon R.CONIL (sous
presse) cette brèche correspondrait à des mouvements responsables des
slumpings observés depuis Godin jusqu'à aachen; ils auraient ici entraîné
des déplacements considérables comme dans la Vesdre, en érodant toutes les
couches sous-jacentes jusqu'à la Dolomie de Sovet.

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E.GROESSENS, 1996

Centenaire de l'Association des Ingénieurs sortis de l'Ecole de Liège
(A.I.Lg)
Quai Paul Van Hoegaerden, 12, Liège

CONGRES 1947
SECTION GEOLOGIE

Dolomie. - La dolomie est exploitée à Chanxhe-Poulseur à la carrière de La
Préalle : c'est de la dolomie tournaisienne. Une autre exploitation appar-
tenant à la S.A. des carrières de la Belle Roche se situe dans le Viséen au
flanc nord du synclinal de Comblain-au-Pont.

Région d'Hastière. - Les calcaires du tournaisien ont donné lieu à diver-
ses exploitations dans la région d'Hastière. Trois carrières sont encore
actives à Hastière-Lavaux. ce sont :
La carrière du Pont d'Arcole, la carrière Prumont et la carrière Genicot.

T2w (facies waulsortien) : calcaire dolimitique à encrines, blanchâtre,
blanc rosé ou jaune paille.

T1c : calcaire argileux et siliceux à encrines, très dur, gris foncé, à
gris bleuâtre.

Le premier a été utilisé pour les restaurations et diverses constructions,
notamment le château des Roches à Dinant, le monument de Chassart, l'hôtel
de la Gare à Dinant.

Le second est utilisé pour concassés, moellons, bordures.

Récifs du facies Waulsoritien. - D'importants récifs à polypiers sont
exploités à Ciney et à Waulsort pour la production de chaux grasse : Cie
générale des Chaux et Ciments du Condroz à Ciney, carrière et fours à chaux
de Lienne à Ciney.

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E.GROESSENS, 1996

CARRIERE DE LA BELLE ROCHE

Extraits de "Le Moliniacien du Synclinorium de Dinant depuis la région
dinantaise jusqu'à la Vallée l'Ourthe" - HANCE Luc 1985
Thèse présentée à l'Université catholique de Louvain en vue de l'obtention
du grade de Docteur en Sciences.

1.2. Carrière de la Belle-Roche.

1.2.1. Localisation et bibliographie.

Carrière en exploitation située sur la rive droite de l'Amblève, 1,5 km en
amont de la confluence avec l'Ourthe.

SG 147 E 356
R.CONIL : Esneux 20.

1975. GROESSENS, pp. 91, 94.
1983. PAPROTH & al., pp. 206, 208 et 219.

1.2.2. Introduction.

L'intérêt stratigraphique de cette région réside essentiellement dans sa
position intermédiaire entre la Vallée de la Vesdre et la Vallée du Hoyoux.
En particulier, elle permet de comprendre les relations entre la Molinia-
cien de ces deux régions et également d'établir d'intéressantes comparai-
sons à ce niveau avec le bord sud du Synclinal de Namur entre Moha et
Chokier. C'est dans cette optique que POTY nous encouragea à étudier avec
lui le Moliniacien de la carrière de la Belle-roche. Nous lui en sommes
vivement reconnaissant. Quelques conclusions de ce travail commun ont été
émises dans PAPROTH & al. (1983) dans les § Avins (pp. 206-207), Belle-
Roche (p.208), Martinrive (p.219).

Dans le même temps, CONIL & GROESSENS ont revu le contenu micropaléontolo-
gique (foraminifères et conodontes) afin de préciser la limite Tournaisien-
Viséen. L'ensemble coordonnée de ces données nouvelles a été présenté par
POTY, CONIL, GROESSENS & HANCE lors de la Session extraordinaire de la
Société géologique de Belgique et de la Société belge de Géologie, excur-
sion du 01 octobre 1983.

1.2.3. Description sommaire et interprétation lithostratigraphique
(fig. 6, p.44.)

Les logs lithologiques ont été dessinés conjointement par POTY et HANCE.
Nous en donnons une description sommaire. Une étude plus détaillée est en
cours (POTY et HANCE).

Les lettres a à f donnent l'équivalence avec les termes de CONIL (1967).

14m : Calcaires crinoïdiques foncés, en gros bancs;
(bancs 1 à 12) cherts abondants; quelques coraux a)
CALCAIRE DE HARTINRIVE s.s.

10,6m : Calcaires foncés, fins, dépourvus de cherts,
(bancs 13 à 26) stratifiés en gros bancs sauf au sommet où
apparaît une division en bancs minces; crinoides
progressivement moins abondants; quelques coraux.
Complexe intermédiaire

4m : Dolomie grenue non crinoïdique; quelques bancs
(bancs 27 à 29) minces de calcaire dolomitique dans la partie
mediane.
Complexe intermédiaire b)

67,5m : Dolomie grenue crinoïdique, souvent pulvérulente;
(bancs 30 à 94) nombreux nodules de calcite à texture
"chicken-wire". Cette serie monotone est
interrompue par deux intercalations de calcaires
crinoïdiques (46-52; 69-77) à riche macrofaune
(coraux et brachiopodes). Un slump remarquable,
épais d'une dizaine de mètres, se développe au
niveau des calcaires inférieurs.
DOLOMIE DE MODAVE

5m : Calcaire clair, crinoïdique à clastes
(bancs 95 à 99) millimétriques, massivement stratifié; localement
dolomitique; lumachelles de Megachonetes.
CALCAIRE DES AVINS

12m : Dolomie grenue. Non denommé. c/d)
(bancs 100 à 118)

25m : Breche massive à éléments hétérométriques; matrice
calcarodolomitique. La plupart des fragments sont
constitués de calcilutite et de calcaires
algaires.

14m : Dolomie zébrée de veines de calcite; quelques
(bancs 124 à 141) éléments bréchiques. e)
BRECHE DE L'OURTHE

45,6m : Calcaires bleus, localement dolomitiques, le plus
(bancs 142 à 224) souvent fins; nombreux niveaux oolithiques et
quelques niveaux algaires; birdseyes, nodules de
calcite.
Un marqueur argileux conglimératique affleure
dans la partie médiane de cette succession. f)
CALCAIRE DE TERWAGNE

1.2.4. Paléontologie.

1.2.4.1. Coraux. Déterminations POTY

Les intercalations de calcaires crinoïdiques dans la Dolomie de Modave
renferment : Cyathoclisia modavensis, Sychnoelasma urbanowitschi.
Des blocs éboulés provenant du sommet de la carrière ont livré Dorlodotia
briarti briarti (POTY, comm.pers.).

1.2.4.2. Micropaléontologie.
Ann. 1

Le Calcaire de Martinrive et le Complexe intermédiaire sont pratiquement
dépourvus de foraminifères, à l'exception du banc 28 qui renferme Eblanaia
michoti.
Les intercalations de calcaire crinoïdique au sein de la Dolomie de Modave
ont livré une microfaune peu diversifiée. On retiendra à ce niveau la
rareté de Eoparastaffella et la présence de grands Forschiinae à paroi
différenciée.
Le Calcaire des Avins correspond à un changement radical de faciès que
reflète l'assemblage micropaléontologique : fréquence de Bessiella et de
Florennella.
La brèche de l'Ourthe n'a livré à ce jour aucune microfaune caractéristi-
que.
Le Calcaire de Terwagne est pauvrement colonisé. La présence d'une zone
d'abondance à Septabrunsiina (Spinobr.) dans sa partie médianne (170-184),
permettra une intéressante comparaison avec la vallée du Hoyoux, comme nous
le verrons plus loin.

1.2.5. Discussion.

Les critères micropaléontologiques qui définissent la limite Tn/V dans
l'Auge dinantaise sont inadéquats dans cette région du Synclinorium. La
présence soudaine d'Eblanaia michoti au sein d'un faciès crinoïdique a
longtemps été considérée par CONIL comme un indice de la transfression
viséenne, par comparaison avec d'autres coupes dont la "V1a" est dûment
daté (GROESSENS, 1975, p. 91; CONIL, 1976, p.470).

L'apparition de ce foraminifère au sein de la zone Cf2 est maintenant bien
établie en de nombreuses localités (MARCHANT, 1974; HANCE, 197a; CONIL &
LONGERSTAEY, 1979) (1). D'autre part, les recherches récentes de GROESSENS
indiquent la présence, dans le complexe intermédiaire, d'un assemblage de
conodontes d'affinités tournaisiennes. CONIL suggère dès lors de placer la
limite Tn/V à la base des dolomies crinoïdiques (= base de la Dolomie de
Modave dans ce travail). Il a défendu cete position lors de la Session
extraordinaire des deux Sociétés, le 01 octobre 1983.

-------
(1) Les exemplaires du tournaisien supérieur sont généralement de grande
taille et présentent une paroi grossière. Leur détermination a souvent
été imprécise :
Spinotournayella aff. michoti (CONIL & LYS, 1964), MARCHANT, 1974,
pl. 1, fig. 6, 8-10;
Eblanaia aff. michoti (C.& L.), HANCE, 1979a, fig. 1 à 4;
cf. Eblanaia sp., CONIL & LONGERSTAEY, 1979, pl.1, fig. 1 à 3.
Le matériau récolté à ce jour permet de mieux apprécier les variations
spécifiques.
La plupart des exemplaires repris ci-dessus peuvent être attribués sans
équivoque à l'expèce michoti.
-------

Par comparaison avec la coupe de Royseux (Vallée du Hoyoux), où nous avons
reconnu un ensemble "Neffe transition" sous le Calcaire de Neffe massif
(p.55), les premiers calcaires présentant le faciès de Neffe sont à re-
chercher aux environs du banc 170, où s'observe la recolonisation par les
foraminifères et par les échinodermes. Par manque de données précises
concernant le Moliniacien supérieur, nous conservons provisoirement la
dénomination "Calcaire de Terwagne" pour l'intervalle compris entre la
Brèche de Belle-Roche et le sommet de la carrière.

De difficiles problèmes de corrélation subsistent entre la carrière de
Belle-roche et les coupes voisines. Ils résultent de rapides variations
latérales des faciès et des épaisseurs (CONIL, com. pers.).

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E.GROESSENS, 1996

Meded. Rijks Geol. Dienst, 32-12, 96-100, published 15-3-1980

Lithogeochemistry of Upper Tournaisian and Lower Visean Carbonate Rocks in
the Dinant Basin, Belgium: A preliminary study

J. van Orsmael, W.Viane and J.Bouckaert

Abstract

In the Dinant basin, three sections of the Upper Tournaisien (Tn3) and
Lower Visean (V1) carbonate rocks have been analysed for Mg, Fe, Mn, Pb,
Zn, Sr, Na, organic matter, Ni, Co and HCl-insoluble residue. The data have
been treated by univariate and multivariate statistical analyses. Field
observations and geochemical data support a sedimentation in a normal
saline environment both in the fore-reef and the back-reef facies. Also a
late diagenetic dolomitization of the dolostones is indicated. The geoche-
mical distribution has been tentatively explained by sedimentary influen-
ces, diagenetic processes and by the occurrence of a zone with anomalous
Zn-contents.

1. INTRODUCTION

The Middle Dinantian carbonate rocks (Tn3 and V1) in the Dinant synclino-
rium are characterized by a reef belt, the so-called Waulsortian reefs. The
presence of these reefs permits the division of the Dinant basin into a
backreef and a fore-reef facies. Although several type localities of stra-
tigraphical units are present, the lithogeochemistry of the carbonate rocks
of the Dinantian has not been studied.

There is now also a renewed interest because of possible occurences of gas
and mineralizations.

In the present study three sections have been investigated; all three in-
clude the Tournaisian-Visean transition strate. Efforts will be made to
explain the results of the multi-element analysis in terms of stratigraphy,
paleogeography, lithology and other phenomena.

2. ACKNOWLEDGEMENTS

This study had been partially sypported by a R & D programme of the Euro-
pean Economic Community and by the "Ministerie van Wetenschapsbeleid" of
Belgium.

3. DESCRIPTION OF SECTIONS

The three selected sections are indicated in figure 1. (Croquis E)

The sediments at the Salet section have been deposited in a fore-reef
environment whereas the sections at Pont-de-Bonne and Martinrive represent,
at least partially, a back-reef facies. The Sovet Formation (enclosures
7, 8) shows caracteristics of back-reef environments such as the lack of
open marine organisms, the presence of pellets and the accumulation of
crinoides.

Stratigraphical features and some lithological and mineralogical features
are given in enclosures 6, 7 and 8. The bio- and lithostratigraphical data
are taken from GROESSENS (1974). The Salet section has been chosen because
the Tournaisien-Visean transition beds are well exposed. It consists of
biomicritic limestones sometimes well-laminated by the intercalation of
thin beds of clay-rich material. Few banks with chert-nodules occur and in
the upper part an important slumping zone is present. Macrofossils are
rare. These rocks have been deposited in an open and quiet marine environ-
ment. Idiomorphic pyrite of 1 mm maximal size is sometimes present.

The Pont-de-Bonne section is situated about 15 km behind the reefs. It
consists mostly of massive dolostone without stratification. The Tournai-
sian-Visean boundary is tentatively placed at the top of the Martinrive
Formation. It contains limestones with intercalations of chert-rich bands.
The Visean, the so-called Sovet Formation is totally dolomitized and con-
sists of sparitic dolostones often with abundant crinoids. Small amounts of
fluorite are found in joints at the top of the Martinrive Formation.

The strata of the Martinrive section have been deposited at about 30 km
behind the reefs and can be paralleled to those of Pont-de-Bonne.

The Martinrive Formation contains chert-nodules and is partly dolomitized.
The Sovet Formation consists of sparitic limestones in the lower and of
dolostones in the upper part. Crinoid-fragments and brachiopods are often
found. This section shows two fractured zones, parallel to the strata,
carrying minor amounts of limonite. In the upper part a fault is present;
its displacement is unknown but it is probably of minor importance.

In the Martinrive section, gypsum is found sporadically as a crust on car-
bonate rock fragments and in calcite or dolomite spots. Because of the fact
that gypsum occurs on the surfaces of both dolostones and limestones, and
since it has not been found in thin sections, it is suggested that this
mineral has been formed as a secondary weathering product. Fluorite is
sometimes found as spots and as thin veinlets. In the upper part of the
section the rocks are often crosscut by veinlets of calcite and dolomite,
which gives the rocks brecciform aspect. Only veinlets thicker than 1 cm -
which are rare - are indicated in enclosure 8.

4. ANALYTICAL PROCEDURES

The different beds in the three sections were sampled by chip sampling.
Chips of weathered rock fragments were avoided; this was not entirely pos-
sible in the upper part of the Pont-de-Bonne section and in the fractured
zones.

Also chert-fragments were not included in sampling.

After homogenization and pulverization, two grams of the samples were
treated by conc. HCl (12.5 N). After evaporation to dryness the residue was
leached and the solution was analyzed for Mg, Na, Sr, Fe, Mn, Pb, Zn, Ni
and Co by a Varian Techtron atomic absorption spectrophotometer. Mg and Na
were estimated by comparision with standard solutions containing these
elements. On the basis of the Mg determinations samples were divided in
five categories and five series of standards were prepared containing the
corresponding contents of Mg and/or Ca for the analysis of the other trace
elements. this procedure permits us to eliminate matrix effect of Mg and
Ca.

fter HCl-treatment the insiluble residu (IR) was determined gravimetrical-
ly using preweighted filter papers. It consisted of varying amounts of an
illite clay mineral, of quartz and of trace minerals such as pyrite, mar-
cassite and Fe-oxydes.

The organic carbon (Org-C) content was determined by means of the Wakley
and Black method (ALLISON, 1965). No correction has been made for the
pyrite-content, which is lower than 1% and has only a small influence on
the determinations.

The analytical precision measured on duplicate samples is better than 10%
at the 95% confidence level for Mg, Mn, Sr, Zn and Na, and better than 20%
for Fe and organic carbon. For the insoluble residue and Pb, it is 35% and
for Ni and Co, it is over 50%. The high values for Pb, Ni and Co can be
explained by their content near the detection limit.

5. RESULTS

5.1. UNVIRIATE

The univariate statistic are listed in table 1 (fig. E1) for the different
sections and for dolostones and limestones. The division of the samples
into these two lithological groups is based on the histogram of Mg, in
which two populations are clearly defined; indeed the two rock groups con-
tain 88% of the total number of samples. The Mg-values can be recalculated
to the dolomite content. A set of 15 samples with varying amount of Mg,
were analyzed for their dolomite and calcite content by means of the X-ray
diffraction method described by HUTCHISON (1974). The calculated results
from the chemical analysis of Mg corresponded with those of the X-ray
analysis with a maximal error of 10% dolomite content.

In table 1 (fig.E1), samples with an insiluble residue (IR) over 15% (i.e.
3 samples, rich in clays or cherts) are not included. For all calculations
values below the detection limit have been set equal to half the detection
limit; these values are for Pb 1 ppm and for Ni and Co, 0.5 ppm.

From the table it can be deduced that the trace element content is general-
ly lower within the dolostones than within the limestones. Also the varia-
tion is smaller. the Martinrive section is characterized by a high content
of Zn. Salet shows higher values of Sr, Fe and Mn. In comparision with
earlier published data about the average concentrations of trace elements
in carbonate rocks, the values found in this study are low for Fe, Mn, Pb,
Na, Pb, Na, Ni and Co. The Zn-and Sr-values approximate the average con-
tent.

In enclosures 6, 7 and 8 the geochemical profiles are given. Co has been
omitted because of its very low content and its uniform distribution. From
these figures it is clear that the values of the limestones are more vari-
able than those of the dolostones.

In Salet the covariance of IR and Fe is striking. The Na content of the
Tournaisian rocks is slightly higher than that of the Visean rocks. This
feature is also present in the lower part of the Pont-de-Bonne and Martin-
rive sections.

In the dolostone-containing strata Mg and Sr are inversely correlated.
Moreover the dolostones are characterized by lower contents of Mn, Fe, Sr
and possibly also Zn and Pb. In the Sovet Formation, The Martinrive section
shows an anomaly in Zn and Pb content. This anomaly is associated with a
broad halo of Mn and Fe values.

These features will also become clear in the multivariate analysis and will
be discussed in a later section.

5.2. MULTIVARIATE

The correlation matrix is shown in table 2 (fig.F). Some correlations are
significant in the three sections; e.g. IR-Fe, IR-Na, Fe-Ni and Mn-Na; the
latter always negative. the strongest correlations are found in the element
pairs Mg-Sr and Mg-IR, both negative.

At Salet the IR and Org-C have the largest number of correlations with
other elements. The involved elements also show mutually significant cor-
relations, making it possible to group the elements. A first group consists
of IR, Na, Org-C and Fe and a second group of IR, Fe, Zn and Ni.

At Pont-de-Bonne a relationship exists, either positive or negative,
between IR, Org-C and most other elements. Mg, IR, Sr and Org-C are mutual-
ly interrelated.

