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147E0195.TXT

PL. ESNEUX 147E
F.HALET - 1909

195 (VII)

En remontant le chemin qui va du village de Comblain-au-Pont au plateau de
la ferme du Reideux, on aperçoit vers le sommet et à droite de la route un
trou naturel très profond entouré d'arbres que l'on appelle l'abîme de
Comblain.

Ce trou qui a été exploré par M.M. Martel et E. van den Broeck a une pro-
fondeur d'environ 55 mètres.

Ce trou est creusé dans le calcaire Viséen V1by.

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195 (suite)

Suzanne LECLERCQ - Ann. Soc. Géol. Belgique, Liège, 1926, t. 48,
pp. b 314-318

Sur un poudingue de grotte

En 1921, M. le professeur Fraipont, effectuant des recherches dans les
grottes de Comblain-au-Pont, remarquait la présence d'un poudingue à petits
éléments dans une grotte située à la cote 190. Cette grotte se trouve à
proximité d'un abîme dans un petit vallon sec au Nord-Ouest du village de
Comblain-au-Pont, donc sensiblement plus haut que la terrasse moyenne de
l'Ourthe (150 mètres).

M. Fraipont m'ayant prié d'étudier ce poudingue, j'ai tout d'abord déter-
miné les éléments qui le constituent, et me suis rendue plusieurs fois à
Comblain-au-Pont en vue d'examiner les roches des régions avoisinantes.
J'ai tenté de retracer le trajet suivi par le ruisseau hypothétique ayant
charrié anciennement les éléments du poudingue jusqu'à la grotte. Celle-ci
est sans aucun doute une entrée de chantoire et non un exutoire.

Ce poudingue est formé d'un cailloutis englobé dans un limon fluvial se-
condairement cimenté par la brèche calcaire. Nous y trouvons: de nombreux
fragments roulés de quartzites et spécialement de quartzite revinien; des
cherts fossilifères abondants; des tiges de crinoïdes silicifiés détachés
des cherts; des grès et psammites du Famennien; des cailloux roulés de
limonite; du quartz de filon; quelques fragments de silex; de rares cail-
loux roulés de quartz blanc; un peu de grès noir manganésifère et enfin du
charbon, en très petite quantité.

La provenance de tous ces éléments s'explique aisément par la nature des
roches que l'on trouve dans les environs de Comblain-au-Pont, exception
faite pour le charbon.

Les cailloux roulés de quartzite revinien et autres, de quartz blanc, de
quartz de filon, de silex, proviennent, très probablement, du lavage d'une
poche de sable 0m située dans les environs.

Les cherts et les tiges de crinoïdes sont dus à l'érosion du calcaire
carbonifère (T2a et V1a).

Les grès, les psammites, les grès manganésifères et le grès rouge ont été
enlevés au Famennien; nous en avons trouvé d'identiques dans la première
carrière de Fa2bcd, sur la route de Comblain-au-Pont à Comblain-la-Tour. La
limonite provient d'un gîte métallifère; une ancienne exploitation de
minerai de fer dans le calcaire carbonifère située au contact du Tournai-
sien et du Famennien, existe, en effet, dans le bois de Comblain. Ce mine-
rai était encore exploité en 1860 par la Société Cockerill (1); une ancien-
ne galerie qui y conduit passe sous la route de Comblain-au-Pont à Com-
blain-la-Tour, après la troisième carrière de Fa2 (b, c, d), entre les
bornes 23 et 24. Nous y avons trouvé du calcaire à crinoïdes rougi par du
fer. Quant au charbon, nous ignorons sa provenance; nous n'en avons, d'ail-
leurs, recueilli qu'une quantité infime. Sommes-nous en présence de charbon
de bois ou de houille, nous l'ignorons. Nous nous bornons à signaler le
fait.

