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073E0085.TXT

ZEMST 73E

M. MOURLON                          


85(III)   Le jeudi 1o avril 1909, le Capitaine du Génie Van
          Trooyen,Répétiteur à l'Ecole militaire, téléphone au
          Service pour annoncer qu'un Mammouth a été découvert à
          Hofstade.Je m'y suis rendu,dés le lendemain vendredi,
          en compagnie de M. l'Ingénieur Marcel Castiau, de
          l'Administration des Chemins de fer de l'Etat. C'est
          un ouvrier de l'entrepreneur, le sieur Quintelier Aloys
          qui a découvert la grande défense de Mammouth,dans
          l'exercice de ses fonctions qui consistent surtout à
          écarter de la drague, les pierres et les autres objets
          se trouvant dans les terres transportées de bas en haut
          dans les wagons pour servir de remblais à la ligne de
          Hal-Muysen-Malines. Il a remis un petit spécimen
          d'ossements, le dimanche 28 mars 1909, à M.Aerst,
          employé de la Société nationale des Chemins de fer
          vicinaux,qui habite Hofstade,et qui doit l'avoir
          expédié au Musée de Bruxelles.

          Une partie des ossements ont été brisés par les godets
          à dents du dragueur et jetés par celui-ci dans les
          wagons, mais on a pu les retrouver en grande partie
          dans les remblais. Tous les ossements recueillis sont
          conservés dans une petite maisonnette à proximité de
          la voie ferrée. Le samedi 3 avril, je fais ma
          première communication à l'Académie. Le lundi 5 avril,
          je me rends de nouveau sur les lieux en compagnie de
          M. Ch. Bommer, de M.M. Goossens père et fils, de M.
          Thiry, chef de section principal et son fils, ainsi que
          de M. l'Ingénieur Castiau et le piqueur Wauters, qui
          étaient déjà des nôtres lors de ma première visite,
          M.L. Frédéricq est venu nous rejoindre, comme il me
          l'avait annoncé, la veille, à l'Académie.
       
          M. Bommer a reconnu sur place, parmi les végétaux:
          des pins (Pinus sylvestris et des chênes (Quercus
          pedunculatus) caractétisés par leur bois et par leurs
          fruits, débris végétaux empruntés à des forêts
          riveraines dans la composition desquelles les espèces
          en question jouaient probablement un rôle important.
          M. l'Ingénieur Castiau me dit que sur les 84 hectares à
          déblayer il y aura 75 hectares recouverts par les eaux
          formant ainsi un véritables lac destiné à alimenter
          les gares.

          J'y suis retourné encore pour les 3e et 4e fois, avec
          Pierre, les jeudi 8 et samedi 10 avril 1909; pour la
          5e fois avec le même et M. De Pauw qui a déterminé les
          ossements sur place, le 13 avril et pour la 6e fois
          avec M.F. Halet, le 30 avril, et enfin pour la 7e
          fois, le 3 mai, avec Pierre.

          M. Thiry m'a obligeamment expédié une copie au net du
          plan de l'emprunt d'Hofstade que l'Ingenieur m'avait
          déjà gracieusement remis en minute. Ce plan est annexé
          à la farde de Sempst. M. Thiry a également tracé sur
          mon 20.000o la nouvelle voie ferrée en remblais et
          délimité l'emprunt.


          Parmi les nombreux échantillons de roches recueillies
          par moi à la surface au bas de la tranchée et qui
          doivent provenir de la couche No 5, se trouve une
          plaque de roche calcaire blanche finement glauconifère
          tout à fait semblable à celle des sondages de
          Waterloo, 147-3 et 148-24, au contact du Cambrien
          altéré et qui doit être du tufeau landenien, non en
          place.

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          M.Mourlon.- Bull.Acad.Roy.de Belg.1909,No 4,pp.427-434

          Géologie. - Découverte d'un dépot quaternaire campinien,
          avec faune du Mammouth et débris végétaux, dans les
          profonds déblais d'Hofstade, à l'est de Sempst (Brabant
          belge(; par M. Mourlon, membre de l'Académie.
          (Bulletin, séance du 3.4.09, pp. 427-434)

          Afin de se procurer des terres en quantité suffisante
          pour les remblais nécessités par la surélévation de nos
          voies ferrées, à l'effet d'éviter les passages à
          niveau, l'administration des chemins de fer de l'Etat
          belge fait effectuer, depuis déjà un certain nombre
          d'années, d'importants déblais qui ne peuvent manquer
          de fournir de précieuses indications sur la
          composition, l'allure et les relations stratigraphiques
          des dépots du sol en profondeur qui, surtout dans la
          Basse-Belgique, ne nous sont généralement que très
          imparfaitement connus par quelques puits ou sondages.

          C'est ainsi que pour l'établissement de la nouvelle
          ligne, en voie d'achèvement, de Hal-Muysen-Malines,
          S'exécute, en ce moment, ce que l'on appelle
          "l'emprunt d'Hofstade". Ce sont des déblais qui, près
          du village de ce nom, sur la planchette de Sempst, au
          sud et non loin de Malines, à la limite septentrionale
          de la province de Brabant, embrassent une superficie
          de 84 hectares.

          Depuis cinq ans qu'une armée de terrassiers y travaille,
          on a enlevé les terres sur la plus grande partie de
          cet immense espace, mais seulement à quelques mètres de
          profondeur pour ne pas être incommodé par la venue des
          eaux. Aujourd'hui on a commencé, à l'aide d'un puissant
          excavateur et d'une pompe refoulant les eaux sortant
          des sables, à creuser à une profondeur beaucoup plus
          grande, ce qui permet d'étudier la succession des
          couches de la côte 13 jusqu'à la côte - 2, soit sur 15
          mètres de hauteur.

          On peut observer maintenant, sur une longueur de 800
          mètres, une profonde tranchée vers le bas de laquelle
          de nombreux débris animaux et végétaux ont été mis à
          découvert, et c'est même ce qui explique pourquoi
          l'attention des géologues n'a pas été appelée plus
          tôt sur ce grand travail de terrassement, la partie
          atteinte jusque dans ces derniers temps ne présentant
          que peu d'intérêt et n'ayant fourni aucun débris
          fossile.

          Aussitôt que je fus averti de la découverte, au fond de
          la tranchée, d'une défense de Mammouth, je me suis
          empressé de me rendre sur les lieux pour en étudier le
          gisement. J'ai été heureux de constater l'intérêt que
          portait à cette découverte le personnel, tant de
          l'administration de l'Etat que de l'entrepreneur des
          terrassements, et le soin avec lequel étaient réunis
          et conservés les débris fossiles exhumés par
          l'excavateur (1).

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          (1) C'est le capitaine du génie Vantrooyen, répétiteur
          à l'Ecole militaire, qui voulut bien, tant en son nom
          qu'en celui de M. l'ingénieur Marcel Castiau, chargé
          de la direction des travaux d'Hofstade, porter la
          découverte à ma connaissance. Je me fais un devoir de
          lui en réitérer toute ma reconnaissance, ainsi qu'à
          M. Castiau, qui ne laisse jamais passer une occasion de
          faire bénéficier le Service géologique des données
          provenant des sondages pratiqués dans son ressort par
          l'Administration des chemins de fer de l'Etat. Je
          remercie aussi M. Thiry, le chef de section principal,
          qui m'a fourni, avec le plus grand empressement, de
          fort utiles indications.

          J'ajouterai que c'est un des agents de l'entrepreneur
          Wuytack, de Gand, le sieur Aloys Quintelier, chargé
          précisément d'écarter de l'excavateur les corps durs
          susceptibles de l'endommager, qui a signalé la présence
          de la première grande defense du Mammouth.

          Malheureusement, malgré toute la bonne volonté de cet
          agent, il ne saurait empêcher qu'une partie des débris
          fossiles ne fut enlevée par les godest à dents de
          l'excavateur, jetés par ceux-ci dans les wagons et
          déversés aux remblais, où la présence d'un agent
          spécial serait nécessaire si l'on voulait que rient ne
          se perdit durant les trois ou quatre années que doivent
          encore durer les travaux de déblais qui enlévent
          chaque jour plus de 4.000 mètres cubes de terre.

          C'est la une question qu'aura à examiner le Musée royal
          d'Histoire naturelle qui, en présence de l'intérêt
          Qu'offre cet ossuaire et de la possibilité de pouvoir
          effectuer la reconstitution de quelques-uns de ses
          principaux éléments, a chargé M. le conservateur A.
          Rutot de la haute surveillance des travaux, comme
          notre savant confrère a bien voulu le porter à ma
          connaissance, depuis que la présente communication a
          été faite à la Classe.
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Fig. 085a

          Voici la coupe de la paroi méridionale de la grande
          tranchée, dite de Mammouth, telle qu'il m'a été
          possible de la relever au commencement d'avril 1909 :

          Coupe de la grande tranchée du Mammouth, à Hofstade
          planchette Sempst, 85.

