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038W0165.TXT

Pl. LOPPEM 38W

165  (I)

       (D'après Dom F. Gillain (St André) et F. Stockmans (Bruxelles)

                Bois ligniteux et Bois Silicifiés Cénozoïques
                            à Loppem (Belgique)
   
Bull. Mus. Royal d'Histoire Naturelle de Belgique, t.XVI, n° 26 (mars 1940)

Les travaux d'aménagement de l'autostrade Bruxelles-Ostende ont donné lieu à
l'exploitation d'une grande carrière de sable panisélien sur le territoire de
Loppem, à 5 kilomètres environ au sud de Bruges, carrière aujourd'hui inondée
et transformée en étang. L'excavateur a ramené en surface, à cette occasion,
nombre de bois ligniteux et de bois silicifiés qu'il nous a paru intéressant
de recueillir en vue d'une étude botanique.

Au S.W. de l'étang, on observe au point I, un gravier presque superficiel que
l'on peut suivre tout le long du bord ouest et qui est composé de silex roulés
de tailles diverses (3 à 4 cm maximum). On voit ce même gravier au point 2,
où l'on relevait en novembre 1939, la coupe suivante :

    Terre arable passant graduellement à du sable
        brun ou noir ..............................................  0.70m.
    Gravier quaternaire ...........................................  0.05m.
    Sable vert glauconifère visible sur 2,35m seulement et
        montrant dans le bas des passées foncées avec bois
        ligniteux plus ou moins grands .............................  2.35m.

Au point 3, très voisin du précédent, les sables supérieurs ont en grande
partie été extraits mais la couche avec bois ligniteux se retrouve. On peut
y établir de haut en bas, la succession :

    Sable vert ou jaune brun par oxydation du fer .............     -
    Couche noire contenant des bois bien caractérisés
        suivie d'un ensemble de fines passées noires avec
        débris de bois ligniteux plus ou moins grands et
        fortement imprégnés de sels de fer .................... 0.10 à 0.15m.
    Sable argileux avec fines passées chocolatées .............    1.25m.
    Sable glauconifère gris blanc surmontant une fine couche
        noire avec débris de bois bien caractérisés ...........    0.20m.
    Sable argileux compact et de couleur chocolatée ...........     -

Les travaux de terrassement au sud de l'étang, ont entamé en plusieurs
endroits, la couche de sable noir, supérieure. On remarque au point 4, qu'elle
renferme tantôt des éléments de bois petits et fortement tassés, ce qui lui
donne l'apparence de tourbe, tantôt des fragments de bois plus considérables
de plusieurs décimètres de longueur et de plusieurs centimètres de largeur.
Tous ces bois sont abondamment imprégnés de sulfure de fer; ils ont donc été
conservés à l'abri de l'air en présence de sels de fer et d'hydrogène sulfuré,
ce dernier provenant de la décomposition des matières organiques et des
sulfates, phénomène bien connu dans la nature actuelle et spécialement pour
les mares à forte teneur en sel des régions saumâtres. Nous renvoyons aux
travaux de E. Naumann (1), le lecteur que ce sujet intéresse.

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(1) NAUMANN, E. - Om Järnets Förekomstätt I Limniska Avlagringer. Sveriges
Geologiska Undersökning Arsbok 12, no 6. Stockholm, 1919, p.18, fig.5-6.
-- Limnologische Terminologie, ds Abderhalden. Handbuch der biolog.
Arbeitsmethoden, Abt.IX, t.8, Berlin, 1931, p.487, fig.97.
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Il y verra figurés des tissus actuels trouvés au fond des étangs et contenant
des sulfures de fer amorphes et même cristallisés.

Les points 5 et 6 fournissent à eux deux, une nouvelle coupe d'ensemble.

