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144W0367.TXT

Feuille : 144W - NAMUR - 473
secteur : 6
numéro : 367
code : 144W0367 - 4730367
X :
Y :
Z :
commune :

auteur : F. CORIN, I. de MAGNEE & E. SIMONS
références :

date :

roche :
formation :

localisation :

nature : Puits

description :

Puits d'extraction de la S.A. des Mines de Pyrite de Vedrin (cf. n° 368 et 309).

Extrait d'une lettre de M. Courtois, directeur général, en date du 21 janvier 1939.

"La cote de la tête du puits d'extraction est de 178 m 62 au-dessus du niveau de la mer ; la profondeur de l'étage inférieur est de 128 m 70, celle de l'ancien étage 102 est de 101 m 64, celle de l'areine 77 m en-dessous de la tête du puits.

COURTOIS, A. & MARTELEE, J., 1938. Les problèmes posés par l'organisation de l'exhaure aux mines de pyrite de Vedrin. R.U.M., 81ème année, 8ème série, t. XIV, n° 11, novembre 1938, p. 795.

"Quant au puits d'extraction, dont l'emplacement n'était connu qu'approximativement, on savait que les roches traversées étaient mauvaises jusqu'à 100 m de profondeur environ et qu'il avait exigé un soutènement sur toute sa hauteur. Ce soutènement avait
été exécuté en bois....".

p. 801

"Relèvement du puits d'extraction. Le puits d'extraction avait été préalablement relevé jusqu'au nivau de l'étage 80.

L'épuisement de la mine s'effectuant, on put aisément recarrer et bétonner le puits au fur et à mesure de la descente des eaux jusqu'au niveau de l'étage 110 où était réalisée la prise d'eau.

.... à l'étage (étage 110), les travaux anciens étaient à peine commencés et se limitaient au creusement de quelques mètres de galerie... La venue d'eau y était faible, et l'épuisement en était assuré par une petite pompe de 80 m³/h... Le puits fut
alors remis en état jusqu'à 130 m et les travaux préparatoires purent être commencés à cet étage.

A cette époque, la grosse venue d'eau s'effectuait à 110...
Au fur et à mesure de l'avancement des préparatoires à 130, la venue d'eau à cet étage crut, tandis que celle de 110 diminuait pour devenir finalement nulle".

367 - suite - I. de MAGNEE & E. SIMONS


I. de MAGNEE & E. SIMONS, 1939. Compte-rendu de l'excursion de la Mine de Plomb et Pyrite de Vedrin (4 et 5 mars 1939). Bulletin de la Société belge de Géologie, etc... Bruxelles, 49: 235-249.

[Cette excursion avait dû être dédoublée à causse de la difficulté de conduire un groupe nombreux dans les travaux souterrains. Assistèrent à l'excursion : MM. Anciaux, Camerman, de Magnée, Denaeyer, Dumon, Evrard, Grosjean, Gulinck, Lecouturier,
Liégeois, Masuy, Mélon, Metz, Simons, Ronchesne, Thoreau, Van Esbroeck, Verhoogen]

A leur arrivée à la mine, les excursionnistes furent aimablement accueilli par M. A. Courtois, directeur général de la Société des Mines de Vedrin. Celui-ci leur fit un bref historique des exploitations de Vedrin.

L'exploitation du gisement de plomb de Vedrin est fort ancienne, comme celle de la plupart des filons du bassin de Namur, depuis Fleurus jusqu'à Liège.

Les travaux souterrains établis dans les filons de Vedrin furent de nombreuses fois abandonnées en raison de venues d'eau.

C'est vers 1630 que les travaux systématiques commencèrent à être entrepris et de cette époque à nos jours l'histoire de la mine de Vedrin n'est qu'une suite de demandes en concession, d'octrois et de transactions entre les demandeurs et les autorités de
l'époque. On trouve dans des registres anciens les changements de concessionnaires, l'exposé de leurs litiges, ainsi que des détails sur les modalités de rétribution, les taxes fiscales et les coutumes de ces matières, qui sont dignes de figurer dans
une histoire du droit minier.

En conclusion de son exposé, M. Courtois fit ressortir, par un exemple vieux de 300 ans, qu'en ces temps éloignés les intrigues et le recours aux puissants de la terre avaient une efficacité non moins grande qu'à notre époque.