          Quaternaire flandrien (q4).
               
          1*. Sable jaunâtre à grains moyens, légèrement            Mètres
          glauconifère, avec parties limoneuses bigarrées de gris
          blanchâtre, un peu pailletées (1'*) devenant graveleux,
          avec quelques petits cailloux vers le bas (1"*) et se
          confondant avec le sable graveleux 2                      3,00

          L'ech. 1 est remeilli à la partie supér.

          Qauternaire hesbayen (q3ms)?

          2. Sable quartzeux blanc et jaune, présentant
          généralement la stratification oblique entrecroisée,
          avec petits cailloux dissémeninés parmi lesquels j'ai
          recueilli en un point, à 250 mètres au N.-O. de M. 2',
          un débris de phyllade gris bleuâtre pâle devillien,
          avec de petits fragments de concrétions blanches non
          calcalifères, rappelant le grès effrité bruxellien.
          L'épaisseur moyenne du sable 2 peut être évaluée à....   3,00

          3. Limon fin gris jaunâtre pâle vers le haut, rappelant
          parfois le limon gris hesbayen, tantôt très argileux,
          tantôt sableux et passant au sable grossier présentant
          aussi, en de certains points, la stratification
          oblique entrecroisée; le limon devient parfois plus
          foncé brunâtre et noirâtre tourbeux, surtout vers le
          bas, où il se montre interstratifié de sable.

          Les couches no 3 m'ont fourni, en un point, un peu au
          S.-E. de M., la succession suivante, de haut en bas:

          3'*  Limon fin gris jaunâtre pâle, à la cote 7....  0.55
          3"*  Limon fin gris pâle, avec quelques fines
               paillettes de mica, rappelant
               le limon hesbayen (q3m)....                    0.40
          3"'* Limon sableux passant au sable grossier, 
               surtout vers le bas.....                       0.90
          3""* Limon fin gris plus foncé, légèrement 
               pailleté interstratifié de sable.....          1.70  
                                                             -----  3,65 
                                                    

          Quaternaire campinien (q2).

          4*. Sable blanc quartzeux rappelant le sable rude du
          Bruxellien et présentant, vers le bas, à moins de 1
          mètre de la couche 5, quelques lignées de petits
          cailloux de silex roulés et de quartz blanc, ainsi que
          des fragments de grès blanc, de concrétions siliceuses
          et de phyllades gris bleuâtre pâle dévilliens (4'*), il
          en est de même parfois au contact de la couche 3.

          La couche 4 présente des lentilles de sable légèrement
          glauconifère, plus fin, de teinte grisâtre plus foncée
          4"*, devenant, vers le bas, noire et ligniteuse par
          l'abondance des végétaux. (4"'*)

          C'est le gisement du Mammouth dont la défence a été
          trouvée au point M., à la cote 2, ainsi que des autres
          vertébrés dont on trouvera plus loin la liste....           1.90

          5*. Lit de cailloux de silex roulés et corrodés avec
          gros graviers blancs souvent agglomérés par une
          matière ligniteuse, grès fistuleux bruxelien en forme
          de boule, blocs étendus à arrêtes généralement vives et
          parfois aussi un peu arrondies de roches primaires, de
          quartzites gris bleuâtre foncé, de quartzophyllades
          gris pâle, pailletès et parfois aussi plus foncé et
          pyritifère, ainsi que de quartzites blancs bigarrés
          de rouge et rappelant ceux de Buysinghen, dans la
          vallée de la Senne, en amont de Bruxelles où ils sont
          renseignés sur la carte géologique comme appartenant au
          Cambrien devillien (Dv 1). Le tout bien visible à la
          cote + 1m5......                                           1.90

          Eocène supérieur asschien (Asc)

          6*. Argile verte glauconifère, avec lignites pyritisés,
          rencontrée jusqu'à la cote - 2.......                      1.55
                                                                     -----
                                                             Total..15.00

          La coupe qui précède offre un intérèt exceptionnel par
          la nature, la succession et l'allure des couches
          quaternaires qui la composent.

          Elle fournit aussi la confirmation que le sous-sol
          tertiaire est bien formé d'argile asschienne comme le
          renseigne la carte géologique de la région dont
          j'effectuai les levés il y a plus de quinze ans et qui
          parut en 1894.

          Cette carte montre également que l'argile en question a
          une épaisseur de 6 à 7 mètres, ce qui viendra fort à
          point pour maintenir les eaux lorsque, dans quelques
          années, les déblais étant terminés, elles en rempliront
          l'espace et formeront une lac profond qui ne comportera
          par moins de 75 hectares de superficie.

          La partie inférieure des dépôts quaternaires renferme
          d'innombrables débris animaux et végétaux parmi
          lesquels la présence du Mammouth ne laisse aucun doute
          sur leur âge géologique campinien, mais qui présentant
          des particularités d'un réel intérêt.

          C'est ainsi que lorsque les eaux du fond de la tranchée
          étaient assea basses, on avait l'illusion de se trouver
          en présence d'une forêt préhistorique ravagée par les
          eaux quaternaires, mais dont quelques troncs, disposés
          verticalement, semblaient avoir été épargnés.

          M. le professeur Ch. Bommer, conservateur au Jardin
          botanique de l'Etat, qui a bien voulu les examiner sur
          place, y a reconnu des pins (Pinus sylvestris) et des
          chènes (Quercus pedunculata) caractérisés par leurs
          bois non roulés et par leurs fruits intacts, mais sans
          y constater l'existence de racines. Ce sont des débris
          empruntés à des forêts riveraines dans la composition
          desquelles ces espèces jouaient probablement un rôle
          important et que hantaient les vertébrés dont les
          ossements, pas plus roulés que les bois, recueillis
          jusqu'ici tout le long de la tranchée, ont pu être
          dêterminés également sur place par M.L. De Pauw, qui
          voulut bien aussi m'y accompagner.

          Grâce à une expérience consommée en ostéologie, ce
          spécialiste si renommé reconnut immédiatement parmi les
          ossements un assemblage des plus disparate d'espèces
          éteintes dont les genres ne sont plus représentés
          actuellement que par des espèces vivant sous des
          climats plus chauds ou plus froids, ce qui semble
          confirmer qu'à cette époque notre climat était plus
          tempéré que de nos jours.

          Ce sont: le Lion (Felis Spelaea), L'Ours (Ursus
          spelaeus?), l'Eléphant (Elephas primigenius), le
          Rhinocéros (Rh. tichorinus), le Cheval (Equus caballus),
          le grand Cerf d'Irlande (Cervus megaceros), le Renne
          (Cervus tarandus) et le Bison (Bos priscus?), tous
          animaux qu'on a quelque peine à se représenter vivant
          simultanément dans nos forêts quaternaires de la
          Basse-Belgique (1).

          Les nombreux ossements de ces animaux proviennent de la
          couche no 4 au contact de la couche no 5 qui, comme il
          est dit plus haut, sont franchement, toutes deux,
          campiniennes.

          Quant aux couches no 5, formées en majeure partie de
          limon, leur interprétation est extrèmement délicate.

          Si, d'une part, il semble difficile de les séparer
          nettement des sables sous-jacents no 4, étant donné
          qu'elles sont surmontées par le sable no 2 dans
          l'élément caillouteux duquel j'ai recueilli un débris
          de phyllade gris blauâtre pâle devillien identique à
          ceux que renferment abondamment les couches
          campiniennes incontestables nos 4 et 5, d'autre part,
          ces mêmes couches limoneuses no 5 occupent la place
          du limon hesbayen (q3m) avec lequel elles présentent
          souvent les plus grandes analogies lithologiques.

          Dans ces conditions, je ne me crois pas autorisé à
          modifier, au moins quant à présent, l'interprétation
          que j'ai donnée des couches analogues rencontrées par
          sondages dans mes levés de la carte glologique de la
          région. Je les renseigne, en effet, dans la légende de
          la feuille au 40 000o de Vilvorde-Sempst, comme étant
          formées de "limon sableux passant au sable" et
          constituant un facies sableux du limon hesbayen (q3ms).
          C'est donc la même interprétation qui se trouve
          consignée dans la description de la coupe figurée
          ci-dessus, pour les couches no 3 auxquelles je ne
          réunis qu'avec doute la couche sableuse no 2. Celle-ci
          est surmontée dans les déblais d'Hofstade par un
          faible dépôt de sable avec lentilles limoneuses, qui
          semble bien pouvoir être assimilé au Flandrien (q4).