Au point 5, constitué par un talus un peu en retrait de l'étang, les couches
se détaillent comme suit :

Terre arable .....................................................   0.30m
Sable blanc ou jaune .............................................   0.20m
Gravier quaternaire avec fragments de bois silicifiés ............ 0.10 - 0.20
Sable vert dont seule la partie supérieure est visible .

Le point 6, situé au bord même de l'étang, correspond à une berge verticale
soumise à des éboulements constants. Une couche de sable noir, ligniteuse,
en constitue le sommet. Vient ensuite du sable vert glauconifère ou rosé
présentant plusieurs passées noirâtres à 1 mètre environ de profondeur.

Enfin, plus à l'Est, au point 7, nous avons relevé :

Sable vert, remué par les travaux et sur lequel s'est déplacé
  l'excavateur ..................................................... 0.65m.
Couche noire supérieure avec bois ligniteux ........................ 0.05m.
Sable vert avec passées noires et fragments disséminés de bois
  ligniteux ........................................................ 0.40m.
Sable vert glauconifère ............................................ 0.45m.
Sable gris ......................................................... 0.05m.
Sable blanc ........................................................ 0.10m.
Une passée de sable noir ........................................... qqs cm.
Sable argileux, vert brun, dont la partie supérieure est seule visible.

L'examen du bord de l'étang permet donc de localiser les bois silicifiés
dans le gravier quaternaire où ils sont remaniés et les bois ligniteux au
sein même du sable vert panisélien, inférieur au gravier.

Par suite de remaniement complet du sol à l'Est de l'étang et de l'apport
de terres étrangères, il n'est pas possible d'y faire des observations
intéressantes. La berge occidentale permet au contraire, de suivre le gravier
du Quaternaire d'une façon continue. On trouve, par exemple, vers son milieu,
soit au point 8 la succession suivante :

Terre arable ...................................................... 0.40m.
Sable blanc, jaunâtre ou brun clair, avec à sa base gravier
   quaternaire (silex roulés entiers ou non) et nombreux
   échantillons de bois silicifiés ................................ 0.25m.
Sable vert glauconifère ........................................... 1.15m.
Couche noire supérieure dans du sable vert clair .................. 0.05m.
Sable vert foncé dont l'observation est difficile .................

Enfin, au Nord, du côté de l'autostrade, se trouve un talus oblique, en
arc de cercle où les travaux ont commencé dès septembre 1938.

Au point 9, la hauteur de terre et de sable surmontant le gravier atteint
1.50 mètre environ. Celui-ci n'est séparé des passées noires avec bois
ligniteux que par une épaisseur de sable vert de 0.40 mètre alors qu'il l'est
par une épaisseur de 1.20m au point 8 situé à une distance horizontale de
110 mètres et de 2.40m au point 2 situé à une distance horizontale de 255
mètres.

Au point 10, des couches noires se redressent en décrivant une courbe très
nette et atteignant le gravier supérieur horizontal qui, en cet endroit,
renferme encore des bois silicifiés.

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Fig. 2.- Schéma donnant l'emplacement des coupes décrites dans le texte.
G, gravier quaternaire; L, couche ligniteuse supérieure.
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A quelques pas de là, des bancs de plaques gréseuses avec petits fragments
de bois silicifiés inclus, ont même allure que les couches noires et attei-
gnent également le gravier. Nous avons représenté figure 3, trois coupes
observées à partir du coin nord-ouest sur une distance de 50 mètres. Il est
impossible de les raccorder vu l'état des travaux.

Au point 11, un peu avant le milieu de l'étang, le gravier est à 2,20 mètres
au-dessus du niveau de l'eau et la couche ligniteuse supérieure à 1,80 mètres
environ du même niveau. En cet endroit, le gravier, très abondant, est formé
de gros silex; il nous a donné de nombreux échantillons de bois silicifié.
Plus à l'Est, il se relève notablement mais on n'y trouve plus que de petits
et rares morceaux de quartz de la grosseur maximum d'un grain de riz.

