Planchette PUTTE 59 W
Topo IGN 24/1
PUTTE Koningshooikt
Gangelberg Lierstraat
Bassin de retenue
Sables de Zonderschot remaniés au Pléistocène
59 W 258 (IIb)
Localisation :
Le creusement d'un bassin de concentration des eaux de pluie en juin 2006 en bordure de la Lierstraat, sis sur
l'ancienne commune de Koningshooikt permit d'observer la coupe suivante. L'existence de cette coupe me fut
transmise par Frederik Mollen (Berlaar). Un horizon fossilifère recelant une faune miocène particulièrement
riche mais remaniée à la base du Pléistocène s'y trouvait surmontant des sables miocènes glauconifères très
argileux in situ. Diverses petites fouilles furent exécutées en fonction de l'avancement du chantier par l'équipe F.
Mollen - E. Wille avec L. Anthonis et B. D'Haeze
Les coordonnées Lambert du point central du site sont : x 167.500 et y 197.450. La cote de niveau de la
surface du sol est de circa + 10m (DNG). Les strates fossilifères se situent donc, entre +8.00 m et +8.50 m
(Sables de Zonderschot in situ), et + 8.50 m et +9m00 (Sables de Zonderschot remaniés).
Remarque écologique :
Les abords de l'Itterbeek sont en ce moment (juin-juillet 2006 torrides) occupés par une population frayante du
gastéropode pulmoné dulcicole Radix (anc. Lymnaea) ovata (Draparnaud, 1805). La hauteur des coquilles des
adultes dépasse les 20mm, celle des juvéniles voisine 3mm. Aucun autre mollusque dulcicole ne les
accompagne en ce secteur.
Descriptif et interprétation du gisement :
Sous 20 à 30 cm de terre arable très humifère (avec racines dégradées et traces de tourbe à gros éléments
végétaux) et 80 à 90 cm de limon gris beige stratifié (d'âge pléistocène) porteur de traînées sableuses et bandes
d'oxydation vers le bas, s'observa (dès la mi-juin) une trentaine de cm de sables argileux très glauconifères à
stratifications nettes légèrement obliques. Ces sables présentent des petites bandes de lumachelles plus ou moins
graveleuses d'épaisseur centimétriques. Ce sont des sables remaniés des Sables de Zonderschot mêlés de silex
versicolores pléistocènes à patine fluviale et éolienne. Ils reposent sur un sable très argileux glauconifère avec
également fossilifère (Sables de Zonderschot).
Certaines strates de sables remaniés s'avèrent nettement graveleuses, d'autres sont plus lumachelliques. Les
premières sont plus riches en galets et dents d'élasmobranches, les autres en coquilles et otolithes.
Les Sables de Zonderschot in situ présentent des petites concentrations de mollusques éparses sans agencement
particulier décelable
Inventaire systématique :
L'examen des fractions supérieures à 2 mm a révélé, tant dans les strates in situ que dans les strates remaniées,
la présence d'une faune d'invertébrés comprenant : des foraminifères géants Nodosaria sp. de 2 à 3 cm de long
(cf. clichés MEB), des coraux solitaires de types Cylindrophyllia, genre nouveau pour la Belgique (voir clichés
MEB), Flabellum, Stephanophyllium et Sphenotrochus, des radioles de cidarides, des bryozoaires lunulitiformes
de types Lunulites et Cupuladria, des mollusques pélécypodes très diversifiés, des gastéropodes et des
scaphopodes ainsi que des restes de vertébrés, dents d'élasmobranches, nombreux otolithes et quelques
ossements de petits cétacés, furent observée dès la première visite et les tamisages sur place.
Tous ces fossiles sont d'évidence remaniés mais relativement bien préservés, les dents d'élasmobranches en
particulier. Les invertébrés ont subi une compression résultant de la compaction sédimentaire et sont plus ou
moins fracturés, toutes les grandes coquilles sont écrasées. Le tamisage livre leurs fragments. Les bivalves
représentent plus de 95% de la masse résiduelle, les gastéropodes quelques 4%, les autres se partagent le reste.
