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088W0021.TXT

PL. BRUXELLES 88W Service géologique
A.Rutot de Belgique

21 (V) "Bull. Soc. belge de géol. Bruxelles, t.III, p.311
(Proc. Verb.)"

Le Puits artésien de la Place des Nations à Bruxelles (1)
Place Rogier par A.RUTOT.
Conservateur au Musée royal d'Histoire Naturelle de
Belgique, à Bruxelles.


Dans une note publiée récemment, en collaborations avec
M.E. Van den Broeck, au sujet du puits artésien du
nouvel Hotel des Postes de Bruxelles (1) nous avons
indiqué comme cause de la non réussite probable du puit
artésien anciennement creusé au centre de la place des
Nations, en face de la gare du Nord, la présence en
sous-sol de la crête silurienne constatée entre la
gare du Midi et le pont de Laeken, crête ayant
également causé l'insuccès relatif du puits du nouvel
Hotel des Postes de Bruxelles, place de la Monnaie.

Lors de la rédaction de notre travail, nous n'avons pu
donner notre opinion, au sujet du puits de la place des
Nations, qu'avec doute, attendu que, malgré nos
recherches, nous n'avions pu nous procurer la coupe de
ce puits, abandonné depuis longtemps et dont toute
trace extérieure a totalement disparu.

Nous n'avons qu'à nous louer d'avoir signalé cette
lacune dans nos connaissances, attendu que notre zélé
confrère M. l'ingénieur Van Mierlo, a bien voulu nous
communiquer la coupe graphique qu'il possède, en nous
faisant remarquer qu'il a aussi été question du puits
de la place des Nations (ancienne Porte de Cologne),
dans le volume de l'"Encyclopédie populaire" publié
naguère par A. Jamar et intitulé: "Description
géologique de la Belgique" par le Dr. Jules Tarlier,
professeur de géographie à l'Université de Bruxelles

En examinant ce petit volume, nous avons vu que
l'auteur déclare avoir trouvé les renseignements qu'il
donne sur le puits de la place des Nations et sur une
foule d'autres puits artésiens, dans un travail de M.
Quetelet, publié dans les "Annales des Travaux publics"
de Belgique (t.VI,1847) et intitulé: "Sur les essais
tentés en Belgique pour le forage des puits artésiens".

D'après le travail de M. Quetelet, le puits de la place
des Nations aurait été commencé en 1846 et, vers le
milieu de 1847, les travaux auraient été terminés à la
profondeur de 57 mètres, le puits fournissant de l'eau
dont le niveau s'équilibrait à la hauteur "de plusieurs
pieds au-dessus du sol".

Quetelet donne également la description détaillée des
couches traversées et leurs épaisseurs.

Or, en consultant la coupe graphique qui nous a été
communiquée par M. Van Mierlo, nous voyons que la
profondeur totale du puits est de 106.78m, ce qui
prouve que le puits a été fait en deux fois; on l'a
poussé d'abord en 1846-47 jusqu'à la nappe aquifère
landenienne, puis, le débit ayant été jugé insuffisant,
on a cherché à l'augmenter en approfondissant
notablement le forage.

Nous ignorons en quelle année le travail
d'approfondissement de 57 à 106.78m, a été effectué; la
coupe graphique fournie par M. Van Mierlo ne porte
aucune date.

-----------------------
(1) Le puits artésien du nouvel Hotel des Postes de
Bruxelles, par A. Rutot et E. Van den Broeck.-Bull.
Soc. belge de Géol. Paléontol. et Hydrol. T.III, 1889.
Pr.Verb. Séance 27 février, pp.99-105.
----------------------

De toutes façons, les deux documents, c'est-à-dire la
coupe donnée par M. Quetelet et celle de M. Van Mierlo,
concordent parfaitement pour les 57 premiers mètres et
la coupe graphique fournit ensuite tous les
renseignements nécessaires pour apprécier la nature des
couches traversées de 57 mètres jusqu'au fond du puits.

Voici donc, d'après les deux documents réunis, la coupe
complète du puits de la place des Nations:
Cote approximative de l'orifice: 17.50m.

Terrains rencontrés: de à Epaiss.

