088W1394.TXT
PL. BRUXELLES 88W SERVICE GEOLOGIQUE
M.GULINCK DE BELGIQUE
1394 (I) NOTE SUR LA FORMATION DES "SABLES CHAMOIS" (NEOGENE)
DE LA REGION DU HEYSEL.
Des travaux d'égoûts, exécutés à proximité de la
Chaussée Romaine, à Jette, qui nous avaient été
signalés par notre confrère M. Anciaux, ont récemment
donné l'occasion d'observer à nouveau les formations
néogènes de cette région.
En même temps, d'autres données nous ont été fournies
par des sondages faits dans l'axe de la nouvelle route
de ceinture au Nord-Ouest de Bruxelles.
Nous dégagerons ici de ces diverses observations,
certaines particularités venant compléter les
descriptions déjà publiées par de nombreux auteurs et
spécialement M. LERICHE (1)
A l'endroit de la fouille visitée, profonde d'environ
7.00 m, la coupe se présentait comme suit:
Pléistocène épaisseur 0.50 à 1.50
a) limon brunâtre
b) très localement: zone très finement straticulée,
avec lits d'argile plastique.
c) limon criblé de points noirs.
d) cailloutis de silex et petites concrétions
ferrugineuses.
Néogène épaisseur-environ 5.50m.
I.- Les sables glauconifères grossiers à facies
Diestien manquant ici, mais on en retrouve des vestiges
sous forme de remplissage de terriers dans la partie
supérieure des "Sables Chamois".
II.- a) Sables "Chamois" fins, micacés vus sur 1m50.
Le fond de la fouille a montré, sur 1m de
hauteur:
b) Argile violacée "Saumon" très compacte,
renfermant des lentilles ou noyaux de sable
glauconifère assez grossier, disparaissant vers
le haut.
On rencontre cependant toujours, dispersés dans la
masse d'argile, des grains isolés ou groupés en petits
nids, de sable glauconifère.
(1) M. LERICHE: "Les Sables Chamois" - Un gîte
fossilifère nouveau à la base des sables chamois du
Petit Brabant.
Ann.Soc.Géologique de Belgique - T. LVIII -
p.B. 76-82 - 1934-1935.
(On trouvera dans cet article toutes les références
bibliographiques relatives à ces formations).
Il faut aussi signaler la présence de petits
noyaux militaires d'argile plus foncée et plus
plastique que la masse du sédiment, d'origine
problématique, ainsi que de fines tubulations
vert-noirâtre de nature glauconifère, auréolées de
jaune, ressemblant à des traces de radicelles.
L'argile est très micacée et présente de ce fait
une certaine ficilité.
c) Amas de cailloux emballés dans de l'argile saumon
fortement chargée de sable glauconifère, comprenant
des éléments très divers; formant un véritable
poudingue, situé vers la cote + 67,50, silex noirs
discoïdes (représentant l'élément le plus abondant),
petits galets de quartz roulés, silex fortement
altérés, peu roulés, très irréguliers, un caillou de
grès vert dévonien peu roulé (-), concrétions
phosphatées diverses (gros nodules gréseux arrondis,
moules internes de Pectunculus), ossements de
cétacés, Septarias altérés, criblés de tubulations
pyriteuses, dents de poisson (tout à fait
comparables aux espèces décrites par M. Leriche), bois
ligniteux flottés parfois fortement taraudés.
Ce cailloutis repose sur du sable argileux très
glauconifère, criblé de fines tubulations claires,
appartenant vraisemblablement au Bartonien ou
provenant d'un remaniement de la partie supérieure
de cet étage.
A noter que M. Leriche distingue dans les coupes
qu'il a observées au Heysel, la présence d'une
couche d'argile sableuse glauconifère au-dessus
du gravier, très irrégulièrement développée, il est
vrai, que nous n'avons cependant pas pu individualiser
dans la fouille décrite ici.
On remarquera que le caractère complexe du poudingue de
base du Néogène, déjà souligné par l'étude de la faune
ichtyologique (M. Leriche) apparait également dans la
nature desé léments caillouteux.
(-) Récolté parmi les déblais et de ce fait pouvant
donner lieu à certaines réserves.
Nous avons eu la bonne fortune de pouvoir récolter deux
fructifications de conifères parmi les déblais
provenant de la partie infèrieure de l'argile saumon.
Un des échantillons était fortement usé par le
transport, mais le second était par contre bien
conservé.
Ce dernier présente, d'après M. Stockmans à qui nous
avons confié les échantillons, des caractères le
rapprochant à la fois de Pinus nigra (Pinus laricio)
et de Pinus sylvestris, espèces actuelles déjà
connues depuis le Miocène.
Plusieurs variétés de Pinus nigra sont répandues en
Europe Centrale (Balkans) et dans le Bassin
Méditerranèen (Corse; Sicile, Calabre).
Pinus sylvestris s'étend depuis l'Espagne jusqu'au-delà
du cercle polaire.
L'intérêt de cette découverte réside dans le fait que
la présence de restes végétaux n'avait pas encore été
signalée dans des dépôts néogènes du Brabant. Elle
n'apporte momentanément aucun élément nouveau au sujet
de leur position stratigraphique.
Rappelons à ce propos, que Mr de Heizelin (2) a
récemment souligné la parenté entre la formation des
sables chamois et le Boldérien ligniteux bien
individualisé dans les puits de Campine.
Les sondages effectués un peu au Nord de la Chaussée
Romaine ont permis de retrouver et de préciser la
position du gravier de base néogène en quelques autres
endroits de cette règion (figure 1).
Ils ont montré en outre, que sur le flanc nord de la
crâte jalonnée par la chaussée romaine les sables
chamois indiqués par la carte géologique ne se
trouvent plus en place.
Ils ont soit, glissés avec l'argile bartonnienne
sous-jacente, soit été repris dans des colluvions
pléistocènes anciennes (3).
(2) J. de Heinzelin - Considérations nouvelles sur le
Néogène de l'Ouest de l'europe. Bull. Soc.belge de
géologie - t. LXIV. 1956 pp.463-476.
(3) La description détaillée de ces sondages est
conservée dans les Archives de la Carte Géologique
(Planchettes Anderlecht et Bruxelles).