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141W0273.TXT

PL. ROEULX 141W
J. Cornet

273 (VIII)

Ann. Soc. Géol. Belgique, t.XLVII, 1924, pp.B 86-89.

Le Pléistocène de la tranchée du Quesnoy, entre le Bois-du-Luc et Trivières

Le siège du Quesnoy, à Trivières, des Charbonnages du Bois-du-Luc, est
relié à l'établissement central et aux voies de l'Etat par un chemin de fer
qui traverse du Sud au Nord, dans une tranchée profonde, la croupe qui
sépare la vallée de la Haine de celle de son affluent le Thiriau.

La tranchée, creusée en 1898, est longue de près de 1400 mètres.
Elle coupe la croupe suivant une ligne où l'altitude est comprise entre 105
et 115 mètres. La hauteur de la section atteint 7 à 8 mètres, et même 9
mètres près du point culminant.

J'ai suivi de près, en 1898, le creusement de cette tranchée, où le Pléis-
tocène régional se voyait d'une façon à peu près complète et avec une
épaisseur totale qui dépasse notablement 15 mètres. Je n'ai pas tardé à
reconnaître que le Quaternaire moyen de Ladrière, que l'on appelle au-
jourd'hui les Limons anciens, s'y présentait avec un développement magni-
fique. J. Ladrière voulut bien se rendre à mon invitation et vint examiner
cette coupe, le 26 octobre 1898. Il y reconnut presque tous les termes de
son échelle et me dit que s'il avait rencontré des coupes aussi belles dans
ses recherches sur le Quaternaire du Nord de la France, il n'en connaissait
pas de plus belle.

J'engageai mon vénéré ami de Lille à faire lui-même la description de cette
coupe; mais il se recusa et, par cette délicatesse confraternelle dont il a
donné d'autres exemples, il me déclara que cette étude m'appartenait et que
c'était à moi de la publier. J'ai, d'année en année, différé ce travail,
espérant encore que Ladrière, cédant à mes instances, trouverait l'occasion
de décrire la coupe dans une publication d'ensemble. Aujourd'hui que cet
espoir est définitivement déçu (1), je me suis décidé à décrire la coupe du
Quesnoy telle que je l'ai levée lors du creusement de la tranchée et avec
les interprétations de détail conformes à l'échelle de Ladrière.

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(1) Jules Ladrière, dont les travaux, commencés en 1875, firent connaître
d'une façon complète la composition du Pléistocène du Hainaut et du
Nord de la France, est décédé à Lille le 16 juin 1923, dans sa quatre-
vingtième année.
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Voici donc la description succincte de la coupe que présentait la tranchée
du chemin de fer du Quesnoy (voir la figure, représentant la partie de la
tranchée où toutes les subdivisions du Pléistocène sont visibles). De haut
en bas:

Limons récents

a) Terre à briques.- Limon brun rougeâtre 0m80 à 1m et 1m50).

b) Ergeron (Ergeron supérieur).- Limon jaune, avec petites taches brunes,
bien stratifié en minces lits inclinés vers le Nord, renfermant de
nombreuses petites Helix. Dans la partie septentrionale de la tranchée,
la base de cet ergeron, qui atteint 7 à 8 mètres d'épaisseur visible,
est inclinée au Nord comme les lits de stratification et coupe nettement
tous les autres limons. Plus au Sud, la base de l'ergeron devient pres
que horizontale. Cette base est marquée par quelques petits cailloux
roulés de silex, qui manquent parfois. La partie nord de la tranchée est
entièrement dans l'ergeron et la terre à briques.

La coupe donne une idée de l'importance du ravinement qui s'est fait
entre le dépôt des limons anciens et celui des limons récents.

Limons anciens

c) Limon gris à succinées.- Gris foncé, paraissant noirâtre à la surface.
On y trouve beaucoup de succinées et des concrétions calcaires.

d) Limon fendillé.- Rouge brun, assez plastique.

e) Limon à points noirs (0m50).- Limon jaune, doux au toucher. Il ressemble
à l'ergeron; mais il n'a pas de structure stratifiée, sauf vers la base,
où la stratification est très nette par suite de la présence de lits
plus sableux. Par place, on trouve un gravier à la base et quelques
cailloux sont disséminés dans la masse.

f) Limon panaché.- Limon argileux, bigarré de gris et de brun jaunâtre,
sableux vers la partie inférieure. A la base, par place, est un gravier
de petits cailloux de silex (1m75).