          Je me réserve, en tout cas, de revenir ultérieurement
          sur les différents points signalés dans la présente
          communication, après avoir fait une revision complète
          des nombreux documents se rapportant à la région et
          plus particulièrement de ceux que les déblais
          d'Hofstade permettront peut-être, par la suite,
          d'élucider définitivement. Je veux parler de la
          description de l'importante collection, déposée au
          Service géologique, des échantillons provenant des
          sondages tubés que j'ai fait exécuter, au cours de
          l'année 1898, dans les plaines de Tour-et-Taxis et le
          long du canal de Bruxelles au Rupel, à la demande de
          M.M. les ingénieurs F. Deschryver et J. Zone de la
          Société du Canal et des Installations maritimes de
          Bruxelles.

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          (1) Il ne sera pas inutile de faire connaitre, pour
          chaque espèce, les parties du squelette qui ont pu être
          reconnues, sur place, par M. De Pauw. Ce sont, outre un
          maxilaire inférieur gauche de Brochet :

          Felis speloea, représenté par un axis;

          Ursus speloeus? nue diaphise d'humérus droit;

          Elephas primegenius, plusieurs défenses, dont une
          brisée en deux morceaux et dont le contour extérieur
          mesure plus de 3 mètres, magnifique humérus droit,
          omoplate gauche, cubitus droit, tibia gauche adulte,
          tibia gauche jeune, intermaxiliaire, mâchoire
          inférieure avec une molaire, dix côtes dont une de 1m30
          de long, une dent inférieure de 0m30 de long, une dent
          supérieure droite, une molaire à deux racines (prête
          a tomber), un péroné gauche, une troisième et une
          sixième vertèbres cervicales, première, deuxième et
          troisième vertèbres dorsales, dont la deuxième de 0m60
          de haut.

          Rhinoceros tichorinus, os iliaque gauche, atlas,
          omoplate gauche, humérus droit, enbitus droit et gauche,
          métacarpien, deuxième gauche molaire supérieure,
          crâne moitié supérieure;

          Equus caballus, maxiliaire droit, métatarsiens gauche
          et droit, troisième vertèbre cervicale, os iliaque
          gauche, fémur droit;

          Cervus megaceros, bois de mâle de 0m21 de pourtour;

          Cervus tarandus, bois avec frontal;

          Cervus elaphus? bois;

          Bos priscus? axis et humérus droit.


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          A. Rutot.-Bull, de la Soc. belge de géologique.
          Bruxelles, 1909, t. XXIII, (Procès-verbaux), pp.
          235-244.
          A. RUTOT. - Note préliminaire sur la coupe des terrains
          quaternaires à Hofstade.

          Conformêment à un projet établi par nos confrères MM.
          Van Bogaert et Kemna, l'Administration des Chemins de
          fer de l'Etat fait exécuter à Hofstade, à 4 kilomètres
          au Sud de Malines, entre la route de Malines à
          Tervueren et la Dyle, de vastes terassements en vue du
          creusement d'un lac dont les eaux serviraient à
          l'alimentation des locomotives dans de nombreuses
          gares de la Basse-Belgique.

          Le creusement s'effectue en deux fois. Un premier
          enlèvement de terres sur 3 à 4 mètres de profondeur a
          été effectué en grande partie à la main;
          l'approfondissement jusqu'à la cote zéro se fait au
          moyen d'un excavateur et est commencé depuis le mois
          de février de cette année.

          Cette vaste entreprise a été confiée à M. Wuytack, de
          Gand, que nous tenons à remercier ici pour sa grande
          amabilité et l'empressement qu'il met à faciliter, aux
          agents du Musée royal d'Histoire naturelle de
          Bruxelles, la récolte des nombreux ossements que
          l'excavateur fait découvrir.


          En juin 1909, les travaux se présentent sous forme
          d'une profonde tranchée d'une vingtaine de mètres de
          largeur, d'environ 800 mètres de longueur et de 8
          mètres de hauteur.

          Cette tranchée met à un une magnifique coupe de
          terrains à allure générale assez régulière et
          horizontale, dont l'étude est toutefois compliquée et
          difficile.

          En effet, la paroi de la tranchée faite par
          l'excavateur est peu accessible à l'observation à cause
          de la raideur de sa pente et aussi parce qu'elle est
          constamment voilée par les terres retombent des godets.

          D'autre part, la paroi opposée est plus facilement
          accessible, mais elle s'eboule par gros paquets, de
          sorte qu'on ne peut presque jamais savoir dans quel
          niveau l'on se trouve.

          Il m'a donc fallu un grand nombre de visites pour
          essayer de voir clair dans ce chaos, mais, actuellement,
          je crois être à même de fournir une coupe
          suffisamment exacte des couches visibles dans
          l'ensemble des travaux.

          Tout d'abord, lorsqu'on étudie la grande tranchée
          dirigée approximativement de l'Est à l'Ouest, il faut
          bien se pénétrer de ce que la coupe qu'elle montre
          n'est pas compléte, puisque les 3 à 4 mètres
          supérieurs ont déjà été enlevés.

          Il faut donc étudier en premier lieu la tranchée
          supérieure, de manière à bien se rendre compte de ce
          qui manque à la tranchée inférieure et, alors, on peut
          marcher de l'avant avec sécurité.

          En envisageant ainsi la coupe sur sa hauteur totale,
          on peut y reconnaitre trois types principaux de
          composition, selon qu'on la considère à son extrémité
          Ouest, ensuite vers les deux tiers de sa longueur, puis
          à l'extrémité Est, sur la paroi Sud.

          Nous commencerons par l'extrémité Ouest.

          C'est là que la coupe offre sa plus grande simplicité.

          La voici telle que j'ai pu la relever, en partant du
          haut:
                                                              Métres.
          1. Sable jaune, plus ou moins ferrugineux, avec
             gravier fin à la base, environ                     1.20
          2. Alternances de limon brun ou grisâtre 
             et de sable,le tout très stratifié          2.00 à 3.00
          3. Couche de sable meuble, assez gros,
             à stratification oblique, à base 
             ravinante, avec petits cailloux de
             silex, de grès bruxellien, etc.,
             répartis surtout vers le sommet et vers
             le bas                                      0.50 à 1.00

          4. Couche épaisse de sable assez gros,
             très stratifié,le plus souvent avec
             régularité, parfois obliquement,
             surtout vers le bas. A l'état humide 
             la masse parait gris foncé, sèche,
             elle est gris verdâtre clair, avec
             lignes horizontale plus foncées,
             plus épaisses ver le bas                    3.00 à 4.00
          5. Lit de gravier composé de nombreux        Ossements trans-
             galets de silex,avec galets de roches     férés au Musée
             primaires diverses et gros blocs          royal d'Histoire
             très peu usés de phyllades,               naturelle
             de quartzites et de quarts.
             Reposant sur ce gravier, se recontrent
             de nombreux ossements d'animaux de la 
             faune du Mammouth                           0.10 à 0.15
          6. Argile flauconifère, vert foncé,
             stratifiée, visible sur environ                    2.00

          Mon interprétation est la suivante :

          1. Sable flandrien avec fin gravier à la base.
     2 et 3. Facies sableux du limon hebayen avec lit de
             sable meuble et zone graveleuse à la base.
          4. Sable campinien très stratifié avec ossements de la
             faune du Mammouth à la base.
          5. Gravier représentant le Moséen.
          6. Argile glauconifère asschienne (Eocène le plus
             supérieur).

          La même coupe se montre sur plusieurs centaines de
          mètres de long, sauf en un point où existe un
          ravinement de la base du Campinien qui descend
          jusqu'au fond de la tranchée en supprimant localement
          l'argile asschienne.

          A environ 500 mètres de l'extrémité Ouest, sans que,
          de loin, la coupe paraisse changer, elle se modifie
          vers le bas par l'adjonction de termes nouveaux :

                                                              Mètres.
          1. Sable flandrien avec fin gravier à la base         1.20
          2. Alternances de limon et de sable
             représentant le limon hesbayen              2.00 à 3.00
          3. Zone de sable obliquement stratifié,
             avec petits cailloux épars de base
             caillouteuse ravinante, partie
             inférieure du Hesbayen                             1.00
          4. Masse du sable campinien, 
             très stratifiée, avec traces de glaise 
             gris-bleu foncé vers le haut                3.00 à 4.00
          5. Lit de gravier sur lequel reposent
             de nombreux ossements de la faune 
             du Mammouth                                        0.15
          6. Glace gris foncé, stratifiée avec
             des veinules de sable gris                  0.30 à 0.50
          7. Sable noir très grossier, plus ou
             moins graveleux avec nombreux débris
             végetaux, troncs d'arbres, fruits,
             semences, etc., et ossements rares                 0.30
          8. Gravier composé principalement de
             galets de silex,avec filets sableux 
             irréguliers                                        0.30
          9. Argile flauconifère asschienne                     1.00


          Nous constatons donc ici, sous la série de couches
          déjà observée dans la première section de la coupe,
          c'est-à-dire sous le Campinien, l'introduction de la
          glaise et du sable grossier à végétaux moséens,
          encadrés entre deux graviers, l'un supérieur, l'autre
          inférieur, descendant obliquement vers l'Est et
          ravinant l'argile asschiene.