At Martinrive Zn shows the largest number of significant correlations with
other elements. A first group of interdependent elements contains Mg, Sr,
Zn, Ni and possibly Org-C, a second group Mn, Fe and Zn. These groups are
also suggested by the geochemical profiles.

In order to quantify these grouping, an R-mode factor analysis was perfor-
med on the date. The theoretical background of factor analysis is explained
by BAVIS (1973). We used the program FACTOR of the package SPSS (Nie et al.
1975). Principal components and the scores of the samples were first calcu-
lated. Samples with scores larger than 3 were discarded to avoid distortion
merely by exceptional values (CHAPMAN 1976). These values numbered 4 in
Salet, 1 in Pont-de-Bonne and 7 in Martinrive. They are noted by an
asterisk in the enclosures 6, 7 and 8 and they are also left out in the
discussed correlation matrix. Subsequently principal components were recal-
culated. Components with an eigenvalue >0.9 were transformed into factors
by applying a varimax rotation on them. The varimax matrix for the three
sections is shown in table 3 (fig. G).

The factors considered explain more than 70% of the total variance in all
three sections. Ni has a low communality; this element has also a low
analytical precision.

In the three sections a factor occurs relating IR, Fe, Na an to a lesser
extent Org-C and Ni. As IR has an important loading, this could indicate
the incluence of the clay content in the carbonate rocks. This association
can also be deduced from the geochemical profiles and from the correlation
matrix. In the Pont-de-Bonne and Martinrive sections, both with dolostones,
Mg is inversely correlated wit Sr. In the limestones of Salet, Mg (factor
4) is not associated wich any other element. The same applies to Pb in the
Pont-de-Bonne section. In the Martinrive section Zn is related to Mn, Fe
and IR as well as to Pb and Org-C. Salet shows a specific factor with Mn,
Fe, Pb, Na, and Org-C.

In the next section the different factors will be discussed and tentatively
explained.

6. DISCUSSION

VEIZER et al.(1978) used the Na-content as a measure of paleosalinity for
Paleozoic carbonate rocks. They placed the approximate division between
normal and hypersaline environments at 230 ppm Na. In all three sections
this value is reached only exceptionally. It follows that they have been
deposited in a normal saline environment.

Characteristics such as coarse grain size, thick beds and absence of eva-
poritic minerals indicate that the dolostones are late diagenetic. Possibly
the Sr-content of dolostones can be used to distinguish between early
diagenetic and late diagenetic dolomitization (VEIZER et al. 1978). The
1000 Sr : Ca ratio of our data ranges from 0.32 to 0.75. This range would
point to a late diagenetic dolomitization process.

The limestones of the Salet section have undergone fewer modifications
after their sedimentation than the dolostones of the two other sections.
therefore the Salet section will be discussed first. Factors 2 and 3,
grouping the elements IR, Fe, Org-C, Na and IR, Zn, Ni can be explained as
associations controlled by adsorption phenomena on clay particles and
organic matter. Samples with high clay content i.e. the argillaceous limes-
tones show higher scores on these factors. The first factor with a negative
relationship between Na and Org-C on the one hand and Mn, Fe and Pb on the
other hand, could indicate - if Na is a measure for the relative paleosa-
linity - that with higher salinity Fe, Mn and Pb are less absorbed on clays
and organic matter or stay longer in solution e.g. by complex formation. In
the geochemical profile the Tn3c strata suggest slightly Na and lower Mn,
Fe and Pb content. A higher Na content is also present in the younger
strata of the two other sections. So far it is not clear if the differences
in Na content have a stratigraphical value. The fourth factor contains only
Mg, which indicates its independent variation.

In the Pont-de-Bonne section containing mostly dolostone, the first factor
expresses the dolomitization process whereby the rocks are depleted in Sr.
IR is included in this factor because of its marked contrast with Mg in the
Martinrive Formation (Fig. G = table 3). The 2nd and 3nd factor are thought
to reflect sedimentary influences, comparable with the first two factors of
Salet but modified by diagenetic processes. The fourth factor expresses the
independent variation of Pb.

In the Martinrive section both dolostones and limestones are present. The
dolomitization process is represented by the first factor. The 3rd expres-
ses the influence of IR, related to the clay content. The Zn anomaly,
clearly present in the geochemical profile, is included in factors 2 and 4.
On the one hand, Zn is correlated with Fe, Mn and to a lesser extent IR and
on the other with Org-C and Pb. The first group express its associations
with Mn and Fe. this association is known in anomalies around some carbo-
nate-hosted sulfide deposits such as Tynagh (RUSSEL 1974) and Meggen
(GWOSDZ & KREBS 1977). The association of Zn, Pb and Org-C could indicate a
precipitation mechanism of the metals, whereby organic matter and the
resulting reducing conditions would play an important role. This is also
important since these sediments occurred in a sublagoonal environment that
may have become a source for hydrocarbons (WILLIAMS, pers. comm. 1978).

Although these results and interpretations are preliminary and await fur-
ther confirmation by the study of other sections and by sediment petrogra-
phical analysis of the rocks, the Zn-anomaly has been found in other near-
by sections (research in progress). However it is still not clear whether
this anomaly is stratigraphically controlled or whether it is spatially
related with the base of the dolomitized formations.

7. REFERENCES

ALLISON, L., 1965: Organic carbon. - Methods of soil analysis part 2.
Ed. Adm. Soc. of Argon., Madison, U.S.A., 1367-1378.

CHAPMAN, R., 1976: Limitations of correlation and regression analysis in
geochemical exploration . - Instit. Min. Met. Trans. sec. B, 85, B279-B283.

DAVIS, J., 1973: Statistics and Data Analysis in Geology. - Wiley and Sons.

GROESSENS, E., 1974: Distribution de conodonts dans le Dinantian de la
Belgique. - International symposium on Belgian micropaleontologic limits.
(Namur 1974. Publication nr. 17. Min. of Ec. Affairs Adm. Mines, Geol.
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GWOSDZ, W. & W. KREBS, 1977: Manganese halosurrounding Meggen ore deposit,
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land: a preliminary note. - Instit. Min. Met. Trans. sec. B.83. B65-B66.

VEIZER, J., J. LEMIEUX, J. BRIAN, M. GIBLING & J. SAVELLE, 1978:
Paleosalinity and dolomitisation of a Lower Paleozoic carbonate sequence:
Somerset and Prince of Wales Islands, Arctic, Canada. - Can J. Earth Sc.
15, 1448-1461.


Fig. H: Legend to enclosures 6 - 8

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E.GROESSENS, 1996

Extrait de "Lithogeochemie van de dinantiaan karbonaatgesteenten in het
Synclinorium van Dinant"

ThŠse pr‚sent‚e, en 1982 par J. VAN ORSMAEL, pour l'obtention du grade de
Docteur en Sciences (K.U.L.)

Fig. J : = Fig. V-12 : Geochemisch profiel van Belle Roche
Fig. K : = Fig. I-1 : Overzicht van de dikteverbreiding der onderzochte
lagen over het bekken

4) De profielen in de Ourthe-Amblève vallei (fig. II-2c)

Het sedimentpetrografisch onderzoek van de Ourthe-Amblève vallei werd
uitgevoerd aan de hand van de profielen van Belle Roche (Tn3c-V2a) en
Martinrive (Tn3a-T1b).

a. De formatie van Yvoir (Tn3a) werd enkel bestudeerd in het profiel van
Martinrive. De basis van deze formatie bestaat uit blauwe tot paarse kalk-
steenbanken waarin enkele crinoiden voorkomen. Hierop volgt een pakket
blauwgrijze, massieve dolomiet, waarin zeer veel chertniveaus aanwezig
zijn, evenals enkele crinoiden.

Sedimentpetrografisch bestaan de kalksteenbanken uit sparietische kalksteen
met intraclasten (foto II-12). Crinoiden, brachiopoden en bivalvan zijn
aanwezig. Soms worden ook algen aangetroffen, hetgeen wijst op een afzet-
ting in de fotische zone. In het dolomietpakket zijn de meeste sedimentaire
kenmerken uitgewist, zodat geen indicaties gevonden werden die toelaten de
sedimentatieomgeving te reconstrueren. De korrelgrootte van deze dolomieten
is intermediair (ñ 140 æ).

b. Het encrinitefacies (Tn3b) werd ook enkel in de coupe van Martinrive
bestudeerd. Het betreft hiet blauwgrijze, zeer massieve banken waarin tot
80% crinoiddoorsnedes voorkomen. Sedimentpetrografisch gaat het om micrie-
tische kalkstenen, waarin naast crinoiden ook veel brachiopoden en enkele
ostracoden voorkomen (foto II-13). Deze banken zijn arm aan klei, zodat de
sedimentatieomgeving waarschijnlijk tamelijk woelig was. Het veelvuldig
voorkomen van crinoiden wijst op een afzetting in de fotische zone
(crinoidenweide).

c. Daar de formatie van Martinrive (Tn3c) een verschillende lithologie in
het profiel van Martinrive en in het profiel van Belle Roche bezit, dienen
ze afzonderlijke gesproken te worden.

De formatie van Martinrive in het profiel van Belle Roche, bestaat uit
donkergrijze tot zwarte massieve kalksteenbanken waarin chertniveaus op-
treden. In de banken worden slechts zelden crinoiddoorsneden aangetroffen.
Sedimentpetrografisch bestaat dit pakket uit een kleirijke micrietische
kalksteen waarin naast crinoiden ook koralen (foto II-14) voorkomen. Het
voorkomen van deze koralen kan wijzen op een sedimentatie in de fotische
zone. Het hoge kleigehalte daarentegen wijst op een rustig sedimentatiemi-
lieu, zodat gesteld kan worden dat dit pakket in het diepere gedeelte van
de fotische zone afgezet werd. Chanxhe en Pont de Scay zijn analoog.

In het profiel van Martinrive wordt de formatie van Martinrive gekenmerkt
door de quasi volledige afwezigheid van cherten in de fijnsplijtende tot
zeer massieve donkerblauwe kalksteenbanken. Enkele crinoiddoorsneden zijn
aanwezig. De opeenvolging in deze formatie is als volgt :
- 17m micrietisch kalksteen (foto II-15), waarin ostracoden voorkomen.
Soms zijn de banken kleirijk.
- 5,4m pelmicrietkalksteen (foto II-16).
- 27m bestaande uit een afwisseling van micrietische en sparietische
massieve en kleirijk dolomiet- en kalksteenbanken, waarin geen ostracoden
voorkomen. De top van dit pakket staat langs een breukzone in contact met
de formatie van Sovet (foto II-17).

De afwijkende lithologie van de formatie van Martinrive in het profiel van
Martinrive kan mogelijk verklaard worden door de geografische positie van
dit profiel. Het profiel van Martinrive is immers de meest E gelegen ont-
sluiting in het synclinorium van Dinant. In de syncline van de Vesder, de E
vervolging van het synclinorium van Dinant, wordt het Tn3c ook gekenmerkt
door de afwezigheid van zwarte chert. Bijgevolg bevinden we ons hier waar-
schijnlijk in een overgangsfacies tussen beide sedimentatietypes. Dit
overgangsfacies kan vroeger een grotere verbreiding gekend hebben, maar
werd wegge‰rodeerd in de transversale anticline die beide synclines
scheidt.

d. De formatie van Sovet (V1a) is in het profiel van Belle Roche ongestoord
ontsloten. Gans het pakket bestaat uit een afwisseling van massieve grijze
tot blauwgrijze kalksteen- en dolomietbanken, die afgezet werden in een
back-reef omgeving. In de dolomietbanken komen frequent geodes bezet met
calciet voor, die niet voorkomen in de kalksteenbanken.

De opeenvolging in de formatie is als volgt:
- 49m sparietische dolomiet met een gemiddelde korrelgrootte van ñ 170 æ.
In dit pakket werden alle sedimentologische kenmerken, crinoiden
uitgezonderd, volledig door de dolomitisatie uitgewist (foto 11-18). Wel
neemt het gehalte aan crinoiddoorsneden af naar de top van dit pakket.
- een 4,5m sparietisch kalksteenpakket (foto II-19) waarin naast enkele
crinoiden ook algen en brachiopoden voorkomen, hetgeen wijst op een
ondiepe sedimentatieomgeving.
- een 16,5m dik sparietisch dolomietpakket waartussen enkele
kalksteenbanken voorkomen. Crinoiden zijn de enige relicten die
aanduidingen verschaffen omtrent de sedimentatieomgeving.
- 8,5m microspartietische kalksteen warin slechts uitzonderlijk crinoiden
aangetroffen worden. Wel treden soms koralen en bryozoa op als
aanduiding voor een sedimentatie in de fotische zone.
- 9,4m fijnkorrelige dolomiet (gem.D = ± 100 µ) waarin geen fossielen
voorkomen. dit laatste dolomietpakket bevat de meeste geodes en vertoont
aan de top ripple marks (foto II-20).

Het afsterven van de crinoiden in de formatie van Sovet, kan mogelijk
verklaard worden door een stijging van de saliniteit tijdens het V1a.
De ripple marks aan de top wijzen op een zeer ondiepe sedimentatie.

e. De Breccie van de Ourthe (V1b) werd bestudeerd in het profiel van Belle
Roche. In deze groeve worden twee breccietypes aangetroffen.

Het eerste type bestaat uit een volledig gedolomitiseerde breccie. Hiervan
werden alleen grote afgestorte blokken bemonsterd. In de syncline van de
Vesder vormt een gelijkaardige breccie plaatselijk de basis van de Breccie
van de Ourthe (Swennen, mondelinge mededeling). Dit laat toe te veronder-
stellen dat de aangetroffen dolomietbreccie in lensvorm de basis van het
pakket vormt, hetgeen zou wijzen op een erosiefase. Daar deze dolomiet-
breccie niet vast ontsloten aangetroffen werd, werd ze ook niet aangeduid
in fig. II-2c en in het geochemische profiel.

Het tweede breccietype is over 42m vast ontsloten en bestaat praktisch
volledig uit kalksteenmateriaal. De kalksteenmatrix is over het ganse
pakket sparietisch. In de breccie treft men verschillende soorten fragmen-
ten aan nl. micrietische, pelmicritische en o”micrietische kalksteen,
schieferstukjes en dolomicriet (foto II-21). De brecciefragmenten zijn zeer
hoekig en kunnen soms nog in elkaar gepast worden, hetgeen betekent dat de
verplaatsing zeer gering was. Het voorkomen van calcietaders in de
fragmenten, die niet doorlopen in de matrix, wijst erop de de fragmenten
geconsolideerd waren ten tijde van de brecciatie. In de micrietische kalk-
steenfragmenten kan men soms ruitvormige kristallen aantreffen met afgeron-
de stompe hoeken (foto II-22). De lengte-breedteverhouding van deze ruit-
vormig kristallen varieert rond 2,3 en hun gemiddelde lengte bedraagt 200æ.
De kristallen vertonen geen preferenti‰le kristallisatierichting. Masson
(1955) beschreef gelijkaardige gypskristallen uit de "Laguna Madre"
(Texas). Anderzijds vermelden literatuurgegevens (Bhatt (1975), West (1964)
en Bluck (1965) gelijkaardige kristallen in karbonaten en al deze auteurs
interpreteren deze kristallen als pseudomorfen naar gyps. Bijgevolg kan
gesteld worden dat ook onze ruitvormige kristallen calcietpseudomorfen naar
gyps zijn. In het bekken van de Vesder en Namen kunnen nog bijkomende
argumenten gevonden worden (Jacobs et al. (1981). In deze beide gebieden
worden immers ook nog pseudomorfen naar gypszand, anhydriet en mogelijk
haliet aangetroffen in dezelfde stratigrafische horizon.

het voorkomen van deze pseudomorfen toont duidelijk aan dat de sedimentatie
onder hypersaliene omstandigheden plaatsvond. De verschillende kenmerken
van de breccie laten toe de diagenetische geschiedenis van de breccie te
rekonstrueren, nl.:
- afzetting van een afwisseling van kalksteen en gypsbanken in een
hypersalien kustnabij bekken. De kalksteenbanken worden afgezet in
periodes dat de saliniteit niet extreem is, gypsbanken daarentegen worden
afgezet onder sterk hypersaliene condities.
- periode waarin de consolidatie van de kalksteenfragmenten plaats vindt
(calcietaders in brecciefragmenten).
- aan het eind van het V1b een regressiefase, waardoor de segmenten
blootgesteld worden aan zoet water. Tijdens deze periode lost het gyps
op, waardoor de tussenliggende kalksteenbanken instorten. Hierdoor ont
staat een niet geconsolideerde, zeer poreuze breccie.
- een latere consolidatie van de breccie door circulerend water.

f. De formatie van Neffe (V2a) bestaat uit blauwige, fijnkorrelige banken,
waarin calciet- en kwartsspots voorkomen waaraan fluorietmineralisaties
gebonden zijn (foto II-23). Sedimentpetrografisch bestaat het pakket uit
een micrietische tot sparietische kalksteen en dolomiet. De onderste 15,4m
bevatten zeer veel o”lieten (foto II-24) maar hebben geen fossielinhoud,
hetgeen mogelijk wijst op een afzetting in een ondiep, hypersalien milieu.
In het bovenliggende pakket overwegen intraklasten (foto II-25). Ostracoden
zijn de enige fossielinhoud. Het voorkomen van de intraklasten wijst op een
diepere sedimentatieomgeving.

5) De profielen in de "Grande Brˆche" (V3b)

Het sedimentpetrografisch onderzoek van deze zone werd uitgevoerd op de
boring van Corenne.

De matrix van de Grande Brˆche is steeds sparietisch. De brokstukken kunnen
zeer sterk in grootte vari‰ren (van 1cm tot meerdere 10 tallen cm). Als
fragmenten worden zowel micrietische kalksteen, kleirijke micrietische
kalksteen, witte en zwarte cherten als oölietische kalkstenen aangetroffen.
De fragmenten bevatten soms calcietaders en stylolieten die niet doorlopen
in de matrix, hetgeen aantoont dat het gesteente voor de breccificatie
reeds geconsolideerd was. Fossielen werden nergens aangetroffen, wel ku-
bische pseudomorfen (foto II-26), die mogelijk ontstonden door de vervan-
ging van haliet door calciet. Deze mogelijke pseudomorfen worden zowel in
kalksteenfragmenten als ingesloten in cherten aangetroffen. Een bijkomende
indicatie voor een afzetting in een hypersalien milieu wordt gegeven door
Hennebert et Hance (1980) die anhydrietinclusies vermelden. De hypersaliene
oorsprong van deze vreccies kan tevens de afwezigheid van fossielen ver-
klaren.

 3 Besluiten bij de sedimentpetrografie van Tn3a-V2a

De besluiten omtrent de sedimentatiediepte, laten toe de verschillende
transgressieve en regressieve fasen in het betrokken interval te recon-
strueren. Deze besluiten worden schematisch weergegeven in fig. II-3. Het
blijkt dat verschillende trans- en regressieve fases optraden.

