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139W0200.TXT

PL. BELOEIL 139W

200 (IV)

J.CORNET.- "Le Turonien de Blaton". Annales de la Société géologique de
Belgique, t. XLVIII, pp. 207-212 (Bull.)

I.

A environ 500 mètres au Nord et 1000 mètres à l'Ouest du clocher de Blaton,
se trouve la Carrière Duchâteau au voisinage de la rive nord du canal de
Pommeroeul à Antoing. Cette carrière est très étendue; elle mesure près de
600 mètres de l'Ouest à l'Est et 350 mètres du Nord au Sud; mais elle est
peu profonde (1). On y exploite le calcaire de Blaton, à chaux grasse,
représentant les couches V2c, à Productus giganteus.

Dans toute l'étendue de la carrière, les strates, à part quelques accidents
locaux, sont régulièrement inclinées au Sud. En général, l'épaisseur du
manteau meuble est très faible: trois mètres, deux mètres et même un mètre
à peine de sable pléistocène, recouvrant par place du sable glauconifère
landenien.

Mais la surface supérieure du calcaire est en réalité extrêmement ir-
régulière. Elle est creusée de fosses, de chenaux, qui sont dus à l'action
dissolvante des eaux météoriques ou à l'érosion mécanique. Le creusement de
ces dépressions s'est certainement fait à pleusieurs époques, comme nous
allons le voir. Le remplissage de ces poches, plus ou moins profondes et
plus ou moins allongées, est très varié de nature et d'âge géologique.
Certaines dépressions se sont creusées obliquement, en suivant les bancs
calcaires dans leur pendage au Sud, de sorte que des remplissages, crétaci-
ques ou tertiaires, se présentent dans certaines coupes, comme intercalés
dans les couches du calcaire carbonifère. Tout cela donne à certaines
parties de la carrière un aspect singulièrement tourmenté et confus au
premier abord.

Beaucoup de poches, ouvertes verticalement ou obliquement selon la strati-
fication, sont remplies de sable glauconifère landenien, souvent intact ou
peu altéré, et parfois assez cohérent pour rappeler le grès de Grandglise,
qui forme le Mont des Groseillers à un kilomètre au Sud de la carrière.

Dans certaines poches, on trouve des silex des Rabots, des paquets de
Dièves, des argiles noirâtres probablement wealdiennes et, ça et là,
d'énormes galets de quartzite gris clair, d'aspect résinoïde, que j'ai
aussi rencontrés ailleurs à la lisière nord du bassin crétacique de Mons.

2.

Mais la chose la plus intéressante que l'on observe dans la carrière
Duchâteau est la, suivante:

Dans de grandes dépressions de la surface du calcaire primaire, dépressions
ouvertes verticalement vers le haut, ou dépressions obliques, surplombées
par des bancs de calcaire carbonifère en place ou plus ou moins disloqués,
on trouve de volumineux témoins de terrain crétacique marin, consistant en
marnes crayeuses avec lits glauconifères, absolument intacts, non altérés
par les actions météoriques, si ce n'est dans leur partie tout à fait
supérieure.

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(1) La dernière édition de la carte topographique au 20.000e (planchette
Beloeil) indique assez exactement les contours de cette vaste ex-
ploitation, contours que les travaux récents ont légèrement modifiés
vers le Nord et vers l'Est.
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En 1903, alors que la carrière était activement exploitée vers le Nord et
vers l'Ouest, j'ai eu l'occasion de relever une coupe fort intéressante
dans ces dépots crétaciques. Elle se trouvait dans la partie la plus oc-
cidentale de la carrière (1). Le recouvrement supérieur ayant été enlevé,
on voyait de haut en bas, sur une paroi haute de 4 à 5 mètres:

1.- Marne blanche, d'aspect crayeux, cohérente, bien stratifiée en lits
distincts. Rhynchonella Cuvieri, abondante.