          Enfin, vers l'extrémité Est, la coupe semble se
          compliquer rapidement à cause de grandes ondulation du
          gravier supérieur du Moséen qui permettent l'apparition
          de pitons de glaise moséenne et, plus haut, d'autres
          ondulation de la base du sable hesbayen qui provoquent
          la conservation de paquets de glaise campinienne.

          La coupe se présente alors comme suit:
                                                                 Mètres.
          1. Sable flandrien avec gravier fin à la base             1.20
          2. Alternances de limon et de sable représentant le
             limon hesbayen                                  2.00 à 3.00
          3. Zone de sable meuble, caillouteux, très
             irrégulièrement stratifié, à base ondulante     0.30 à 1.00
          4. Localement, là où la base du sable 3 se relève, 
             on voit: Glaise gris-bleu foncé, dont le sommet
             est noir,tourbeux, rempli de matières végétales
             entrecoupée de lits sableux gris                       1.00
          5. Masse sableuse du Campinien, stratifiée, en lits
             alternativement clairs et foncés                2.00 à 3.00
          6. Lit de gravier de roches diverses, à allure très
             ondulée, avec gros blocs de phyllade, sur lequel
             reposent des ossements de la faune du Mammouth         0.15
          7. Glaise moséenne constituée, au sommet,
             par des alternances de glaise gris-bleu 
             foncé avec lits noirs tourbeux et de lits
             de sable gris foncé et, au bas,par une
             couche de glaise compacte, stratifiée           3.00 à 4.00
          8. Sable noir, très grossier, plus ou moins 
             graveleux,avec fragments de bois plus rares,
             mais avec un lit de tourbe brune à filaments
             feutrés, organique                                     0.50
          9. Gravier principalement composé de cailloux de silex
             roulés, avec filets de sable grossier                  0.30


          Ici, l'argile glauconifère asschienne n'est plus
          visible, le gravier de base du Moséen se trouvant au
          niveau du fond de la tranchée.

          Cette trosième coupe est intéressante en ce qu'elle
          montre le sommet du Campinien, représenté par la
          glaise, avec, à la partie supérieure, les traces d'un
          ancien sol formé de matières noires, tourbeuses,
          traversées par une infinité de radicelles.

          De plus, elle fournit aussi une coupe complète du
          Moséen, avec des traces d'un ancien sol au sommet (1).

          Nous donnons page 239 la coupe générale de la grande
          tranchée de Hofstade.

          La détermination des couches quartenaires en Flandrien,
          Hesbayen, Campinien et Moséen est assez aisée, surtout
          pour ce qui concerne le Flandrien, le Campinien et le
          Moséen.

          Pour ce qui a rapport au Hesbayen, il ne serait pas
          facile de le reconnaitre sous son facies très sableux
          d'Hofstade, si l'on n'avait suivi préalablement ses
          modifications depuis Bruxelles jusque Vilvorde, où le
          facies sableux apparait déjà très distinctement, sur
          une forte épaisseur, à proximité du pont du canal.

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COUPE DE LA GRANDE TRANCHÉE D'HOFSTADE, EN JUIN 1909      Fig. 85b

          A. Flandrien. Sable avec fin gravier à la base.
          B. Hesbayen. Facies limono-sableux du Nord et des
             Flandres.
          C. Hesbayen. Couche de sable meuble à stratification
             irrégulière et à base ravinante.
          D. Campinien, Glaise gris foncé, avec lit de matière
             noires végetales au sommet, traces d'un ancien sol.
          E. Campinien. Sable plus ou moins régulièrement
             stratifié, gris-vert ou noirâtre, avec nombreux
             ossements de la faune du Mammouth à la base.
          F. Moséen. Gravier supérieur, composé de silex roulés,
             de galets de roches diverses et de gros blocs non
             roulés de roches primaires.
          G. Moséen. Complexe de la glaise moséenne, sableux vers
             le sommet, avec petits amas de matières végétales.
          H. Moséen. Sable très grossier, graveleux, noir, avec
             nombreux restes de végétaux : troncs d'arbres, fruits,
             semences, etc., et quelques ossements.
          I. Moséen. Gravier de base, composé en majeure partie
             de silex roulés.
          K. Asschien. Argile glauconifère asschienne.

          Nota. - Il doit être entendu que la partie déjà
          enlevée, à partir de la surface du sol, a été restituée
          de manière à fournir la coupe complète du Quarternaire.
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          Ce qui est plus délicat, c'est d'attribuer au Hesbayen
          la zone de sable meuble, à stratification oblique, à base
          onduleuse et ravinante, accentuée par de nombreux
          petits cailloux.

          Je me suis décidé à adopter cette assimilation parce
          que, en somme, la coupe d'Hofstade reproduit, dans sa
          composition stratifique, la célèbre coupe, maintenant
          si connue, de l'ancienne exploitation Hélin, à
          Spiennes.

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          (1) Ce point est toutefois encore obscur, car il se
          pourrait qu'il y eût contact direct, par affaissement
          en masse, de la glaise campinienne sur la glaise
          moséenne, avec foirage du sable campinien. Il ma été
          impossible, jusqu'ici, d'arriver a une solution précise
          de la question.
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          Là, en effet, à la suite du recul continu de la coupe
          vers la rivière la Trouille, causé par les nombreuses
          et importantes fouilles que le Musée royal d'Histoire
          naturelle y pratique depuis dix ans, et apparu,
          d'abord très mince, puis de plus en plus épais, entre
          le sommet noirci de la glaise campinienne (traces de
          l'ancien sol Acheuléen I) et le limon hesbayen normal,
          un lit de sable meuble, irrégulièrement caillouteux, à
          base ondulée, dont la zone sableuse de Hofstade est
          l'exacte reproduction et l'équivalent un peu amplifié.

          A la coupe Hélin, je me suis décidé à rattacher ce
          sable, au Hesbayen dont il constitue la base, parce
          qu'il repose sur les traces de l'ancien sol, asséché
          et occupé par les Acheuléens.

          Ce lit sableux inférieur se relie donc ainsi au
          Hesbayen et il représente vraisemblablement le dépot
          correspondant au premier afflux des eux provenant de la
          fonte des glaciers du Rissien en recul, après leur
          extension maximum correspondant à l'occupation
          acheuléenne.

          Ces eaux, venant des hauteurs, avaient d'abord une
          certaine vitesse, mais bientot cette vitesse a décru et
          l'énorme crue hesbayenne s'est produite par manque de
          débouché des eaux fluviales vers la mer, à la suite de
          la persistance du front de la calotte de glace
          septentrionale.

          A l'exploitation Hélin, comme à Hofstade, la coupe est
          donc :

          1. Flandrien. Facies ergeron et terre à briques chez
             Hélin, facies marin à Hofstade.

          2. Hesbayen. Facies normal, argileux, chez Hélin, avec
             lit sableux et cailloutis à la base; facies
             limono-sableux à Hofstade, avec lit sableux et
             cailloutis à la base.

          3. Campinien, constitué chez Hélin par :
             a. Glaise à surface noircie (trace d'ancien sol);
             b. Sables fluviaux avec ossements de Mammouth à la
                base.

          A Hofstade par :

            a. Glaise à surface noircie (trace d'ancien sol);
            b. Sables fluviaux avec nombreux ossements de Mammouth
               à la base.

          4. Moséen, constitué chez Hélin par:
             a. Cailloutis de silex à un industrie mesvinienne.
             b. Glaise vert-noir, stratifiée, avec lits caillouteux;
             c. Cailloutis de silex à industrie mafflienne.

          et à Hofstade par :

             a.  Cailloutis de silex et de roches ardennaises, avec
                 gros blocs à bords usés de phyllade, de quarzite et de
                 quartz.
             b.  Complexe de lits de gros sable et de glaise
                 gris-noir, plastique (1).
             b'. Sable très grossier, plus ou moins graveleux, avec
                 nombreux débris végétaux et très rares ossements.
             c.  Cailloutis de silex roulés.

          Comme on peut s'en convaincre, la ressemblance est
          parfaite.
          Pour avoir la coupe complète du Quaternaire de la
          Belgique, il suffirait que chez Hélin, comme à
          Hofstade, vint s'introduire, entre le Flandrien et le
          Hesbayen, le limon éolien brabantien.