Passant ensuite à l'historique de la reprise de la mine, en 1928, il fit ressortir les difficultés qui défendaient l'accès du gisement : éboulements dans la galerie d'évacuation des eaux et noyage complet de tous les travaux au-dessous du niveau de cette
galerie.

Il a donc fallu commencer par remettre en état cette areine des anciens exploitants, longue de 4 km et située au niveau de 80 m au-dessous du sol au puits Sainte-Barbe, le siège d'extraction actuel. Cette opération n'a pas été sans présenter de grandes
difficultés, en raison des poches de sable oligocène rencontrées sur le parcours de l'areine [Courtois, A. & Martelée, J., 1937. Les problèmes posés par l'organisation de l'exhaure aux Mines de Pyrite de Vedrin. R.U.M., XIII: 213].

Le recarrage de l'areine terminé, il s'est agi d'effectuer la remise en état des puits du siège Sainte-Barbe. Ces puits, au nombre de deux, avaient été foncés par les anciens exploitants jusqu'à 130 m. Le puits d'exhaure se trouvait isolé du reste des
travaux par un serrement. Cette particularité permit d'accéder assez rapidement à l'étage 130 m du puits d'exhaure et d'y construire une salle de pompes capable d'assurer le dénoyage. Celui-ci put être effectué en peu de temps, non sans soulever
cependant des problèmes techniques importants.

Après l'exposé de M. Courtois, les excursionnistes entendirent une description générale des gisements faite par les conducteurs de l'excursion.

Situation générale et allure du gisement de Vedrin

Le gisement de plomb, zinc et pyrite de Vedrin est situé à environ 4 km au NE de Namur, sur le flanc nord du Synclinal de Namur. La partie productive est logée dans le Calcaire carbonifère, comme c'est le cas pour les nombreux filons plombo-zincifères
qui s'alignent le long du bord nord, puis sud du Synclinal de Namur, puis le long du bord sud du synclinorium de la Vesdre, depuis Fleurus-Ligny jusqu'à Moresent, en passant par Vedrin, Gelbressée, Couthuin, Corphalie, Engis, Angleur, La Rochette,
Pepinster, Welkenraedt.

Tous ces gisements appartiennent à la même famille métallogénique, caractérisée par l'association minéralogique : blende zonaire ("schalenblende"), galène, marcassite, calcite.
Le gisement de Vedrin est constitué par deux filons bien individualisés : le filon principal, dit "Filon du Croisier", et un filon secondaire, dit "Filon du Pequet", que l'on peut considérer comme une branche du premier (voir figure 1).

Ces filons coïncident avec des failles normales appartenant au champ de fractures radiales si bien développé au Nord de Namur [cf. V. Baty, 1932-1933. La tectonique des terrains paléozoïques au Nord de Namur. Annales de la Société géologique de
Belgique, LVI: B194].

A la traversée des calcaires viséens du bord nord du Synclinal de Namur, la "Faille de Vedrin" a été minéralisée par des venues hydrothermales sulfurées. Le remplissage consiste en dépôts successifs et alternants de marcassite, galène et blende.

Ce mécanisme de dépôt confère au remplissage filonien une belle structure rubanée, souvent symétrique, lorsuqe des accentuations de la faille, contemporaines de la minéralisation ou postérieures à celle-ci, ne sont pas venues disloquer ou broyer ce
remplissage.

Les minerais non broyés et riches en blende rappellent fort le minerai classique de Moresnet. Les minerais bréchiformes et les minerais rubanés pauvres en blende sont d'aspect différent. Nous les décrirons plus loin.

Les teneurs du minerai tout-venant en Fe, Pb, Zn et S sont très variables d'un point à l'autre des filons. A l'époque de notre visite, le minerai extrait contenait, en moyenne, environ 70 % de marcassite, 4 à 6 % de galène et 2 à 4 % de blende. Le
reste est formé de dolomie provenant d'enclaves stériles et de calcite blanche provenant surtout du ciment des brèches filoniennes.

Allure des filons

Le filon principal, dit du Croisier, est logé dans une faille normale importante, la faille de Vedrin. Celle-ci est dirigée N40°E et traverse tout le flanc nord du bassin de Dinant.

Le mécanisme de dépôt de ces minéraux est essentiellement une incrustation de vides par des solutions minéralisantes variant fréquemment de composition.