De eerste regressieve fase treedt op tijdens het Tn3b en gaat gepaard met
de ontwikkeling van een crinoidenweide in het E gedeelte van het bekken.
Tijdens het Tn3c sterft deze crinoidenweide af ten gevolge van een stijging
van het zeeniveau (transgressie). Tijdens het V1a zet een regressieve fase
in, die zich verderzet tijdens het V1b.

In deze periode worden de sedimenten uit de Ourthe-Amblève-vallei in de
omgeving van de kust afgezet. Mogelijk trad zelfs een kontinentale fase op.
Aan de top van het V1b begint opnieuw een transgressieve fase, die zich
handhaaft tot in het V2a. Deze besluiten zijn in overeenstemming met de
conclusies van Noel (1978), die ook een regressieve fase veronderstelt
tijdens het V1a en V1b.

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E.GROESSENS, 1996



Extrait de "Le Moliniacien du Synclinorium de Dinant depuis la région
dinantaise jusqu'à la vallée de l'Ourthe", HANCE Luc 1985. Thèse présentée
à l'Université catholique de Louvain en vue de l'obtention du grade de
docteur en Sciences.

Fig. L: Carrière de la Belle-Roche - profil

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E.GROESSENS, 1996

Extraits des archives de R.CONIL (Université catholique de Louvain).

Détail du passage du Calcaire de Martinrive (Tournaisien) à la Dolomie de
Sovet (Viséen).

Fig. M: détail profil
Fig. N: détail profil

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E.GROESSENS, 1996

Extraits de "Session extraordinaire de la Soc. géol. de Belgique et de la
Soc. belge de Géol." 1983

SAMEDI 1er OCTOBRE 1983

1er arrêt : CARRIERE DE LA BELLE ROCHE (R.Conil, L.Hance, E.Poty, R.Swen-
nen)

Cette carrière expose une coupe s'étendant de l'Ecrinite de l'Ourthe (Ivo-
rien, zone Cc2"gamma"-"delta") au calcaire de Neffe (Mollniacien, sous-zone
Cf4"delta").

Fig. R: détail profil (p.13)
Fig. Q: détail profil (p.14)
Fig. P: détail profil (p.15)

Gisement quaternaire de la Belle-Roche (J.-M. Cordy)

Les travaux effectués sur la plateforme supérieure de la carrière de la
Belle-Roche à son extrémité orientale, ont mis au jour une portion d'un
réseau karstique fossile se ramifiant dans les couches du Viséen inférieur
(V1b). Les différentes parties de ce paléokarst sont orientées suivant un
axe est-ouest, parallèle à celui du synclinal de Comblain, et sont totale-
ment colmatées par des dépôts sédimentaires dont certains sont fossi-
lifères. Plus d'une vingtaine d'expèces de Mammifères et quelques espèces
de Reptiles, Batraciens et Gasteropodes forment une faune homogène corres-
pondant au Pléistocène moyen ancien, caractérisée en particulier par l'as-
sociation d'Ursus deningeri, Panthera leo fossillis, Panthera gombaszoegen-
sis et Pytimys gregaloides. La couche fossilifère contient en outre les
restes d'une lointaine occupation humaine datant donc d'environ 1/2 million
d'années, concrétisée par quelques dizaines d'outils archaïques sur galets,
principalement de silex, et constituant la plus ancienne industrie préhis-
torique reconnue jusqu'à présent en Belgique.

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E.GROESSENS, 1996

Extrait de R.CONIL (Université catholique de Louvain) 1986
Livret-guide d'excursion de la Deut.Geol.Geschel.

p. 21 - 11/3c. Carrière de la Belle-Roche

54m. Calcaire de Martinrive. Partie moyenne aux cherts et quelques niveaux
à Coraux.
Les 7m supérieurs indiquent des changements écologiques importants.
Calcaire fin (22-26); dolomie à géodes et calcaire à Eblanaia michoti
(27); dol. et calcaire peu ou non crinoïdiques. Régression fin
Tournaisien.

- Transgression moliniacienne (Viséen inférieur).

1971. Op cit. p.28
1983. Sess. Extr. SGB-SGB, 30/9-2/10, pp.13-15 (Conil, Hande, Poty,
Swennen).
1984. Hance, L., Thèse doct. p.40.
1985. Swennen & Viaene, Xe congr.Intern.Carb.,Madrid 1983, 3 p.233.

67m. Dolomie de Modave, crinoïdique avec Syringopora, 2 niveaux calcaires
principaux à coraux et foraminifères (46-56 apparition des premiers
forams. viséens avec Eoparastaffella; 67-77). Ces calcaires sont
comparés avec la formation de Flémalle, F1m in Paproth et al. 1983.
Noter la présence de slumps géants.

5m. Calcaire des Avins, à Megachonetes et Coraux (95-99).
Changement de faciès; faune de foraminifères plus riche, à Bessiella
et Florennella (L.Hance).

12m. Dolomie (100-118).

39m. Brèche de la Belle-Roche, effondrement d'évaporites (119-141).
Ce faciès s'étend jusque dans le Massif de la Vesdre.

27m. Calcaire de Terwagne (fin, oolithes, birdseys, nodules quartz-calcite,
sols...).
Faune très rare; Endothyra et Spinobrunsiina à partir de 170.
Ce faciès se poursuit au-dessus d'une bentonite (193) considérée comme
équivalente à celle de la base du "V2a" (Delcambre).
Les faunes "Va2" apparaissent vers le haut du Moliniacien seulement
dans cette région.

Dans ces faciès peu profonds du Condroz, on ne peut distinguer les sous-
zones à foraminifères Cf"alpha"-"bêta"-"gamma".

p.22 - Fig. S: Profil de la carrière de la Belle-Roche

Dans le haut : gisement quaternaire étudié par J.M.Cordy. Mammifères, rep-
tiles, batraciens, mollusques. Pléistocène moyen ancien. Outils archaïques
constituant le plus ancienne industrie préhistorique reconnue en Belgique
(environ 500.000 ans).

p.23 - Fig. T: Profil + Foraminifères tournaisiens (Fr.Belge)

La zone Cf3 (Tetrataxis - E. diversa) n'est pas connue hors de l'Auge
dinantaise. Lacune ? milieu non favorable ?

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E.GROESSENS, 1996

Extrait de "Etude sédimentologique du Calcaire de Martinrive"
Mém. licence présenté à l'Université de Liège, en 1985 par Pierre BERNIER

Carrière de la Belle Roche.

Située dans le flanc nord du synclinal de Comblain-au-Pont, le long de
l'Amblève, cette immense carrière offre une excellente coupe continue
depuis le "Calcaire d'Yvoir" jusqu'au sommet de la grande brêche viséenne.

Le calcaire de Martinrive y est complètement exposé et parfaitement acces-
sible à l'exception des deux premiers bancs.

De plus, la limite biostratigraphique entre le Tournaisien et le Viséen y a
été déterminée (Conil: Session extraordinaire des Deux Sociétés, 1983).

La hauteur de l'affleurement en dressant nous permet d'apprécier la
régularité des minces bancs sur plusieurs dizaines de mètres.

La coupe (figure 3) débute par un calcaire noir, très crinoïdique dans les
premiers mètres et d'aspect grenu sur la cassure fraîche; l'odeur est
faiblement fétide.

Le contenu crinoïdique diminue très rapidement pour devenir sporadique. On
y rencontre également quelques rares petits bancs légèrement cherteux.

A 6 mètres de la base, on observe quelques lentilles très crinoïdiques dans
des bancs qui en sont presque totalement dépourvus.

Sur les 7 premiers mètres, on rencontre également quelques nodules de
calcite et de quartz au contour souvent irrégulier.

A 17 mètres de la base, nous observons l'apparition brutale d'abondants
cherts typiques de la formation de Martinrive. Ceux-ci vont se poursuivre
sur une épaisseur de 22 mètres dans un calcaire noir à texture grenue sur
cassure fraîche.

Cet ensemble cherteux est surmonté d'un calcaire noir compact dans lequel
on remarque une augmentation en débris crinoïdiques.

Le sommet est progressivement dolomitisé pour aboutir à une dolomie
pulvérulente.

Fig. U: Profil
Fig. V: Profil (suite)

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E.GROESSENS, 1996

Ann. Soc. géol. Belgique, T.106 - 1983, pp. 185-239

BIO-AND LITHOSTRATIGRAPHIC SUBDIVISIONS OF THE DINANTIAN IN BELGIUM,
A REVIEW by

E.PAPROTH, R.CONIL, M.J.M.BLESS, P.BOONEN, N.CARPENTIER, M.COEN,
B.DELCAMBRE, Ch.DEPRIJCK, S.DEUZON, R.DREESEN, E.GROESSENS, L.HANCE,
M.HENNEBERT, D.HIBO, G & R.HAHN, O.HISLAIRE, W.KASIG, M.LALOUX, A.LAUWERS,
A.LEES, M.LYS, K.OP DE BEEK, P.OVERLAU, H.PIRLET, E.POTY, W.RAMSBOTTOM,
M.STREEL, R.SWENNEN, J.THOREZ, M.VANGUESTAINE, M.VAN STEENWINKEL,
J.L.VIESLET

B.R Belle-Roche
Fm

1895. Brèche de Comblain-au-Pont. Dorlodot (de), p. 283.
1912. Brèche de l'Ourthe, Lohest, p.B112, B117.
1967. Brèche de l'Ourthe, Conil, p.B421, fig. 1.
1982. Ourthe breccia formation. Swennen, Boonen & Viaene.
1983. Brèche de la Belle-Roche, R.Conil, inédit.

1. Loc. typ. : Carrière de la Belle-Roche, située à Comblain-au-Pont, sur
la rive droite de l'Amblève, à 1,5km à l'est de la gare de Rivage.
2. Lithologie : Brèche calcaire à blocaux de calcaire et de dolomie, avec
"slumps".
Cette brèche et surmontée par le Calcaire de Terwagne, de type
évaporitique à sa base, dans la vallée de l'Ourthe.
- A ce même endroit, elle repose sur des calcaires stratifiés (Terwagne
et Avins selon E.Poty et L.Hance, inédit), tandis que dans le Massif de
la Vesdre elle surmonte par contact ravinant la Brèche de Walhorn.
Epaisseur: 42m environ.
3. Age : Moliniacien moyen par sa position stratigraphique entre les zone
Cf4a et Cf4sup. (Conil, 1967, p.B421).

Remarques:

a) R.Conil a associé la Brèche de la Belle-Roche à des "slumpings" de
grande ampleur connus en plusieurs endroits du bassin, sensiblement au
même niveau, et parfois associés à des microbrèches de type évaporatique
(Salet) (Groessens, 1975, p.91; Groessens, Conil & Hennebert, 1982,
p.22).
b) R.Swennen (1983, inédit) interprète cette brèche comme le résultat de
"collapses" évaporitiques antérieure à l'Oolithe des Avins. Ces
évaporites auraient été le vestige d'une incursion marine suivant
immédiatement l'émersion de la Brèche de Walhorn.
c) L.Hance et E.Poty (1983, inédit) situent la Brèche de la Belle-Roche à
un niveau élevé du Moliniacien et l'associent à des formations
évaporitiques postérieures à l'oolithe des Avins.

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E.GROESSENS, 1996

Sedimentology (1990) 37, 859-878

Extrait de "Petrography and geochemistry of the Belle Roche breccia (lower
Visean, Belgium): evidence for brecciation by evaporite dissolution"
R.SWENNEN, W.VIAENE and C.CORNELISSEN
Katholieke Universiteit Leuven, afd. Fysico-chemische Geologie, Celestij-
nenlaan 200 C, B-3030 Heverlee, Belgium.

ABSTRACT

The lower Visean Belle Roche breccia (east Belgium) displays a number of
features that indicate brecciation by evaporite dissolution collapse: the
sharp lower contact of the brecia, the gradual transition into the overly-
ing strata, the presence of semi-continuous beds within the breccia giving
it a crude 'stratification', and the existence of several types of (calci-
te, dolomite and silica) evaporite pseudomorphs. Furthermore, the majority
of the breccia fragments indicates hypersaline to lagoonal sedimentation
conditions. Most of these fragments display an interlocking fabric. The
interpretation is also supported by the existence of continuous evaporite
beds replaced by carbonates (calcite and dolomite) both under- and overly-
ing the breccia.

The brecciation history is characterized by gradual subsidence. Multiple
brecciation episodes are recognized, and are best seen in the lower breccia
which underwent at least two major brecciation episodes. Here, brecciated
and veined breccia fragments occur within a microsparite (neomorphosed mud)
matrix. Brecchiation of these strata was due to the dissolution of inter-
layered evaporites.

The second brecciation event relates to infiltration of meteoric water and
to the dissolution of the remaining evaporites. This infiltration was
probably triggered by the orogenic event at the end of the Visean (Sudetic
orogenic phase). The whole breccia was finally cemented by a blocky calci-
te.

The different lithologies and cements were characterized by their trace
element (Mg, Sr, Na, Fe, Mn, K), insoluble residue and organic matter
content. Carbon/oxygen isotope data of the cements and replaced evaporite
layers helped to place the multiple collapse episodes within a general
diagenetic model. Solution-reprecipitation processes within the original
aragonite-dominated mud fragments, as well as in the early diagenetic
dolomite fragments, have been recognized. The geochemical data show that
these transformation processes occured in equilibrium with the same fluid.
These processes may have occurred within a freshwater lens very early in
the diagenetic evolution or under shallow burial conditions. Cementation of
blocky calciate occurred in a meteoric realm under burial conditions.

Fig. W: Localisation + Profils

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E.GROESSENS, 1996

Bull. Soc. belge Géol. T.103 (1-2), 1994, pp. 149-159

COMPARISON OF THE DIAGENETIC EVOLUTION OF THE LOWER VISEAN BELLE ROCHE
BRECCIA AND THE MIDDLE VISEAN GRANDE BRECHE by
Philippe MUCHEZ (1, 2), Thierry DE PUTTER (3), Carry PEETERS (1), Alain
HERBOSCH (4) and Willy VIAENE (1)

ABSTRACT

In the Visean of southern Belgium two evaporite-related dissolution lime-
stone breccias occur, i.e the lower Visean Belle Roche breccia and the
middel Visean Grande Brèche. Both show a similar paragenetic sequence.
However, the importance of the diagenetic processes in bothe breccias was
different.

The Belle Roche breccia is characterized by an intense early diagenetic
dissolution of the evaporites and the infilling of the cavities by a sedi-
mentary matrix. This early dissolution can be related to the extensive
development of paleosols in the Lower Visean and the associated meteoric
water circulation. In the Grande Brèche, late diagenetic dissolution of the
evaporites was more important than the early diagenetic dissolution phase.

In the Belle Roche breccia and in the Grande Brèche late diagenetic brec-
ciation was related with fracturing and tectonism. The fractures were path-
ways along which fluids circulated in the deeper subsurface. This circula-
tion initiated the dissolution of evaporites in the burial realm.

KEY WORDS

Limestone breccia, diagenetic evolution, evaporites, fracturing, southern
Belgium, Viséen.

RESUME

Deux brèches calcaires liées à la dissolution d'évaporites sont connues
dans le Viséen du Sud de la Belgique: la brèche de la Belle-Roche dans le
Viséen inférieur et la Grande Brèche dans le Viséen moyen. Les deux niveaux
bréchiques présentent une séquence paragénétique globalement similaire bien
que l'importance relative des processus diagénétiques varie d'une brèche à
l'autre.

Une dissolution intense des évaporites au cours de la diagenèse précoce et
le remplissage des cavités par une matrice sédimentaire caractérisent la
brèche de la Belle Roche. Cette dissolution précoce résulte de la circula-
tion de fluides météoriques associés à l'émersion des niveux contemporains
du Viséen inférieur comme l'indique le développement de paléosols. C'est
par contre un processus de dissolution des évaporites essentiellement at-
tribuable à une phase diagénétique tardive qui explique la formation de la
Grande Brèche.

Une nouvelle bréchification tardi-diagénétique se produit dans la brèche de
la Belle Roche comme dans la Grande Brèche. Cette bréchification est liée à
la fracuration et à la tectonique, les fluides ayant circulé en profondeur
à la faveur du réseau de fractures et y ayant provoqué la dissolution
d'évaporites déjà soumises à l'enfouissement.

MOTS CLES

Brèche calcaire, évolution diagénétrique, évaporites, fracturation, Sud de
la Belgique, Viséen.

1 K.U.Leuven, Fysico-chemische Geologie, Celestijnenlaan 200C - B-3001
Heverlee.
2 Senior Reserach assistant N.F.W.O.
3 Faculté Polytechnique de Mons, Groupe Géologie, rue de Houdain 7 - B-7000
Mons (formerly Université libre de Bruxelles, avenue F.D.Roosevelt 50 -
B-1050 Bruxelles).
4 Université libre de Bruxelles, Département des Sciences de la Terre et de
l'Environnement, avenue F.D.Roosevelt 50 - B-1050 Bruxelles).

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E.GROESSENS, 1996

PALAEONTOLOGICAL ASSOCIATION
CARBONIFEROUS GROUP
FIELD TRIP 22-25 APRIL 1988
THE TOURNAISIAN-VISEAN BOUNDARY IN THE TYPE AREA
Guide Book
R.Conil, E.Groessens, D.Hibo, M.Laloux, A.Lees, E.Poty
Institut de G‚ologie
U.C.L. Louvain-la-Neuve
1988

13. Belle Roche


Service Géologique: 147E-356
R.Conil: Esneux 20

Large quarry situated on the right bank of the R. Amblève, 1500m from its
confluence with the R. Ourthe.

1967 Conil, R. Efforts at correlation in the lower Viséan (p.B420, pl.1).
1967 Conil, R. Pirlet, H. and Lys, M. (pl.1)
1971 Bouckaert, j., et al. Comparative logs (pp.18, 28).
1975 Groessens, E. Local correlations and conodonts. (pp.91, 94, no 6).
1982 Swennen, R., Boonen, P. and Viane, W. Study of the breccia.
1983 Paproth, E., conil, R. et al. Definitions (p.208).
1985 Bernier, P.

Continuous section from teh "Petit-granit" to the Moliniacian. Locality
where the Belle-Roche formation ("Brèche de l'Ourthe") was defined. This
section appears in many of the attempts to correlate the Moliniacian of the
Condroz with that of the Vesdre.

The problem concerning a possible stratigraphic break between the Tournai-
sian and the Viséan is as yet unresolved.

PRESENT STUDY.
Micropalaeontology: revised by R.Conil, E.Groessens, L.Hance and R.Poty.

Fig. X: Profil Belle Roche Quarry 1
Fig. Y: Profil Belle Roche Quarry 2
Fig. Z: Profil Belle Roche Quarry 3
Fig. AA: Profil Belle Roche Quarry 4
Fig. AB: Profil Belle Roche Quarry 5

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E.GROESSENS, 1996

C. R. Acad. Sc. Paris, t.291 (3 novembre 1980)

PALÉONTOLOGIE. - Le paléokarst de la Belle-Roche (Sprimont, Liège): premier
gisement paléontologique et archéologique du Pléistocène moyen ancien en
Belgique. Note (*) de Jean-Marie Cordy, présentée par Jean Piveteau.

