Pl. SAINT-NICOLAS 42W Service géologique
F. HALET de Belgique
139 (II) F. HALET. Bulletin de la Société belge de Géologie.
Bruxelles, 1938, tome 48, fasc. 2, pp. 484-485.
E.- Exploitation Scheerders à Saint-Nicolas.
Immédiatement au S-O. de Saint-Nicolas, entre le chemin
de fer et la route de Gand, se trouvent les grandes
briqueteries Scheerders-Van Kerckhove.
Sur la paroi est de l'exploitation, près de la route de
Gand et sur une longueur d'environ 100 m., nous avons
relevé la coupe suivante (fig. 6) :
Fig. 6.
1. Terre végétale sableuse 0m40
2. Sable limoneux gris pâle 0m40
3. Sable avec zones très limoneuses, à la base
ravinante 0m50
3' Niveau graveleux, composé de petits galets roulés de
silex, souvent éclatés, de petits galets de quartz
translucides, quelques dents de poissons roulées et
débris d'ossements brisés et altérés. En certains
points on constate un léger dédoublement de ce niveau
graveleux 0m05
4. Argile gris jaunâtre, assez plastique, avec taches
ferrugineuses; au sommet de cette argile, on observe
des concrétions limoniteuses (4'). 0m50 à 0m70
5. Argile grise, type de Boom, dite argile grasse (vet) 1m50
6. Argile sableuse dite maigre (mager) 0m70
7. Argile grise, grasse 0m60
8. Argile sableuse maigre 0m60
9. Argile grasse 1m50
10. Argile sableuse 4m00
11. Argile grasse 1m00
12. Argile maigre 3m00
Nous considérons les formations 1, 2, 3 et 3' comme
d'âge pléistocène, et toutes les autres comme d'âge
oligocène rupélien.
La couche n 4, composée d'argile gris jaunâtre,
paraît présenter tous les caractères de l'argile à potier.
Dans cette briqueterie, cette argile est exploitée en
mélange avec les autres couches d'argile oligocène.
Sur la paroi sud de la même excavation, nous avons observé,
localement, sous le cordon graveleux d'âge pléistocène
(no 3 de la coupe), un dépôt argilo-sableux de très faible
épaisseur, très compact et très riche en petites poupées
calcaires.
Nous considérons ce dépôt comme un faisant un tout avec
l'argile no 4, la texture spéciale de cette argile
serait due, pour nous, à des précipitations chimiques
provenant de la circulation des eaux superficielles.
----------------------------------------------------------------- ---------
Pl. SAINT-NICOLAS 42W Service géologique
de Belgique
139 (suite)
R. TAVERNIER.- Bulletin de la Société belge de Géologie,
etc. Bruxelles, 1938, tome 48, facs. 3,
pp. 712-717.
Un calvaire post-rupélien au Pays de Waes,
par R. TAVERNIER (*).
Lors du déblaiement de la couverture quarternaire, en
vue de l'exploitation de l'argile rupélienne, à la
partie méridionale des grandes argilières de la firme
"Scheeders-Van Kerchove's Verenigde Fabrieken", à
Saint-Nicolas-Waes (1), des amas lenticulaires d'une
roche blanchâtre, calcareuse, meuble et trés friable,
s'intercalant entre le Quaternaire sableux et l'argile,
ont été observés. D'aprés les observations que nous
avons pu faire, la coupe est la suivante (fig. 1) :
1. Sous la terre végétale sableuse on voit un sable
limoneux gris pâle, légèrement calcarifère, avec
localement des taches brunâtres, limoniteuses.
Fig. 1.
1' Cailloutis de base, composé de nombreux galets de
silex, de quartz hyalin roulé, de débris d'ossements de
Cétacés et de dents de poissons roulées. Des amas de sable
graveleux calcarifère sont localement intercalés dans
ce gravier. Beaucoup de ces éléments, notamment les
dents de poissons, les ossements et le sable glauconifère,
sont empruntés au Néogène (Crag d'Anvers).
2. Roche carbonatée blanchâtre, faisant fortement
effervescence à l'acide chlorhydrique dilué. Ce dépôt
est raviné au sommet par le cailloutis de base décrit
sous le numéro 1'; quelques cailloux sont descendus
dans cette formation. D'autre part, cette roche repose
sur le sommet irrégulier et raviné de l'argile
rupélienne, altérée ("argile à potier"), à laquelle
elle passe graduellement.
3. Partie supérieure de l'argile rupélienne, formée
d'une argile altérée jaunâtre avec des taches
limoniteuses brunâtres.
Les termes 1 et 1' de la coupe représentent incontestable-
ment le Quaternaire, tandis que le terme 3 appartient sans
aucun doute à l'Oligocène rupélien.
Quelle est la signification du dépôt calcareux no 2 ?
M. F. Halet, dans une note récente (2), considère cette for-
mation comme faisant un tout avec l'argile no 4 de sa coupe.
Il la considère comme "un dépôt argilo-sableux de trés faible
épaisseur, très compact et très riche en petites poupées
calcaires". La texture spéciale de cette argile serait due,
d'après
(*) Note présentée à la séance du 19 juillet 1938.
(1) L'emplacement de cette exploitation est indiqué par la
lettre E à la figure 1 d'une note de M. F. Halet, parue
récemment dans ce Bulletin, t. XLVIII, p. 481.