Les phénomènes de remplacement métasomatique ne jouent qu'un rôle subordonné, quoique la roche encaissante soit calcaire ou dolomitique. C'est à peine si les épontes et enclaves montrent une légère imprégnation par de la marcassite, ne pénétrant la
roche que sur quelques centimètres ou millimètres de profondeur. Par contre, les solutions minéralisantes ont manifestement attaqué et dissous la roche carbonatée, en élargissant ainsi les vides formés par les mouvements tectoniques.

La superposition régulière des dépôts successifs n'est troublée que par les mouvements répétés qui ont déplace l'une par rapport à l'autre les épontes des filons, au cours de la minéralisation. Ces mouvements ont disloqué plus ou moins les dépôts déjà
cristallisés.

La minéralisation a partout débuté par un important dépôt de la marcassite fibreuse, parfois épais de plusieurs décimètres. C'est ce sulfure qui est partout en contact avec les épontes et aussi avec les enclaves de dolomie noyées dans le remplissage
filonien.

Puis, se développe une première génération de galène, suivie par un faible dépôt de blende.

Ce cycle recommence ensuite, toujours dans l'ordre marcassite-galène-blende. On compte ainsi, par endroits, jusqu'à dix récurrences. Les derniers cycles comportent en outre de la calcite, qui succède généralement à la blende, ou comble des fissures et
de petites géodes.

A certains moments deux minéraux se déposaient simultanément : la marcassite et la galène, la blende et la galène. La calcite peut se précipiter en mélange confus avec un ou deux des trois sulfures.

L'évolution de la solution minéralisante obéissait donc à une loi bien déterminée.

L'épaisseur des croûtes cristallines varie fort d'une génération à l'autre, et, pour une même génération, d'un point à l'autre des filons. Les derniers cycles sont en général plus riches en galène et blende que les premiers.

Les parties de filon qui ont échappé au rebroyage montrent une disposition à peu près symétrique par rapport au plan médian de la fissure. Ce plan de symétrie est jalonné par de petites géodes.

Les dépôts peu importants de galène tendent à s'effectuer sous forme de gros cristaux isolés. Ceux-ci sont alors englobés dans une masse de marcassite fibreuse et s'alignent exactemenet suivant une zone d'accroissement de celle-ci. Ils sont distants
entre eux de quelques centimètres et orientés de façon quelconque.

Les fibres de marcassite sont interrompues net sous un cristal de galène, mais au-dessus, elles se replient (figure 2) en forme d'ogive en laissant un vide. Ce vide est comblé par de la blende. Une petite géode subsiste parfois. Un peu plus haut la
marcassite reprend sa disposition régulière.

La vitesse de cristallisation de la galène était plus grande que celle des fibres de marcassite. Au-dessus du cristal de galène des zones d'accroissement de la marcassite présentent une convexité tournée vers le cristal.

La faille minéralisée dans sa partie qui affecte les calcaires et dolomie du Carbonifère, soit sur plus de 2.500 m, depuis Saint-Marc jusqu'à près d'un kilomètre au Nord de Vedrin, c'est à dire jusque dans le Famennien. L'affleurement du filon est
jalonné par un chapeau de fer important, qui fut exploité comme minerai de fer (figure 1).

La puissance du remplissage filonien non oxydé varie de 0 à 2 m 50, la moyenne étant de 0 m 80 environ. Ce filon a un pendage est variant de 65° à 85°. Il semble exister une relation entre le pendage et la puissance.

A 120 m au Nord du puits d'extraction actuel, le filon secondaire du Pequet se détache du Croisier et se dirige sensiblement SN, jusqu'au Famennien. Le pendage de ce filon est de 70° à 80° Est. Dans la zone actuellement exploitée, il se divise en deux
branches.

Au Sud du puits d'extraction, le filon unique est encaissé dans les calcaires viséens. Au Nord de ce puits et au niveau actuel d'exploitation (100 à 130 m de profondeur), les filons sont encaissés dans les dolomies du Viséen inférieur et du Tournaisien.
Les bancs calcaires et dolomitiques sont dirigés en moyenne N80°E et leur pente est de 15° à 25° Sud.

