122W0018.TXT
PL. DALHEM 122W
X.Stainier
18 (I)
Bulletin de la Société belge de Géologie, etc.Bruxelles,t.41,1931,
p.251-253.
J'au eu l'occasion d'observer un jour, à Richelle, une coupe de pareille
superposition anormale déjà citée, mais non figurée. Je crois utile de la
figurer, car la représentation graphique est toujours beaucoup plus
expressive que la meilleure description. En visitant, en 1909, une carrière
située au bord de la grand'route d'Argenteau à Visé, dite carrière Martin à
cette époque (carrière Goes du temps de Horion et Gosselet); elle porte la
notation M sur la carte de leur travail précité). J'y ai levé la coupe
suivante sur la parois Nord de la carrière, qui venait d'être remise en
activité depuis peu.
Coupe de la Carrière Martin.
1. Calcaire massif, sans stratification dicernable. Tous les auteurs qui
ont étudié cette roche l'ont considérée comme frasnienne à cause de ses
fossiles.
2. Couche d'environ 4 mètres d'épaisseur moyenne de roche meuble friable
grise, argilo-calcaire (Pierre-morte des carriers, produit d'altération
du calcaire sous-jacent). Elle contient des blocs arrondis par l'érosion
chimique, de calcaire, des débris de phtanites et d'ampélites houillers.
3. Eboulis des pentes.
4. Phtanite en petits bancs d'un remarquable parallélisme malgré ses
plissements.
5. Faille remplie d'ampélite noir cendré broyé. Au contact de la faille, du
côté de l'Est, le phtanite montre des ondulations prononcées.
Gosselet et Horion ont vu, bien des années avant moi, une coupe semblable,
dans cette carrière M de leur carte. Il décrivent le phtanite comme
régulier à distance du calcaire et devenant de plus en plus ondulé, puis
finalement brisé, sans ordre contre le calcaire. Ils n'ont pas vu de couche
comme le no 2. Rien d'étonnant d'après leur description qu'ils aient
considéré la masse houillère "comme un paquet qui a glissé sur le calcaire
après la formation de la vallée". Les choses peuvent s'être passées comme
ils le disent et la présence d'une petite faille semble le prouver. Mais je
pense que l'hypothèse d'une origine chimique est encore plus vraisemblable.
Les ondulations de la surface du calcaire sont certes d'origine chimique,
ainsi que la pierre-morte qui surmonte le calcaire. Cela étant la
concordance des allures des phtanites avec ces ondulations chimiques est
trop marquée pour que ce soit une coïncidence fortuite. Je pense que nous
avons ici la moitié orientale d'une grande poche de dissolution du calcaire
où le Houiller s'est affaisé lentement au fur et à mesure de
l'approfondissement de la poche. En s'écartant du calcaire et en se
rapprochant du centre de la poche les couches ont été de plus en plus
coïncées d'où leur chiffonnement plus grand dans cette direction.
Pour le dire en passant, la région de visé est une des rares où l'on
observe ce curieux calcaire friable ou pierre-morte d'où l'on a pu si bien
dégager les beaux fossiles célèbres du Viséen. Son origine chimique et sa
liaison avec les eaux sulfureuses du Houiller ne font aucun doute. J'ai
jadis signalé une formation fossilifère semblable à Lovegnée, entre Huy et
Andenne. (1). Là aussi la liaison avec des venues d'eau sulfureuse était
évidente.
Dans son travail précité de 1910 le chanoine Delépine représente sur sa
carte une faille Est-Ouest sur la paroi Nord de la carrière M, c'est-à-dire
au point où ma coupe a été prise. Je pense qu'il y a eu confusion, entre la
carrière M et celle notée N de la carte de Gosselet et Horion, dans
l'esprit du chanoine Delépine. La lecture du texte de Gosselet et Horion ne
laisse aucun doute que c'est dans la carrière N au Sud de M qu'ils ont vu
un bloc de calcaire carbonifère collé sur du calcaire dévonien. Le texte et
la carte du travail précité de M.Fourmarier (1902) montrent qu'il
interprète comme moi le texte de Gosselet et Horion.
(1) Ann.Soc.scientif.de Bruxelles,t.XXXIII,1908,p.90.