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(1) DELMER, Ann. des Mines, fasc. 2, 1913.
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La présence de grès rouges, de limonite, de cherts imparfaitement roulés,
ainsi que le rareté des cailloux roulés de quartz blanc, éliminent à priori
l'hypothèse que ce poudingue est dû entièrement au lavage d'un dépôt de
sable Om. Pour les mêmes raisons, et aussi par suite de la petitesse des
éléments roulés, ce poudingue ne peut etre considéré comme un gravier de
l'Ourthe. Nous expliquons la formation de ce poudingue dans le chantoire
par l'apport de cailloux roulés charriés par les eaux d'un ruisseau, dont
le cours serait approximativement celui dessiné sur la carte.

Le ruisseau partait de la crète de partage à la cote 260, point culminant
de la région, traversait le bois de Comblain, emportant les grès et psam-
mites famenniens sur le calcaire carbonifère, enlevant la limonite et les
cherts, puis, suivant la pente naturelle des terrains, traversait le R1a,
T1b, T2a, T2b pour arriver au V1a et V1b où l'inclinaison des terrains
était moindre, il coulait presque en plaine jusqu'à la chantoire où il
disparaissait. Les cailloux, charriés par le ruisseau, se sont accumulés et
englobés dans du limon. Secondairement, cet ensemble s'est durci par cimen-
tation calcaire. A remarquer, sur la carte, la présence de nombreuses chan-
toires jalonnant le cours supposé du ruisseau

Quel est l'âge de ce poudingue? Et qu'est devenu le ruisseau qui l'a formé?
Nous avons trouvé dans la grotte, sous une couche de poudingue d'environ 50
centimètres, du sable qui semble tertiaire, première indication assez
sérieuse situant le poudingue à la fin du Tertiaire ou au début du quater-
naire. Or, l'abîme qui se trouve à quelques mètres de cette grotte est
supposé s'être formé (1) à la même époque. La grotte communique certaine-
ment avec l'abîme. Nous avons, M. Fraipont et moi, entrepris de fouiller
l'abîme. Jusqu'à présent, les résultats de nous travaux ne nous permettent
pas de le dater; la faune que nous trouvons ne caractérise pas suffisamment
une époque.

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(1) E.VAN DEN BROECK, E-A.MARTEL, E.RAHIR. - Les Cavernes et les Rivières
souterraines de la Belgique, p.1364, 1910.
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Nous comptons sur nos recherches pour dater la grotte et l'abîme et re-
trouver dans celui-ci le poudingue qui établirait d'une façon certaine la
communication existant entre l'abîme et la grotte.

Dans deux salles de l'abîme, je viens de trouver un lit de 10 centimètres
d'épaisseur de cailloux roulés interstratifiés dans du limon. Ce poudingue
élémentaire est formé des mêmes petits cailloux que le poudingue de la
grotte, il s'en distingue seulement par le fait que ses éléments ne sont
pas cimentés par de la calcite.

La communication entre la grotte et l'abîme est donc prouvée.

Reste à savoir ce qu'est devenu le ruisseau qui a apporté les éléments du
poudingue. Il se peut qu'il soit représenté aujourd'hui par la puissante
source dite "Résurgence du moulin" dont le cours est entièrement souter-
rain. Elle sort des rochers calcaires derrière l'hôtel des Glycines. Cette
source aurait suivi très anciennement le cours aérien du ruisseau fossile,
représenté sur la carte. Par sa disparition dans la grotte et l'abîme, elle
aurait creusé les jolies salles dernièrement découvertes en connexion avec
l'abîme. La Résurgence du moulin est actuellement alimentée par les eaux
des chantoires qui échelonnent son ancien cours aérien (voir carte).

Nous espérons trouver en fouillant l'abîme un niveau inférieur de salles où
coulerait le ruisseau responsable de ces dissilutions dans le calcaire. Il
se pourrait que le cours de ce ruisseau souterrain nous amène à la Résur-
gence du moulin.