Les failles minéralisées sont toutes du type normal, leur toit étant descendu par rapport au mur, comme l'indique le sens de leur rejet horizontal et aussi le fait que les bancs formant le toit sont localement repliés vers le haut : ils montrent d'assez
forts pendages vers le SE. Le rejet horizontal de la faille principale est de l'ordre de 200 m, ce qui correspond à un rejet vertical de 35 m environ.

Vers le Nord, les travaux sont à la veille d'atteindre les schistes et grès du Dévonien. On s'attend, d'après les documents anciens existants sur l'exploitation des niveaux supérieurs, à ce que les filons s'y amincissent ou s'y éparpillent.

La puissance des filons est sujette à des variations très brusques, de même que le proportion de plomb et de zinc dans le remplissage. Dans certains quartiers, le zinc est pratiquement absent. En certains points subsiste seule la marcassite.

Les épontes sont le plus souvent bien marquées. Localement la masse sulfurée est séparée de la roche carbonatée saine par une salbande argileuse ou par de la dolomie pulvérulente. Ailleurs les épontes sont injectées par un réseau de petites veines à
remplissage de marcassite ou de calcite. Le contact avec le remplissage proprement dit est alors indistinct.

Minéralisation primaire

Le sulfure dominant à Vedrin est une belle marcassite à longues fibres parallèles, implantées normalement aux parois du vide comblé. En coupe normale, ces fibres montrent des sections irrégulières ou grossièrement polygonales. De fines stries
d'accroissement, très serrées, sont disposées perpendiculairement aux fibres. Une légère altération suffit pour les faire apparaître nettement.

La marcassite est localement transformée en pyrite dans des conditions spéciales dont nous reparlerons.

Les fibres se terminent par des facettes bien nettes, parmi lesquelles on reconnaît les faces p striées diagonalement. Les parois de géode en marcassite ont une allure mamelonnée ou réniforme, correspondant à une structure fibroradiée. On trouve des
stalactites en marcassite.

La galène, très peu argentifère, se présente en gros cristaux à faciès cubique idiomorphe, sauf sur la face d'implantation.

La blende est zonaire ("schalenblende") à texutre amorphe colloforme (teinte jaune très clair) ou bien finement grenue (teinte brune). Dans ce cas, elle montre une faible anisotropie, sans qu'on puisse cependant la considérer comme de la wurtzite
typique. A l'oeil nu, on ne voit jamais de cristaux idiomorphes de blende.

La calcite est largement cristallisée et comble beaucoup de fissures ou tapisse des géodes.

La blende corrode un peu la galène en y pénétrant le long des clivages.

Si la précipitation de galène est plus importante, les cristaux sont jointifs et forment une zone assez continue, encapuchonnant les cristaux de sulfure de plomb. Cette blende possède une structure zonaire assez nette. Comme le montre le croquis figure
3, les zones de blende épousent les irrégularités de la couche de galène en les atténuant. Il y a donc une nette succession dans le temps.

A la blende succède une zone de marcassite fibroradiée, qui tend à reprendre pus haut une structure à fibres parallèles.

Si les zones de galène sont interrompues, les zones de blende le sont également. La blende tend donc à ne se précipiter que sur la galène, à l'exclusion de la marcassite. Cette "sympathie" entre les sulfures de plomb et de zinc est remarquable.

Il existe toutefois, en certains points, des minerais très blendeux, dont les zones de blende sont continues, même si la galène est presque absente. Dans ce cas, ces zones alternent avec des dépôts de marcassite.

Dislocation des filons

La plus grande partie des filons a été affectée par des glissements suivant approximativement les surfaces de faille. Ces mouvements ont eu lieu à plusieurs époques. Ils peuvent se traduire par de simples "réouvertures", mais parfois aussi par un
broyage intense pulvérisant le minerai.

Il faut distinguer les dislocations contemporaines de la minéralisation de celles qui lui sont postérieures.

Les premières donnent lieu à la formation de brèches filoniennes. Les éléments de brèche sont constituées par des fragments anguleux de minerais zonés, auxquels viennent se mêler des blocs et fragments de dolomie et de calcaire, lorsque la dislocation a
affecté également les épontes. Le diamètre des éléments de brèche varie de plusieurs décimètres à une fraction de millimètre.

Le ciment est toujours de la marcassite ou de la calcite. Il est curieux d'observer qu'à une période de dislocation succèdait invariablement un dépôt de marcassite ou de calcite. Il y avait donc une rlation entre les mouvements tectoniques et les
variations de composition des solutions minéralisantes.

