PL. GENT 55W
E.Delvaux
50 (VI) = 8238 de Delvaux
3 Novembre 1884
Coupe prise en face du réservoir d'eau de la Ville de Gand.
(Le rond-point des réservoirs s'appelle maintenant Place Van Duyse) (1926)
Croquis.
zêta Remanié sableux avec cailloux, briques, tessons, ossements humains
et autres débris; en face, crânes et os longs à 0M90 sous surface
actuelle.
epsilon* Sable grossier et fin glauconifère, jaunâtre, avec argile
glauconifère, asschienne, entremêlée de gravier, de quartz,
quartzite. Petits cailloux de silex plats et quartzite entremêlés et
roulés.
Ce sable est quaternaire.
delta* Sable grossier graveleux, avec glauconie de la bande noire et argile
glauconifère remaniée grise. On y trouve des débris organiques noirs
pulvérulents, des quartzites et du gros gravier mélangés. Il est
jaune-vert-rougeâtre. Discontinu (1m50 long.) 0m10 à 0m15.
gamma* Cailloux roulés de silex plats et ronds, plats de quartz et
quartzite comme à Adeghem et éclats de diverses roches; entremêlés
à un gros gravier ± glauconifère renfermant des éléments empruntés
à l'argile glauconifère sous-jacente. Ces cailloux ravinent
énergiquement les éléments sous-jacents sableux, moins énergiquement
l'argile.
Ces dépôts sont discontinus, lenticulaires, c'est du quaternaire.
bêta* Sable glauconifère jaune-verdâtre asschien ± argileux et remanié par
les actions quaternaires. 0M30.
alpha* Argile glauconifère, facies sans glauconie, gris vert pâle vers le
bas, jaune rouge altérée au contact.
L'argile avec grains de glauconie et bande noire est à 1 mètre plus
bas.
------------------------------------------------------------------------------
PL. GENT 55W
50 (suite)
DELVAUX a publié cette coupe (Ann. Soc. Royale Malacologique de Belgique,
tome 21 (1886), p.292) avec les quelques commentaires suivants:
Exactement en face des réservoirs d'eau de la ville, nous relevons la coupe
d'un nouvel escarpement, montrant le dernier lambeau de quaternaire échappé
à la dénudation et aux remaniements par la main des hommes dont les sommets
de la colline ont éte l'objet à diverses époques. (1)
C'est non loin de ce point, à une quainzaine de mètres au Nord, que nous
avons recueilli, en novembre 1884, un petit bloc erratique de granite, dont
il a été parlé ailleurs (2); il se trouvait à la base du dépôt.
Précisément en face de la coupe, de l'autre côté de la tranchée, au pied
même du réservoir occidental, les travaux ont rencontré l'emplacement d'un
ancien cimetière ou lieu de sépulture. Nous avons vu extraire de l'excava-
tion un grand nombre d'ossements humains et des crânes qu'on nous a assuré
être réservés pour les collections de l'Université, ce qui nous a dissuadé
de nous en rendre acquéreur.
DELVAUX a plublié cette coupe (Ann. Soc. Géol. de Belgique, t.XIII, 1885-
1886, pp. 159-1690.
Au commencement de novembre dernier, nous avons été averti par
M. F.L.Cornet que des travaux en voie d'exécution à la montagne St.Pierre
à Gand avaient mis à découvert les derniers vestiges du quaternaire qui
couronnait encore au XIV° siècle le sommet de la colline (3).
---------------------------
(1) Vide Diericks, Mémoires sur la ville de Gand. Dans le t.II, p.382,
l'auteur rapporte qu'en 1458, notamment, tout fut bouleversé; on
permit que les potiers de la ville de Gand y enlevassent l'argile
plastique.
(2) E.DELVAUX, Epoque quaternaire. sur les derniers fragments de blocs
erratiques recueillis dans la Flandre occidentale et dans le nord
de la Belgique. (Annales de la Soc. Géol. de Belgique, t.XIII,
p.160 et 164. Liége, 1886).
(3) Le point culminant de la montagne St.Pierre a souvent changé de place.