          Disons, pour terminer, quelques mots de la
          Paléontologie.
          Elle se divise nettement en deux parties : la
          Paléontologie animale et la Paléontologie végétale.

          Pour ce qui concerne la Paléontologie animale, nous
          avons dit ci-dessus que des ossements avaient été
          trouvés à deux niveaux:

          1o Sur le cailloutis, sommet du Moséen, c'est-à-dire à
          la base du Campinien;

          2o Dans le gros sable moséen à végétaux.

          Le premier de ces niveaux a fourni de nombreux
          ossements d'animaux de la faune du Mammouth qui,
          actuellement, couvrent 30 mètres courants de tables
          dans les ateliers du Musée royal d'Histoire naturelle.

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          (1) C'est dans ce complexe qu'il peut y avoir, au point
          considéré, juxtaposition des deux glaises par foirage
          des sables campiniens.
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          La tranchée exécutée à ce jour représentant à peine la
          80e partie du travail total, on peut donc s'attendre à
          recueillir 80 fois plus d'ossements que ce qui a été
          trouvé, soit 2,400 mètres courants de tables.

          Le but du Musée, en recueillant tous ces ossements, est
          de reconstituer des animaux entiers.

          Il y a actuellement une douzaine de formes représentées
          parmi lesquelles on reconnait le Mammouth (2) et le
          Rhinoceros tichorhinus (très abondants), le Cheval, le
          Renne, le Cerf d'Irlande, le Boeuf, etc.

          Pour le moment, on se borne à nettoyer, à solidifier et
          à recoller les fragments. Les déterminations seront
          faites plus tard par des spécialistes.

          Le deuxième niveau, concordant avec celui des nombreux
          végétaux qui se trouvent reposant sur le gravier base
          du Moséen, n'a fourni jusqu'ici qu'une demi-douzaine
          de gros ossements sans caractères spécifiques
          tranchés. Ils devront, pour savoir à quelles formes
          ils appartiennent, être soumis à une détermination
          très soignée.

          Rappelons, comme fait intéressant, que le niveau
          inférieur à végétaux de Hofstade concorde exactement
          avec celui dans lequel a été trouvée la mâchoire de
          l'Homo Heidelbergensis, à Mauer.

          Pour ce qui concerne la Paléontologie végétale, j'ai
          reconnu l'existence de deux niveaux principaux qui
          sont :

          1e Le sommet de la glaise campinienne;

          2e Le bas du sable grossier moséen surmontant le
             gravier de base.

          Ces niveaux sont tous deux d'un haut intérêt, car le
          premier est synchronique de l'apogée du glaciaire
          rissien, tandis que le second correspond exactement au
          commencement de l'interglaciaire Mindel-Riss, attendu
          que nous devons considérer la grande crue moséenne
          comme la résultante de la fusion des glaciers du
          Mindélien.

          Les caractères généraux de la flore semblent - en
          attendant l'étude que va en faire notre confrère
          M. Ch. Bommer - confirmer cette manière de voir.

          En effet, au niveau supérieur, on ne distingue pas de
          restes de grands végétaux, il existe simplement les
          traces d'une végétation herbacée, probablement de
          steppes.

          Au niveau inférieur, au contraire, M. Bommer a bien
          voulu me dire qu'il rencontre une magnifique flore
          forestière dans laquelle le Pin sylvestre, le Chêne,
          le Bouleau et le Noisetier sont directement
          reconnaissables, soit par leurs troncs et leurs
          branches, soit surtout par leur fruits. Il existe
          également, au même niveau, des semences d'une
          importante flore aquatique.

          D'après notre confrère, cette belle flore serait
          incompatible avec la présence du Mammouth.

          Il doit être bien entendu que tous ces débris
          végétaux ont été apportés par les eaux venant du Sud
          et pris par des tourbillons où ils se sont accumulés
          avant de gagner le fond.

          Ces forêts devaient se trouver à la latitude de
          Bruxelles et croissaient sur les collines séparant les
          cours de la Senne et de ses affluents.

          Il en est de même des animaux dont les cadavres ont
          d'abord flotté, puis dont les différentes parties se
          sont détachées en cours de route.
          Les ossements ne se trouvent pas en connexion
          anatomique.

          Des traces végétales ont également été signalées
          ci-dessus, sous réserve, au sommet de la glaise
          moséenne.


          Etant donné les modifications dans l'allure et dans la
          composition des couches actuellement visibles dans la
          coupe d'Hofstade, il n'est pas douteux que d'autres
          variations se montreront encore au cours de
          l'exécution des travaux.

          Nous comptons suivre ceux-ci avec grande attention,
          de manière à pouvoir signaler, dans la suite, le
          détail des transformations et des découvertes que nous
          pourrions constater.

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          (2) Il ne serait pas impossible que l'Elephas antiquus
          et l'Elephas intermedius fussent également représentés.

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          C.Malaise.-Bull.de la Soc.belge de géol. Bruxelles,1909
          t.XXIII, (Procès-verbaux),pp.244-245.

          Prof. C. Malaise. - Sur les roches cambriennes
                     rencontrées à Hofstade.

          J'ai visité les travaux exécutés à Hofstade.
          Ce qui m'a surtout intéressé, c'est la présence et la
          nature des roches cambriennes que l'on y a rencontrées
          à la base du Campinien.

          Il résulte de l'examen que j'ai fait, tant des roches
          que j'y ai recueillies que de celles que m'a montrées
          mon confrère M. Mourlon, qu'elles se rapportent au
          Devillien.

          J'ai constaté la présence: 1e de quartzites blanchâtres
          du Devillien inférieur (Dv1), semblables à ceux que
          l'on observe au Nord de Hal, vers Buysinghen; 2e de
          quartzites verdâtres, dont un exemplaire avec pyrite
          triglyphe, et des arkoses verdâtres pailletées, du
          Devillien supérieur (Dv2), telles qu'on en voit à
          Rodenem, au Sud de Hal.

          On trouve également du quartz blanchâtre ou hyalin,
          provenant de filons qui existent également dans le
          Cambrien inférieur et dans le Cambrien supérieur.

          Je n'en conclus toutefois pas que ces roches
          proviennent des environs de Hal; elles viennent du Sud.
          Elles pourraient tout aussi bien provenir de la vallée
          de la Dyle ou de ses affluents, puisque l'on rencontre
          des roches analogues entre Wavre et Chastre, et à des
          distances sensiblement les mêmes que celles qui
          séparent Hofstade de Hal.

          Ces roches sont en grandes plaques, à arêtes arrondies.
          J'opine qu'elles ont dù être charriées par des glaces,
          et que le polissage et l'arrondissement sont dus à des
          courants sableux ou limoneux.

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          A.Rutot.-Bull, de la Soc.belge de géologie.Bruxelles,
          1909,t.XXIII, (Procès-verbaux), pp.338-347.

          A. Rutot. - Nouvelles observations dans les couches
          quaternaires à Hofstade.

          Dans une première note intitulée : Note préliminaire
          sur la coupe des terrains quaternaires à Hofstade,
          présentée à la séance de juin de cette année, j'ai
          exposé les conclusions de mes premières observations
          effectuées le long de l'énorme coupe de terrains mise
          à découvert par les terrassements d'Hofstade.

          Dans cette note, j'ai considéré certains faits comme
          paraissant bien établis, mais j'en ai signalé
          d'autres avec doute et c'est sur ces derniers que j'ai
          porté principalement mon second groupe d'observations.

          Actuellement, en novembre 1909, des changements assez
          importants se sont produits dans les travaux; c'est
          ainsi que la tranchée, qui primitivement avait une
          vingtaine de mètres de large, en a maintenant 40 à 60,
          et, de plus, l'excavateur a été déplacé et transporté de
          l'autre coté de l'excavation, de sorte que la paroi
          qui, autrefois, était irrégulièrement éboulée et
          facilement accessible, n'existe plus et a été reportée
          notablement plus au Sud par le travail de la machine.

          Nous nous trouvons donc en présence de deux parois
          lisses, l'ancienne qui reste fixe et la nouvelle qui se
          déplace constamment vers le Sud.

          Lorsqu'on travaillait le long de la paroi Nord,
          celle-ci était fortement salie et rendue inobservable
          par l'accumulation des terres tombant des godets de
          l'excavateur, tandis que la paroi Sud, éboulée, était
          d'une étude difficile et déconcertante.

          Aujourd'hui, les conditions d'observation se sont
          améliorées et l'on peut explorer plus ou moins bien
          les deux parois de la tranchée.