Latéralement, les brèches passent à des minerais rubanés simplement fissurés, les fissures étant toujours comblées par la marcassite ou la calcite.

Aux points où le filon est bréchiforme, les épontes sont généralement traversées par une multitude de filonnets de marcassite.

Le ciment des brèches est souvent incomplet, de sorte qu'il subsiste de nombreuses petites géodes.

Les dislocations postérieures à l'époque de minéralisation ont broyé localement le minerai sans qu'il ait eu introduction d'un ciment, si ce n'est un peu de calcite de sécrétion latérale.

Des parties du filons du Pequet ont été littéralement pulvérisées : le minerai est devenu une masse meuble noirâtre, exploitable à la pelle.


Acidité des solutions minéralisantes

On sait, depuis les travaux d'Allen et Crenshaw, que la marcassite précipite de solutions acides. Des solutions alcalines forment généralement de la pyrite.

La marcassite, minéral dominant à Vedrin, indique la nature acide des solutions minéralisantes, du moins pendant certaines phases de la minéralisation.

Leur acidité est aussi mise en évidence par l'attaque des épontes calcaires ou dolomitiques et par la dissolution locale de la calcite filonienne.

On trouve de curieuses brèches à ciment de marcassite enclavant des fragments de dolomie. Ceux-ci sont très attaqués chimiquement et réduits à l'état d'un peu de sable dolomitique résiduel ou bien de fragments arrondis flottant librement dans des
cavités polyédriques à cloisons de marcassite.

Formation de pyrite
Au contact des épontes et du premier dépôt de marcassite s'observent souvent de petites cavités de dissolution, parfois tapissées de minuscules cristaux de pyrite à faciès octaédrique. Nous pensons que la formation de cette pyrite est due à la
neutralisation momentanée des solutions minéralisantes acides au contact direct de la roche carbonatée [Nous rapprochons cette observation de l'existence aux Etats-Unis d'Amérique, dans le Wisconsin, de filons de marcassite traversant des calcaires et
possédant un liséré de pyrite suivant le contact avec les épontes. Cfr. Ch. H. Behre, E.R. Scott, A.F. Banfield, the Wisconsin Lead-Zinc District (Economic Geology, t. XXII/6: sept.-oct. 1937].

Des sections polies faites au travers de ces contacts ont révélé l'existence de microbrèches à éléments anguleux de marcassite et ciment de pyrite.

D'autre part, une partie au moins du sulfure de fer pulvérulent du filon du Pequet est de pyrite. Nous supposons que celle-ci provient d'une transformation secondaire de la marcassite broyée, restée longtemps en contact intime avec les eaux alcalines.

Phénomènes d'oxydation
Les deux filons de Vedrin étaient surmontés par un chapeau de fer très développé. C'était une épaisse masse de limonite, remplissant de grands entonnoirs dans les calcaires et dolomies. On sait que ces entonnoirs sont creusés par l'acide sulfurique
résultant de l'oxydation de la marcassite.

La base de la zone d'oxydation suit une ligne extrêmement irrégulière. Dans les zones très fissurées, l'oxydation s'est étendue loin au-dessous du niveau hydrostatique. Dans le filon du Pequet, une partie des travaux actuels, entre 102 et 130 m de
profondeur, est encore dans la zone d'exploitation : on y exploite des limonites terreuses contenant des fragments de galène et de blende. Ces deux sulfures ont partout bien résisté à l'oxydation. On ne trouve que des traces de smithsonite et de
cérusite.

Le niveau hydrostatique a dû être très bas à certaines époques géologique, puisque l'oxydation s'étend à plus de 30 m au-dessous du niveau de la Meuse à Namur. A cette profondeur, on trouve d'ailleurs de petites cavernes de dissolution dans les
calcaires, sans revêtements sulfurées ou limoniteux.

Sur des parois de galeries assez anciennes, on assite à la formation de sulfates solubles de Fe, Mg, Al et Ca. M. Schoep a signalé récemment la copiapite (2F2O3 5SO3 17 H2O) [A. Schoep. 1938. Copiapiet uit de ertsmijn van Vedrin. XXXe Vlaamsch
Natuur- en Geneeskundig Congress , Leuven, 22-24 april 1938, pp. 141-142]. Nous avons trouvé également du gypse, de la mélantérite (FeSO4 + 7H2O) et de la pickeringite (MgSO4 Al2(SO4)3 + 22 H2O). Ce minéral n'a pas encore été signalé en Belgique à
notre connaissance. Il se présente en houppes de longues fibres blanches, élastique, à éclat soyeux.

