133E0121.TXT
Feuille : 133E - SAINT-GEORGES - 418
secteur : 6
numéro : 121
code : 133E0121 - 4180121
X : 225 550
Y : 142 630
Z :
commune :
auteur : X. STAINIER, E. GROESSENS
références :
date :
roche :
formation : V2c, V2b, V2a, V1by
localisation :
nature : Affleurement
description :
Calcaire carbonifère
Sous le château coupe très complète du Viséen : de l'Est à l'Ouest, on voit successivement :
V2c 1. Calcaire en gros bancs réguliers gris cristallin avec rares crinoïdes.
Vers le bas, il y a des bancs bréchiformes qui représentent peut être
le niveau V2cx. Le niveau V2c présente ici une épaisseur considérable
bien supérieure à celle qu'il a dans le fond des Awirs.
V2b 2. Bien caractérisé par un calcaire noir brun grenu en bancs réguliers
avec cordons de cherts noirs qui présentent ici des aspects curieux.
V2a 3. Le niveau est très développé; On y trouve des masses épaisses de calcaire
grenu non stratifié d'un brun très léger (café au lait), des bancs de calcaire-brèche,
des bancs d'un curieux calcaire qui par altération se montre formé de lamelles
empilées (éch.), de calcaire confine à des calcaires à crinïdes gris que l'on
retrouve partout dans la région à la base de ce niveau.
V1by 4. Ce niveau ne présente ici rien de particulier.
A l'extrémité Est de la tranchée, les roches inclinent de 55° au ENE. En avançant
vers l'Ouest, la direction change progressivement et les roches du niveau V2a sont
dirigées à 1° NNE.
121 - suite - E. GROESSENS - 1996
VIEL, P., 1983-1984. Contribution à l'étude bio- et lithostratigraphique de la limite Tournaisien-Viséen dans le bord oriental du Synclinal de Namur. Mémoire de Licence en Sciences Géologiques et Minéralogiques, Université de Liège.
2. Coupe de Chokier
Coupe située sur la rive gauche de la Meuse, en bordure du chemin de fer, à l'Ouest du château de Chokier (voir plan de localisation, p. 16). Direction et pente : 110-120°/55°N.
A. Références
Cette coupe a été étudiée par Michot (1963), Pirlet (1970) et Malpica (1973). Pirlet (1970) a reconnu l'existence d'un paléokarst affectant la partie supérieure de la formation dolomitique et partiellement comblé par les calcaires à crinoïdes de la
Formation de Flémalle. Les cavités de ce paléokarst s'étendraient jusqu'à une cinquantaine de mètres environ sous le sommet de la dolomie. Ceci conduit l'auteur à considérer que l'émersion de la dolomie fut considérable., et qu'elle est l'expression
d'un mouvement épeirogénique positif. Il place cet événement entre la fin de la période de dépôt des sédiments ayant été dolomitisés qu'il attribue au Tournaisien et le début de la période de sédimentation viséenne. Malpica (1973) a précisé le contenu
micropaléontologique et l'âge des calcaires à crinoïdes et oolithiques sans parvenir à dater la dolomie sous-jacente qu'il considère également comme tournaisienne.
Il suit en cela Delepine (1911), qui, dans le Synclinal de Namur, fait coïncider la base du Viséen avec celle des "calcaires à grandes encrines avec Chonetes papilionacea (qui constituent la partie inférieure de la zone à Productus sublaevis) et qui
attribue par conséquent la formation dolomitique sous-jacente au Tournaisien.
B. Description
La coupe montre de bas en haut (voir log p. 38).
- bancs 1 à 13 : 8,93 m - dolomie brune, finement grenue, en bancs d'épaisseur décimétrique.
- bancs 14 à 19 : 19 m - dolomie brune, finement grenue, en bancs massifs.
- bancs 20 à 22 : 9,30 m - dolomie brune moyennement grenue, à nodules de calcite et crinoïdes plus ou moins dolomitisés.
La plupart des nodules sont en calcite palissade dont les cristaux présentent une disposition radiaire.
Les nodules du banc 20 se prolongent par des appendices dans la gangue dolomitique et peuvent contenir des éléments anguleux centimétriques de dolomie.