2.- Gravier de quelques centimètres d'épaisseur, formé de cailloux noirs de
phtanite, de quartz, de nodules de marne, de nodules phosphatés bruns.
Vers la gauche, le gravier passait graduellement au sable glauconifère
sous-jacent. Ostrea canaliculata, Acmaea orbis Reuss, Inoceramus (frag-
ments d'une grande espèce), Cidaris hirudo (radioles), un moule
d'échinide, roulé, indéterminable, dents de squales. En outre, deux
fossiles en phosphate de chaux brun foncé, paraissant remaniés Astarte
gibba de Ryckholt, Spondylus striatus. Dans les nodules de phosphate de
chaux, des spongiaires, des bryozoaires, etc., sont visibles, mais
indéterminables. Quelques fragments roulés de roches rappellent le
Tourtia de Tournai.

3.- Sable glauconifère straticulé, avec lits marneux plus ou moins durs.

4.- Marne cohérente, compacte, blanche, crayeuse, pointillée de glauconie.

5.- Marne cohérente entremelée de lits de glauconie; très dure et plus pure
vers le bas.

Ce terme, dans la partie médiane de la coupe, repose sur le calcaire carbo-
nifère décoloré, blanchi, occupant le fond d'une dépression large d'une
douzaine de mètres. Ce fond se relève vers l'Ouest, de sorte que les lits
4, 3, 2, 1 le recouvrent successivement dans ce sens.

Toutes ces couches horizontales, se présentent comme bien en place, comme
s'étant déposées dans une dépression préexistante du calcaire dinantien.
Il n'y a pas là de poches de dissolution où seraient affaissées les couches
crétaciques.

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(1) Cette partie est indiquée sur la carte au 20.000e (dernière édition);
c'est l'espèce de golfe dans lequel se trouvent les lettres tea de
l'inscription Carre Duchâteau. La coupe était dans la paroi sud de
cette annexe de la grande carrière.
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3.

La partie la plus orientale de la carrière Duchâteau, aujourd'hui active-
ment exploitée, nous a montré dans ces dernières années plusieurs coupes
dans ces curieux inliers crétaciques.

En septembre 1904, une sorte de promontoire, négligé par l'exploitation
justement à cause de sa nature, montrait de haut en bas la coupe suivante:

1.- Large bloc de calcaire carbonifère, reste d'un banc en
place enlevé par tout ailleurs et montrant que les dépôts
sous-jacents étaient dans une cavité surplombée par le
calcaire carbonifère.

2.- Marne cohérente, brechoïde.

3.- Sorte de calcaire blanc grisâtre, très compact, divisé en
petits lits réguliers bien parallèles.

4.- Marne cohérente, brèchoïde, à gros blocs.

5.- Argile noire, en couche locale, lenticulaire.

6.- Marne crayeuse cohérente, blanche. Rhynchonella Cuvieri en
abondance.

7.- Marne verte très glauconieuse, cohérente.

8.- Marne cohérente, moins glauconieuse.

La base n'était pas visible et descendait sous le fond de la carrière.

En août 1919, une coupe montrait, non loin de la précédente la marne cray-
euse à Rhynchonella Cuvieri, glauconifère par lits lenticulaires ir-
régulièrement distribués, et reposant sur le calcaire carbonifère en
couches inclinées au Sud. L'épaisseur de la marne atteignait 2 mètres. La
surface de contact coupait en la marne atteignait 2 mètres. La surface de
contact coupait en biseau les bancs de calcaire dinantien.

En juin 1921, dans la même partie de la carrière, on voyait très bien la
marne crayeuse, à Rh.Cuvieri abondante, remplissant des dépressions ir-
régulières du calcaire dinantien et pénétrant obliquement dans des anfrac-
tuosités. Dans des dépressions très profondes de ce calcaire, on voyait des
sables roux et des argiles noires (Wealdien?).

Au début d'avril 1925, toujours dans la même partie, travaillée très acti-
vement, les choses avaient encore changé d'aspect. Dans l'endroit du front
d'exploitation qui fait face à la voie (indiquée sur la carte au 20.000e)
qui conduit au canal, l'escarpement montrait, sous 4 à 5 mètres de calcaire
carbonifère en place, une alternance de lits de marne très glauconieuse,
verte, bien cohérente, et de lits de marne crayeuse blanche très cohérente,
visible sur 3 mètres de hauteur (la base étant cachée en profondeur) et sur
12 mètres de largeur.