          D'abord, les pluies abondantes ont fortement délavé le
          recouvrement boueux du versant Nord, de sorte que la
          coupe commence à être très bien visible d'un bout à
          l'autre, tant de loin que de près, et, d'autre part,
          des banquettes longitudinales, dues aux déplacements
          successifs de é'excavateur, émergent des eaux du fond,
          permettant d'observer d'assez près la paroi Sud
          attaquée par l'appareil.

          En somme, les conditions d'observation se sont
          notablement améliorées et ne laissent actuellement plus
          guère de place aux erreurs matérielles.

          Enfin, l'examen attentif de bon nombre de coupes
          rafraîchies à la bêche nous a permis de faire
          d'intéressantes remarques de détail, telles que la
          découverte de coquilles et de débris végétaux à
          certains niveaux bien définis.

          Nous nous étions d'abord décidé à relever la coupe de
          10 en 10 mètres, mais nous avons bientôt reconnu que
          c'était là un travail rebutant qui ne présenterait
          aucune utilité pratique à cause des petites
          irrégularités venant constamment troubler l'allure des
          couches et, de plus, dès que la grande paroi sera
          complètement délavée par les pluies, une série de
          bonnes photographies remplacera avec avantage la
          besogne de longue haleine que je m'étais proposée.

          Pratiquement, et surtout pour commencer, l'intérêt doit
          se porter principalement sur l'allure générale des
          couches, sur leurs divisions et leur détermination.

          Des nombreuses visites que j'ai faites à la coupe,
          j'ai pu définitivement conclure que les divisions :
          Flandrien, Hesbayen, Campinien et Moséen du
          Quaternaire étaient bonnes et réelles, et qu'elles
          suivent bien l'allure générale tracée sur la coupe
          publiée dans ma première note, à l'exception de la
          partie Est, où les irrégularités et l'épaississement
          du Moséen n'existent pas.

          C'est bien l'affaissement d'un paquet de couches qui
          avait conduit à la conclusion erronée.

          En réalité, il y a partout moins de Moséen que je ne
          l'avais pensé, car il a été raviné énergiquement par
          le Campinien, ou plutôt, lors des premières
          observations, le Moséen était spécialement bien
          visible, ainsi que le montrent encore d'anciennes
          banquettes émergeant du fond inondé.

          Actuellement, dans la paroi Sud en recul, le Moséen
          devient de moins en moins apparent et il tend à se
          réduire à quelques fonds de ravinements creusés dans
          l'argile asschienne, facilement reconnaissables à
          l'épais gravier de base et aux gros sables noirs qui
          le surmontent et qui sont encombrés de volumineux
          fragments de troncs d'arbres, de cônes de pins et
          d'autres débris végétaux.

          Enfin, le Moséen n'est visible que vers l'extrémité
          Est de la tranchée, le long du dernier tiers de la
          longueur de l'excavation.

          Du reste, plus la paroi Sud recule, plus l'argile
          glauconifère asschienne monte dans le talus, au point
          d'atteindre de 3 à 4 mètres de hauteur.

          En résumé, la coupe se montre sous trois facies
          différents, dont deux peuvent se présenter dans les
          divers points des tranchées et dont le troisième ne se
          voit que le long du tiers Est.

          Les deux premiers facies sont l'un à prépondérance
          sableuse, l'autre à prépondérance glaiseuse; le
          troisième peut présenter chacun de ces deux facies
          avec, en plus, le Moséen.

          Voici un exemple plis dans la région Ouest où le facies
          à prépondérance sableuse est le plus généralement
          représenté (1) :

Fig. 85c  Fig. 1. - Coupe montrant le facies simple a
          prépondérance sableuse.

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          (1) Il doit être entendu que chaque coupe donnée est
          celle visible dans la paroi creusée par l'excaveteur,
          surmontée par la partie manquante précédemment
          enlevée, de manière à fournir chaque fois la coupe
          complète depuis la surface du sol.
--------------------------------------------
                                                                Mètres
 A. Sable jaune, demi-fin, plus ou moins ferrugineux.
    Flandrien                                                    1.20
 B. Sable grossier, ferrugineux, avec quelques petits
    cailloux épars : silex et petits fragments de grès
    bruxellien; base du Flandrien                         0.50 à 0.10
 C. Alternances de sable jaunâtre et de zones grises
    limoneuses Hesbayen                                          1.40
 D. Sable fin, panaché de rouge                                  0.30
 E. Zone formée de veinules de sable et de limon,
    très stratifiées.                                            0.90
 F. Sable fin, meuble, très stratifié                            1.30
 G. Sable grisâtre, limoneux                                     0.60
 H. Zone graveleuse avec petits cailloux de silex et de
    grès bruxellien.
 I. Sable stratifié, avec des linéoles limoneuses                1.60
 J. Zone grise, limoneuse, avec nombreuses linéoles
    brunes de fins débris végétaux                               0.80
 K. Sable blanc pur, meuble, avec coquilles terrestres
    et d'eau douce et gros débris végétaux                       0.20
 L. Zone sablo-limoneuse, avec rares linéoles de débris
    végétaux                                                     0.60
 M. Sable blanc, pur                                             0.25
 N. Zone sablo-limoneuse avec débris végétaux                    0.25
 O. Lit de sable blanc, pur                                      0.10
 P. Zone sablo-limoneuse avec débris végétaux                    0.25
 Q. Gros sable blanc, pur, avec une linéole de débris
    végétaux                                                     1.30
 R. Gravier de cailloux roulés de silex, avec de
    nombreux fragments d'un grès rouge à éléments
    grossiers, ferrugineux, paraissant provenir du
    Diestien                                                     0.10
 S. Argile glauconifère asschienne, vert foncé                   2.00

 J'interprète cette coupe de la manière suivante :
                                                                Mètres
          A et B. Flandrien                                      1.30
          C, D, E, F, G. Hesbayen                                4.50
          H, I, J, K, L, M, O, P, Q, R. Campinien                5.45
          S. Argile asschienne                                   2.00

          Une coupe de ce genre peut s'observer sur quelques
          centaines de mètres vers l'extrémité Ouest de la
          tranchée, mais parfois, la régularité est rompue par
          des allures ravinantes du sable F, et l'on voit alors
          se présenter des coupes telles que la suivante :

Fig.2 Variante du facies simple a prépondérance sableuse.

                     Fig. 85d

                                                                Mètres
 A. Sable fin, jaune                                             1.20
 B. Sable grossier, ferrugineux, avec gros grains de quartz      0.40
 C. Aternances de sable et de limon                              1.30
 D. Sable limoneux stratifié                             1.30 à  1.60
 E. Sable grossier, meuble, obliquement stratifié, à
    allure ravinante                                             1.00
 F. Zone légèrement graveleuse.
 G. Sable stratifié, peu limoneux                                1.00
 H. Sable blanchâtre, grossier, obliquement stratifié            1.50
 I. Sable très stratifié avec nombreuses lentilles limoneuses    2.00
 J. Sable blanc, meuble                                          0.40
 K. Zone de sable limoneux avec petits lits de débris végétaux   0.80
 L. Sable blanc, meuble                                          1.00
 M. Gravier de cailloux roulés de silex, de fragments
    de grès diestiens, avec gros blocs épars, à arêtes
    vives, de roches quartzeuses, cambriennes et siluriennes     0.10
 N. Argile glauconifère asschienne                               2.00

 Mon interprétation est la suivante :
                                                                 Mètre
          A et B. Flandrien                                       1.30
          C, D, E, Hesbayen                                       3.60
          F, G, H, I, J, K, L, M. Campinien                       6.80
          N. Argile asschienne                                    2.00

          Pour ce qui concerne le facies principalement glaiseux,
          une coupe toute récente, prise pendant le travail de
          l'excavateur sur la paroi Sud, en montre parfaitement
          la composition.

          Voici cette coupe :            Fig. 85e

          Fig. 3. - Coupe montrant le facies simple à
          prépondérance glaiseuse.

          A. Sable flandrien                                      1.40
          B. Sable grossier avec grains de gravier, base du
             Flandrien.                                           0.10
          C. Alternances de limon et de sable jaune,
             obliquement stratifié vers le bas (Hesbayen)         4.00
          D. Glaise plastique, grise, avec linéoles noires,
             tourbeuses, surtout à la partie supérieure           1.00
          E. Lit de sable meuble, blanchâtre                      0.30
          F. Glaise grise avec petits amas tourbeux               0.60
          G. Lit de sable meuble blanchâtre                       0.40
          H. Glaise grise                                         0.50
          I. Lit de sable meuble, blanchâtre                      0.50
          K. Masse sableuse, avec linéoles limoneuses et
             tourbeuses, parfois irrégulièrement stratifiée       2.50
          L. Gravier de silex                                     0.10
          M. Argile glauconifère asschienne                       3.00

          J'interprète cette coupe de la manière suivante:

          A et B. Flandrien                                       1.50
          C. Hesbayen                                             4.00
          D, E, F, G, H, I, K, L, Campinien                       5.80
          M. Argile glauconifère asschienne                       3.00

          Enfin, il nous reste à considérer le type des coupes
          n'existant guère que dans le tiers Est et comprenant
          des lambeaux de Moséen.