Le remplissage d'un paléokarst découvert près de Sprimont a livré pour la
première fois en Belgique une faune de grands Mammifères d'époque minde-
lienne. En outre, ce gisement a fourni un ensemble de galets aménagés qui
constituent les restes de la plus ancienne industrie connue à ce jour dans
le Paléolithique inférieur belge.

A palorakarstic complex found near Sprimont has provided for the first time
in Belgium a large mammal fauna which is attributable to the Mindelian. In
addition, this site has yielded an assemblage of pebble tools wich repre-
sent the earliest industry known at present in the Belgian Lower Palaeoli-
thic.

SITUATION. - Le gisement se trouve près de la localité de Comblain (Pont de
Scay) sur la commune de Sprimont (Province de Liège, Belgique). Il se situe
dans la carrière dite de la Belle-Roche, qui exploite le calcaire carbo-
nifère sur la rive droite de l'Amblève. C'est à la suite d'un tir de mines
que le paléokarst est apparu en coupe sur le front tout à fait supérieur de
l'exploitation (altitude 163m). Il se présente sous la forme d'une douzaine
de mètres de longueur et de 1,5m de hauteur, à laquelle sont associés un
puits et deux cheminées qui atteignent l'éluvium moins d'une dizaine de
mètres plus haut. L'ensemble du karst et colmaté par des dépôts sédimen-
taires dans lesquels un ouvrier, M. Fr. Méan, a remarqué la présence de
débris osseux. Grâce à la bienveillance du directeur de la carrière, M.
R.Bernard, le gisement est actuellement sauvegardé. Les premiers résultats
de la fouille indiquent qu'il s'agit d'un site géologique et paléontologi-
que unique en Belgique recelant les restes de la plus ancienne industrie
préhistorique reconnue jusqu'à présent dans ce pays

STRATIGRAPHIE. - La stratigraphie des dépôts est relativement homogène dans
l'ensemble du paléokarst. Dans la galerie horizontale, elle se présente de
bas en haut comme il suit :

1° une couche alluviale de cailloux roulés subdivisée latéralement par une
lentille d'argile silteuse (30 à 60cm),
2° une couche limono-argileuse plus ou moins caillouteuse et localement
indurée (60 à 80cm);
3° un plancher stalagmitique (5 à 15cm);
4° une couche argileuse rougeâtre (4 à 8cm). La couche limono-argileuse
peut être subdivisée en deux ensembles d'à peu près égale importance:
(a) une portion inférieure brun jaunâtre, souvent meuble et chargée de
cailloux roulés épars;
(b) une portion supérieure plus rougeâtre chargée avant tout de blocaux
calcaires et présentant localement des indurations calcitiques.

L'ensemble de la couche est fossilifère, mais les ossements sont nettement
plus abondants dans la portion supérieure qui contient par ailleurs l'es-
sentiel des artefacts. Les caractéristiques stratigraphiques et granu-
lométriques indiquent que cette couche est très mal classée, en outre, les
fossiles sont dispersés et sans connexions anatomiques. Ce dépôt paraît
s'être mis en place sous l'effet d'une ou plutôt de plusieurs coulées
boueuses. D'après la géomètrie du gisement, les ossements et les artefacts,
qui se trouvent en position secondaire, pourraient provenir d'un étage
supérieur aujoud'hui érodé du réseau karstique.

PALEONTOLOGIE - La plupart des débris osseux appartiennent à l'espèce Ursus
deningeri von Reichenau, dont plusieurs dizaines de dents sont déjà
identifiées. Tous les éléments squelettiques et toutes les classes d'âge
sont représentées, en particulier, les dents lactéales sont relativement
fréquentes. Il est clair que la grotte servait avant tout de lieu d'hiver-
nation et de parturition pour cet Ursidé.

En outre, la présence de deux Félides est attestée par plusieurs restes
fossiles. D'une part, le grand félin, Panthera leo fossilis (von Reiche-
nau), est représenté par une carnassière supérieure (P4), un humérus, un
astragale, trois métacarpient (I à III), un métatarsien III et une phalange
ungéale. D'autre part, un autre Félidé plus petit, du type Panthera gombas-
zoegensis (Kretzoi) (= Jansofelis vaufreye Banifay), est reconnu sur la
base d'un fragment mandibulaire (avec C, P3 et P4), d'une carnassière
inférieure (M1) et d'un calcanéum.

Enfin, les restes de ruminants sont plutôt rares. Trois fragments dentaires
démontrent l'existence d'un cheval appartenant probablement au groupe de
l'Equus caballus Linné. D'autre part, un fragment d'un os canon antérieur
et un scapho-cuboïde doivent être rapportés au groupe des Artiodactyles.

La présence d'Ursus deningeri et de Panthera gombaszoegensis permet de
dater cette faune du Pléistocène moyen ancien, c'est-à-dire approximative-
ment du complexe mindelien. L'occurence simultanée des deux Félidés, P.gom-
baszoegensis et P.leo fossilis, a déjà été observée dans les gisements de
Mosbach II (1) et de Vértesszöllös (2) et conduit à considérer la faune
comme étant d'âge mindelien moyen ou supérieur (3).

ARCHEOLOGIE. - Jusqu'à présent, une vingtaine d'artefacts sont répertoiriés
dans la partie supérieure de la couche argilo-limoneuse.

La matière première est surtout constituée par un silex à patine
blanchâtre, fort altéré en profondeur; le quartz a toutefois été utilisé
dans quatre cas.

Mis à part deux fragments de silex indéterminés, l'ensemble des artefacts
recueillis paraissent être des outils, une majorité d'entre eux (80%) étant
sur galets. Le débitage levallois est inexistant. Les trois seuls éclats de
silex sont épais, larges, à choncoïde très marqué.

Parmi les galets aménagés classiques, il faut noter trois chopping tools
(pl., fig. 1 à 5) et un galet de taille multidirectionnelle à base réservée
(pl., fig. 6), auxquels s'ajoutent quatre petits nucleus polyédriques (pl.,
fig. 11 et 12). Parmi le petit outillage, se distinguent une sorte de grat-
toir nucléiforme (pl., fig. 9), un éclat encoché (pl., fig. 7), un racloir
denticulé sur éclat (pl., fig. 8) et un petit grattoir sur éclat épais
(pl., fig. 10). Enfin, un galet de quartz semble avoir été utilisé comme
percuteur.

Le caractère archaïque de l'industrie ressort du pourcentage très élevé
d'outils sur galets, du débitage primitif de l'angle d'attaque très peu
aigu des arêtes agissantes. Ces artefacts ne peuvent être rapportés qu'au
paléolithique inférieur et font songer immanquablement aux industries ar-
chaïques sur galets et à rares bifaces qui persistent en europe jusqu'à
l'interglaciaire Mindel-Riss(4).

Fig. AC: Photos des artefacts

CONCLUSIONS. - Les éléments fauniques du paléokarst de la Belle-Roche
paraissent former un ensemble homogène du Pléistocène moyen ancien, et
l'industrie associée présente des caractéristiques qui sont en rapport avec
cette ancienneté.

Ce gisement mindelien est le premier du genre découvert en Belgique. Ainsi,
toutes les espèces décrites sont reconnues pour la première fois dans le
Quaternaire de ce pays. D'autre part, ce sont les premiers galets aménagés
trouvés sur territoite belge et régions avoisinantes. Si l'on excepte
l'unique artefact "cromérien" de la terrasse de Sint-Pietersberg
(Halembaye, Liège) (5), il s'agit de la plus ancienne industrie découverte
à ce jour en Belgique.

Une étude pluridisciplinaire de ce site remarquable permettra sans doute de
recueillir des données fort utiles à la connaissance du Pléistocène moyen
d'Europe occidentale.

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(*) Remise le 29 septembre 1980, acceptée après révision le 27 octobre
1980.
(1) H.HEMMER et G.SCHUTT, Mainz.-Naturw. Arch., 8, 1969, p.90
(2) M.KRETZOI et L.VERTES, Current Anthrop., 6, 1965, p.78.
(3) H.D.KAHLKE, in After the Australopithecines, Mouton Publ., The Hague,
Paris, 1975, p.309.
(4) K.W.BUTZER et G.L.ISAAC, After the Australopithecines, Mouton Publ.,
The Hague, Paris, 1975.
(5) J.DE HEINZELIN, Helinium, 17, 1977, p.231.

Laboratoire de Paléontologie animale, Université de Liège,
7, place du 20-Août, Liège, 4000 Belgique

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E.GROESSENS, 1996

Relevés d'empreintes
La protection des vestiges archéologiques dans l'Eurégio Meuse-Rhin
Philipp von Zabern

La Belle-Roche (Sprimont, Belgien): Ein 500.000 Jahre alter archäologischer
und paläontologischer Fundplatz wird zerstört

La Belle-Roche (Sprimont, Belgique): un gisement archéologique et paléon-
tologique de 500.000 ans en voie de destruction

La Belle-Roche (Sprimont, België): Een 50.000 jaar oude archeologische en
paleontologische vindplaats wordt vernietigd

Jean-Marie Cordy und Marguerite Ulrix-Closset

Im Steinbruch von Belle-Roche, am rechten Ufer der Amblève und ungefähr
zwei Kilometer von deren Einmündung in die Ourthe, wird Kalk abgebaut. Der
Steinbruch befindet sich in der Nähe von Comblain (Pont de Scay), an der
Grenze zur Gemeinde Sprimont, unterhalb von dem Ort Fraiture und etwa 20km
südlich von Lüttich.
Ende März 1980 wurde am östlichsten Ende des Steinbruchs auf der oberen
Abbausohle in ungefähr 160m ü.NN Höhe eine Sprengung vorgenommen. Nachdem
das Geröll beseitigt worden war, wurden an der neuen Abbauwand des Stein-
bruchs Teile einer fossilen Höhle entdeckt. Durch einige glückliche Zufälle
und dank der Beobachtungsgabe des Steinbrucharbeiters F. Méan wurde der
Fundort als fossilführend erkannt.
In den ersten Jahren hat das Wohlwollen des Steinbruchleiters R.Bernard
erlaubt, die fundstelle zu erhalten und Grabungen durchzuführen. Deren
Ergebnisse zeigten sehr bald, das es sich hier um einen sehr bedeutenden
archäologische und paläontologischen fundort handelt. Einerseits trat in
den Spalten des Paläokarsts zum ersten Male in Belgien eine Fauna grosser
Säugetiere des älteren Mittelpleistozäns auf. Andererseits lieferte der
Fundplatz ein ensemble bearbeiteter Steine, das die Reste der bis heute
ältesten in den Beneluxländern bekannten Industrie des Altpaläolithikums
ausmacht.
Die Umstände der Freigegung von Belle-Roche erfordern einige Erklärungen.
Zunächst erscheint es wichtig, das es ohne die grosen Abbauarbeiten des
Steinbruchs sehr schwierig gewesen wäre - eher gesagt unmöglich - .....


La carrière de la Belle-roche exploite le calcaire carbonifère sur la rive
droite de l'Amblève à environ deux kilomètres de la confluence de cette
rivière et de l'Ourthe. Elle se situe près de la localité de Comblain (Pont
de Scay), aux confins de la commune de Sprimont, sous le village de Frai-
ture, à environ 20km au sud de Liège.
Fin mars 1980, un tir de mines fut exécuté à l'extrémité orientale de la
carrière sur la plateforme supérieure d'exploitation à environ 160 mètres
en altitude absolue. A l'issue du dégagement des éboulis, une portion de
grotte fossile est apparue en coupe dans le nouveau front de carrière.
C'est à la suite d'un heureux concours de circonstances et grâce au sens de
l'observation de Monsieur F.Méan, ouvrier de carrière, que le gisement a
été reconnu comme étant fossilifère.
Dans les premières années, la bienveillance de Monsieur R.Bernard, direc-
teur de la carrière, a permis la sauvegarde et la fouille du gisement. Très
rapidement, les résultats des recherches ont montré qu'il s'agissait d'un
gisement paléontologique et archéologique de première importance. D'une
part, le remplissage du paléokarst a livré pour la première fois en Belgi-
que une faune de grandes mammifères du Pléistocène moyen ancien; d'autre
part, le même site a fourni un ensemble de galets aménagés qui constituent
les restes de la plus ancienne industrie connue à ce jour dans le Paléoli-
thique inférieur du Benelux.
Les circonstances de la découverte du gisement de la Belle-Roche conduisent
à formuler quelques remarques. Tout d'abord, il paraît évident que sans les
grands travaux d'exploitation de la carrière, il aurait été fort difficile,
....

In de steengroeve van Belle-roche, aan de rechter oever van de Amblève en
ongeveer twee kilometer voor haar uitmonding in de Ourthe, wordt kalk
gewonnen. De steengroeve bevindt zich in de buurt van Comblain (Pont de
Scay), op de grens van de gemeente Sprimont, beneden de plaats Fraiture en
ongeveer 20km ten zuiden van Luik.
Eind mei 1980 werd in het oostelijk uiteinde van de steengroeve op het
bovenste ontginningsniveau, op een hoogte van 160m, een ontploffing uitge-
voerd. Nadat het puin was opgeruimd, werd er aan de nieuwe voorzijde van de
steengroeve delen van een fossiele grot ontdekt. Na enkele gelukkige toe-
vallen en dankzij de waarnemingsgave van de mijnwerker F.Méan werd ontdekt,
dat het om een fossiele vindplaats ging.
Door de welwillendheid van de steengroevedirekteur R.Bernard stond deze
plaats de eerste paar jaar onder bescherming en konden er opgravingen
worden uitgevoerd. Uit de resultaten van de opgravingen bleek al gauw, dat
het hier om een zeer belangrijke archeologische en paleontologische vind-
plaats ging. Voor de eerste keer kwam in Belgie in een opgevulde grot,
ontstaan door paleokarst, een fauna met grote zoogdieren uit het Midden-
Pleistoceen te voorschijn. Tevens bevonden zich in deze grot artefacten,
welke nu tot de resten behoren van de oudste industrie uit het Oud-paleo-
lithicum, die in de benelux bekend zijn.
De omstandigheden waaronder de grot van Belle-roche is vrijgelegd, vereisen
enige toelichting. Het eerste belangrijke feit is, dat het zonder de grote
ontginningswerkzaamheden in de steengroeve zeer moeilijk zou zijn ge-??????

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E.GROESSENS, 1996

LE MAUSOLÉE
REVUE TECHNIQUE MENSUELLE
FONDÉE EN 1933 PAR R.MONITOT
48ème Année, Janvier 1981, No 533

EN BELGIQUE: SUR UN GISEMENT DE CALCAIRE DE SPRIMONT, DECOUVERTE D'UNE
GROTTE RECELANT DES TRACES HUMAINES VIEILLES DE 400.000 ANS

Une découverte qui semble promettre des développements du plus haut intérêt
scientifique a été faite dans une carrière à Sprimont, à une trentaine de
kilomètres de Liège.

Il s'agit d'une grotte très ancienne dans laquelle des ossements d'animaux
remontent à la glaciation de Mindel, il y a environ 400.000 ans. Parmi les
ossements de grands mammifères qui y ont sans doute hiberné, on a trouvé
des galets éclatés qui sont la forme la plus primitive de l'outillage
humain. On a donné aux témoins de cette activité des hommes le nom de
"Pebble culture" ("pebble" est le mot anglais pour galet).

Jamais encore, on n'avait trouvé, en Belgique ou dans les régions voisines,
des traces aussi anciennes, qui correspondent à l'époque d'existence des
pithécanthropes.

C'est à la suite d'un tir de mine dans la carrière dite de la "Belle Roche"
à Sprimont qui exploite le calcaire carbonifère sur la rive droite de
l'Amblève que la grotte est apparue en coupe.

Le paléokarst se présente sous la forme d'une galerie horizontale d'environ
12m de long et 1,50m de haut à laquelle sont associés un puits et deux
cheminées. L'ensemble est colmaté par des dépôts sédimentaires dans les-
quels à la fin du mois de mars, un ouvrier, M. Méan, avait remarqué la
présence de débris osseux.

Il contacta l'Université de Liège qui commença des fouilles sous la direc-
tion de M. Jean-Marie Cordy, chercheur au fonds National de la Recherche
Scientifique et délégué au service de Paléonthologie animale du professeur
Ubaghs de l'Université de Liège.

Les premiers résultats de la fouille indiquent qu'il s'agit d'un site
géologique et paléontologique unique en Belgique. Il recèle des restes de
la plus ancienne industrie préhistorique connue jusqu'à présent dans le
pays.

Ce genre de gisement est, en plus, assez rare en Europe et pourrait servir
de référence au point de vue paléontologique.

La faune est surtout constituée par des restes d'ours (la grotte servant
sans doute de lieu d'hivernation), de deux espèces de lions, de restes de
cheval et sans doute de cervidés.

Mais le caractère exceptionnel du site réside surtout dans la présence
associée à cette faune, de galets taillés et d'outils grossiers, témoins
d'une industrie archaïque qui permettent de faire remonter la présence de
l'homme en ce lieu à 4 ou 500.000 ans.

Ce sont là les plus anciennes traces humaines trouvées en Belgique et dans
les régions limitrophes.

Si les fouilles actuellement en cours permettent de découvrir des restes
humains, ceux-ci correspondraient au stade du pithécantrhope et constitue-
raient le plus ancien vestige de l'espèce humaine en europe.

(Extrait du journal "Le Soir" du 27-8-1980).

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E.GROESSENS, 1996

COLLOQUE INTERNATIONAL DE SEDIMENTOLOGIE KARSTIQUE
HAN-SUR-LESSE, BELGIQUE,du 18 au 22 mai 1987
Oranisé par le Centre belge d'Etudes karstologiques (C.B.E.K.)
groupe de contact du Fonds National de la Recherche Scientifique (F.N.R.S.)

Excursion 6 : LE GISEMENT KARSTIQUE DE LA BELLE-ROCHE
(Sprimont, Province de Liège).
Jean-marie cordy

1. Situation.

Photo 6.1: Photographie prise en 1980, lors de la découverte du gisement,
de la section longitudinale horizontale de la galerie II (devant les deux
personnages). Sur la moitié droite de la photo, on peut deviner le
prolongement des depôts dans la cheminée, et à l'extrème droite dans une
coupe transversale partielle de la galerie III (photo Y.Quinif).

Le gisement karstique de la Belle-roche se trouve approximativement à 30km
au sud de Liège, à la limite sud-occidentale de la commune de Sprimont. Il
se situe plus précisément sur la rive droite de l'Amblève sous le village
de Fraiture, à environ 5km de la confluence de l'Amblève et de l'Ourthe,
près de la localité de Comblain-au-Pont (fig.6.1). La grotte apparaît en
coupe dans le front supérieur de la carrière dite de la Belle-Roche, à
l'extrémité orientale de l'exploitation à une altitude de 160m, soit une
soixantaine de mètres au-dessus de la rivière actuelle.