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Ann. Soc. Géologique Belgique, Liège, t. 48, 1929, pp. B 334-340

Croquis: Profil schématique de l'abîme de Comblain-au-Pont.

Petite grotte voisine de l'abîme. - Cette grotte, creusée dans la brèche,
présente une couche d'environ 50 centimètres d'épaisseur d'un poudingue à
petits éléments.

Il est formé de petits cailloux roulés englobés dans un limon et secondai-
rement recimentés par une brèche calcaire. On y trouve des quartzites, des
cherts fossilifères, des grès, des psammites, des cailloux de limonite, de
quartz de filon et un peu de grès noir manganésifère.

L'Abîme est situé à la limite entre le V1 et le V2; il s'ouvre à la cote
190 vers le haut du versant nord du ravin. Il se présente sous l'aspect
d'un puits vertical de 22 mètres de profondeur sur 3 à 5 mètres de diamètre
moyen (voir profil schématique fig.2). Nous descendons au moyen d'une
caisse suspendue à un chèvre et mue par un treuil à main. Nous sommes
déposés au sommet d'un talus d'éboulis (fig.2) formé par de gros moellons
de pierre, des fragments de troncs d'arbres et de nombreux ossements d'a-
nimaux tombés de la surface. Cet éboulis, qui doit avoir une épaisseur
considérable (13 à 25 mètres), remplit presque complètement la toute pre-
mière des salles creusées et se continue en pente raide dans une ou deux
autres salles. Le puits se prolonge d'abord vers le Nord par une galerie en
pente raide (35°), large de 2 à 5 mètres, qui suit la pente du cone
d'éboulis.

Remarquons que la pente du cours souterrain est non seulement en sens
inverse de la direction du ravin, mais diamétralement opposée à la pente de
son versant. Après une trentaine de mètres la déclivité du sol diminue
fortement, tandis que la voûte de la galerie s'abaisse. En même temps le
couloir fait un coude et se dirige vers l'Ouest. C'est cette direction
générale Est-Ouest que garderont, en dépit des méandres apparents et lo-
caux, les salles et les galeries que nous traverseront dans la suite
(fig.1). notons encore que le ruisseau qui coulait en surface dans une
direction Ouest-Est, a pris, dès son entrée sous le sol, une direction Est-
Ouest indépendante de la topographie de la surface, creusant ici les cou-
ches les plus disloquées, partant les plus solubles, comme M. Lohest l'ait
fait observer. En nous courbant légèrement nous passons sous la voûte et
pénétrons dans la première grande salle. Cette salle, d'environ 30 mètres
de hauteur sur 6m à 12m de largeur, a comme toutes les autres de l'abîme la
forme très caractéristique de bouteille (fig. 2) qui est la forme type des
salles des Avents. Cette forme correspond au travail d'elargissement opéré
de haut en bas par les eaux tournoyantes qui s'engouffraient dans les
fissures de la surface. Quoique étant la première cavité importante ren-
contrée, cette salle est appelée salle II. Il ne faut pas oublier qu'il
existe une salle qui, avant toute autre, a été creusée par les premières
infiltrations des eaux; c'est l'abîme lui-même, qui constitue en réalité la
première salle. Il n'était jadis en communication avec l'extérieur que par
des fissures et sa forme comme celle des autres salles, était celle d'une
bouteille aplatie latéralement. L'effondrement de son plafond trop aminci
par l'érosion, lui a donné son aspect actuel. La bouteille s'est remplie
d'éboulis jusqu'à la base de son col. C'est ce col que représente notre
puits de 22 mètres. Plus tard, alors que se continuait le creusement de la
première salle, le ruisseau s'infiltrait en amont dans les fissures du sol
calcaire sur lequel il coulait. L'agrandissement de ces fissures permit une
absorption toujours plus importante des eaux et bientôt le premier point
d'absorption fut abandonné. Une nouvelle salle se creusa en amont de la
première; par un processus semblable celle-ci fut aussi abandonnée par les
eaux du ruisseau pour une troisième fois. Chaque salle représente une perte
de la petite rivière et chaque perte successive recule vers l'amont comme
les sources et les cascades. Chacune des salles est en somme indépendante
de celle qui la précède ou qui la suit; les communications qui existent
entre elles sont secondaires et indépendantes de leur mode général de
formation.
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FIGURE 1.

