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121E0018.TXT

PL. LIEGE 121E

18

Annales de la Société géologique de Belgique. Liège,1911,bull.t.XXXIX,
(projet), pp.131-135, séance du 17 décembre 1911.

Sur une roche particulière du houiller supérieure (H2) du bassin de Liège
(6) par M. TETIAEFF.

Au cours de mes travaux ayant pour objet l'étude de la partie Est du bassin
houiller de Liège, j'ai rencontré dans la concession de Wandre une roche
qui, à ma connaissance, n'a jamais été signalée et dont j'ai l'honneur de
présenter des échantillons à la Société.

Cette roche noire, que les mineurs ont appelée la "pierre bleue", à cause
de son enduit caractéristique bleuâtre et que j'appelle la roche de Wandre,
est d'une dureté voisine de celle du verre; elle est très compacte, de
structure très fine et se laisse polir parfaitement; dans cette masse
compacte on voit de la pyrite disséminée en petits cristaux formant des
taches jaunâtres; la roche est traversée par des nombreux veines du quartz
et de calcite.

Le clivage est à peine perceptible et, dans les parties les plus dures, la
cassure devient presque conchoïdale. La stratification n'est pas visible;
cependant, sur une surface polie, on observe une espèce de feuilletage qui
pourrait peut-être être pris pour la stratification.

Rien qu'à la prendre en mains, on remarque tout de suite que la roche est
tres dense. Cette densité peut-être expliquée, d'une part par la compacité
même de la roche, et, d'autre part, et surtout, par la présence de fer en
grande quantité.

Il est assez difficile d'établir la proportion exacte de fer, car elle
varie, semble-t-il, suivant la distribution de la pyrite dans la masse,
cependant, d'après une série d'analyses que j'ai faites, il semble que la
proportion moyenne du roche elle-même ne donne pas d'effervescence avec
les acides, ce qui la distingue des différentes concrétions ferrugineuses
et calcareuses, qu'on rencontre dans le terrain houiller.

L'analyse microscopique préliminaire a décelé la structure très
microlithique de la roche de Wandre; la pâte, très serrée et très fine,
est formée de petits éléments roulés, qui sont très difficilement
reconnaissables sous le microscope, même avec le grossissement le plus
fort. Dans cette pâte, ayant l'aspect assez cristallin, on remarque assez
bien de petits cristaux isolés ou formant des agrégats, parmi lesquels j'ai
cru reconnaître du quartz, des paillettes de mica, de la pyrite; cependant
je me propose de faire l'étude pétrographique complète de la roche dans la
suite.

Fait intéressant à noter : les lames minces, faites dans le plan de
feuilletage dont j'ai parlé plus haut, montrent clairement cette structure,
tandis que si l'on fait une lame perpendiculairement à ce plan de
feuilletage, il est presque impossible de reconnaître les cristaux.
On dirait que les minéraux sont orientés suivant ce feuilletage, qui serait
peut-être la stratification.

Si l'on compare les préparations de la roche de Wandre avec les lames
minces faites dans les différentes roches du houiller, comme le grès, le
schiste, le phtanite et la sphérosidérite (voir la planche fig. 1-5), on
peut facilement se rendre compte de la différence de composition de la
roche de Wandre et de toutes les autres. A ce point de vue la roche de
Wandre se rapproche le plus du schiste houiller : c'est la même pâte
argileuse très fine, mais beaucoup plus cristalline. La roche de Wandre
ne serait-elle pas un schiste houiller dans lequel la compacité des
éléments et leur dureté plus grande, l'absence presque complète de
stratification et de clivage, l'aspect plus cristallin et la présence
des minéraux englobés dans la pâte indiqueraient une profonde
transformation? En tout cas, il ne s'agit pas vraisemblablement d'un
schiste métamorphique, car les minéraux qu'on observe dans la pâte,
ne paraissent pas être dus au métamorphisme et seraient plutôt d'après
leur forme et l'emplacement, d'origine sédimentaire.

La question se pose maintenant de savoir qu'elle pourrait être la cause
d'une telle transformation. Avant de passer à cette question, je vais
exposer d'abord les caractères principaux et les conditions du gisement.

Cette roche a été rencontrée dans les travaux préparatoires du charbonnage
de Wandre, au niveau de 540m. Dans le creusement de la bacnure Nord, à ce
niveau, on a rencontré à 1004m du puits, une faille qui a, en cet endroit,
l'inclinaison de 72 oN et la direction N 40 oE.

Avant la faille, l'allure des terrains ne présente rien de particulier :
ce sont toujours les terrains réguliers en plateures, de 30 o d'inclinaison
Sud et de direction N 60 oE. La faille a un remplissage de 30 à 40 cm,
après lequel vient immédiatement la roche de Wandre. Le croquis suivant
donne une idée sommaire de l'allure des terrains.