- banc 23 : 4,10 m - de la base au sommet du banc :
a. niveau lenticulaire de calcaire crinoïdique (biosparite à crinoïdes), gris clair, plus ou moins dolomitisé de 1,80 m d'épaisseur maximale.
b. 15 à 20 cm de calcite palissade à croissance verticale.
c. brèche à éléments centimétriques de dolomie noyés dans une matrice de calcite, de 1 m d'épaisseur.
- lacune d'observation de 12,60 m.
- banc 24 : 35 cm - dolomie fine, foncée, diaclasée.
- bancs 25 à 29 : 7,55 m - dolomie foncée, crinoïdique, diaclasée. Présence de cavités d'origine karstique plus ou moins allongées suivant la stratification ou perpendiculairement à celle-ci. La plupart des conduits verticaux ne se suivent, dans la
coupe, que sur une brève distance, mais devraient atteindre la surface de la formation dolomitique. En effet, celle-ci est profondément ravinée et présente l'aspect d'un paléolapiés. Les cavités sont remplies par du calcaire crinoïdique stratifié de
même nature que ceux qui surmontent les dolomies ou par de la calcite palissade dont les cristaux sont plus ou moins disposés perpendiculairement aux parois. Le banc 27 (de 130 cm d'épaisseur), comporte dans sa partie inférieure, 2 niveaux stratiformes
de calcaire crinoïdique de 2 à 3 dm d'épaisseur. Ces 2 niveaux d'encrinite pourraient résulter du comblement des cavités karstiques mais nous n'avons pu le vérifier. Le même banc montre, au sein de la dolomie, une lumachelle à Mégachonetes d'une
dizaine de centimètres d'épaisseur.
- bancs 30 à 34 : 15,38 m - calcaire foncé, crinoïdique (biosparite à crinoïdes) à Tétracoralliaires, Tabulés et Mégachonetes. Ces derniers peuvent former des niveaux d'accumulation d'épaisseur centimétrique. Certains niveaux sont fortement compactés,
ce qui est souligné par la présence de nombreux microstylolithes entre les grains ou agrégats de grains. Présence de plages micritiques au sein de la sparite montrant le mauvais lessivage du sédiment.
- bancs 35 à 45 : 10,56 m - calcaire foncé, crinoïdique (biosparite à crinoïdes) à Tétracoralliaires, Tabulés, Spiriféridés et Mégachonetes, celles-ci pouvant former des niveaux d'accumulation.
Le banc 38A (18 cm d'épaisseur) montre 3 niveaux foncés argileus situés à la base (1 cm d'épaisseur), au milieu (2-3 cm d'épaisseur) et au sommet (1 cm d'épaisseur). Ce banc constitue un repère au sein des calcaires à crinoïdes.
Le banc 44 (30 cm d'épaisseur) comporte à sa base un niveau discontinu à Caninophyllum patulum, ce qui en fait également un niveau-repère.
- banc 46A : 50 cm - calcaire à péloïdes et Crinoïdes (biospelsparite). Ces dernières moins fréquentes que dans les bancs précédents, ce qui annonce les calcaires sus-jacents dans lesquels le caractère crinoïdique n'est plus dominant.
- banc 46B : 45 cm - calcaire clair, oolithique à péloïdes et crinoïdes (oosparite). Une lame taillée à la base du banc montre la présence de microstalactites bien polarisés à la bordure inférieure des allochems et de ciments ménisques entre ceux-ci.
- bancs 46C et 48A : 3,25 m - calcaire clair à ooïdes oosparite à biosparite à ooïdes. Les ooïdes sont circulaires, bien classés (550 à 560 Um de diamètre) et montrent un cortex à laminations concentriques (ooïdes a, Purser, 1980) lorsqu'elles ne sont
pas micritisées. Présence de Péloïdes et de crinoïdes roulés ainsi qu'une macrofaune comprenant des Mégachonetes et des Tabulés (Michelinia megastoma). Le banc 47 (1,90 m d'épaisseur) renferme des endoclastes, et son sommet veiné, est riche en péloïdes
(pelsparite et biopelsparite) et quartz idiomorphes.
- bancs 48B à 52 : 4 m - calcaires fins ou finement grenus, clairs à foncés (micrite à biomicrite). Présence de cristaux de quartz idiomorphes et, dans le banc 48B, Gastéropodes vermétiformes.