Température de formation et âge du gisement

Les filons de Vedrin rentrent nettement dans la catégorie des gisements épithermaux (sensu Lindgren), formés au-dessous de 175°C. L'étude des inclusions liquides a bulle gazeuse dans les sulfures des gisemens B.G.P. de la Silésie et du Mississipi, très
analogues aux gisements de type Moresnet, a permis de conclure à des températures de formation de l'ordre de 100°.

D'après les découvertes récentes, il semble bien que l'on doive admettre que la minéralisation de nos gisements de la Meuse et de la Vesdre s'est effectuée à une époque beaucoup plus récente que celle généralement admise par les géologues belges
(Jurassique). En effet, des sondages effectués dans le Limbourg hollandais, immédiatement au Nord des gisements de Moresnet et Bleyberg, ont révélé que l'assise des Sables d'Aix-la-Chapelle (Sénonien inférieur) était minéralisée à l'aplomb des filons
recoupant le Houiller [Communication verbale de M. l'Ingénieur P. de Wijkerslooth]. Les gisements de Moresnet et équivalents seraient donc formés postérieurement au Sénonien et probablement à faible profondeur.

Exploitation

Lors de la reprise de mine de Vedrin, le filon était exploité presque complètement jusqu'au niveau de 102 m. On exploite actuellement la tranche 102 m - 130 m.

L'exploitation se fait par longues tailles chassantes inclinées et remblayage complet. Les produits abattus à l'explosif glissent sur des tôles posées sur le remblai. L'inclinaison moyenne de la taille est de 35 à 40°, sa longueur de 20 à 30 m suivant
la pente.

L'exploitation est rendue difficile par les variations brusques de la puissance, de la direction et l'inclinaison des filons. Dans les zones pauvres ou en étreinte, on procède à la reconnaissance du gisement par des montages effectués entre la voie de
roulage et la voie de retour d'air, en avant des tailles. Ces montages permettent de délimiter les massifs à abandonner.

L'écoulement des eaux est assuré par des canaux de 80 cm de section, recouverts de dalles sur lesquelles est établie la voie de roulage. L'épuisement des eaux constitue une lourde charge : environ 25 000 m³ sont pompés et déversés par 24 heures dans
l'areine du niveau de 80 m.

Itinéraire du fond (voir figure 4)

Après avoir entendu ces explications, les excursionnistes descendent à l'étage de 102 m de profondeur et se dirigent vers le Nord-Est dans le chassage qui suit à ce niveau le filon principal du Croisier. Aux environs du puits, ce filon est en étreinte
presque complète : nous pouvons observer déjà l'aspect broyé et pulvérulent de la minéralisation qui, à cet endroit, a une épaisseur de 10 à 15 cm (point 1, fig. 4). Au mur dolomitique du filon, une bande de marcassite zonaire de 4 à 5 cm d'épaisseur a
conservé sa structure originelle.

La présence de galène se trahit par les suintements blanchâtres qui coulent aux parois de la galerie. Les zones riches en galène sont généralement de moindre résistance et se présentent sous un aspect finement pulvérulent.

Nous poursuivons notre chemin vers le NE et arrivons bientôt à la bifurcation des deux filons du Pequet et du Croisier. Ce point de jonction n'est d'ailleurs pas physiquement observable, parce qu'à ses abords les deux filons sont en étreinte et que la
faille elle-même semble se diviser et donner naissance à plusieurs petites failles disposées en relais et non minéralisées.