A 10 mètres plus à l'Est, commence une grande dépression du calcaire carbo-
nifère, large de 25 mètres, à surface fortement ondulée et remplie de marne
blanche crayeuse avec Rhynchonella Cuvieri, Ostrea canaliculata, etc. Sur
une partie de cette section, le fond de la dépression descend sous le sol
du chantier avec la marne qui le remplit. La coupe, haute de 8 mètres, se
termine au sommet par 1 mètre ou 1m50 de sable pléistocène.

4.

Quel est l'âge de ces marnes crayeuses et des couches plus ou moins glauco-
nifères qui les accompagnent?

La présence de Rhynchonella Cuvieri, Ostrea canaliculata, Cidaris hirudi,
les fait classer dans le Turonien.

Dans le gravier 2 qui s'intercale dans la première coupe décrite (par.2),
on trouve deux coquilles fossilisées en phosphate de chaux brun. L'une
d'elles, Astarte gibba de Ryckholt, est une espèce peu commune du Tourtia
de Tournai et de Montignies-sur-Roc, espèce qui n'a jamais, à ma connais-
sance, été signalée en dehors de cette assise. Mais ce fossile, comme le
Spondylus striatus qui l'accompagne est certainement remanié. Ils indiquent
seulement que la mer turonienne a trouvé, dans ces parages, des vestiges du
Tourtia de Tournai qu'elle a remaniées.

Peut-on préciser l'âge du Turonien de Blaton?

Rhynchonella Cuvieri est un des fossiles caractéristiques de la zone à
Inoceramus labiatus, à tel point qu'en Angleterre, cette zone s'appelle la
zone à Rhynchonella Cuvieri.

Bien que Rh.Cuvieri puisse s'élever bien plus haut que la zone à Inoc.
labiatus (1), et bien que la marne crayeuse de Blaton s'éloigne fort, au
point de vue lithologique, de nos Dièves moyennes à Inoc. labiatus pour
ressembler beaucoup au faciès que présentent les Dièves supérieures à
Terebratulina rigida dans le Tournaisis (2), la grande abondance de
Rh.Cuvieri dans des couches de Blaton conduit à les classer au niveau des
Dièves moyennes du bassin de la Haine, à Inoceramus labiatus. Je dois
avouer que ce n'est pas sans hésitation que je consens à admettre cette
assimilation, en espérant que de nouvelles trouvailles de fossiles me
permettront de les élever d'un échelon dans le Turonien.

En tous cas, c'est la transgression turonienne, commencée dans le bassin de
Mons avec le Tourtia de Mons à Actinocamax plenus, qui a amené à Blaton les
couches à Rh.Cuvieri sur les terrains primaires. La mer turonienne y a
trouvé une surface très accidentée, creusée de poches profondes qu'elle a
remplies de ses sédiments marno-calcaires et glauconifères. Elle y a vrai-
semblablement trouvé et remanié des vestiges de Tourtia de Tournai qui
avaient échappé à la dénudation pendant la période d'émersion qui a précédé
la transgression turonienne.

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(1) A Lézennes-lez-Lille, on la trouve jusque dans l'équivalent de notre
Craie de Maisières, sommet du Turonien.
(2) F.L.Cornet et A.Briart ont, comme André DUMONT, pris ces marnes à Tere-
bratulina rigida du Tournaisis pour la craie sénonienne, à cause
précisément du caractère crayeux qu'elles présentent.

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J.CORNET.- "Leçons de Géologié". Bruxelles. Lamertin, 1927, n° 388
(pp. 448-449).

Carrières de Blaton.- A 8km. environ à l'ouest des Cavins, se trouvent les
carrières de Blaton, ouvertes comme celle de Sirault dans la partie supér-
ieure du Calcaire carbonifère. Les couches plongent vers le Sud, sous les
phtanites de l'assise de Chokier dans lesquels est creusé le canal, un peu
au sud du village.