Le remplissage de la faille dont je présente l'échantillon à la Société,
mérite de fixer l'attention: on y voit des schistes chiffonnés, broyés,
mélangés de quartz, de calcite et probablement de pholérite. Le mélange
présente cet aspect farineux, d'un véritable produit de broyage, qu'on voit
très bien sur cet échantillon. Une idée d'un grand dérangement s'en dégage
nettement.

Quant à la faille même, je préfère ne pas me prononcer pour le moment sur
ses caractères et son rejet, tant que mon travail sur la synonymie des
couches dans la partie Est du bassin de Liége ne sera terminé; mais je
crois toutefois pouvoir dire dès maintenant que cette faille doit être la
faille de St-Gilles, dont le prolongement a été jusqu'ici inconnu à l'Est.

Comme je l'ai déjà dit tout à l'heure, la roche de Wandre vient
immédiatement après le remplissage. La bacnure est entrée à 4m au-delà de
la faille, et la roche n'a pas encore été traversée, de sorte qu'on ne peut
rien dire sur sa puissance. Il est impossible de voir la stratification,
mais la roche est sillonnée, dans tous les sens, par de nombreuses fissures
qui donnent beaucoup d'eau.

C'est à cause de cette venue d'eau, que les moyens d'épuisement actuel
n'ont pas pu vaincre effectivement, qu'on a arrêté les travaux. Par suite
l'acces est devenu assez difficile et c'est seulement grâce à l'amabilité
de M. Malaise, directeur, et de M. Stuttart, de l'admistration du
charbonnage, que j'eau pau étudier la question sur place.

Je doit encore signaler un fait intéressant, en relation avec la
fissuration de la roche et la présence de nombreuses veines de quartz et
de la calcite. Dans certaines parties de la roche on voit, sous l
microscope et même à la loupe ou à l'oeil nu, de véritables formations de
brèche. Cette brèche est formée de morceaux de la même roche, avec la même
structure et le même structure et le même degré de métamorphisme, cimentés
entre eux par du quartz et de la calcite. Les morceaux sont traversés par
des veines séparées et quelquefois une veine traverse plusieurs cailloux
ensemble (voir la planche fig. 6).

Ces formations de brèche s'observent aussi bien dans les veines, qu'au sein
même de la roche. La question d'origine de cette brèche est assez délicate
et demande à être étudiée de plus près.

Dans l'exposé précédent je me suis tenu surtout aux faits et il me semble
qu'il serait prématuré de porter des conclusions définitives sur les
causes d'un tel métamorphisme d'un schiste houiller, d'autant plus que nous
connaissons très imparfaitement les conditions même du gisement. Mais qu'il
me soit permis cependant de faire quelques réflexoins sur ce sujet.

L'idée de l'influence de la faille de St-Gilles surgit de suite.

Je dois cependant dire qu'il s'agit vraisemblablement d'un phénomène local:
j'ai visite toutes les concessions avoisinantes dans le but de trouver
encore un affleurement de la roche de Wandre, mais mes recherches n'ont
donné aucun résultat. Dans le charbonnage de Wandre même, on a reconnu la
même faille à 200m plus haut, mais on n'a pas trouvé la même roche. D'autre
part, on n'a jamais signalé, à ma connaissance, de telles transformations
des roches au voisinage de la Faille de St-Gilles. Enfin le remplissage
même de la faille au contact de la roche de Wandre n'est pas affecté par
le métamorphisme; on peut donc se demander pourquoi ne ne voit pas de
changement dans les terrains de l'autre côté de la faille.

On pourrait supposer que la roche de Wandre est un bloc de schiste tombé
dans la large crevasse que forme la faille St-Gillis en cet endroit et que
ce bloc a eu à supporter toutes les conséquences d'un grand dérangement.

Je crois que l'étude de la formation bréchiforme pourrait apporter quelque
lumière à ce sujet.

On peu supposer aussi que la roche de Wandre fait partie du remplissage de
la faille et que la bacnure s'est arrêtée dans la faille et ne l'a pas
encore traversée. L'hypothèse serait assez plaussible surtout si l'on se
rappelle la fissuration intense de la roche et la structure quelquefois
brèchiforme.

Cependant on devrait alors reconnaître que cette large crevasse n'est pas
constante, car à 200m plus haut on ne la voit plus.

En terminant je dois dire que la question restera ouverte, tant que nos
connaissances sur l'emplacemement de la roche de Wandre ne seront pas plus
complètes. Peut-être le charbonnage de Wandre trouvera-t-il un moyen de
traverser cette roche.

Alors, les nouvelles données sur l'emplacement, complétées par une étude
plus approfondie des conditions du gisemelent et de la roche même, me
permettront peut-être d'élucider la question.

M. A.RENIER. - M. Tetiaeff a-t-il analysé les eaux sortant de la roche de
Wandre? La température de ces eaux ne lui a-t-elle pas paru anormale?

M. TETIAEFF. - Mes recherches n'ont pas porté sur la composition ni sur la
température de l'eau; je m'en occuperai ultérieurement.

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