Descendant ensuite à l'étage 110 m, nous arrivons bientôt à la tête de la taille ouverte dans le filon du Croisier entre les étages 110 et 130 m (point 2). Le front de taille est particulièrement intéressant à observer, parce que le filon y présente un
caractère très net de brèche tectonique à éléments de grosseur variable de B.G.P. , partiellement cimentée par de la marcassite et de la calcite. On observe aussi des enclaves de dolomie encaissante de dimensions diverses, noyée dans le filon. La
puissance du filon est de 1 m 50 à 2 m 50. Sa pente est de 70° environ vers l'Est et sa direction de N40°E. Dans la partie supérieure de la taille, on voit assez bien de galène en bandes irrégulières de gros cristaux assoicés à de la blende zonaire et
à de la marcassite fibreuse. Dans la partie inférieure de la taille, au contraire, le caractère bréchiforme s'accentue ; le filon passe localement à un agrégat pulvérulent d'éléments de dimensions inférieures à quelques millimètres. Dans ce cas, la
galène est toujours finement broyée et apparaît au front de taille sous forme de traînées grises tranchant sur le fond plus clair de la marcassite bréchiforme. Il faut noter d'ailleurs qu'en plusieurs endroits, le pourcentage de stérile (dolomie
encaissante ou calcite blanche filonienne) devient assez élevé. Les enclaves dolomitiques conservent généralement, dans la brèche, des dimensions plus considérables que les fragments de sulfures.

On distingue aussi dans le toit du filon un réseau de fractures secondaires minéralisées en marcassite, dont l'ouverture est de 10 à 15 cm et qui pénétrent assez profondément dans les épontes. De ce fait, le passage du filon proprement dit à son toit
est assez progressif.

Avant de descendre de taille, certains d'entre nous firent un détour pour voir le filon dans un montage 3 creusé au-dessus du chassage de 110 . Le filon y a une puissance de 1 m 75 à 2 m. Il est beaucoup moins rebroyé que dans la taille 2 et contient
une proportion notable (6 % environ) de galène en cristaux de 0,5 à 1 cm de côté et de calcite blanche en gros cristaux.

Cette calcite occupe localement presque toute l'épaisseur du filon ; elle est alors mélangée d'un peu de pyrite ou de galène ; mais nous n'avons pas observé d'association de blende avec la calcite filonienne.

Au pied de la taille 2, nous poursuivons vers le Nord le chassage 130 jusqu'au front de taille de celui-ci. Nous observons, en passant, la confection du dallot d'évacuation des eaux et la manière dont l'eau circule par les fissures du calcaire et les
joints de stratification. A l'extrême Nord du chassage (4), le filon a une ouverture de 0 m 40 seulement. La pyrite y est oxydée partiellement en limonite et nous y relevons la présence d'un peu de calamine.

Revenant ensuite vers le Sud par la voie de roulage principale de 130, les excursionnistes quittent le filon du Croisier pour se diriger en travers-bancs vers l'Ouest, c'est à dire vers le filon du Pequet. Nous avons l'occasion d'observer ici (5) la
direction et l'inclinaison des bancs de dolomie, ainsi que la nature de celle-ci. On voit notamment que le pendage faible vers le Sud est la règle, comme presque partout, dans les travaux de mine. Nous remarquons aussi que les venues d'eau sont très
réduites dans la bacnure de recoupe Pequet-Croisier en comparaison de celles que nous trouvons dans le chassage, ce qui nous permet de conclure à l'existence d'une zone de circulation plus intense aux environs immédiats des failles, où les roches sont
toujours plus fissurées.

Pénétrant ensuite dans les chantiers du Pequet, nous observons une nouvelle bifurcation des filons, présentant cette fois une ligne de jonction réelle et des caractères très intéressants. En effet, la jonction 8 des deux embranchements du filon du
Pequet correspond à un élargissement considérable du filon (2 à 3 m) et à une zone de broyage intense. Fait plus remarquable, l'embranchement ouest seul manifeste des preuves de mouvements tectoniques postérieurs à la minéralisation, tandis que la
branche présente une structure rubanée, intacte et même, en certains endroits, symétrique (point 7). Nous observons clairement la succession des dépôts dans cette branche de filon : marcassite aux parois, suivie d'un dépôt de galène accompagnée de
blende, suivie d'un nouveau dépôt de marcassite.

Dans le filon du mur (branche ouest), au contraire, nous avons affaire à une minéralisation rebroyée et plus ou moins recimentée. Cependant, ces phénomènes y sont difficilement observables en raison d'une oxydation intense qui s'est produite dans toute
cette zone. Celle-ci a transformé localement le filon sulfuré en un véritable filon de limonite, contenant des fragments de galène et de blende, ainsi que des morceaux de marcassite intacts. L'exploitation a démontré que cette zone d'oxydation, très
étendue à l'étage 130 m, est au contraire beaucoup plus réduite à l'étage 102 m, qui lui est cependant supérieur. La base de la zone d'oxydation est donc une ligne très irrégulière.