Le calcaire à chaux grasse de Blaton (V2c) n'est plus exploité aujourd'hui
que dans une carrière peu profonde mais de vaste étendue située à un ki-
lomètre à l'Ouest de la gare, sur la rive nord du Canal (Carrière Duchât-
eau). On y voit des bancs inclinés au sud d'un calcaire à grain fin, com-
pact, bleu foncé (noir à l'état poli), présentant à certains niveaux
beaucoup de cherts noirs en noyaux aplatis. En quelques points on y trouve
des fossiles, entre autres le Productus giganteus, qui caractérise le
sommet du Calcaire carbonifère. Vers le Nord, aux approches de Basècles, le
Calcaire de Blaton est plus grenu, plus cristallin. Certains bancs du
Calcaire de Blaton sont riches en veines de calcite. Parfois ce ne sont que
de fines veines, courant dans le calcaire compact de façon à produire le
marbre bleu belge, que l'on exploite dans cette assise à Warnant, Bouffi-
oulx, etc. Ailleurs, ce sont de larges veines irrégulières présentant de
grands vides tapissés de cristaux ou bien des géodes ou de véritables fours
à cristaux (1).

Le calcaire à chaux grasse de Blaton présente, dans certaines parties, un
aspect particulier; il est formé par des blocs ou des fragments anguleux
soudés ensemble, comme si la roche avait été broyée sur place puis reci-
mentée. C'est une brèche ou, du moins, un calcaire brèchoïde.

Le calcaire de Blaton, est, dans l'ensemble, incliné vers le nord. Dans la
carrière Duchâteau, cette régularité est interrompue en un endroit par un
pli synclinal très resserré, très aigu, où la roche broyée par écrasement,
a pris localement un aspect de brèche (2).

Dans la même carrière, on rencontre une couche de charbon, très mince à la
vérité; elle a à peine un ou deux centimètres d'épaisseur, mais est com-
prise entre deux lits schisteux, épais de quelques centimètres, dont
l'inférieur renferme des Stigmaria et joue le rôle d'un véritable mur (3).
Le phénomène houiller s'est donc essayé dès le Dinantien supérieur (4).

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(1) Les fissures du calcaire de Blaton sont très riches en beaux cristaux
de calcite. Voyez SANSONI, B.A.B. 3e série, t.IX. 1885; H.BUTTGENBACH,
M. 8° A.B., 2e série, t.IV, 1920, fasc.II. p.6.
(2) Le calcaire de la carrière Duchâteau présente des poches de dissolution
renfermant des lambeaux de Wealdien, de Tourtia, de Tournai, de Dièves,
de Landénien, etc.
(3) J.Cornet. A.S.G.B. t.XLIV, 1922, p.B 190.
(4) Dans la carrière Dulière, à Monceau-sur-Sambre, on voit dans la partie
supérieure du calcaire carbonifère une couche de charbon atteignant
50cm d'épaisseur (voyez sur ce sujet X.STAINIER, A.S.S.B., t.XLII,
1922, 1re p., p.180). Disons à ce propos qu'à Saint-Hilaire-sur-Helpe,
l'abbé CARPENTIER a observé des Stigmaria enfonçant leurs racines dans
un banc calcaire de la même assise (A.S.G.N., t.XXXV, 1906, p.246). Le
même fait a été observé par P.FOURMARIER dans la vallée du Hoyoux
(A.S.G.B.), t.XLVI, 1923, p. B 205). Dans ces deux cas, comme à Blaton,
il s'agit des couches les plus élevées du Calcaire carbonifère.

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PL. BELOEIL 139W

200 (suite)

Analyses du calcaire pour chaux grasse de Blaton, publiées par C.CAMERMAN
(Bull. Soc. belge de Géologie, etc, tome 50, 1940 et 1941, p.125) sans
précision quant à la provenance exacte des échantillons.

Partie supérieure Partie moyenne Partie inférieure
% % %
Perte au feu 42.411 43.46 42.87
SiO2 2.76 0.75 2.05
A12O3 0.74 0.23 0.41
Fe2O3 0.30 0.22 0.28
CaO 53.34 54.93 54.09
MgO 0.28 0.26 0.18
Non dosés 0.17 0.15 0.12
------ ------ ------
100.00 100.00 100.00

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