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134W0201.TXT

Feuille : 134W - SERAING - 425
secteur : 6
numéro : 201
code : 134W0201 - 4250201
X :
Y :
Z :
commune :

auteur :
références : ANCION, Ch., 1939-1940. Société géologique de Belgique, Liège, t. 63, 1939-1940, n° 2-3.
date : 1939-1940

roche :

formation :

localisation :
nature : Affleurement

description :

page B 94

Au cours de l'année 1938, la Société Charbonnière des Six-Bonniers, désirant reconnaître la région de l'extrême-sud du bassin houiller, on obtint l'autorisation de traverser l'esponte sud de sa concession et poussa au niveau 765, une bacnure de
reconnaissance au-delà de la limite de la concession. J'ai eu la bonne fortune de suivre ces travaux et d'étudier l'approche et la recoupe de la faille Eifelienne, jusqu'à laquelle ils ont été menés (figure 4).

Dès avant la traversée de la limite sud de la concession, la bacnure avait rencontré des terrains très chiffonnés ; les couches recoupées et reprérées : Diamant (ou Désirée), Petit-Diamant (Lairesse) et Grand-Joly-Chêne se montraient affectées de plis
nombreux et serrés, fortement déversés vers le nord. Cette allure plissée ne fit que s'accuenter au-delà de la limite ; la couche Grand-Joly-Chêne, en étreinte quasi complète, fut recoupée trois fois ; le toit, complètement glissé, en était
méconnaissable ; seuls un banc de grès imprégné de sidérose ("clavai" des mineurs), situé au contact et sous le charbon, et un niveau de grès noir et de psammite à débris végétaux (Calamites) à deux mètres au mur de la couche permirent de la déterminer.
La bacnure traversa de la sorte, sur une distance d'une centaine de mètres, des terrains d'aspect disloqué et décrivant une série de plis de plus en plus serrés et déversés et atteignit enfin une fracture qui apparut dès l'abord particulièrement
importante. En effet, à front de la bacnure, il se produisit une sorte d'éboulement qui amena la formation d'une excavation relativement vaste : les terrrains éboulés étaient absolument broyés et inconsistants ; le ciel de l'excavation se présentait
comme une surface lisse, inclinée de 35° vers le sud, très régulière, polie et brillante. C'était, sans nul doute possible, un miroir de faille.


L'excavation de 3 m 50 environ de profondeur et de 4 m 50 de largeur ayant été aménagée et boisée, il fut possible d'étudier convenablement la recoupe de la faille (figure 5) ; la roche située au-delà étant du calcaire, il était dès l'abord évident que
l'on avait atteint la faille Eifelienne.

Immédiatement avant la rencontre de la faille, on avait recoupé une nouvelle fois la couche Grand-Joly-Chêne, réduite à une puissance de 20 cm, en plateure, à pendage sud. Au-dessus de la couche et jusqu'à la faille, s'étendait une masse de schistes
noirs, complètement broyés, où se remarquait une abondante minéralisation en calcite et pholérite.

Sur ces schistes, reposait, en discordance, un calcaire gris clair. La face intérieure de ce calcaire, constituant en quelque sorte le plan de faille est d'un noir intense, à éclat anthraciteux, lisse et polie, comme un miroir. Localement, un fin lit
de schistes noirs laminés, rogne au calcaire. La direction mesurée de la faille est de N45°E ; la pente, très régulière, de 35° sud. On remarque, sur ce miroir de faille de fines stries de glissement. Ces stries de glissement ne sont pas exactement
dirigées suivant la ligne de plus grande pente du plan de faille, mais font avec celle-ci un angle de 20° à 30° de telle sorte qu'un plan vertical passant par ces stries présente la direction N20°W environ. Telle est donc la direction du déplacement
suivant la faille, c'est à dire la direction suivant laquelle s'est opérée le charriage.