1 Terre de remblai mélengée, tendre 0.00 4.00 4.00
2 Terre végétale, noire, tendre 4.00 4.56 0.56
3 Glaise bleuâtre, parsemée de glaise
brune 4.56 7.00 2.44
4 Sable mouvant jaunâtre à grains de
quartz assez pur, traversé par une
couche de sable ferrugineuse 7.00 12.30 5.30
5 Sable mouvant, bleu, tendre, moins
pur, grains plus fins, avec petits
cailloux de silex 12.30 13.50 1.20
6 Couche de petits cailloux de silex
et grès ou psammites vert micacé 13.50 13.80 0.30
7 Sable très fin, verdâtre, légèrement
micacé 13.80 20.30 6.50
8 Marne argilo-sableuse, gris verdâtre
et bleu brunâtre 20.30 26.50 6.20
9 Marne plus verte, très dure, moins
argileuse vers le milieu et plus
tendre 26.50 30.30 3.80
10 Argile dure, bleu noir 30.30 32.60 2.30
11 Glaise très compacte brun noir 32.60 38.10 5.50
12 Sable argileux mouvant, verdâtre,
tendre contenant de la marcassite à
la partie supétieure. A cette couche,
l'eau est montée de 2 mètres 38.10 44.60 6.50
13 Glaise bleu jaunâtre, très compacte,
avec marcassite à la partie
supérieure 44.60 45.80 1.20
14 Sable argileux mouvant, verdâtre,
tendre, avec rognons de marcassite,
dont l'un pesant 1/2 kilogramme 45.80 57.00 11.20
15 Sable vert glaiseux, tendre 57.00 61.98 4.98
16 Sable argileux bleuâtre, très dur 61.98 75.98 14.00
17 Couche de terre glaise verdâtre,
noire 75.98 76.28 0.30
18 Couche de terrain ardoisier qui sert
de base aux terrains meubles. Sa
couleur est bleu-verdâtre tendre 76.28 76.78 0.50
19 Schiste ardoisier bleuâtre, tendre 76.78 77.08 0.30
20 Schiste ardoisier tendre, disposé
en couches de différentes nuances,
qui ne contiennent pas d'eau 77.08 106.78 29.70
21 Roche très dure, contenant de l'eau
jaillisante
------------------------
Total 106.78

La description des couches ci-dessus renseignées,
d'après les documents permet de les classer aisément.

Les couches de 1 à 6 représentent la série moderne et
quartenaires elles commencent par des couches
artificiellement remaniées et finissent par les
alluvions anciennes de la Senne avec lit de cailloux
roulés à la base.

Le sable no 7 est le sable fin yprésien, puis viennent,
sous les Nos 8, 9, 10 et 11, les parties argilo-sableuses
du même étage.

Le sable no 12 est le sable vert aquifère landenien,
reposant sur les couches plus ou moins argileuses Nos
13, 14 ,15, 16, dans lesquelles le puits a été arrêté
dans sa première phase et se terminant par l'argile
noirâtre très glauconifère no 17 qui constitue
clairement la base du Landenien.

Sous le Landenien, la craie n'apparaît pas; c'est le
schiste silurien que l'on rencontre.

Ainsi vient se confirmer notre supposition de
l'absence de la craie et de la prèsence de la crête
silurienne sous la place des Nations, énoncée dans la
note précédemment citée.


La coupe géologique résumée du puits est donc la
suivante:

Terrains rencontrés: Epaisseur:

Alluvions modernes et quaternaires 13.80m.

Etage Sable 6.50
Yprésien Argile sableuse, puis argile pure 17.80 24.30

Etage Sable avec pyrite 6.50
Landenien Argile ± sableuse sans pierres 31.68 38.18

Terrain Schiste diversement coloré 30.50
primaire
------
Total 106.78


L'épaisseur du Landenien semble augmenter rapidement du
Sud au Nord.

En effet, l'épaisseur de l'étage landenien, au puits du
nouvel Hotel des Postes, distant de l'ancien puits de
la place des Nations de 750 mètres, n'est que de 21
mètres, alors qu'elle est de 38.18m. place des Nations,
et de 41.70m. au puits de l'Usine Nyssens et Cie, près
du Ponts de Laeken.

Cette forte épaisseur croissante du Landenien ne paraît
pas correspondre à une simple pente de la surface du
Silurien, elle concorde sans doute aussi avec une
diminution sensible du relief ded la crête.

Pour ce qui concerne les résultats pratiques du puits,
les deux documents sont d'accord pour dire que lorsque
le sable landenien a été percé, l'eau est montée, à
environ 2 mètres au-dessus du niveau du sol.

Malgré ce fait favorable, le débit n'a sans doute pas
été satisfaisant et le puits à été continué jusque
dans les schistes siluriens, qui, à la profondeur de
106.78 m. ont fourni, d'après la coupe graphique remise
par M. l'Ingénieur Van Mierlo, de l'eau jaillissante.

La même coupe fournit la preuve de ce fait, attendu que
l'on y voit, à 0.70 m. au dessus du niveau du sol, un
ajutage latéral destiné à l'écoulement de l'eau;
malheureusement, le document n'ajoute aucune notion sur
le niveau hydrostatique de la nappe silurienne.

Enfin, la coupe nous donne encore des renseignements
sur le tubage, constitué par trois tubes en bois,
octogonaux, avec sabot trachant en fer et descendant
respectivement à 17 mètres, 41.70m. et 57 mètres, et
par un tube central en fer de 0.30m. de diamètre,
descendant jusque 76.78m.

Cette disposition semble montrer que pendant la
première période de creusement, c'est à dire le forage
jusqu'à la nappe landenienne, on s'est servi de
l'ancienne mode de tubage en bois, polygonal, tandis
que lors de la deuxième période de creusement, pour
atteindre la nappe silurienne, on a utilisé le tube en
fer plus solide, et tenant moins de place que le tubage
en bois.

Le premier tube en bois extérieur, long de 17 mètre
avait 0.80m. de diamètre.

Pour terminer, nous ne pouvons faire mieux que de
remercier vivement notre zélé confrère M. L'Ingénieur
Van Mierlo, dont les renseignements nous ont permis
de reconstituer l'historique et la coupe géologique
d'un puits artésien dont le souvenir était déjà bien
effacé.

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