Aux XII° et XIII? siècles, le sommet de la colline offrait encore une
surface inégale, accidentée, le sol était couvert de galets et de
cailloux roulés et le sous-sol, constitué par des lits d'argile
plastique qui n'existent plus, était encore intact et beaucoup plus
élevé qu'aujourd'hui. Au XV° siècle, le sommet avait été aplani et la
surface, devenue remarquable par son horizontalité (den Plattenberg),
était couverte de chênes (het Eek-hout).
En 1458, tout fut bouleversé; on permit que les potiers de la ville de
Gand y enlevassent l'argile plastique. Gheconsenteert an den potbackers
van Gend, potaerde te steken op het eek-hout. Rekeninghe anni 1458. Aux
archives de la Préfecture, sub. St.Pierre, p. 1284, apud DIERICKX.
Mémoire sur la ville de Gand. T.II, p.372.
Les travaux actuels s'exécutent dans l'ancien quartier jadis nommé den
cley (l'argile). En huus staende te Ste Pieters an den cley. 14
september 1974. Jaer-register, blad 3, apud DIERICKX, op.cit.356.
------------------------------------------------------------------------------
PL. GENT 55W
50 (suite)
X.STAINIER.- Annales de la Société Scientifique de Bruxelles. Tome 52,
1932, Série B, 1° fascicule, pp. 29-30.
Au point culminant de la colline de Gand, juste en face du château d'eau,
on est occupé à élever une sous-station d'électricité, rue longue des
Casernes, entre les nos 5 et 19. On a dû, pour cela, creuser une fouille
importante qui m'a permis d'observer un bon contact de l'Asschien sur le
Lédien. Voici la description de la coupe que j'ai levée sur la face occi-
dentale de la fouille, celle qui longe la rue, car c'était la plus com-
plète. On y voyait de haut en bas:
1° Argile asschienne remaniée avec rares cailloux roulés de
silex et briquaillons 0m20 à 0m50
2° Argile un peu sableuse, vert-pâle avec strates jaunâtres. 0m60 à 0m90
3° Argile un peu feuilletée, sèche, tenace, plastique à
l'état humide, vert sale, plus foncée que la précédente,
asschienne. A la base, elle montrait une couche
irrégulière, d'environ 0m20 d'une argile encore plus
foncée, un peu grumeleuse, avec lits jaunâtres. En un
point, cette base dessinait une poche d'environ 0m30 de
profondeur avec strates un peu incurvées vers le bas.
Comme la couche suivante épousait un peu cette allure,
on aurait cru se trouver en présence d'un affaissement
local dû à des dissolutions du Lédien calcareux
sous-jacent; mais il n'en était rien, car les autres
couches inférieures ne présentaient aucune trace de
cette incurvation. D'ailleurs, quand la fouille se fut
avancée d'un mètre, à son terminus, cette allure en
poche disparut. ASSCHIEN 1m10
4° Sable très argileux, jaunâtre, verdâtre, avec zones et
taches limoniteuses rouge orangé. ASSCHIEN 0m40
5° Sable très argileux vert pâle avec zones plus pâles et
d'autres jaunâtres, surtout vers le haut. A la base,
l'argile était beaucoup plus foncée. ASSCHIEN 0m95
6° Sable argileux vert bien plus foncé que le précedent.
ASSCHIEN 0m18
7° Sable fin un peu argileux gris jaunâtre. LEDIEN 0m40
Le contact de l'Asschien sur le Lédien était d'une rectitude parfaite,
mais, à la base de l'Asschien, pas la moindre trace, ni de gravier, ni de
fossiles triturés ou non, ni de nummulites, ni de grains de glauconie.
On voit aussi, qu'au point culminant de la colline, l'Asschien avec sa
puissance maximum n'a que 4 mètres, dont deux d'argile. C'est cette mince
couverture d'argile tenace qui a été un des facteurs de la conservation,
comme témoin d'érosion, du relief de la colline de Gand.
Enfin ajoutons que le contact Lédien-Asschien était, suivant une direction
N-S, parfaitement horizontal, tandis que, sur la direction E-O, il y avait
une pente manifeste vers l'Est. C'est là une nouvelle confirmation de ce
que j'ai dit dans ma première note que, dans la région de Gand, l'incli-
naison des couches ne se fait pas uniquement vers le Nord, mais que, à
partir du sommet de la colline, cette inclinaison paraît se faire dans tous
les sens.