En passant, nous observons dans la dolomie des épontes du filon du Pequet ouest, un banc fossilifère à Syringopora de 8 à 10 cm d'épaisseur. Ce banc est décalé horizontalement de 70 m environ de part et d'autre de la faille.

Revenant ensuite au puits, les excursionnistes visitèrent au Sud de celui-ci une importante venue d'eau souterraine, alimentée par un drain. Il est remarquable q'uelle continue à donner un fort débit, quoique les travaux au Nord et au Sud se soient
poursuivis sur plus de 1500 m.

L'excursion se termina par une rapide visite de l'atelier de flottation traitant le minerai de Vedrin. Ces installations modernes ont apporté enfin une heureuse solution au difficile problème de la séparation des trois sulfures B.G.P. dans les minerais
complexe à grain fin.

Rappelons que cette séparation était pratiquement impossible avant l'introduction de la flottation sélective et que cette carence a conduit à beaucoup de gaspillage dans nos vieilles mines de zinc et de plomb et aussi à l'abandon prématrué de gisements
intéressants.

Les excursionnistes remercièrent chaleureusement de son accueil M. Courtois, cheville ouvrière de ce renouveau qu'est Vedrin de notre vieille industrie extractive des minerais filoniens.

Université libre de Bruxelles
Laboratoire de Géologie appliquée



Feuille : 144W - NAMUR - 473
secteur :
numéro : 367
code : 144W0367 - 4730367
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références :

date : 8.12.1950

roche :
formation :

localisation :
nature : Puits

description :

367 - deuxième suite - 8 décembre 1950

Extrait d'un article intitulé : La correction des eaux ferrugineuses, publié par R. Buydens, Directeur des laboratoires de la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux dans La Technique des Eaux, 4ème année, fascicule 47 (15 novembre 1950), p. 8,
Bruxelles, 1950 :


"Nous avons vécu les mêmes phénomènes à Vedrin. Vous savez que la mine de Vedrin a été exploitée jusqu'à 130 mètres de profondeur. L'Intercommunale désirant rechercher le meilleur moyen d'utiliser les importantes venues d'eau, en suivit pendant
plusieurs années, la composition. A un certain moment, il avait été envisagé de laisser s'accumuler dans l'énorme poche, un volume d'eau considérable, dans lequel il eut été possible de puiser en fonction des besoins.

A cet effet, l'exhaure fut interrompue et la qualité des eaux surveillées au fur et à mesure de leur montée dans le terrain. Or, dès le début, on enregistre un accroissement de la teneur en fer et, parallèlement, une augmentation de la teneur en acide
carbonique et en ions SO4. Ces éléments augmentèrent au fur et à mesure du relèvement du plan d'eau jusqu'à atteindre des teneurs de plusieurs centaines de milligrammmes par litre m; le pH s'abaissa aux environs de 3,5. Dès que les eaux ateignirent la
cote 80, soit le niveau du déversement du trop-plein dans l'Arène, les teneurs en fer, en acide carbonique et en ions SO4 décrurent, tout en restant à des taux largement supérieurs à la normale. Il n'était pas exclu de penser qu'avec le temps on eut
fini par obtneir des eaux d'une composition normale, rendant possible leur traitement.

De toute évidence, il apparaissait comme inéluctable, à la suite de ces constatations, soit de se contenter du trop-plein de la nappe au niveau 80, c'est à dire d'un débit largement inférieur au débit à 130, soit de maintenir le rabattement au niveau
130, mias de toute manière, il était exclu de pouvoir, à volonté, faire varier le niveau des eaux dans le sol, sous peine d'assister, lors que chaque relèvement du plan d'eau, à une dissolution anormale du fer. Dissolution résultant, comme dans le cas
de Breslau et la ville de Thuringe que je vous citais tout à l'heure, d'une décomposition des pyrites aboutissant à la formation d'acide sulfurique et de sels de fer. A Vedrin, cet acide sulfurique dilué par l'eau attaque la gangue de calcaire des
pyrites et aboutit finalement à la formation de sulfate calcique et au dégagement d'acide carbonique".

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