Le calcaire situé au-delà de la fracture est de teinte gris clair, compact, parcouru par endroits par de fines veinules de calcite. L'absence de tout fossile en empêche la détermination stratigraphique. Abandonné dans l'acide chlorhydrique froid, il
s'y dissout entièrement, ne laissant qu'un faible résidu d'impuretés. A proximité du contact de la faille, la roche accuse un certain métamorphisme : les petits cristaux de calcite abondent et donnent au calcaire par places un aspect quelque peu
cristallin ; localement, on remarque des agglomérations de petits cubes de pyrite. La partie inférieure de la roche, en contact avec la faille, est teintée de noir sur une profondeur variant de quelques millimètres à 1 ou 2 centimètres.

M. Legraye, professeur à l'Université de Liège, a effectué l'étude pétrographique de cette roche. En lame mince, elle apparaît comme un calcaire bréchiforme, à éléments microscopiques et à ciment calcareux, parcouru par des veines de calcite. La roche
est largement recristallisée.

Le contact entre la roche normale de teinte claire, et la partie inférieure, teintée de noir, est très net. Les éléments de la microbrèche foncée ne dépassent pas un dixième de millimètre en plus grande dimension : entre les grains anguleux de grande
abondance ; c'est elle qui donne sa teinte noire à cette partie de la roche.

On note également, dans la roche foncée, de nombreux petits fragments de quartz et de quartzite à extinction onduleuse ; ils font défaut dans la roche claire, tout comme la matière charbonneuse.

La zone foncée du calcaire, qui est, avons-nous dit, au contact immédiat de la faille, présente les caractères d'une brèche tectonique qui se serait formée suivant celle-ci. Par endroits, d'ailleurs, cette partie de la roche passe latéralement à une
brèche à gros éléments et à texture très irrégulière et renfermant de nombreuses plages de matière charbonneuse.

Des observations ci-dessus, il résulte donc que le charbonnage des Six-Bonniers a atteint la faille Eifelienne au niveau 765 de ce siège (soit 680 mètres sous le niveau de la mer).
C'est là, à ma connaissance, la recoupe la plus profonde de cette faille par des travaux miniers. Les coordonnées de ce point sont : 1713 m sud et 419 m est par rapport au Nouveau Bure des Six-Bonniers (recoupe I, figure 1). La fracture est en cet
endroit bordée par un lambeau de poussée calcaire. Un sondage, de 0 m 65 de longueur, foré dans ce calcaire perpendiculairement au plan de faille ayant donné lieu à une venue d'eau assez importante, il eût été imprudent de pousser la bacnure plus avant
et malgré tout son désir de documenter les géologues, la Direction du charbonnage ne put faire reconnaître les terrains situés au-delà du lambeau de calcaire.

La faille Eifelienne avait été précédemment recoupée au même siège par une bacnure au niveau 150, située à peu de chose près sur la même verticale. En joignant les deux points de recoupe (figure 4), on obtient, comme inclinaison moyenne de la faille :
34° sud, c'est à dire la même valeur que celle mesurée directement au point de recoupe.

En prolongeant cette droite jusqu'au niveau du sol, on aboutit exactement sur le prolongement est - suivant la direction N75°Est - de l'affleurement de la faille étudié au paragraphe précédent.

.......

page B 99

Cette recoupe de la faille Eifelienne en profondeur apporte de plus, à mon sens, une certaine confirmation à la théorie émise ci-dessus quant au rôle joué par la faille dans l'hydrologie de la région.

En effet, le sondage foré au-delà de la faille donna lieu, ainsi qu'il a été dit ci-dessus, à une venue d'eau de quelque importance : 4 à 5 m³ par 24 heures, d'après un jaugeage sommaire effectué par M. Bertrand, Directeur des travaux. C'est d'ailleurs
pour cette raison qu'il fut décidé de ne pas pousser la bacnure plus avant et de la fermer immédiatement, en arrière, par un serremetn, les travaux souterrains des six-Bonnniers étant remarquablement secs et la Direction du Charbonnage ne se souciant pas
d'y introduire une cause d'humidité. Cette différence frappante dans l'état hydrologie des deux terrains séparés par la faille met en valeur le rôle joué par celle-ci comme cloison étanche entre les deux formations jusqu'à très grande profondeur et
corrobore, me semble-t-il, les observations faites en surface et la théorie émise ci-dessus quant aurx relations de la faille Eifelienne et des affaisements de terrains qui jalonnet son affleurement.

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