          Ces coupes sont de composition très variable, selon que
          le Campinien a plus ou moins raviné le Moséen; de plus,
          lorsque les deux assises sont superposées, il y a
          généralement pau de cailloux au contact, le principal
          cailloutis passant à la base de Moséen.

          Voici une coupe pouvant donner une idée de quelques
          dispositions que l'on peut observer:

                                 Fig 85f

          Fig. 4 - Coupe montrant une superposition du Campinien
          sur le Moséen.

                                                                 Mètres
          A. Flandrien avec fin gravier de base                   1.50
          B. Zones alternantes de sable et de limon               3.00
          C. Ravinements remplis de sable meuble à stratification
             oblique, avec zone caillouteuse, parfois en haut et
             en bas                                               1.50
          D. Glaise gris-bleu, avec lit tourbeux vers le haut     0.60
          E. Sable meuble, blanchâtre                             0.30
          F. Glaise grise, sableuse, avec minces lits de
             matières végétales                                   0.50
          G. Alternances de sable blanc et de zones noirâtres
             plus ou moins limoneuses, à points noirs tourbeux    4.00
          H. Cailloux de silex peu nombreux, parfois mélangés
             de galets plus ou moins gros de glaise gris-bleu
             foncé                                                0.05
          I. Glaise gris-bleu foncé avec lits tourbeux            0.50
          J. Sable noir, très grossier, avec de très nombreux
             débris végétaux, troncs d'arbres, branches, fruits
             etc.                                                 0.30
          K. Gravier de silex roulés                              0.15
          L. Argile glauconifère asschienne                       0.50

          Mon interprétation est la suivante:
                                                                 Mètre
          A. Flandrien avec fin gravier à la base                 1.50
          B, C. Hesbayen                                   4.00 à 4.50
          D, E, F, G, H. Campinien                                5.00
          I, J, K. Moséen                                         1.00
          L. Argile asschienne                                    0.50

          Ce type de coupe peut varier beaucoup d'aspect, selon
          la profondeur du ravinement de la base du Campinien,
          selon la composition du Moséen et aussi le degré
          d'humidité ou de sécheresse du gros sable à végétaux;
          c'est ainsi que ce gros sable, noir lorsqu'il est
          humide, blanchit fortement à l'état sec.

          Enfin, je ne crois pas douteux que là où le Moséen
          n'existe pas, le cailloutis de base du Campinien est
          surtout formé aux dépens du délavage du gravier base
          du Moséen, qui est le plus important.

          Là où le Moséen existe, le gravier base du Campinien
          est peu fourni, et parfois il est remplacé par des
          galets plus ou moins volumineux de glaise moséenne et
          parfois de blocs déplacés de cette glaise. Toutefois,
          les gros blocs de roches siliceuses, à arêtes peu usées,
          n'apparaissent qu'au niveau campinien.

          Dans notre premier travail, nous avons signalé la
          grande quantité d'ossements de mammifères rencontrés
          à la base du Campinien. Des découvertes semblables 
          ont continué à se produire dans les mêmes proportions que           
          précédemment; aussi l'énorme atelier de paléontologie du Musée
          commence-t-il a être encombré de matériaux. Déjà un
          triage a permis d'enlever et de mettre en magasin
          toutes les pièces brisées que l'on n'a guère d'espoir
          de pouvoir compléter, et ce qui reste de bons éléments
          est considérable.

          Toutefois, malgré ces accroissements incessants, la
          liste des espèces n'augmente guère, car nous n'avons
          pu y ajouter que le Bison, le Renard, le Lièvre et la
          Chèvre, ces deux derniers représentés chacun par une
          vertèbre.

          C'est toujours le Rhinoceros tichorhinus qui est
          l'animal le plus abondant; il y en a des débris de
          toutes les grandeurs parmi lesquels plusieurs belle
          têtes munies des dents.

          Ensuite vient le Mammouth dont nous avons encore
          recueilli une belle tête d'adulte avec ses défenses.

          Aprés le Mammouth vient la Cheval,qui pourrait
          présenter qualques variétés, puis le Bison, puis le
          grand Boeuf,puis le Renne, le Cerf d'Irlande et l'Ours
          brun. Le Renard, le Lièvre et la Chèvre sont à peine
          représentés.

          Parmi les très nombreuses mâchoires
          inférieures et molaires d'Eléphant, il se montre 
          des variantes qui se rattacheront probablement à
          l'Elephas intermedius.

          Il doit être bien entendu que
          cette faune de Hofstade se trouve à l'extrème base du
          Campinien reposant sur le Moséen et qu'elle est, par
          conséquent, beaucoup plus ancienne que la faune
          rencontrée dans les cavernes, attandu que celles-ci
          sont d'âge quaternaire supérieur (Brabantien et
          Flandrien), et bien que les principaux éléments des
          deux faunes soient sensiblement les mêmes.

          En Belgique, la faune du Mammouth, apparue avec le
          commencement du Quaternaire moyen, a donc vécu très
          longtemps sans modification.

          Quant au Moséen, il continue à fournir des troncs
          d'arbres, des branches, des fruits, toutefois en
          quantité sensiblement moindre, vu qu'il se réduit de
          plus en plus. Aucun nouvel ossement n'y a été signalé,
          de sorte que les quelques os qui avaient été indiqués
          comme provenant de la couche à végétaux - et qui sont,
          du reste, sans caractères - pourraient simplement
          provenir de points ou le Moséen avait été raviné par
          le Campinien jusque près de sa base où sont les
          végétaux. Les seules nouveautés intéressantes résident
          dans la récolte, à divers niveaux du Campinien, soit
          dans la glaise, soit dans le sable blanc, de débris
          végétaux à étudier (1) et, dans le sable blanc, meuble
          K de la coupe figure 1, de coquilles d'eau douce et de
          coquilles d'eau douce et de coquilles terrestres,
          parmi lesquelles nous avons reconnu des Cyclas, IIelix
          hispida et Succinea ablonga. Ces coquilles sont rares
          et fragiles.

          Nous continuerons à suivre les travaux avec
          attention et nous aurons soin de tenir les membres de
          la Société au courant de tous les faits intéressants
          qui pourront se présenter dans la suite.

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          (1) Dans une lentille assez épaisse,composée de débris
          végétaux,intercalée vers le bas du sable blanc base du
          Campinien, nous avons remarqué quelques élytres
          d'insectes.

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          A.Rutot.- Bull.Acad.roy.des sciences.Bruxelles,1910,
          No 3,pp.164-169.

                       SUR LA DECOUVERTE
                             de
                     CORBICULA FLUMINALIS
                         A HOFSTADE (1)

          J'ai déjà annoncé, dans deux notes successives
          présentées à la Société belge de géologie (2), les
          découvertes faites, depuis le milieu de 1909, dans les
          grands terrassements d'Hofstade, au S.-E. de Malines.

          D'autre part, j'ai également publié, en 1900, un
          travail intitulé : Note sur la position stratigraphique
          de Corbicula fluminalis dans les couches quaternaires
          du bassin anglo-franco-belge (3), dans lequel je résume
          ce que l'on savait, à cette époque, sur les gisements
          de cette intéressante coquille, qui vit encore dans
          quelques cours d'eau de l'Orient (Nil, Euphrate, etc.)

          Pour ce qui concerne la Belgique,Corbicula fluminalis
          n'a été signalé que dans des sondages de la Flandre,
          surtout dans ceux de la Plaine maritime, et il existe
          toujours ainsi un certain doute sur l'âge exact des
          couches renfermant la coquille.

          En 1900, j'ai émis l'opinion que Corbicula rencontré
          vers le fond du puits artésien d'Ostende (entre 26 et
          33 mètres) et dans les sondages du Petit-Crocodile
          (entre 14m80 et 21 mètres), de Leffinghe (entre 12m20
          et 24m30) et de Termonde (vers 13m10 de profondeur), se
          trouvait là l'état remanié dans les sables marins du
          Flandrien, cette situation indiquant un âge trop récent
          par rapport aux autres gisements connus ou la coquille
          est en place.