Aucun pélécypode (bivalve) ne s'est rencontré valves en connexion.
Parmi les bivalves, il faut souligner la préséance quantitative de petites Astarte, l'abondance des coquilles de
Venus multilamella multilamella dont certaines valves devaient dépasser 40 mm de longueur, et la fréquence
élevée d'Arca (Anadara) cf. suessi à valves relativement peu épaisses.
Parmi les gastéropodes, signalons quelques coquilles de Scaphella cf. bolli (10cm) , des Naticidae , Terebridae,
Mitridae, Scalariidae et de nombreux petits Ringiculidae.
L'ensemble des invertébrés remaniés semble pouvoir être rapporté à la faune des Sables de Zonderschot..
Otolithes de téléostéens et dents d'élasmobranches sont également d'âge miocène et vraisemblablement
contemporains.
Les otolithes de la strate la plus supérieure présentent une corrosion chimique si prononcée (cf. clichés MEB)
qu'elle met en évidence l'agencement des cristaux d'aragonite fibreuse constitutifs des protubérances des
otolithes de Trisopterus cf. luscus (Linnaeus, 1758), téléostéen le plus abondant en ce site.
Si les foraminifères planctoniques (Hooyberghs 1996), les dinoflagellés (Louwye, 2000) et les otolithes
(Huygebaert & Nolf, 1979) des Sables de Zonderschot ont fait l'objet d'études approfondies, aucun bilan
malacologique n'a encore été dressé, les autres invertébrés, foraminifères benthiques, coraux, bryozoaires,
pourtant abondants, ont été ignorés, les autres vertébrés et en particulier les élasmobranches n'ont pas plus été
signalés.
L'examen des graviers et des nombreux silex éclatés versicolores à patines particulières les accompagnant
suggère que le dépôt de ces quelques décimètres de sables remaniés et stratifiés est d'âge quaternaire,
vraisemblablement pléistocène.
Le tri des fractions comprises entre 2.00 mm et 0.5 mm a permis de reconnaître la présence de quelques soies
d'échinides irréguliers et des genres de foraminifères benthiques suivants (liste non exhaustive) :
Nodosaria : au moins deux espèces, dont une géante apparemment non signalée en Belgique, Dentalina: une
espèce assez trapue et courte, une plus élancée, Textularia: une espèce très aplatie à bords dentelés, Cristellaria:
au moins deux espèces dont une à carène porteuse de fines épines, Nonionina,: une petite espèce fréquente, Buli-
mina: une petite espèce massive fortement perforée, Planorbulina: une espèce au moins et Polymorphina: deux
espèces au moins.
Quelques absences sont certainement significative : aucun représentant des genres Frondicularia ou Lagena n'a
été observé.
Un examen superficiel des résidus inférieurs à 0.5 mm a montré la présence de quelques ostracodes, dont des
Pterygocythereis, et de nombreux foraminifères planctoniques, espèces appartenant aux genres Globorotalia,
Globigerina, Globigerinina décrites par H. HOOYBERGHS (1996).
L'examen des collections de nos divers collaborateurs démontrent la présence (dents) des élasmobranches
suivants :
Notorhynchus primigenius (AGASSIZ, 1841), Squatina subserrata (MÜNSTER, 1826), Hypoprion acanthodes
(LE HON, 1871), Galeocerdo aduncus AGASSIZ, 1843, Carcharoides catticus (PHILIPPI, 1846), Synodon-
taspis vorax (LE HON, 1871), Isurus (Cosmopolitodus) hastalis (AGASSIZ, 1843) et Raja sp.
Bibliographie :
HOOYBERGHS, H., 1996 : Planktonic foraminifera from the Zonderschot Sands Member of the Berchem
Formation (Miocene) at Zonderschot, Belgium. Tertiary Research. Leiden. 17(1/2) : 15-26.
HUYGHEBAERT, B., & NOLF, D., 1979: Otolithes de Téléostéens et biostratigraphie des Sables de
Zonderschot (Miocène Moyen de la Belgique). Mededelingen Werkgroep Tertiair en Kwartair Geologie. Leiden.
16(2) : 59-100, 6 pl.