Fig. AD: Figure 6.1: Localisation du site de la Belle-Roche

2. Description du karst.

La portion du réseau karstique actuellement visible est orientée dans son
ensemble d'ouest en est, suivant la disposition des bancs calcaires carbo-
nifères. Différentes coupes transversales et longitudinales mettent en
évidence quatre galeries qui s'enfoncent parallèlement entr'elles à
l'intérieur de la colline encore en place (fig. 6.2).

Fig. AE: Figure 6.2: Schéma localisant les différents secteurs du karst
tels qu'ils apparaissaient en 1980.

La galerie la plus au nord (secteur BR-I) apparaît en coupe transversale et
s'élève sur plus d'une dizaine de mètres de haut, alors que la largeur est
relativement faible et irrégulière, elle paraît avoir été creusée par
élargissement d'un joint de stratification. Le deuxième galerie (secteur
BR-II) se présentait en 1980 lors de sa découverte sous l'aspect d'une
coupe longitudinale d'une quizaine de mètres de long, horizontale dans son
ensemble (photo 6.1); la section transversale visible aujourd'hui indique
qu'il s'agit d'une galerie un peu surbaissée, à fond et plafond plan
légèrement incliné vers le nord, d'un peu plus de 5m de large pour un peu
plus, d'un mètre de haut (photo 6.2). A cette galerie sont annexés
méridionalement une cheminée et un puits creusés aux dépens d'un même banc
calcaire dolomitisé. En continuité avec les éléments précédents, une
troisième galerie (secteur BR-III) se présente sous l'aspect d'une coupe
transversale d'allure triangulaire, dont la base mesure plus de 4m et dont
le sommet s'ouvre à plus de 5m sur le haut du massif calcaire; le fond de
cette galerie est relativement en continuité avec celui de la galerie II,
mais se trouve interrompu par un petit conduit oblique vers la bas. Enfin,
encore plus au sud, une quatrième galerie (secteur BR-IV) se définit
essentiellement par une coupe longitudinale, globalement horizontale, qui
avait au départ près d'une trentaine de mètres de longueur; en section
transversale, le fond de cette galerie a typiquement une allure en V.

Le credusement de cette grotte doit sans doute être mis en relation avec un
phénomène de recoupement de méandre de l'Amblève lorsque cette rivière
coulait plus de soixante mètres plus haut. Cet étage de la grotte corres-
pond en altitude à la terrasse principale de l'Amblève qui est habituelle-
ment corrélée avec la terrasse principale de la Meuse.

Photo 6.2: Photographie prise en 1986 d'une coupe transversale de la
galerie II, de la cheminée et du puits y attenant. Le remplissage de la
galerie est caractérisé par un depôt de galets fluviatiles à la base, un
depôt limono-argileux qui se charge en cailloux calcaires au sommet, un
entablement calcitique tout proche du plafond. Le remplissage de la
cheminée se distingue par son aspect grisâtre dû à la présence de sable
dolomitique. Vers la droite de la photo, les depôts se prolongent vers la
galerie III protégée par un toit de protection (Echelle: la mire à gauche
mesure 4 m; photo J-M Cordy).

3. Description du remplissage.

Les quatre secteurs de la grotte sont complètement colmatés par des dépôts
plus ou moins meubles, dont certains sont fossilifères. Seul, le remplis-
sage de la galerie I se dinstingue des autres remplissages et s'est avéré
stérile tant du point de vue paléontologique que du point de vue archéolo-
gique. Son tiers inférieur est rempli de galets fluviatiles, surmontés
parfois de limons finement lités; le reste de la cavité est comblé par un
dépôt limono-argileux hétérogène, non classé, dans lequel s'observent épars
des galets de rivière et des fragments de calcaire altérés de taille très
variable.

Les dépôts des 3 autres galeries sont beaucoup plus homogènes et des phases
de remplissage ont pu être définies comme suit (fig. 6.3).

Fig. AF: Figure 6.3: Schéma stratigraphique des dépôts dans les galeries II
et III suivant une coupe transversale d'orientation nord-sud.

1) Colmatage du puits par un limon éolien remanié par les eaux de
ruissellement.
2) Dépôt d'un complexe fluviatile. Dans un premier temps, un courant d'eau,
dont la direction correspond grosso-modo à celle du cours de l'Amblève,
c'est-à-dire d'est en ouest, dépose sur le fond des galeries un
cailloutis fluviatile (C.F.) composé de galets de quartz, grès-quartzite
et quartzite à veines de quartz provenant du massif ardennais et de
galets de silex provenant des couches crétacées de couverture de
l'Ardenne. En fin de cette phase, le cours d'eau dépose latéralement un
limon fluviatile grisâtre (L.F.). bien lité dans lequel sont piégées des
branches de gymnospermes, probablement du pin.
3) Dépôt d'un complexe limono-argileux fossilifère qui, de bas en haut, se
charge progressivement en argile de décalcification rougeâtre. D'un
point de vue sédimentologique, cet ensemble est mal classé
granulométriquement et les cailloux qui y sont inclus ne présentent pas
d'orientation préférentielle. D'autre part, les débris osseux y sont
dispersés depuis la base jusqu'au sommet sans jamais présenter de
connexion anatomique. Toutes ces observations indiquent que ce dépôt
d'est mis en place à la suite d'un transport en masse sous la forme
probable de coulées boueuses. Celles-ci ont remanié des sédiments qui
gisaient précédemment dans la partie plus élevée de la grotte. On peut
distinguer dans cet ensemble 3 sous-couches :

a) Un limon inférieur (L.I.) brun-beige, contenant des ossements
essentiellement d'ours, généralement fort altérés.
b) Un limon moyen (L.M.) brun-beige englobant une nappe plus ou moins
diffuse de blocs de calcaire issus de l'altération locale de la roche
encaissante. Ce limon, localement consolidé par un imprégnation
calcitique, contient les mêmes types d'ossements que le limon inférieur,
mais beaucoup mieux conservès et plus variés.
c) Un limon supérieur (L.S.), de teinte nettement plus rouge, englobant une
seconde nappe caillouteuse nettement plus dense, qui comprend des blocs
calcaires arrondis de taille réduite, quelques galets de quartzite ou de
quartz, et sporadiquement des concrétions remaniées. Cette couche est
fréquemment indurée par une imprégnation vermiculée de calcite et forme
alors une brêche compact et solide tout-à-fait caractéristique. Elle
paraît être la couche la plus riche sur le plan paléontologique et, en
tout cas, elle est la seule à contenir des artéfacts préhistoriques.

4) Dépôt d'un complexe variable de couches de calcite et d'argile de
décalcification. Contrairement aux précédentes, ces couches se font
formées sur place, alors que la grotte semblait fonctionner en cuircuit
fermé. Dans la galerie II, cette unité stratigraphique est
essentiellement caractérisée par un épais plancher stalagmitique,
atteignant par endroits plus de 15cm d'épaisseur et qui se trouve
presque accolé au plafond du conduit.

5) Dans les parties hautes des cavités et dans la cheminée, dépôt des
produits de l'altération chimique (essentiellement du sable dolomitique
et de l'argile de décalcification) et de la désagrégation mécanique des
parois. Cette couche "d'effondrement" de la grotte ne contient aucun
élément paléontologique ni archéologique, ce qui semble indiquer que
cette partie du karst n'était plus en communication avec le milieu
extérieur.
6) Dépôt récent d'une couche de colluvions en surface, sur ce qui subsiste
du haut de la grotte. Notons que depuis le dépôt initial du remplissage,
le rocher a sans doute été considérablement érodé par les phénomènes
périglaciaires qui se sont succédé par la suite. Ce phénomène a entrainé
la destruction d'un étage supérieur de la grotte, qui était peut-être
le lieu réel d'habitat de l'homme préhistorique.

Photo 6.3: Photographie de détail de la brêche caractérisant la partie
supérieure de l'unté limono-argileuse fossilifère dans la galerie II (photo
Y.Quinif).

4. Datations.

Le remplissage du karst est chronologiquement défini par 2 systèmes de
datations physiques. D'une part, le paléomagnétisme témoigne d'une date
postérieure à la dernière inversion du champ magnétique terrestre datée de
700.000 B.P. environ. D'autre part, les essais de datation U-Th concordent
à situer à 350.000 B.P. au plus récent le plancher stalagmitique qui scelle
les dépôts fossilifères.

La paléontologie animale permet d'avancer une date plus précise. En effet,
l'association d'Ursus deningeri, de Panthera leo fossilis et de Panthera
gombaszoegensis, bien représentée à la Belle-Roche, disparaît aux alen-
tours de 450.000 B.P. La présence probable de Crocuta brevirostris, de
Canis etruscus et d'Equus mosbachensis renforce cette datation ancienne.
Enfin, les indications fournies par les micromammifères (présence de
Microtus gregaloides, degré évolutif d'Allocricetus bursae) attestent
également que le gisement est sans doute antérieur à cette date limite de
450.000 B.P. et qu'il appartient donc incontestablement au Pléistocène
moyen ancien.

5. Intérêts.

La grotte de la Belle-Roche constitue un gisement tout-à-fait exceptionnel.
D'un point de vue karstologique, en rapport avec les travaux de carrières,
les cavités et leur remplissage se présentent sous l'aspect de coupes
idéales d'orientations diverses au sein du massif calcaire encore en place.
En outre, les dépôts sédimentaires partiellement fossilifères du Pléis-
tocène moyen ancien fournissent aux géologues et paléontologiques l'occa-
sion, unique en Belgique, d'étudier cette période encore méconnue à
l'échelle européenne. Enfin, l'industrie préhistorique de la Belle-Roche,
de type galets aménagés, constitue l'une des plus anciennes traces d'occu-
pation humaine reconnue jusqu'à présent en Europe nord-occidentale et
apporte à coup sûr des données nouvelles et orignales sur les premières
phases du peuplement du continent européen.

Bibliographie.

CORDY J.-M. - 1980 - Le paléokarst de la Belle-roche (Sprimont, Liège):
premier gisement paléontologique et archéologique du Pléistocène moyen
ancien en Belgique. C.R.A.S. Paris, 291, sD, p749-751.
CORDY J.-M. - 1981 - Découverte d'un gisement karstique du Paléolithique
inférieur à la carrière de la Belle-Roche, commune de Sprimont, Activ.
S.O.S. Fouilles, 2, p92-98.
CORDY J.-M. - 1985 - Une faune du Pléistocène moyen ancien à la Belle-
Roche, commune de Sprimont (Belgique). Lutra, 28, p125-127.
GASCOYNE M., SCHWARTCZ H.P. - 1985 - Uranium-Series Dates for the Lower
Paleolithic Site of Belle-Roche, Belgium, Current Anthrop., 26.- p641-642.

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E.GROESSENS, 1996

Bulletin de la Classe des Sciences

EXTRAIT

La grotte de la Belle-Roche
(Sprimont, Province de Liège):
un gisement paléontologique et archéologique d'exception au Benelux

par Jean-Marie Cordy
Chercheur au FNRS
Maître de conférence à l'Université de Liège.

Avec la collacoration de Bruno Bastin, Murielle Demaret-Fairon, Camille Ek,
Raoul Gerraerts, Marie-Claire Groessens-Van Dyck, André Ozer, Robert Peu-
chot, Yves Quinif, Jacques Thorez et Marguerite Ulrix-Closset

6e série, Tome IV, 1-6-1993.
ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE

MOTION

La grotte de la Belle-Roche (Sprimont, Province de Liège) constitue un
gisement préhistorique exceptionnel. Elle contient, en premier lieu, les
restes d'une faune fossile remarquablement riche et variée, datée d'environ
500.000 ans, elle se rélève, des lors, comme le gisement préhistorique le
plus ancien du Quaternaire moyen de notre pays, en même temps qu'un repère
biochronologique de première importance à l'échelle de l'Europe. En second
lieu, elle conserve, dans un contexte géologique, chronologique et paléo-
écologique particulièrement bien défini, les traces d'occupation humaine
les plus anciennes du Benelux, ce qui rend ce gisement aussi précieux que
prometteur pour la connaissance des premiers peuplements humains du
Quaternaire moyen en Europe septentrionale.

Devant l'importance scientifique d'un tel gisement, la Classe des Sciences
de l'Académie royal de Belgique considère que la grotte de la Belle-roche
doit faire l'objet d'une protection particulière et que la sauvegarde en
soit assurée par la voie d'un arrêté de classement au titre du patrimoine
national. Elle estime que ce gisement se doit d'être exploré dans les
conditions optimales de la recherche pluridisciplinaire moderne, notamment
grâce à une fouille méthodique et minitieuse telle qu'elle est menée clas-
siquement dans les sites préhistoriques. Elle considère q'une part impor-
tante de ce gisement doit être conservée comme réserve pour des recherches
ultérieures qui profiteront nécessairement du progrès des méthodes et des
disciplines scientifiques.

En conclusion, la Classe des Sciences attire l'attention des autorités
compétentes et des parties en cause pour que ces conditions soient le plus
opportunément remplies.

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E.GROESSENS, 1996

Les Naturalistes belges, 1995, 76,2: 58-64

La carrière de la Belle-Roche à Sprimont
(province de Liège, Belgique)

Intérêt botanique

par Jacques DUVIGNEAUD(*) et Jacqueline SAINTENOU-SIMON(**)

(*) route de Beaumont 319, B-3060 Marchienne-au-Pont.
(**) rue Arthur Roland 61, B-1030 Bruxelles.

La site de la Belle-Roche est bien connu des botanistes belges. Il a été
parcouru dans le passé, en particulier en 1870, lors de l'herborisation de
la Société royale de Botanique de Belgique (MARCHAL & BODSONS 1871). On y a
trouvé à l'époque diverses expèces rares pour la flore belge, telles que
Camelina microcarpa, Rosa micrantha, Lactuca virosa, etc. Au début de ce
siècle, ce site avait attiré l'attention de la Commission royale des Monu-
ments et des Sites, de par son intérêt esthétique exceptionnel. Mais la
protection dont il bénéficiait alors était assez illusoire puisque le comte
CARTON DE WIART, ministre d'Etat, a pu regretter en 1931 sa destruction
partielle. "La Belle-roche à Fraiture, sous Comblain-au-Pont, sur
l'Amblève, près du confluent de cette rivière avec l'Ourthe, a disparu en
six semaines, sous le pic et la dynamite". C'est là un exemple de "duel
entre l'utilitarisme et la nature". Et il ajoute: "contre la prédominance
des valeurs d'ordre strictement matériel, ce n'est qu'à grand-peine que les
défenseurs de nos paysages peuvent encore faire entendre leur voix".

Fig. AG: Fig.1. Localisation de la Belle-Roche (sommet du triangle noir)
près du confluent Ourthe-Amblève (extrait de Cordy et coll. 1993).

L'exploitation des carrières de calcaire sur la rive droite de l'Amblève, à
proximité du confluent Ourthe-Amblève, a donc modifié l'aspect des lieux.
Il subsuste néanmoins aujourd'hui quelques biotopes assez particuliers,
très apparentés par leur morphologie, leu flore et leur végétation, aux
versants rocheux que l'on observe ailleurs dans la vallée de l'Ourthe
comblinoise ou sur le versant droit de la vallée de l'Amblève, de Comblain-
au-Pont à Aywaille. L'exposition au sud des versants rocheux ainsi que
l'allure très redressée des strates calcaires faisant partie du bord nord
du synclinal de Comblain-au-Pont permettent de comprendre pourquoi la flore
et la végétation de la région sont relativement homogènes. Au cours de la
poursuite des travaux d'exploitation de cette carrière, en 1980, un tir de
mine a dégagé une entrée de grotte fossilisée, en communication avec des
galeries. Celle-ci étaient colmatées par des dépôts alluviaux, des blocs de
calcaire et des couches de calcite, du limon, des argiles... Elles renfer-
maient une faune fossile riche et variée.

Des traces d'occupation humaine furent même observées, sous la forme d'ou-
tils façonnés à partir de la pierre. Elles ont pu être rattachées à une
industrie anténéandertalienne (Paléolithique inférieur). Le gisement ainsi
reconnu allait se révéler d'un intérêt paléontologique et archéologique
absolument exceptionnel. Les fouilles ont été menées à bien de 1980 à 1984,
notamment par des chercheurs de l'Université de Liège (CORDY, ULRIX-CLOSSET
et divers collaborateurs). On a pu reconstituer les différentes étapes du
creusement de la grotte et de la formation de ce paléokarst. On a formulé
aussi quelques hypothèses expliquant son remplissage postértieur par des
sédiments fossilifères. Selon CORDY et coll.(1993), "le contenu de ces
galeries constitue une sorte de réserve naturelle recélant une somme con-
sidérable d'informations en fossiles et de données d'observations sur
l'environnement, sur la faune ainsi que sur le degré culturel de l'homme
d'il y a 500.000 ans" (paléoécologie). Plus de 35.000 fossiles ont été
répertoirés jusqu'à présent, comprenant par exemple une cinquantaine
d'espèces distinctes de Mammifères. Quelques découvertes remarquables sont
exposées au Musée de Comblain-au-Pont.

L'importance des trouvailles et des observations explique le grand nombre
de publications consacrées à ce site, son inscription sur la liste de
sauvegarde de la Commission royale des Monuments, Sites et fouilles en tant
que site majeur du patrimoine de la Wallonie et sa renommée en europe
occidentale. La valeur botanique de la Belle-Roche, sur les plans de la
floristique et de la phytosociologie, est loin d'atteindre sa valeur pal-
éontologique. Elle mérite néanmoins qu'on s'y attarde un peu, car, dans les
zones qui n'ont pas été expmoitées, il subsiste encore quelques groupements
végétaux intéressants, dont la diversité est incontestable.

La flore

Fig.2. La carrière de la Belle-Roche. A l'avant-plan, la pelouse; à droite,
le front de carrière surmonté d'une chênaie à charme; au milieu, la voie
ferrée et l'Amblève soulignée par des arbres; à l'arrière-plan, Comblain-
au-Pont.

Nous avons parcoru le site de la Belle-Roche à différents reprises, le 8
octobre 1991, le 1er juillet 1993 et le 9 juin 1994. C'est sous la forme de
relevés phytosociologiques que la documenttion relative à la case I.F.B.L.
G7.24.33 a été rassemblée. Quelques plantes, qui posent des problèmes,
méritent en particulier d'être mentionnées.

Festuca pallens.

Cette graminée des fissures des rochers calcaires atteint en Belgique la
limite occidentale de son aire de distribution. Sa carte de distribution a
d'abord été mise au point par AUQUIER (1972). Ce document souligne bien que
la plante est liée chez nous exclusivement au district mosan, exactement
aux vallées de la Meuse, de la Lesse, de la Sambre, de l'Ourthe, de
l'Amblève, du Hoyoux (voir aussi AUQUIER 1974; DUVIGNEAUD & LAMBION 1974).
Assez curieusement, cette graminée ne dépasse pas vers le sud la région de
Givet-Chooz, qui constitue donc la limite sud-occudentale de son aire
(KERGUELEN & PLONKA 1989). Si l'on s'en tient au territoire belge, son
degré de rareté calculé selon la méthode mise au point par SAINTENOU-SIMON
(1990) (voir aussi DUVIGNEAUD & SAINTENOI-SIMON 1993), serait :

100 x 38
R = 100 - -------- = 98.75
3040

Senecio inaequidens.