          Depuis 1900, mes idées se sont quelque
          peu modifiées par la connaissance plus approfondie du
          Flandrien, de sorte que, actuellement, je ne puis plus
          rapporter au Flandrien les alternances de sable,
          d'argile et de gravier formant la base du Quaternaire
          de la Plaine maritime; je crois que ces couches sont
          situées sur la basse terrasse d'une ancienne vallée,
          dont la direction était paralléle à notre littoral, et
          que les valves ce Corbicula fluminalis ramenées par la
          sonde pouvaient très bien se trouver en place dans ces
          strates profondes, que je range maintenant dans le
          Quaternaire inférieur ou Moséen.

          Dans les sondages précités, on aurait donc rencontré
          d'abord les dépots modernes de la Plaine maritime, y
          compris la tourbe, sur 3 à 5 mètres, puis on aurait
          traversé, sur 10 à 25 mètres, le vrai sable flandrien
          marin, et en dessous de celui-ci se serait étendu, à
          l'état plus ou moins remanié, le Moséen avec Corbicula
          fluminalis.

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          (1) Extrait des Bull. de l'Acad. roy.de Belgique
          (Classe des sciences), no 3, pp. 164-169, 1910.
          (2) A. Rutot, Note préliminaire sur la coupe des
          terrains quaternaires à Hofstade, et Nouvelles
          observations dans les couhes quaternaires à Hofstade.
          (Bull. de la Soc. Belge de Géologie, t. XXIII, 1909)
          (3) Bull. de la Société belge de géologie,t XIV,1900.
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          En France, la méme coquille à été rencontrée à
          Abbeville, dans les dépots quatenaires de la basse
          terrasse de Menchecourt, et M.A. Laville nous l'a
          montrèe à Cergy, prés Pontoise, dans des lits de sable
          fin intercalés dans le gravier de fond des ballastiéres

          A Abbeville, dans la vallée de la somme, mais non loin de
          son embouchure actuelles, le Lamellibranche dont nous
          nous occupons se trouve dans un lits sableux de la
          coupe suivante:

1.        Limon des pentes avec cailloux de silex épars.
2.        Limon rougeâtre, vestige des limons moyens de
          M. Ladrière, dénudés.
3.        Lit graveleux de petits fragments de craie et de silex,
          dit Presle.
4.        Limon marneux ou glaise jaunâtre, avec granules de
          craie, éclats de silex et coquilles terrestres.
5.        Sable pur, grisâtre, à statification oblique, avec
          quelques alternances marneuses vers le haut et
          coquilles d'eau douce.
6.        Sable horizontalement stratifié, renfermant, vers la
          partie inférieure, un lit coquillier, contenant à la
          fois des coquilles marines, d'eau saumâtre et d'eau
          douce, parmi lesquelles Corbicula fluminalis bivalve.
7.        Gravier de cailloux roulés avec lentilles de sable
          argileux.
8.        Sable argileux bleu foncé, dit sable gras, ou bleu des
          ouvriers.
9.        Cailloutis de silex, base du Quaternaire.
10.       Craie blanche.

          On remarquera que cette coupe de
          Menchecourt reproduit presque exactement la partie
          inférieur de l'Exploitation Hélin, à Spiennes; aussi
          reconnaissons-nous en 9 le cailloutis de base du Moséen
          en 8 glaise moséenne, en 7 gravier sommet du Moséen, en
          6 le sable réguliérement stratifié qui, à Menchecourt,
          est le niveau à Corbicula fluminalis.

          Plus haut viendrait le sable 5 à allure ravinante,
          surmonté en 4 de la glaise campienne, et enfin, le tout
          serait recouvert par le gravier, sommet du Campinien,
          puis par les limons moyens.

          A Abbeville, Corbicula
          fluminalis serait donc renfermé dans le sable de base
          du Campinien, c'est-à-dire du Quaternaire moyen, sur
          lequel repose, à l'Exploitation Hélin, à Spiennes, le
          petit niveau d'éclats de silex à industrie strépyienne.

          A Cergy, près Pointoise, l'âge exact du gravier de
          fond à Corbicules est moins facile à déternminer, car
          le cailloutis semble avoir subi des remaniements à
          l'époque quarternaire, mais d'aprés la faune et
          l'industrie du cailloutis, on peut admettre, pour
          les coquilles, qu'elles sont à peu prés du même âge
          qu'a Menchecourt; elles dateraient du commencement du
          Campinien ou Quaternaire moyens et accompagneraient
          ainsi l'elephas antiquus. 

          En Angleterre, dans la vallée
          de la Tamise, j'ai eu l'occasion d'observer, à Erith,
          la couche à corbicula fluminalis.

          La coupe que j'ai vue est
          très simple. En haut, sur 5 à 10 mètres, se développe
          un limon gris-brun sableux, règuliérement stratifié,
          qui, pour moi, représente les limons moyens de
          Ladriére, ou limon hesbayen des géologues belges. 

          Puis vient en dessous un mince lit de gravier, qui
          recouvre des sables verts très stratifiés, plus ou moins
          grossiers, avec linéoles tantôt d'argile verte, tantôt
          de fin gravier, avec nombreuses coquilles terrestres
          et d'eau douce variées, parmi lesquelles corbicula
          fluminalis bivalve et toute la faune de l'Elephas
          antiquus, riche et bien caractérisée.

          Ces couches à Corbicules, qui se sont déposées dans
          une vaste dépression fluviale, reposent, par
          l'intermédiaire d'un gaviers de base, soit sur les
          Thanet sands ou Eocène inférieur marin, soit sur la
          craie sous-jacente;elles représentent exactement notre
          Quatenaire inférieur ou Moséen.

          Aprés cet exposé préliminaire, nous pouvons en arriver à la         
          trouvaille faite récemment à Hofstade.

          C'est vers l'extrémité Est de la tranchée qu'un paquet 
          d'une centaine de Corbicula fluminalis, la plupart
          bivalves, intactes et d'une magnifique consevation,
          à été recueilli en deux visites et tout fait prévoir
          que l'on en trouvera encore.

          La position stratigraphique est très nette. Cette petite
          colonie de coquilles se trouve un peu au dessus du
          gravier de base d'une poche de Quaternaire inferieur ou
          Moséen, c'est-à-dire dans le gros sable noir souvent
          encombré de débris végétaux: troncs d'arbres, cones de pins,
          glands de chénes, noisettes et graines diverses.

          Cette poche, creuseée dans l'argile éocène asschienne,
          est peu profonde; elle est nettement recouverte par les
          sable campiniens, surmontés eux-mêmes de limon hesbayen
          et de Flandrien marin.

          Corbicula fluminalis se trouve ainsi à la place 
          que l'on pouvait prévoir, elle se rencontre, 
          comme en Angleterre, dans le Quaternaire
          inférieur, et sa trouvaille vaut la découverte de
          l'Elephas antiquus; elle est du reste accompagnée, à
          Hofstade, d'une flore indiquant un climat très tempéré,
          correspondant au commencement de l'interglaciaire
          Mindel-Riss.

          A la base du Quaternaire moyen ou Campinien,
          on continue, à Hofstade, à recueillier en
          assez grande abondance les débris du Mammouth, du
          Rhinoceros tichorhinus, du Boeuf, du Bison, du Cheval,
          etc; mais dans ces derniers temps, la trouvaille la
          plus interessante a consisté en trois grands fragments,
          avec portion de crâne, de bois du Cervus megaceros,
          avec une importante partie de la mâchoire supérieure.

          La direction du Musée royal d'histoire naturelle
          continue à exercer une surveillance active sur les
          lieux des fouilles et aux points de déchargement des
          terres, de maniére qu'aucune pièce importante ne soit perdue.

          Il existe aux minutes plusieurs analyses d'eau
          provenant du lac d'Hofstade et prises à differentes
          époques de l'année 1925.

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85a       Un premier grand déblai ayant été effectue, par
          des terrassiers, sur la majeure partie de l'emprunt,
          j'ai relevé, le 10 avril 1909, la coupe suivante sur le
          talus le plus élevé, à la limite méridionale, environ
          à la cote 113:

q4   1  Sable altéré et humus                                0m50
     2* Sable demi fin,gris blanchâtre et légèrement
        glauconifére avec quelques grains de gravier         1.30
     3* Idem jaunâtre                                        0.10
     4* Sable brunâtre un peu durci quelques rares petits
        fragments de cailloux blancs et rouges disséminés    0.40
     5* Sable jaunâtre graveleux avec quelques petits 
        éclats de silex,présentant des zônes légèrement 
        limoneuses bigarrées de gris blanchâtre,
        un peu pailletées (5')                               1.50

q2n  6* Sable gris jaunâtre graveleux avec quelques petits
        cailloux présentant vers le bas, une zône un peu
        limoneuse stratifiée de 0m40 (6'*)                   2.10
                                                             ----
                                                             5m90
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