Annexe 1 : Descriptif du point 74 W 186
Planchette HAECHT PRIVATE
74 W 186
Kampenhout - Ruisbeek : Distrigaz Werf 1998 (Gazoduc Zeebrugge - Aachen), franchissement de la Chaussée
d 'Haecht (N 21).
Localisation: à 20m au Nord de la Chaussée d' Haecht, à hauteur du km 18.840, fut creusé fin mai 1998 un puits
coffré de 7m de profondeur. Ses coordonnées sont: x 164 850 , y 182 150 et z (déduit de la carte topo) +12m50.
Description: la stampe ne fut visible que quelques jours, à la mi-juin, lors du raccord entre le puits coffré et le
tronçon du gazoduc déjà en place. Sous 2 à 2.5 m de limons et un cailloutis peu dense de silex versicolores roulés,
pisulaires à nuculaires, s'observèrent 4m50 à 5m de Sables de Lede.
Ces sables y sont fins à très fins, légèrement argileux et très finement glauconifères. Ils sont gris clair à sec, gris
verdâtre foncé lorsqu'humides. Ils présentent quelques rares traces de bioturbation de surcroît difficilement
décelables.
Deux horizons à blocs gréseux s'y rencontrent respectivement vers 5m et 6m25 de profondeur. Les blocs de
l'horizon supérieur sont subtabulaires; ils peuvent atteindre un mètre de longueur et une épaisseur de 10 à 20 cm. Ils
sont très homogènes, leur litage est à peine perceptible. Les blocs de l'horizon inférieur ont une section ovalaire à
subcirculaire; ils peuvent atteindre 80cm dans leur plus grande dimension et 30cm d'épaisseur. Ils sont moins
homogènes que ceux de l'horizon supérieur, ne trahissent aucun litage et contiennent épars dans la masse quelques
empreintes de mollusques, quelques fragments d'échinides irréguliers et des tubes de Ditrupa.
Ces derniers blocs se sont développés à la partie supérieure d'une zone de 20 à 30 cm d'épaisseur caractérisée par la
présence de ces Ditrupa (1 à 3 par dm3), de petits Nummulites du type variolarius-heberti et de nombreux petits
échinides irréguliers. Cet horizon n'ayant jamais été détaillé ou prospecté de façon significative, quelques 500 litres
de sédiments en furent prélevés.
Le lavage-tamisage de ces quelques 500 litres de sédiments a été effectué à Laeken sur mailles de 5, 2.5, 1.0 , 0.5 et
0.25 mm. La totalité des fractions résiduelles supérieures à 0.5mm a été triée. Ce tri a permis de mettre en évidence
une mésofaune très diversifiée contenant quelques formes singulières d'invertébrés ainsi qu'une faunule très
particulière d'élasmobranches. La fraction entre 0.25 et 05 mm recèle d'innombrables petits foraminifères et
abondance d'ostracodes.
Parmi ces derniers, mentionnons de nombreux Leguminocythereis et Pterygocythereis dont les grands spécimens se
retrouvent dans la fraction supérieure à 0.5mm.
Descriptif sommaire des faunes de l'Horizon à Ditrupa:
Invertébrés:
Parmi la mésofaune, les éléments les plus abondants sont les tubes calcaires du vermidien Ditrupa plana, les
fragments de hampes ou rachis de pennatules (Octocoralliaire, Ordre des Pennatulides), des fragments du test d'au
moins deux grands (3 à 5 cm) échinides irréguliers (l'un, fréquent, cordiforme de type Maretia, l'autre, plus rare,
ovalaire, de type Echinolampas), les tests de petits (qq. mm à 1cm) échinides irréguliers dont Scutellina lenticularis
(très abondant) et Lenita patellaris, des assules d'astéries et des ossicules d'ophiures.
Les échinides réguliers sont rarissimes, leurs piquants se retrouvent toutefois parmi les innombrables soies des
irréguliers et signalent l'existence d'au moins deux espèces.
Les brachiopodes sont présents mais tout aussi rares. Notons quelques Mühlfeldtia et un petit discinoïde.
Quelques bryozoaires arborescents (Diaperoecia, Idmidronea et Hornera), cupuliformes (Lunulites, Vibracellina et
Lichenopora), foliacés (indét.) ou encroûtants (indét.) sont présents.
Les crustacés marcheurs sont représentés principalement par leurs pinces; trois décapodes au moins y figurent ainsi
que une (ou deux ?) espèce(s) de galathéides, groupe jamais mentionné dans notre Eocène.
Les crustacés sessiles sont représentés par des éléments de la thèque de cirripèdes thoraciques du type Lepas.
Les mollusques comprennent de rarissimes gastéropodes scalariformes et quelques pélécypodes anomiiformes,
ostréiformes, ptériiformes (Vulsella relativement commune) et pectiniformes (Aequipecten, Pseudamussium ...). Les
plus grandes ostrées comme les plus grands pectinidés ne dépassent guère 3cm.
Notons encore la présence de quelques rares foraminifères encroûtants du genre Bdelloidinella si fréquents dans la
partie la plus inférieure des Sables de Lede (cfr. Zaventem et Nederokkerzeel).
Vertébrés:
Ceux-ci sont représentés par d'assez nombreux ossements ou vertèbres et de très rares otolithes (15 pour 500 litres
de sédiments) de Téléostéens, et par une trentaine de dents d'élasmobranches. Ces dernières permettent de
distinguer des représentants de 9 genres : Isistius, Hemiscyllium, Isurolamna, Physogaleus, Abdounia, cf.
Heterotorpedo, Dasyatis, Burnhamia et Myliobatis.
La fréquence anormalement élevée des dents du genre Isistius (40%) rappelle la composition faunistique de
l'horizon à nautiles rencontré à Balegem et à Meldert où ce genre est tout aussi fréquent.
Etat de conservation de la faune:
Invertébrés et vertébrés sont remarquablement conservés au point de suggérer une taphocénose proche d'une
véritable biocénose.
Remarque: la partie inférieure de cet horizon ou zone à Ditrupa recèle quelques N. laevigatus extrêmement roulées
et aux loges chargées de glauconie; celles-ci sont vraisemblablement reprises de la base des Sables de Lede,
logiquement très proche, mais non observée dans l'excavation. Les rares Bdelloidinella submentionnées pourraient
également avoir la même origine.
Dix planches photographiques accompagnent ce dossier (voir disquette).
J. Herman Juin 1998, révisé en Septembre 2006