Le sénéçon sud-africain est une espèce en voie d'extension en Belgique et
dans les pays voisins. Les diverses étapes de sa progression ont été
précisées à diverses reprises (par exemple DUVIGNEAUD & SAINTENOY-SIMON
1992). Si cette progression se remarque le plus dans des milieux très
antrhopisés (bords de chemins, terrils, carrières, etc.), son introduction
dans des milieux moins influencés par des activités humaines est par contre
beaucoup plus rare. Ses diverses tendances écologiques ont suscité des
mises au point au cours de ces dernières ann&es (WERNER et al. 1991).
Qu'il se soit introduit dans les fissures des rochers calcaires de la
Belle-Roche, c'est-à-dire sur des falaises à l'exposition sud, est assez
étonnant, mais en rapport avec la progression de l'espèce dans la basse
vallée de l'Ourthe depuis une vingtaine d'années, ce qui entraîne une
production abandante d'akènes qui sont facilement disséminés par le vent.

Lactuca perennis.

Cette composée aux fleurs ligulées d'un beau bleu violacé manifeste une
nette tendance à la raréfaction, à la suite de l'extension des carrières
qui ont détruit les nombreuses pelouses calcaires xériques qui constituent
son biotope préférentiel.

Hieracium bauhinii.

Cette épervière s'est introduite dans les pelouses xériques les plus ouver-
tes. Elle est le témoignage de la transformation de certains de nos bioto-
pes dans le sens d'une rudéralisation ou d'une anthropisation accrue.

La végétation

Le succession classique des groupements végétaux souvent décrits sur cal-
caire (chênaie-charmaie thermophile, pelouses calcaires mésophiles et
xérophiles, végétation des fissures des rochers calcaires, colonisation
végétale des éboulis calcaires...) se retrouve dans la carrière de la
Belle-Roche et sur ses abords. Nous décrivons ces groupements ci-dessous,
mais de manière très succincte, compte tenu des multiples travaux qui ont
été consacrés dans la région à ces milieux et cela depuis de très nombreu-
ses années (par exemple DUVIGNEAUD 1984; DUVIGNEAUD & SAINTENOY-SIMON 1989,
1993, etc.).

1. Les forêts sur calcaire. La hêtraie calcicole, qui est la forêt naturel-
le sur substrat calcaire, n'est pas représentée aux abords de la carrière
de la Belle-Roche. Le groupement forestier qui y est présent et qui n'oc-
cupe d'ailleurs que de faibles superficies, est une chênaie-charmaie très
dégradée par un traitement en taillis à courte révolution. Elle est dominée
par le charme (Carpinus betulus) et renferme de nombreux arbres et arbus-
tes: Cornus mas (qui fleurit abondamment en fin d'hiver), Ulmus minor,
Crataegus monogyna, C.laevigate, Hedera helix, Quercus robus, Prunus avium,
Corylus avellana, Malus sylvestris subsp. sylvestris, Fraxinus excelsior,
Acer platanoides, A. pseudoplatanus, Ilex aquifolium, etc. La strate her-
bacée est dominée principalement par le lierre et on y trouve Rosa arven-
sis, Primula veris, plus rarement Platanthera chlorantha, Cephalanthera
damasonium, Daphne mezereum, Polygonatum multiflorum, Melica uniflora,
Viola reichenbachiana, Cares digitata, Euphorbia amygdaloides, Anemone
nemorosa, Campanula trachelium, etc.

2. Les lisières forestières sont des milieux de plus grande richesse,
rassemblant la plupart des espèces de ces taillis calcicoles et y ajoutant
également de nombreuses espèces plus héliophiles, telles par exemple Bra-
chypodium sylvaticum, Vicia sepium, Geum urbanum, Clematis vitalba, Organum
vulgare, Clinopodium vulgare, Teucrium scorodonia, Melampyrum pratense,
Aquilegia vulgaris, etc.

3. Les pelouses calcaires de la Belle-Roche ont des origines diverses.
Elles représentent soit un stade de dégradation de la forêt calcicole
détruite par l'exploitation et le pâturage, soit l'évolution de friches
ayant succédé à des cultures extensives. C'est leur diversité qui donne au
site de la Belle-Roche son intérêt botanique majeur.

3a. Les pelouses mésophiles constituent certainement le groupement le plus
riche en espèces calcicoles. On y rencontre de nombreuses expèces d'intérêt
évident, qu'il serait trop long d'énumérer de manière exhaustive. Là où les
sols calcaires sont assez profonds, elles recèlent, à côté de nombreuses
espèces calcicoles, des espèces prairiales, comme les graminées Arrhena-
therum elatius, Festuca arundinacea, Avenula pubescens, etc.

3b. Les pelouses les plus xériques se rencontrent sur le rebord des falai-
ses rocheuses. Elle se présentent comme des pelouses riches en Seseli
libanotis, où se forment de vastes tapis d'Anthyllis vulneraria subsp.
pseudovulneraria, avec Potentilla neumanniana, Festuca lemanii, Hippocrepis
comosa, etc. Assez curieusement, Festuca pallens s'introduit ici dans les
parties les plus ouvertes et les plus rases. Le botaniste belge aura ten-
dance à rapporter ces pelouses xériques au Xerobromion, bien que les ex-
pèces caractéristiques de cette alliance phytosociologique soient absentes
ici.

3c. De nos jours, une recolonisation forestière se manifeste dans ces
pelouses calcaires. Elle est marquée par l'extension des expèces de lisière
forestière. Comme en d'autres endroits de la région, elle se caractérise
par l'abondance de Cytisus scoparius, inhabituel sur les affleurements
calcaires. On y rencontre également Rosa canina, Clematis vitalba, Cra-
taegus monogyna, Rhamnus cathartica, Cornus sanguinea, Salix caprea, Acer
campestre, Evonymus europaeus, Pyrus pyraster,... L'evolution de la végéta-
tion aboutit généralement à des fourrés denses et inpénétrables de Prunus
spinosa.

4. Sur le versant même de la vallée de l'Amblève, les falaises calcaires
sont très redressées. Des fragments de pelouses xériques s'implantent dans
les fissures. Elles sont dominées par Festuca pallens, graminée susceptible
de se maintenir dans les interstices de la roche grâce à un lacis important
de racines. Ce groupement relève d'une association du Festucion pallentis,
groupement végétal d'une très grande rareté dans nos régions (DUVIGNEAUD
1984). C'est dans ce milieu que prennent place également Melica ciliata,
Lactuca perennis, Allium sphaerocephalum, Seseli libanotis, Sedum album,...

5. Au pied de la falaise, les éboulis sont colonisés par Senecio inaequi-
dens, S. erucifolius, Helleborus foetidus, Melica ciliata, Carduus nutans,
Teucrium scorodonia, etc.

Conclusion

Ce bref rapport sur l'intérêt botanique du site de la Belle-Roche met en
évidence la présence de pelouses calcaires plus ou moins sèches, allant de
la pelouse mésophile d'une très grande richesse floristique jusqu'à la
pelouse colonisant les fissures des rochers calcaires. Le passage à des
zones boisées permet le développement de lisières bien diversifiées. Bien
que ce site ait été profondément modifié lors des exploitations antérieu-
res, il conserve encore des zones intéressantes susceptibles de s'intégrer
dans une réserve naturelle de type multidisciplinaire. Si l'on retient
cette option, la Belle-Roche deviendrait ainsi une réserve didactique dont
l'élément majeur serait la grotte chère aux archéologues et paléontologues,
mais dont la partie botanique aurait un intérêt indéniable. A ce titre,
elle mériterait d'être protégée par un arrêté de classement.

Remerciements

Les auteurs remercient J.-M. CORDY qui les a documentés sur les aspects
paléontologiques et archéologiques du site de la Belle-Roche.

Bibliographie

AUQUIER, P., 1972. - La distribution de Festuca pallens HOST en Belgique et
dans les régions limitrophes. Natura mosana 25(4): 114-116.
AUQUIER, P., 1974. - Biosystématique, taxonomie et nomenclature du groupe
de Festuca ovina L. s.l. (Poaceae) en Belgique et dans quelques régions
voisines: 441p. Université de Liège, Département de Botanique, Mémoire,
Liège.
Carte topographique de la Belgique à l'échelle du 1/25.000. Tavier-Esneux
49/1-2(1960).
CORDY,J.-M., 1980. - Le paléokarst de la Belle-Roche (Sprimont, Liège),
premier gisement paléontologique et archéologique du Pléistocène moyen
ancien de Belgique. C.R. Acad. Sci. Paris, sér. D 291: 749-951.
CORDY, J.-M., 1981. - Découverte d'un gisement karstique du paléolithique
inférieur à la carrière de la Belle-Roche, commune de Sprimont. Activ. 80
Serv. S.O.S. fouilles 2:92-98.
CORDY, J.-M., 1984 - Evolution des faunes quaternaires en Belgique: 67-77
in CAHEN, D. & HAESAERTS, P. (éds), Peuples chasseurs de la Belgique
préhistorique dans leur cadre naturel. Institut royal des Sciences naturel-
les de Belgique, Bruxelles.
CORDY, J.-M., 1987. - Excursion 6: le gisement karstique de la Belle-Roche
(Sprimont, province de Liège), Livret-guide Colloq. Int. Sédim. Karst.,
Han-sur-Lesse, 18-22 mai 1987:55-60.
CORDY, J.-M. & DEUSE, B., 1984. - Un gisement karstique du Paléolithique
inférieur à la carrière de la Belle-Roche, commune de Sprimont: 27-32 in
DECLEER, S. (éd), Spéléologie Lascaux. Catalog. Expos. Mus.r. Art Hist.,
Bruxelles.
CORDY, J.-M. & ULRIX-CLOSSET, m., 1991. - Synthèse des dernières campagnes
de sauvetage du gisement du paléolithique inférieur de la Belle-Roche
(Sprimont). Notae Praehistoricae 10: 3-13.
CORDY, J.-M., BASTIN, B., EK, C., GEERAERTS, R. OZER, A., QUINIF, Y.,
THOREZ., J. & ULRIX-CLOSSET, M., 1992. - La Belle-Roche (Sprimont, Belgi-
um): the Oldest Archaeological Site in the Benelux. A Report on a Field
Trip: 287-301 in TOUSSAINT, M., (éd), Cinq millions d'années, l'aventure
humaine. E.R.A.U.L. 56.

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E.GROESSENS, 1996

Découverte d'un gisement karstique du Paléolithique inférieur à la carrière
de la Belle-roiche, commune de Sprimont

Jean-Marie Cordy

in : Activ. 80 S.O.S. Fouilles, 8 (1981) : p.92-98.

Introduction

A la fin du mois d'août 1980, la presse, la radio, la télévision relataient
la découverte d'une grotte fossile contenant les plus anciennes traces
d'activité humaine reconnues à ce jour en Belgique, qui pourraient remonter
à près d'un demi million d'années. En fait, la découverte elle-même s'était
produite cinq mois plus tôt en n'avait pas été divulguée immédiatement,
afin de protéger, d'aménager et de fouiller ce site en toute quiétude.

C'est en tant que collaborateur du Service S.O.S. Fouilles qu'il m'a été
demandé d'écrire ce rapport d'activité sur le chantier de la Belle-Roche,
Je l'ai fait d'autant plus volontiers qu'il permet de souligner et de
commenter différents aspects importants concernant les découvertes aléa-
toires de sites archéologiques.

Circonstances de la découverte

La carrière de la Belle-Roche exploite le calcaire carbonifère sur la rive
droite de l'Amblève à environ deux kilomètres de la confluence de cette
rivière et de l'Ourthe. Elle se situe près de la localité de Comblain (Pont
de Scay), aux confins de la commune de Sprimont sous le village de Fraitu-
re.

Fin mars 1980, un tir de mines fut exécuté à l'extrémité orientale de la
carrière sur la plateforme supérieure d'exploitation à environ 160 mètres
en altitude absolue. A l'issue du dégagement des éboulis, une portion de
grotte fossile est alors apparue en coupe dans le nouveau front de car-
rière.

Fig. AH: Situation topographique du gisement de la Belle-Roche (sommet du
triangle)

Le paléokarst se présente principalement sous la forme d'une galerie hori-
zontale d'une douzaine de mètres de longueur et de près d'un mètre cinquan-
te de hauteur. Son orientation générale est d'est en ouest et son extrémité
orientale pénètre dans le massif calcaire encore en place. Associés à cette
galerie, s'observent encore un puits et deux cheminées karstiques qui
atteignent l'éluvium moins d'une dizaine de mètres plus haut. L'ensemble de
la grotte est colmaté par des dépôts sédimentaires plus ou moins meubles.

C'est à la suite d'un heureux concours de circonstances que le gisement a
été reconnu comme étant fosislifère. A la suite d'une panne, les engins de
chantier avaient laissé en place une partie résiduelle de la grotte, ainsi
que les dépôts de la partie qui avait été détruite. Un ouvrier mécanicien,
M. F.Méan, était alors monté sur cette plateforme d'exploitation afin d'y
réparer une perforatrice. Amateur de sciences naturelles, possédant un bon
sens de l'observation, il remarqua la présence de débris osseux dans les
dépôts karstiques. Après avoir recueilli quelques fossiles, il eut l'intel-
ligence d'entrer en contact immédiatement avec l'Université de Liège.

Grâce à la bienveillance de M. R.Bernard, directeur de la carrière, le
gisement a alors été sauvegardé et a pu être fouillé. Très rapidement, les
résultats des rechercheurs ont alors montré qu'il s'agissait d'un gisement
paléontologique et archéologique de première importance. D'une part, le
remplissage du paléokarst a livré pour la première fois en Belgique une
faune de grands mammifères du Pléistocène moyen ancien. D'autre part, ce
site a fourni un ensemble de galets aménagés qui constituent les restes de
la plus ancienne industrie connue à ce jour dans le Paléolithique inférieur
belge.

Les circonstances de la découverte du gisement de la Belle-roche conduisent
à formuler quelques remarques. Tout d'abord, il paraît évident que sans les
grands travaux d'exploitation de la carrière, il aurait été fort difficile,
voire impossible de reconnaître l'existence de la grotte fossile et d'en
observer le contenu. En effet, le karst était tout à fait colmaté et ne
possédait pas d'entrée repérable; l'érosion de versant avait d'ailleurs
tronqué l'étage supérieur de la grotte. D'une façon générale, les grands
travaux d'exploitation ou d'aménagement du territoire dégagent des gise-
ments souvent insoupconnés. Toutefois, ils les détruisent par la même
occasion, avec une rapidité qui est en rapport direct avec leurs moyens. Il
devient impossible pour les institutions scientifiques de suivre l'avance-
ment des multiples travaux qui s'effectuent dans notre pays. C'est là que
peuvent intervenir utilement les bénévoles, les amateurs éclairés qui
peuvent former un réseau de surveillance efficace. Il est même indispensble
qu'à des institutions scientifiques d'intervention comme le service S.O.S.
Fouilles et les Universités, il existe un contact étroit avec un large
public qui doit jouer le rôle essentiel d'informateur.

Bien que le gisement de la Belle-Roche soit le premier de type reconnu en
Belgique, il paraît très improbable qu'il soit réellement unique. Le fait
de son existence montre en tous cas que dans nos régions calcaires des
complexes karstiques ont pu conserver des remplissages plus anciens que le
Pléistocène supérieur, ce qui infirme d'ailleurs un certain préjugé
général. D'autres grottes présentant les mêmes caractéristiques (altitude
élevée par rapport au réseau hydrographique, fossilation du réseau) renfer-
ment sans doute encore des sédiments fossilifères fort anciens. Encore
faut-il que ces gisements soient accessibles et qu'ils soient reconnus.
Mais quand on voit l'importance scientifique d'un gisement comme celui de
la Belle-Roche, on peut espèrer que sa découverte incitera les gens de
terrain à être attentifs à la découverte d'autres sites semblables.

Une rédécouverte ?

Le gisement de la Belle-Roche a pu ou du moins aurait pu être découvert
depuis un certain temps. En effet, l'orientation générale du paléokarst
d'est en ouest indique que très probablement il a dû exister un prolonge-
ment occidental qui a été détruit progressivement par l'exploitation de la
carrière. Donc, théoriquement, ce site aurait pu être découvert depuis
plusieurs années, voire plusieurs dizaines d'années; corrélativement, une
partie du paléokarst et de son contenu a été détruite au cours de cette
période.

Dans les faits, il se peut que le site ait déjà été découvert sans être
compris voici plus de vingt ans. En effet, un journal d'information local,
les Echos de Comblain, a relaté en 1958 la mise à jour d'une portion de
grotte comblée par des sédiments fossilifères (Detaille, 1958). Cette
découverte s'est produite dans des circonstances semblables et dans la même
parcelle cadastrale que pour celle de 1980. Durant quelques journées, des
amateurs ont alors recueillis un ensemble de fossiles et, en 1960, deux
d'entre eux ont publié un petit article sur leurs découvertes (Chapeau et
Humblet, 1960). Malgré l'absence de description précise, il est clair que
l'aspect du phénomène karstique, sa situation et le type de remplissage
étaient analogues à ce que l'on peut observer aujourd'hui. La faune re-
cueillie était également similaire au niveau des grands groupes: présence
d'ours, de lion, d'un canidé et d'un cervidé. La détermination spécifique
était cependant tout à fait différente et conduisait d'ailleurs les autres
à dater le gisement de la fin de la dernière glaciation. Toutefois, rien
n'assure la validité de ces déterminations d'autant que les différences
morphologiques existant entre les mammifères du Pléistocène moyen et ceux
du Pléistocène supérieur ne sont pas évidentes. Il n'a malheureusement pas
été possible de retrouver les fossiles qui avaient été récoltés à cette
époque et de lever par conséquent l'incertitude. Il reste toutefois fort
plausible que la grotte fossilifère de la Belle-Roche ait déjà été décou-
verte il y a plus de vingt ans.

Cette éventualité nous amène à une autre réflexion. Il ne suffit pas que
des gens avertis surveillent les travaux de leur région ou parcourent le
pays à l'affut de nouveaux sites archéologiques ou paléontologiques, encore
faut-il qu'ils s'adressent en cas de découverte à un organisme compétent
comme le Service S.O.S. Fouilles ou les service universitaires, car seul le
spécialiste pourra juger de l'importance réelle d'un nouveau gisement.

Dans le cas qui nous occupe, si les amateurs avaient contacté un tel
spécialiste, il aurait pu sans doute reconnâitre dès cette époque, c'est-à-
dire il y a plus de vingt ans, l'importance du site de la Belle-Roche. Non
seulement, la science aurait gagné du temps, mais surtout une partie peut-
être appréciable de la grotte fossilifère aurait pu être fouillée alors
qu'elle a été progressivement détruite entre 1958 et 1980.