- bancs 53 et 54 : 1,02 m - calcaire fin, clair, comportant à la base des laminations (Stromatolithes ?). Pelsparite dont les allochems montrent des franges cristallines. Il s'agit d'ooïdes ß (Purser, 1980), caractérisés par des laminations corticales
qui tendent à conserver la morphologie du nucléus. Chaque couche corticale est caractérisée par une structure fibro-radiaire.
- arrêt du levé.
Les bancs 1 à 29 sont attribuables à la partie supérieure de la Formation de la Grande Dolomie de Namur.
Les bancs 30 et 46A constituent le stratotype de la Formation de Flémalle (Paproth et al., 1983).
Les bancs 46B et 48A correspondent à la Formation des Avins (Oolithe des Avins) et les bancs 48B à 54, à la partie inférieure de la Formation de Terwagne (Calcaire de Terwagne).
C. Interprétation et détermination des milieux de sédimentation
Dans les dolomies attribuées à la Formation de lla Grande Dolomie de Namur, les bancs 1 à 19 se distinguent des bancs 20 à 29 par la rareté des Crinoïdes, l'absence de nodules de calcite et de macrofaune. Ceci permet d'y reconnaître 2 unités au moins
dont la supérieure (dolomie crinoïdique) pourrait avoir une origine semblable à celle des calcaires crinoïdiques de la Formation de Flémalle.
Ce, en raison (ainsi que nous l'avons déjà évoqué plus haut dans le paragraphe concernant l'interprétation de la coupe de la carrière de Flémalle-Haute) de la similitude entre les niveaux non dolomitisés (ici, le niveau 23A) et ceux de la Formation de
Flémalle et l'identité des macrofaunes rencontrées dans les 2 ensembles. Soit un milieu subtidal peu profond.
Le paléokarst développé dans la partie supérieure de la Grande Dolomie de Namur, à partir de son sommet, est vraisemblablement postérieur à la dolomitisation et à la formation des nodules [Signalons que la karstification des dolomies est un phénomène
inhabituel]. Ces dernières étant probablement des pseudomorphoses de minéraux de la série des évaporaties résultant d'un e diagenèse précoce.
Ainsi, les dépôts primitifs auraient subi une émersion, mais ici beaucoup plus importante que dans les autres coupes étudiées puisqu'elle aurait finalement abouti à leur karstification. Les cavités karstiques ont ensuite été partiellement comblées lors
de la reprise de la sédimentation (Pirlet, 1970) à l'occasion de la "transgression" de l'Encrinite de Flémalle. Celle-ci, ainsi que la Formation des Avins qui la surmonte, ont une nature et une origine semblable à celui de leurs équivalents de la coupe
de Flémalle. Toutefois, la présence d'endoclastes et surtout de ciments ménisques et de microstalactites affectant certains allochems de la Formation des Avins montre que cette dernière a subi une (ou des) émersion(s) (Purser, 1980).
Enfin, la nature même des bancs 48B à 52 (dont la présence de Gastéropodes vermétiformes témoigne d'un milieu intertidal (L. Hance, communication personnelle) et celle d'ooïdes et de lits algaires (?) dans les bancs 53 et 54 indique un milieu protégé.
D. Biostratigraphie
1. Conodontes
7 échantillons ont été prélevés dans les bancs 5 (sommet), 22 (base), 23 (niveau lenticulaire calcaire), 27 (milieu et sommet), et 30 (base). Aucun n'a livré de Conodontes.
2. Foraminifères
La présence de Septabrunsiina (Spinobrunsiina) dans le banc 27 appartenant à la Formation de la Grande Dolomie de Namur, permet de donner à celui-ci, un âge viséen inférieur, cette forme n'étant pas connue plus bas en Europe occidentale.
3. Tétracoralliaires, Hétérocoralliaires, Brachiopodes
Au sein de la Grande Dolomie de Namur, seul le banc 27 à livré des macrofossiles identifiés à des Mégachonetes. Ce qui confirme l'âtge viséen inférieur indiqué par la présence de Septabrunsiina (Spinobrunsiina).
4. Conclusions
Nous pouvons attribuer un âge viséen inférieur "V1aé à la partie supérieure de la Formation Grande Dolomie de Namur de la coupe de Chokier (bancs 27 à 29) en raison de la présence dans le banc 27 de Septabrunsiina (Spinobrunsiina) et de Mégachonetes.
Toutefois, la limite Tn/V pourrait se situer plus bas en raison de l'homogénéité des faciès.