Profil schématique de l'Abîme de Comblain-au-Pnt, dressé par MM. Corin,
Lykiardopoulo et Max Lohest fils.

Ce profil n'indique que les premières salles. Comme on le voit, c'est à
partir de la salle II que la direction Est-Ouest s'établit.
AB et BC sont les directions correspondant à celle de la figure 2.
.................Contour schématique des salles.
-----------------Levé en longueur et direction.
I à X. Numérotation des salles.
1 à 21. Stations du lever topographique.

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Le sol de la salle II est entièrement recouvert par l'éboulis; ses parois
ne présentent pas plus de cristallisations intéressantes que celles du
couloir emprunté pour y arriver. M. LOHEST fait observer le présence d'un
fragment d'anticlinal couché bien visible sur la paroi Ouest de cette
salle. La brèche est donc bien une brèche de friction et comme nous sommes
à la base du V2 nous n'avons pas affaire au V2cx.

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Fig.2 : Coupe des cavités de l'Abîme de Comblain-au-Pont (dressée par Mlle
Leclercq).

De dessin n'indique que les régions connues lors de l'excursion.

AB et BC sont les directions correspondant à celle de la figure 1.

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Au moyen d'une échelle nous pénétrons dans la salle III qui est bien plus
ornée que les précédentes. De grandes stalactites d'une dizaine de mètres
de hauteur forment d'élégants piliers-draperies appliqués à l'une des
parois; le sol irrégulier accuse une forte pente et est recouvert d'une
couche boursoufflée de stalagmite. Au pied de la paroi Est, à une profon-
deur de 45 mètres, on retrouve l'éboulis qui vient de la salle II. Il est
représenté ici par une coulée de pierres de trois mètres de large qui
s'enfonce sous une voûte surbaissée. On retrouve ces pierres à des niveaux
inférieurs de l'abîme où l'on accède par un passage étroit, appelé par les
premiers visiteurs de l'abîme: "trou impénétrable". C'est un couloir tortu-
eux en pente accentuée ou Mlle Leclercq et M. Fraipont ont pénétré jusqu'à
une profondeur de 60 mètres. (A partir du niveau du sol, c'est à dire vers
la cote 130). L'éboulis se continue plus bas encore; nous sommes pourtant à
au moins 40 mètres de distance verticale du sommet de l'éboulis dans la
première salle. En tenant compte des déclivités possibles du sol des trois
salles traversées, on peut hardiment attribuer à la première salle une
hauteur approximative de 40 mètres; l'éboulis la comblerait donc sur une
hauteur d'environ 20 mètres.

Mlle LECLERCQ signale qu'en déblayant et élargissant des galeries de com-
munication entre différentes salles et notamment entre les salles III et
IV, elle a retrouvé des cailloux interstratifiés dans du limon. Ces cail-
loux sont identiques à ceux qui composent le poudingue de la grotte. La
présence de ce cailloutis prouve que le creusement des salles successives
de l'abîme est imputable au ruisseau fossile qu'elle a étudié. La direction
générale Est-Ouest des cavités dépendantes de l'abîme, est conforme au
tracé indiqué en surface par Mlle Leclercq pour ce ruisseau (voir carte 9).

A l'aide d'un système d'échelles attachées les unes aux autres, on accède à
un passage étroit dit "le bénitier""; c'est un gour à bords fortement
surplombant dont la forme rappelle un peu celle des grandes conques renfer-
mant l'eau bénite dans les églises.

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