La première campagne de fouille de 1980

Dès leur début, les recherches ont réçu le soutien moral et financier de
M. J.A. Sporck, Doyen de la Faculté des Sciences de l'Université de Liège.
D'autre part, la commune de Sprimont a apporté une aide efficace à
l'aménagement du site grâce à l'appui de son bourgmestre, M. G.Flagothier.
C'est ainsi que très rapidement, au cours du mois d'avril, le chantier de
fouilles était mis en place, avec un toit de protection au niveau du gise-
ment et à l'abri d'une enceinte de barbelés.

La fouille proprement dite a été conduite du mois de mai au mois de sep-
tembre 1980. Toutefois, une interruption forcée s'est produite au mois de
juillet à la suite de glissements de terrain provoqués par un temps parti-
culièrement pluvieux. Sur la base d'un carroyage orienté d'est en ouest
suivant l'axe d'orientation de la grotte, une coupe longitudinale de la
galerie principale a été réalisée, ainsi que la fouille de plusieurs carrés
de son extrémité occidentale. L'équipe de travail a été créée essentiel-
lement à partir d'un Cadre Spécial Temporaire qui a été orienté d'une
manière passagère sur ce sujet grâce à la compréhension de l'O.N.E.M. et de
l'appui de M. l'Inspecteur R.Brunfaut. A cette équipe de base, se sont
adjoints plusieurs bénévoles dont l'aide a été également appréciable.

Parallèlement, le triage des sédiments de la partie détruite de la grotte a
été entamé grâce à l'apport d'un Cadre Spécial Temporaire créé par l'asso-
ciation "Sprimont Carrefour".

Le Service S.O.S. Fouilles a apporté également une contribution financière
à cette campagne et à délégué quelques temps un technicien pour le triage
des sédiments et la recherche des micromammifères.

Les résultats de ces travax ont déjà été consignés dans plusieurs notes
préliminaires (Cordy, 1980 et 1981). Nous reprendrons ici les point essen-
tiels. La stratigraphie des dépôts est relativement simple et homogène dans
l'ensemble du paléokarst. Cinq grandes unités lithologiques apparaissent
clairement de bas en haut:
1) la première unité, un limon-argileux, se cantonne dans le puits
karstique attenant à la galerie principale;
2) vient ensuite une couche de cailloux roulés et de graviers (0,30m à
0,60m) que divise en deux une intercalation de limon sableux et qui
constitue la première couche de remplissage de la galerie.
3) la troisième unité (0.60 x 0,80m) est constituée par une couche
limono-argileuse brunâtre, plus ou moins caillouteuse et localement
indurées;
4) par dessus, un plancher stalagmitique (0,05 à 0,15m) scelle l'ensemble
des dépôts;
5) enfin, une couche argileuse rouleâtre centimétrique colmate le mince
espace qui subsiste contre le plafond de la galerie.

Seule la troisième unité est fossilifère et contient dans sa partie supér-
ieure l'industrie préhistorique. D'un point de vue sédimentologique, cette
couche est mal classée granulométriquement, les cailloux qui y sont inclus
ne présentent pas d'orientation préférentielle et elle contient des concré-
tions remaniées. D'autre part, les débris osseux y sont dispersés depuis la
base jusqu'au sommet sans jamais présenter de connexion anatomique. Toutes
ces observations indiquent que ce dépôt s'est mis en place à la suite d'un
transport en masse, sous la forme probable de coulées boueuses qui ont
remanié des sédiments qui se trouvaient précédemment dans une autre partie
de la grotte.

D'un point de vue paléontologique, il semble qu'il existe deux gradients de
richesse: l'un de la base vers le sommet de la couche fossilifère, l'autre
de l'extrémité occidentale de la galerie vers l'extrémité orientale.

La plupart des débris osseux et dentaires appartiennent à l'Ours de Denin-
ger, Ursus deningeri, l'ancêtre de l'Ours des cavernes. Tous les éléments
squelettiques et toutes les classes d'âge sont représentés; en particulier,
les dents lactéales des oursons sont relativement fréquentes. Il est clair
que la grotte servait avant tout de lieu d'hibernation et de partirution
pour cet Ursidé.

Fig. AJ: Vue occlusale d'une hémi-mandibule droite d'Ursus deningeri
(env 1/5).

En outre, la présence de deux grands Félidés est attestée par plusieurs
restes fossiles. D'une part, un très grand félin, Panthera leo fossilis,
l'ancrêtre du Lion des cavernes, et d'autre part Panthera gombaszoegensis,
une sorte de Jaguar européen. Parmi les Carnivores, il faut encore signaler
la présence d'un Canidé.

Fig. AK: Vue labiale d'une carnassière supérieure gauche (P/4) fragmentaire
de panthera leo fossilis; vue linguale d'une série de dents
jugales inférieures droites de Panthera gombazoegensis (P/3, P/4
et M/1, de gauche à droite) (env 1/3).

Enfin, les restes de Ruminants sont plutôt rares. Trois fragments dentaires
démontrent l'existence d'un Cheval appartenant probablement à la lignée de
l'Equus caballus. En outre, quelques restes osseux doivent être rapportés à
un Cervidé encore indéterminé.

Les fossiles paraissent former un ensemble homogène tant du point de vue de
leur état conservation que du point de vue taxonomique. La présence des
trois grands Carnivores cités ci-avant permet de dater cette faune du
Pléistocène moyen ancien, c'est-à-dire du complexe mindelien selon la
chronologie alpine ou du complexe cromérien selon la chronologie nordique.
Une faune similaire a déjà été observée dans les gisements de Mosbach en
Allemagne (Brüning, 1980), de Vertesszöllös en Hongrie (Kretzoi et Vertes,
1965) et de l'Escale à Saint-Estève-Janson en France (Bonifay, 1963). Les
maigres restes de micromammifères recueillis jusqu'à présent confirment
cette datation relative. En effet, mis à part quelques fragments dentaires
d'Arvicolidés indéterminés, une dent d'un Cricétidé, Allocricetus bursae,
présente un dégré d'évolution semblable à celui décrit à Saint-Estève-
Janson (Chaline, 1972).

L'industrie préhistorique qui a été retrouvée en association avec la faune
décrite compte plus d'une vingtaine d'artefacts. L'étude archéologique en
est réalisée par Mme M.Ulrix-Closset de l'Université de Liège.

Les artefact sont essentiellement fabriqués à partir de galets de silex;
ceux-ci présentent en surface une forte patine blanche et sont tout à fait
cachelonnés. Quelques galets de quartz et de quartzite semblent également
avoir été fractureés intentionnellement.

Fig. AL: 63. Matériel lithique de Sprimont: 1: Chopping tool; 2: Nucleus à
éclats, à débitage multidirectionnel; 3: Eclat outrepassé (peut-
être utilisé comme racloir transversal; 4: Eclat outrepassé (peut-
être encoché); 5: Petit racloir transversal convexe, sur éclat
cortical; 6: Petit polyèdre (1/1). N.B.: toutes ces pièces sont en
silex. Les zones laissées en blanc correspondent à des fractures
récentes.

Malgré le petit nombre d'artefacts, il paraît évident qu'il s'agit des
restes d'une industrie qui présente plusieurs caractéristiques archaïques:

1) tous les outils et éclats dérivent de galets avec production de chop-
ping-tools typiques;
2) le débitage est primitif, sans préparation;
3) l'angle d'attaque des arêtes agissantes est très peu aigu.

Une autre caractéristique est à souligner également: c'est la petite taille
des artefacts qui atteignent rarement 6cm au niveau de leur dimension
maximale. A ce propos, le petit racloir transversal et le petit polyèdre
représentés sur la figure 63 sont explicites.

Avec un aussi petit échantillon, il serait abusif de conclure. Toutefois,
la technologie, la typologie et la faible taille des outils suggèrent
incontestablement des rapprochements avec le complexe microlithique du
Pléistocène moyen tel qu'il est représenté dans l'industrie dite de Buda ou
Budien à Vertesszöllös (Kretzoi et Vertes, 1965) et dans de rares sites
d'Europe occidentale tel que celui de Nauterie à la Romieu en France (Prat
et Thibault, 1976) et de Westbury-Sub-Mendip en Angleterre (Bishop, 1975).

Conclusion

Les éléments fauniques du paléokarst de la Belle-Roche paraissent former un
ensemble homogène du Pléistocène moyen ancien et l'industrie lithique
associée présente des caractéristiques archaïques qui ne dénotent certaine-
ment pas avec cette ancienneté. Ce gisement mindelien ou cromérien selon
les terminologies est le premier du genre reconnu en Belgique tant du point
de vue paléontologique que du point de vue archéologique. En particulier,
il recèle les premiers galets aménagés trouvés sur le territoire belge et
dans les régions limitrophes. L'étude pluridisciplinaire de ce site, qui
est actuellement en cours, permettra certainement de recueillir des données
fort utiles à la connaissance du Pléistocène moyen et du Paléolithique
inférieur d'Europe.

BIBLIOGRAPHIE

M.J.BISHOP, 1975, Earliest record of man's presence in Britain, dans Natu-
re, 253, p.95-97.
M.-F. et E.BONIFAY, 1963, Un gisement à faune épi-villafranchienne à Saint-
Estève-Janson (Boucheron-du-Rhône), dans C.R. Acad. SC. Paris, 256, 5,
p.1136-1137
H.BRÜNING, 1980. Die eiszeitliche Tierwelt von Mosbach. Ihre Umwelt - Ihre
Zeit. Rhein. Naturforsch. Ges. Mainz, Naturhist. Museumsführer, 50 p.
J.CHALINE, 1972. Les rongeurs du Pléistocène moyen et supérieur de France.
dans Cahiers de Paléont. C.N.R.S., Paris: 410p. et 17 pl.
H.CHAPEAU et P.HUMBLET, 1960. Un gisement ossifère à Comblain-au-Pont, dans
Bull.Soc. R. Belg. Et Géol. Archéol. Les Chercheurs de la Wallonie, XVII,
1958-60. p. 87-90.
J.-L. CORDY, 1980, le Paléokarst de la Belle-Roche (Sprimont, Liège):
premier gisement paléontologique et archéologique du Pléistocène moyen
ancien en Belgique, dans C.R. Acad. Sc. Paris, 291, s. D. p.749-751.
J.-M. CORDY, 1981, La grotte de la Belle-Roche: le plus ancien gisement
préhistorique de Belgique dans Liège et la préhistoire, Ed. Ville de Liège,
Imprim. Simonis, p.34-35.
E.DETAILLE, 1958, A la Belle-Roche encore, découverte paléontologique dans
Les Echos de Comblain, sept. 1958, p.71.
M.KRETZOI et L.VERTES, 1965, Upper Biharian (Intermindel) pebble-industry
occupation site in northern Hungary, dans Current Anthrop. VI, p.74-87.

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E.GROESSENS, 1996

Cinq millions d'années, l'aventure humaine - Five Million Years, the Human
Adventure.

M.Toussaint éd., E.R.A.U.L. 56, Liège, pp. 287-301

La Belle-Roche (Sprimont, Belgium) : the Oldest Archaeological Site in the
Benelux. A Report on a Fielt Trip.

La Belle-roche (Sprimont, Belgique) : le plus vieux site archéologique du
Benelux. Compte-rendu d'excursion.

Jean-Marie CORDY, Bruno Bastin, Camille Ek, Raoul Geeraerts, André Ozer,
Yves Quinif, Jacques Thorez and Marguerite Ulrix-Closset*

Abstract

The report on the field trip to the La Belle-Roche site (Sprimont, Belgium)
during the Symposium "Five Million Years: the Human Adventure" allows us to
carry out a synthesis of the multi-disciplinary research wich has gone on
there for the last 10 years. This fossil cave has yielded deposits from the
Early Middle Pleistocene, a remarkably rich an varied fauna of the Upper
Cromerian (around 500.000 years old) and a prehistoric industry involving
pebble tools which is by far the oldest trace of human occupation in the
Benelux.

R‚sum‚

Le rapport d'une excursion sur le gisement de La Belle-Roche (Sprimont,
Belgique) a permis de réaliser une synthèse des recherches pluridiscicipli-
naires qui s'y sont déroulées depuis 10 ans. Cette grotte fossile conserve
des dépôts du Pléistocène moyen ancien, une faune remarquablement riche et
variée du Cromérien supérieur (environ 500.000 ans) et une industrie
préhistorique à galets aménagés qui est de loin la plus ancienne trace
d'occupation humaine du Benelux.

Key words: paleokarst, Belgium, pebble tools, Cromerian faune, multi-disci-
plinary research, Early Middle Pleistocene.

Mots clefs: paléokarst, Belgique, galets aménagés, faune cromérienne,
recherches pluridisciplianaires, Pléistocène moyen ancien.

* J.-M. Cordy, Chrcheur qualifié au F.N.R.S., Unité de Recherches
"Evolution des Vertébrés et évolution humaine", Université de Liège,
7 place du XX Août, 4000 Liège, Belgique
B.Bastin, Laboratoire de Palynologie et de Dendrochronologie, Université
Catholique de Louvain, 4 place Croix-du-Sud, 1348 Louvain-la-Neuve,
Belgique.
C. Ek, Service de Géomorphologie et de Géologie du Quaternaire,
Université de Liège, 7 place du XX Août, 4000 Liège, Belgique
R. Geeraerts, Centre de Physique du globe, 5670 Dourbes, Belgique
A.Ozer, Service de Géomorphologie et de Géologie du Quaternaire,
Université de Liège, 7 place du Xx Août, 4000 Liège, Belgique
Y. Quinif, Laboratoire de Minéralogie, Faculté polytechnique de Mons, 9
rue de Houdain, 7000 Mons, Belgique
J. Thorez, Service de Géologie générale, Géologie des argiles et
Sédimentologie des silicoclastiques, Université de Liège, Sart Tilman
(Bât. B18), 4000 Liège, Belgique
M. Ulrix-Closset, 266 rue des Wallons, 4000 Liège, Belgique

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 16.05.1992

Les autorités de Sprimont optent pour 500.000 ans d'histoire

Carrière de la Belle-Roche : la commune dit non

Le collège échevinal de Sprimont a décidé de refuser la demande d'extension
du permis d'extraction pour la carrière de la Belle-Roche, suivant ainsi
l'avis des riverains. Plus encore, le site paléontologique unique au Bene-
lux, exploité par des chercheurs de l'ULF, obtient un nouveau sursis.

Les sociétés Belle-Roche Sablar, Gagneraud et Echobel avaient introduit une
demande afin de recommencer l'activité de concassage dans la carrière et de
la porter à plus de 400.000 tonnes par an. Les riverains du hameau de
Fraiture s'y étaient opposés, en envoyant notamment une pétition au roi et
en introduisant une demande de classement d'une partie de la carrière pour
protéger le site préhistorique que l'extraction antérieure avait mis au
jour. La décision du collège a été guidée non seulement par la protection
d'un site au caractère culturel universel, explique Georges Flagothier, le
bourgmestre de Sprimont, mais aussi pour que notre position n'interfère pas
dans la demande de classement qui est en cours.

Avec ce refus, Sprimont, pays de carrière, entame-t-elle l'abandon d'un des
ses fleurons économiques ? Les mentalités ont changé, explique le bourg-
mestre, la population aussi. Sprimont est une des communes liègeoises où la
population s'accroit le plus. Avant, les gens étaient habitués à l'activité
des carriers... Maintenant, ils viennent chercher les atours de la campag-
ne... pas ses inconvénients.

Les sociétés qui avaient introduit la demande d'extraction ont d'ores et
déjà décidé d'utiliser les possibilités de recours auprès de Guy Lutgen,
ministre PSC des Ressources naturelles. Ce dernier devra tenir compte, ou
composer, avec la décision de son collègue PS, Robert Collignon, ministre
de l'Aménagement du territoire auprès de qui la demande de classement du
site a été introduite.

E.R.

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 23/24-01

"Oui" à la carrière, Collignon contre Lutgen...

Belle-Roche : cohabitation forcée

Après l'inscription des parcelles "paléontologiquement remarquables" sur la
liste de sauvegarde, la carrière de la Belle-Roche (Sprimont) avait
retrouvé tout son calme. Mais l'espoir apporté aux scientifiques et aux
riverains par le ministre régional (PS) Collignon (Patrimoine et aménage-
ment du territoire) vient d'être sérieusement remis en doute par son
collègue social-chrétien, Guy Lutgen, en charge de l'environnement mais
aussi des ressources naturelles. Ce dernier vient en effet d'accorder le
permis d'extraction demandé par les carriers, en procédure de recours.
L'autorisation est assortie d'un ensemble de conditions, dont le respect,
pendant cinq ans, des parcelles où l'ULg a entrepris des fouilles archéo-
logiques depuis plus de dix ans.

L'ASBL "Belle-roche 500.000", constituée principalement de riverains de la
carrière, relance le mouvement d'opposition en poursuivant, notamment, des
négociations pour acquérir l'une des parcelles convoitées (un accord serait
en vue). D'autre part, l'ASBL annonce dès à présent son intention d'entamer
une nouvelle procédure auprès du Conseil d'Etat, ainsi que de demander aux
autorités communales (PRL-PSC) de prendre position une nouvelle fois. Par
ailleurs, la région wallone devrait bientôt signer son engagement de louer
des parcelles afin d'y voir se développer une école de fouille internatio-
nale.

Enfin, ce moratoire de cohabitation forcée relance la polémique entre
intérêt économique immédiat et héritage scientifique à long terme. Chaque
côté continue à avancer selon sa propre logique. Sans oublier que l'oppo-
sition de principe entre les deux ministres wallons se traduit aussi par
une rivalité politique communale. Paradoxalement, cette politisation du
dossier peut s'évérer payante, d'un côté comme de l'autre... du moins
jusqu'aux prochaines élections. Après ?

E.R.

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 6/2/90

Les heurs et malheurs de la Belle Roche de Sprimont

Coup de mine, coup de théatre : en 1980, un ouvrier de la carrière de la
Belle Roche, à Sprimont, s'aperçoit que la dynamite, en abattant un pan de
roches, a mis à nu un phénomène géologique plein d'intérêt pour les paléon-
tologues et les préhistoriens : une grotte fossile, comblée au fil des
millénaires, enfermant dans les éboulis de pierres et les sédiments de
l'Amblève, qui coule aujourd'hui à 60m en contrebas, des fossiles vieux
d'un demi-million d'années. C'est, le premier gisement du genre découvert
en Belgique. Dix ans plus tard, les scientifiques font le point.