(2) F. Halet, note sur les gisements d'argile à potier, aux
environs de Saint-Nicolas (Bull. Soc. belge de Géol.,
t. XLVIII, 1938. pp. 481-492).
Voir tableau I scanner.
M. Halet, à des précipitations chimiques provenant de
la circulation des eaux superficielles.
Examinons la roche de plus près. Quelques dosages du calcium
soluble dans l'acide chlorhydrique dilué montrent que la teneur
moyenne en carbonate de chaux atteint 65 % (1). Le résidu
insoluble est composé d'un mélange de sable et d'argile.
L'etude de la composition minéralogique de ce résidu
argilo-sableux a été entreprise d'apres la méthode préconisée
par C. H. EDELMAN (2). Nous avons trouvé que la teneur en
minéraux denses (densité > 2,9) est très élevée. Ces mineraux,
séparés a l'aide du bromoforme, furent montés sur verre à la
kollolith (mélange de baume de Canada et de xylol, dont l'indice
de réfraction est 1,5354). En opérant suivant la méthode dite
linéaire, nous avons déterminé la nature de cent grains des
mineraux transparents : leurs pourcentages respectifs sont donnés
aux trois premières lignes du tableau I. Les pourcentages des
minéraux opaques, par rapport à cent minéraux transparents, sont
également mentionnés.
Quant à l'élément calcaire, on remarque qu'il est formé en très
grande partie par des fragments de très petite taille;
cependant, de petites poupées, atteignant 5 mm. de plus grande
dimension, s'y observent aisément. En outre, des fragments de
coquilles, malheureusement fort fragiles et se débitant quel-
quefois en petits prismes, ont également été observés.
Il est incotestable que la circulation des eaux superficielles
a largement contribué à donne à cette roche son aspect actuel;
c'est notamment grâce à elle que cette formation passe
graduellement à l'argile (altérée) sous-jacente. IL est
cependant possible que des septaria aient contribué, en une
certaine mesure à l'enrichissement en calcaire (3).
Nous pensons cependant que la grande quantité de calcaire
provient d'amas de coquilles néogènes. A l'appui de cette
hypothèse, remarquons que dans le gravier de base du Quaternaire
existent des paquets de sable glauconifère, provenant sans aucun
doute du Néogène. Nous avons, d'ailleurs, observé des grains de
glauconie dans la roche calcareuse. La quantité de
(1) Le calcium fut précupité comme oxalate et redissous
dans l'acide sulfurique après filtration; l'acide
oxalique ainsi mis en liberté fut titré au permanganate
de potasse.
(2) C. H. EDELMAN, De petrografische provincies in het
Nederlandse Kwartair (Proefschrift, Amsterdam, 1930).
(3) Signalons toutefois l'absence des ions SO4 dans cette roche.
sable glauconifère remanié dans le gravier de base du
Quaternaire n'est nullement négligeable, comme le
montre la figure 2, représentant une coupe visible dans
la même argilière et à peu de distance du gisement du
calcaire.
Fig 2.
1. Sable limoneux gris pâle.
1' Cailloutis de base présentant les mêmes caractères qu'a
l'endroit de la coupe figure 1.
2. Amas de sable glauconifère, reposant partiellement sur le
gravier et partiellement sur l'argile.
3. Argile rupélienne, légèrement altérée.
Nous avons entrepris l'étude minéralogique du sable glauconifère
2 de cette coupe, d'après la méthode EDELMAN. La composition
minéralogique du résidu dense est donnée par les 4 et 5 lignes
du tableau I. Nous indiquons au même tableau la composition
minéralogique de différents sable, à savoir :
Sable gris pâle de Saint-Nicolas (Quaternaire) : 6 ligne.
Sable noir d'Anvers (Anversien) : 7 ligne.
Diestien (sable de Diest) : 8 ligne.
Scaldisien d'Anvers : 9 ligne.
Diestien de Walsoorden : 10 et 11 lignes.
Rupélien de Sluiskil : 12 ligne.
Les lignes 10, 11 et 12 se rapportent à des sables analysés par
EDELMAN et DOEGLAS (1) et provenant de sondages exécutés en
Flandre zélandaise.
En comparant ces différents chiffres, on constate que tous ces
sédiments appartiennent à une même "province pétrologique" et
notamment au "groupe A" d'EDELMAN. Néanmoins, des influences
continentales (proximité du rivage ou remaniement) ont modifié
légèrement leur composition et l'on y constate la présence de
faibles pourcentage de minéraux métamorphiques (disthène,
staurolite et andalousite), qui caractérisent les facies
continentaux du Tertiaire supérieur (groupe B d'EDELMAN).
Rappelons, enfin, que M. A. HACQUAERT a signalé a Exaerde
l'existence d'un dépôt riche en calcaire trouvé à la
base du Quaternaire à dix mètres de profondeur (2). Ce
dépôt comprenait, à côté de cailloux divers, des
éléments reconnaissables parmi lesquels figuraient des
coquilles empruntées au Néogène.
Gent, Geologisch Laboratorium van de Universiteit.
(1) C. H. EDELMAN en D. J. DOEGLAS, Bijdrage tot de petrologie
van het Nederlands Tertiair (Verhandelingen van het Geol.
Mijnb. Genootsch. t. X, pp. 1-39, 1933).
(2) A. HACQUAERT, Boringen te Eksaarde, Korte bijdragen tot de
geologie van het Vlaamse Land. 2 (Natuurwet. Tijdschr., XX,
pp. 279-284, Gand 1938).