Dépôts de terrasse

g) Glaise.- Limon glaiseux, gris, avec lits sableux contournés 0m50.

h) Sable jaune, glauconifère, un peu argileux, renfermant quelques cailloux
disséminés dans toute sa hauteur.

i) Cailloutis constitué surtout de galets bien roulés de silex, fortement
patinés, souvent cariés, souvent à l'état d'éclats de galets. On y
trouve mêlés des fragments de tuffeau landénien anguleux ou peu roulés,
et quelques fossiles landéniens.

Le cailloutis, épais d'environ 0m50, se présente parfois en deux lits.

Le base du Pléistocène repose sur l'Argile yprésienne (A), décolorée,
fortement ravinée par le cailloutis i.

Remarques

1. Cette coupe comprend tous les termes du Pléistocène du bassin de la
Haine, à l'exception:

a) De l'ergeron inférieur de Mesvin et de Spiennes, qui ne paraît
exister que sur la basse terrasse;
b) Du limon noir tourbeux qui, dans les coupes complètes, surmonte la
glaise g. Il a, probablement, été enlevé par le ravinement qui cor-
respond aux cailloux de la base des limons anciens.

2. La coupe indique nettement qu'entre le dépôt des limons anciens et celui
des limons récents, il y a eu une période de ravinement qui a coupé net
toute la série des limons anciens. C'est la confirmation des faits déjà
observés ailleurs.

3. Ces faits nous font admettre l'opinion de Ladrière, qui comprenait le
limon gris à succinées (c de notre coupe) dans son Quaternaire moyen
(Limons anciens) alors que V.Commont en faisait l'ergeron inférieur,
base des Limons récents.

4. La cailloutis (i) de la terrasse et les cailloutis, beaucoup plus fai-
bles, que l'on trouve à la base du limon panaché (f) et à la base de
l'ergeron (b), sont constitués par des cailloux de silex bien roulés
d'origine tertiaire, pliocène et, pour préciser, diestienne.

Ces éléments remaniés se rencontrent dans tous les cailloutis pléis-
tocènes du bassin de la Haine (accompagnés parfois de caillous roulés de
la base du Landénien marin qui s'en distinguent aisément), depuis celui
des plateaux jusqu'à celui du fond des thalwegs d'érosion. Mais ici, ces
cailloux roulés ne sont pas accompagnés de ces blocs ou éclats de silex
plus ou moins volumineux, à angles vifs ou peu usés, provenant directe-
ment du Crétacique, que l'on trouve si abondamment à la base du Pléis-
tocène de la basse terrasse et, du côté méridional du bassin de la
Haine, à des niveaux plus élevés.

A l'endroit où l'on voit, dans la tranchée du Quesnoy, les cailloux i de
la base du Pléistocène, ils sont à la cote 107, c'est-à-dire à 52 mètres
au-dessus des alluvions modernes de la Haine à Trivières. D'après un
sondage foré sur le bord de la Haine, à la limite de Trivières et de
Saint-Vaast (1) la base des graviers pléistocènes du fond de la vallée
est à 12 mètres au-dessous de la surface des alluvions. Par conséquent,
le gravier pléistocène de la tranchée est à 64 mètres au-dessus du
thalweg d'érosion. Il appartient donc aux dépôts de la moyenne terrasse.

A l'époque où la Haine roulait ses eaux à 52 mètres au-dessus du site
actuel du village de Trivières, elle était loin d'avoir, dans son tra-
vail de creusement, atteint le Crétacique qui devait lui livrer ses
silex à une phase plus avancée du creusement. Toutefois, la présence
exclusive de cailloux tertiaires remaniés dans le gravier de la tranchée
du Quesnoy n'est pas un caractère général de la moyenne terrasse. Ce
n'est qu'une particularité locale, facile à interpréter. Dans la
tranchée du Sud de la gare de Frameries, le cailloutis, base du Pléis-
tocène, gisant à 70 mètres au moins au-dessus du thalweg d'érosion de la
Haine, est constitué en grande partie d'éclats de silex anguleux. Mais
là, le gravier de terrasse repose sur les Rabots, d'où les cours d'eau
pléistocènes ont extrait ces silex.

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(1) Sondage n° 7 de Saint-Vaast. (Binche n° 16 de la carte du Relief du
Socle paléozoïque de J.Cornet et Ch.Stevens).

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