Une fois n'est pas coutume : sans se départir pour autant de leurs droits
sur la carrière, les exploitants accordèrent aux paléontologues, géologues,
préhistoriens et autres spécialistes concernés l'autorisation de fouiller.
Très vite, la moisson se révéla exceptionnelle. Au fil des ans, dans des
conditions par moments très satisfaisantes, à d'autres dans une atmosphère
moins optimiste où la minutie fut sacrifiée à le hâte de sauver ce qui
pouvait l'être, un chercheur qualifié du F.N.R.S., M. Jean-Marie Cordy,
entouré d'une équipe pluridisciplinaire et inter-universitaire dégagea des
séries abondantes d'ossements d'animaux ayant vécu durant cette période
interglaciare. Abondantes mais aussi variées : pas moins de quarante
espèces sont à présent identifiées, les unes appartenant à des animaux bien
connus, rongeurs, chauves-souris, bovidés, cervidés, rhinocéros, che-
vaux..., d'autres plus rares, voire exceptionnels, tels la panthère de
Gombaszög, le blaireau et le putois fossiles, le chien sauvage asiatique,
l'ours de Deninger.

L'union, toujours, fait la force

Ces recherches ont donné de bons résultats grâce aux efforts convergents de
l'Université de Liège, l'administration communale de Sprimont, des C.S.T.
et T.C.T., du Fonds national de la Recherche scientifique, de la Communauté
française, sans oublier des collaborateurs venus de Louvain-la-Neuve, de
Mons, de l'Institut de Dourbes, de France, de Grande-Bretagne, du Canada.

Ce site, visité tant par les spécialistes que par des écoliers et des
étudiants, est loin d'avoir livré tous ses secrets. Une trentaine de mètres
de la grotte ont été explorés. Bilan : 23.000 fossiles et "artefacts"
(pierres façonnées par l'homme). Mais il reste encore cent mètres de gale-
ries à déblayer. Or elles se trouvent dans l'axe même des travaux de la
carrière.

Et les 100m restants ?

Le dialogue - heureusement courtois - entre scientifiques et exploitants a
eu ces résultats, aussi satisfaisants qu'on pouvait l'espérer dans ce
contexte aux motivations forcément antagonistes. Pourra-t-il se poursuivre
à l'avenir ? C'est toute la question que l'on se pose aujourd'hui avec
réalisme, c'est-à-dire non sans inquiétude. Malheureusement, les mesures
envisagées pour le sauvetage du chantier de fouilles sont apparemment
incompatibles avec les réalités budgetaires. M. Cordy et son équipe ont
bien l'intention de persévérer tant que faire se pourra, une épée de
Damoclès au-dessus de la tête. La situation est d'autant plus triste que la
grotte se classe parmi les premières en intérêt non seulement en Belgique
mais dans tout l'Europe du Nord-Ouest. Une découverte de l'été dernier l'a
encore confirmé avec l'exhumation d'un outil de pierre biface, le plus
précieux d'une cinquantaine de témoins d'activités humaines aussi ancien-
nes, que la dernière campagne a révélés.

L'écho de telles recherches ne devait pas se limiter aux seuls cercles
d'inités. Une conférence de presse à Sprimont en a fait valoir l'intérêt au
grand public. Cette séance, présidée conjointement par le bourgmestre, le
sénateur G.Glagotier et par le recteur de l'Université de Liège, le profes-
seur A.Bodson, a permis en outre de révéler l'intention de la commune de
Sprimont de créer, dans les meilleurs délais, un "Musée de la Belle-Roche"
à buts essentiellement pédagogiques, dont le site sera choisi, soit à Frai-
ture, près de la carrière, soit sur une colline proche de l'autoroute
Liège-Luxembourg. On apprit aussi que le musée de la Préhistoire du Condroz
et du Val d'Amblève, en gestation à Comblain-au-Pont, fera largement place,
au début de l'été espère-t-on, aux trouvailles de la grotte fossile.

Fig. AM: Entre le maxillaire d'un ours de Deninger, l'os canon d'un équidé
et d'autres éléments dentaires fossiles, un biface de silex, typi-
que du Paléolithique inférieur. (Photos: P.Hannaert.)

ALBERT BURNET.

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 6-7/2/93

La Région face à sa cohérence, la Wallonie à son passé et Sprimont à ses
carrières

Recours contre l'exploitation de la Belle-Roche

Le ministre PSC Lutgen (ressources naturelles), a été au bout de sa longi-
que et de celle des carriers. Que son collégue PS Collignon (patrimoine)
fasse de même... C'est, en substance, le message lancé hier par les rive-
rains de la carrière de la Belle-Roche ainsi que par les scientifiques de
l'ULg qui fouillent le site paléontologique qu'on y a découvert et qui est
menacé par la remise en exploitation de la carrière, autorisée il y a peu
(par le ministre premier cité) d'ici la fin d'un sursis de 5 ans (accordé
par le second).

Une chose est sûre : le dossier est bien devenu politique. Ceux qui veulent
trouver une protection définitive à la plus ancienne trace d'occupation
humaine du Benelux (500.000 ans) réclament un plus de cohérence de la part
des ministres wallons. A moins, craignent ils, qu'il n'y ait consensus
tacite au sein de celui-ci sur la destruction de la Belle-Roche à l'issue
des cinq ans de protection...

Cette demande de clarté entre deux élus de partis différents ne manquera
pas d'avoir des répercussions à Sprimont, où PSC (majorité) et PS (opposi-
tion) ont les élections communales de 1994 en vue. L'environnement et le
patrimoine étant porteurs chez des habitants qui s'estiment souvent
agressés par le monde des carrières...

En attendant, ni les scientifiques, ni l'ASBL "Belle-Roche 500.000" ne
baissent les bras.

Rappelant la valeur scientifique du site (et notamment l'intérêt que
l'Unesco lui a marqué), ils dénoncent les missions impossibles qui leur
sont confiées : fouiller toute la grotte en cinq ans (il faudrait 60
chercheurs et 200 millions), rendre l'école de fouille internationale
viable (il faudrait du temps) et trouver des fossiles humains (il
faudrait... qu'il y en ait). A force d'accumulér les missions impossibles,
il sera facile de conclure à l'échec, regrette le paléontologique.
J.M.Cordy.

De leur côté, les riverains rapellent que l'autorisation d'exploiter néces-
site l'accord de la commune (pour le déclassement d'un chemin vicinal)
ainsi que la désaffectation de certaines parcelles... compétence du minis-
tre Collignon. Enfin, ils annoncent également qu'un recours en Conseil
d'Etat va être introduit contre l'arrêté signé par Lutgen et demandent à la
commune de Sprimont de prendre officiellement position.

E.R.

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 20/2/93

LUTGEN FACE AUX LIEGEOIS

Hallembaye, Belle Roche, Intradel...
Même la pollution le la Meuse est en charge de Guy Lutgen.
Liège s'énerve... Le ministre s'explique.

Belle Roche...

Pour la carrière de la Belle-Roche à Sprimont, par exemple, on a l'impres-
sion que c'est inconditionnellement la logique économique qui prime.

C'est vrai que notre sous-sol reste une de nos dernières richesses et que
les carrières procurent du travail à plus de 6.000 personnes en Wallonie.
Mais ce n'est pas moi qui donne les autorisations pour extraire, je n'in-
terviens qu'en cas de recours. Le site archéologique de la Belle Roche,
inclus dans la carrière, est protégé pour cinq ans. Les chercheurs bénéfi-
cient de cette période pour apporter les preuves supplémentaires
nécessaires pour classer le site. De plus, on pourra toujours prendre une
motion conservatoire de cinq ans en cinq ans (1).

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E.GROESSENS, 1996

MINISTERE DE L'EDUCATION NATIONALE
COMITE DES TRAVAUX HISTORIQUES ET SCIENTIFIQUES
SECTION DE PREHISTOIRE ET DE PROTOHISTOIRE

LES PREMIERS EUROPEENS

ACTES DU 11° CONGRES NATIONAL DES SOCIETES SAVANTES
(Paris, 3-9 avril 1989)

Sous la direction de Eugène Bonifay et Bernard Vandermeersch

LES PERMIERS PEUPLEMENT HUMAINS DANS LE BENELUX

Marguerite ULRIX-CLOSSET* et Jean-Marie CORDY**

Résumé

A ce jour, aucune preuve indubitable de l'existence d'un très ancien Pal-
éolithique n'a été trouvée au Bénélux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg).
Quelques découvertes isolées, typologiquement attribuables à l'Acheuléen
ancien ou moyen, ont été découvertes hors contexte stratigraphique précis.
De petits ensembles lithiques, généralement hétérogènes, ont encore été
décrits en Belgique dans la vallée de la Haine et aux Pays-Bas. L'industrie
la plus ancienne, qui, de plus, est associée à des données chronostrati-
graphiques et paléontologiques précises, est celle trouvée dans la grotte
de la Belle-Roche à Sprimont, dont l'âge se situe aux alentours de 500.000
ans.

Summary
At present, no indubitable proof of a very old Paleolithic was found in
Benelux countries (Belgium, The Netherlands, Luxembourg). Some isolated
artefact, which correspond with the old or middle Acheulean, were dis-
covered without precise stratigraphic context. Some little archaeological
sets, which are generally heterogenous, were described in Belgium in the
Haine valley and also in the Netherlands. Finaly, the industry of the
Belle-Roche cave in Sprimont is the oldest knowed one up till now; it is
associated with definite chronostratigraphical and paleontological data and
its age is about 500.000 years old.

INTRODUCTION

La zone géographique envisagée dans cette étude couvre les territoires de
la Belgique, du Grand-Duché de Luxembourg et des Pays-Bas. La période
considérée englobe les vestiges d'industries humaines antérieures à l'ap-
parition du Paléolithique moyen, ce dernier étant caractérisé par la con-
naissance du débitage Levallois et le développement d'un outillage sur
éclats typologiquement évolué. Dans nos régions, ces caractéristiques
existent pleinement dès le début de l'avant-dernier glaciaire (Saalien)
mais apparaissent déjà antérieurement (cf. infra et fig.2).

Les découvertes attribuables au peuplement du Bénélux avant le Paléolithi-
que moyen sont relativement peu nombreuses. Dans ce travail, la priorité
sera donnée aux industries trouvées en position chronostratigraphique dans
des formations antérieures à l'avant-dernier glaciaire, mais, pour que le
panorama des premiers peuplements humains du Bénélux ne soit pas trop
lacunaire, on mentionnera également les artefacts sans contexte strati-
graphique qui sont typologiquement attribuables au Paléolithique inférieur,
bien que ces trouvailles posent fréquemment de délicats problèmes d'in-
terprétation.

Nous envisagerons successivement la situation en Belgique, au Grand-duché
de Luxembourg et aux Pays-Bas.

Paris Editions du C.T.H.S. 1991

* Rue des Wallons 266, 4000 Liège, BELGIQUE.
** Chercheur qualifié au F.N.R.S., Université de Liège, U.R. Evolution des
Vertébrés et Evolution humaine, place du XX Août 7, 4000 Liège,
BELGIQUE.

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E.GROESSENS, 1996

L'INSTANT 18-2-93

ECHO REGIONS
Page coördonnée par Christine Scharff

SPRIMONT, ERE DIFFICILE POUR LES FOSSILES

L'ancêtre de Cro-Magnon, l'homme le plus âgé du continent, est-il enseveli
au sommet d'une carrière dans le sous-sol sprimontois ? On ne le saura sans
doute jamais... Jean-Marie Cordy, chercheur FNRS et paléontologue à l'Uni-
versité de Liège, ne l'a pas encore retrouvé. Pourtant, silex à l'appui,
entouré de son équipe, il espérait bien tomber sur les restes de celui ou
celle qui, il y a 450.000 ans, à laissé quelques traces à l'entrée de la
grotte de la Belle-Roche. Une grotte qui s'est avérée être une mine de
renseignements pour les scientifiques attachés à notre passé. Mais la
première richesse de le Belle-Roche, son calcaire, menace maintenant les
recherches.

Pendant plusieurs années, carriers et chercheurs ont exploité sans trop de
problèmes leurs filons respectifs: 60.000 tonnes de calcaire carbonifère
quittaient chaque année la petite exploitation tandis qu'entre deux tirs de
mine, les scientifiques récoltaient plus de 300 silex et 25.000 fossiles
d'animaux disparus. Les paléontologues, vue le caractère exceptionnel de
leurs découvertes, espéraient la cessation de toute activité industrielle à
la Belle-Roche. Mais en 1985, la commune de Sprimont décide de renouveler
sa convention de bail avec la société exploitant la carrière. En 1986, une
autre société prend possession des lieux et deux ans plus tard, des trans-
actions discrètes aboutissent à la signature d'une convention de cession de
bail entre Sprimont et les deux carriers. La commune de Sprimont fait
reconnaître par le concessionnaire l'existence des fouilles et propose d'y
délimiter, chaque année, un périmètre de protection. Mais les chercheurs
refusent la clause, stipulant que l'endroit se devait d'être totalement
protégé de la dynamite et des bulldozers. En 1989, la fin d'un contrat de
sous-traitance entraîne un arrêt de l'exploitation, mais dès 1991, le
candidat repreneur dépose à la commune de Sprimont ses nouvelles intenti-
ons: porter sa capacité d'extraire à 475.000 tonnes par an, soit 8 fois
plus qu'auparavant. Un projet désapprouvé par le collège échevinal sprimon-
tois en mai 1992. "Accepter un tel programme d'exploitation, même en envi-
sagement une fouille partielle de sauvetage de la grotte dans un délai de
cinq ans, n'est pas pensable, martèle Jean-Marie Cordy, responsable des
fouilles. La grotte s'étend encore sur 3.500 m2. Il nous faut un mois de
boulot pour analyser 1m2. Vu l'étendue du site, on devrait brûler les
étapes de la recherche scientifique. Ce que nous ne voulons pas faire!"
A Combain et Sprimont, la population n'est pas restée indifférente. Les
riverains, déjà embêtés par une carrière qui se rapproche de leurs habi-
tations, se sont regroupés au sein d'une ASBL, "Belle-Roche 500.000", qui
travaille en collaboration avec l'ASBL chargée des fouilles. "Après avoir
obtenu l'assurance de la sauvegarde du site, que nous aimerions voir
classé, nous serions favorables au développement d'un projet alternatif, un
cricuit touristique dont la grotte serait le point d'orgue", expliquait son
président, Louis Wauters. C'était avant que le recours des carriers auprès
du ministre régional de l'Environnement n'aboutisse à l'octroi d'un nouveau
permis d'extraire...

Grégory Secondini

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E.GROESSENS, 1996

Un gisement karstique du Paléolithique inférieur à la carrière de la Belle-
Roche, commune de Sprimont

J.-M.CORDY et B.DEUSE
Université de Liège

in DECLEER S. (Ed.), Spéléologie Lascaux,
Catalog. Expo. Mus. R. Art. Hist. Brux., 1984 : 27-32.

La carrière de la Belle-Roche exploite le calcaire carbonifère sur la rive
droite de l'Amblève à environ deux kilomètres de la confluence de cette
rivière et de l'Ourthe. Cette carrière se situe près de la localité de
Comblain (Pont de Scay), aux confins de la commune de Sprimont, sous le
village de Fraiture.

Fin mars 1980, un tir de mines fut exécuté à l'extrémité orientale de la
plateforme supérieure d'exploitation à environ 160 mètres en altitude
absolue. A l'issue du dégagement des éboulis, une portion de grotte fossile
est alors apparue en coupe dans le nouveau front de carrière.

C'est à la suite d'un heureux concours de circonstances et grâce au sens de
l'observation de Monsieur F.Méan, ouvrier de carrière, que le gisement a
été reconnu comme étant fossilifère.

La vienveillance de Monsieur R.Bernard, directeur de la carrière, a permis
la sauvegarde et la fouille du gisement. Très rapidement, les résultats des
recherches ont montré qu'ils s'agissait d'un gisement paléontologique et
archéologique de première importance. D'une part, le remplissage du paléo-
karst a livré pour la première fois en Belgique une faune de grands mam-
mifères du Pléistocène moyen ancien. D'autre part, le même site a fourni un
ensemble de galets aménagés qui constituent les restes de la plus ancienne
industrie connue à ce jour dans le Paléolithique inférieur belge.

D'une façon générale, les grands travaux d'exploitation ou d'aménagement du
territoire dégagent des gisements souvent insoupçonnés. Toutefois, ils les
détruisent par la même occasion, avec une rapidité qui est en rapport
direct avec leurs moyens. Il devient impossible pour les institutions
scientifiques de suivre l'avancement des multiples travaux qui s'effectuent
dans notre pays. C'est là que peuvent intervenir utilement les bénévoles,
les amateurs éclairés qui peuvent former un réseau de surveillance
efficace. Il est même indispensable qu'à côté des institutions scientifi-
ques d'intervention comme le Service des Fouilles et les Universités, il
existe un contact étroit avec un large public, qui doit jouer le rôle
essentiel d'informateur. Toutefois, il ne suffit pas que des gens avertis
surveillent les travaux de leur région ou parcourent le pays à l'affût de
nouveaux sites archéologiques ou paléontologiques, encore faut-il qu'ils
s'adressent en cas de découverte à un organisme compétent ou à un
spécialiste qui sera seul capable d'évaluer l'importance réelle d'un nou-
veau gisement.

Fig. AP: Localisation du gisement de la Belle-Roche

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E.GROESSENS, 1996

Le Soir 2.11.95

En attendant l'ouverture d'un musée

Un bâtiment pour une école de fouilles à Sprimont

Une école sans classe et un musée sans locaux, c'est comme un hôpital sans
bloc opératoire ou un théâtre sans scène: on peut toujours s'en passer mais
c'est tellement mieux avec... En substance, c'est la réflexion qui a poussé
l'administration des bâtiments scolaires (et ceux qui l'ont aidé à avoir
cette idée...) à attribuer un "RTG" à l'ASBL. Paléontologie er archéologie
karstique (ULg) qui s'occupe de l'école internationale de fouilles sur le
site de la Belle Roche, une carrière de Sprimont où on a découvert une
grotte archéologique vieille de 500.000 ans. Un RTG? Il s'agit d'un bâti-
ment préfabriqué de 18 mètres de long dont l'Athénée Royal de Welkenraedt
n'a plus besoin et qui sera bientôt mis à la disposition des chercheurs
liégeois et étrangers qui fréquentent le chantier de fouilles. Vu
l'importance du bâtiment, d'un seul tenant, un convoi spécial devra être
organisé afin d'assurer son transfert à Sprimont et les frais d'achemine-
ment (environ 100.000 F) seront à charge de l'ASBL.

Un bâtiment pour qoui faire? Il permettra d'abord d'assurer une structure
permanente sur le site qui n'est effectivement fouillé que durant les
"beaux" mois de l'année. Une partie sera réservée au rangement et à l'abri
des chercheurs. Le reste devrait permettre d'installer un "pré-musée" du
site archéologique. On y installera à la fois des pièces découvertes durant
les fouilles mais on y développera aussi le moyen d'apprendre ou de com-
prendre les techniques utilisées pour fouiller. Pour qui? Pour les étudi-
ants de l'ULg et d'autres universités ainsi que les différents chercheurs
qui fréquentent l'école internationale notamment. Mais aussi, voire sur-
tout, pour les nombreuses visites guidées dispensées aux écoles qui se
succèdent sur le site durant toute l'année, comme ces 360 élèves déjà
passés cette année auxquels s'ajoutent encore les 300 visiteurs des
journées du patrimoine...

E.R.

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