A une distance d'environ 8 mètres et dans la même direction, on retrouve à
2,90 mètres au-dessus du niveau de l'eau, un gravier très abondant, avec
fragments de bois silicifiés et surmontant de nombreuses et épaisses plaques
de grès. Le gravier s'abaisse ensuite assez rapidement de 0,40 mètre.

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Fig.3.- Coupes successives observées sur une cinquantaine de mètres dans
l'angle N.W. de l'étang.
t.a. terre arable; s.b. sable blanc; g. gravier; s.n. sable noirâtre avec
lignite; s.v. sable verdâtre; s.a. sable argileux chocolaté.
--------------

La couche ligniteuse supérieure avec fragments de bois caractérisées,
présente une ondulation semblable à celle du gravier quoique moins forte.
Son niveau passe de 1,80 mètre à 2,20 mètres pour redescendre à 1,90 mètres.
Là où la courbe ascendante décrite par le gravier atteint son point culminant,
nous observons en dessous de la couche ligniteuse, une épaisseur de sable gris
vert de 0,20 mètre contenant quelques fines passées noires et des fragments
dispersés de bois ligniteux. Ce sable passe brusquement vers le niveau de 2
mètres à du sable vert foncé, sans bois ligniteux. Ce dernier surmonte une
seconde couche ligniteuse avec bois, d'environ 0,08 mètre, puis vient immédia-
tement le sable argileux, chocolaté, avec linéoles foncées et points blancs.
Tout a fait au bas de la coupe, on trouve une passée de sable verdâtre ou gris
clair.

Au point 12, une dernière coupe est encore à signaler :

Terre arable ...................................................... 0.50m.
Sable blanc ....................................................... 0.20m.
Couche de gravier ................................................. qqs.cm.
Sable vert zôné de bandes jaunâtres ............................... 0.60m.
Couche noire, épaisse, très sinueuse dans du sable vert foncé ..... 0.20m.
Sable très argileux, arrêtant l'eau d'infiltration .

Des distances relevées en novembre 1939, en divers points de l'étang entre
le niveau de l'eau et le gravier quaternaire, on peut déduire l'allure
générale de ce dernier qui comme on le sait est mêlé de bois remaniés (fig.2).
Les mêmes déductions ne peuvent se faire pour les couches avec bois ligniteux,
car des coupes relevées parfois à des distances minimes (fig.3) ne peuvent
être raccordées. Le redressement en direction Est sur le bord nord de l'étang
empêche toute hypothèse, même au sujet de la couche ligniteuse supérieure.
Seuls les bords sud et ouest offrent quelque certitude, aussi n'avons-nous
envisagé que ces derniers sur le schéma 2. Ici encore, la distance a été
calculée en novembre 1939 en prenant le niveau de l'eau comme niveau repère.

Pour en revenir aux bois fossiles mêmes, disons que les bois silicifiés ont
été signalés depuis longtemps dans la région, où on les trouve à la surface du
sol. Rutot(2) les rapporte dans la légende de la feuille géologique Loppem-
Oedelen au Panisélien Pld dont il figure l'extension. Remarquons pourtant,
que l'étang de Loppem est en dehors de celle-ci et par conséquent de l'aire de
dispersion des bois fossiles délimitée par cet auteur.

Tous les échantillons que nous avons observés en place se trouvent dans le
gravier du Quaternaire, aussi nous nous demandons si les nombreux spécimens
récoltés à la surface des champs et au fond de la carrière lorsqu'elle était à
sec, ne proviennent pas de ce même gravier. Il y aurait lieu de s'en assurer
en multipliant les observations afin de savoir si l'on peut généraliser cette
remarque ou non. Rutot (3) parle de fragments de bois silicifiés épars dans le
sable paniselien Pld; du sommet de la colline de Thourout, c'est-à-dire dans
une région proche de celle qui nous occupe mais son texte manque de précision.
D'autre part, la présence des bois silicifiés dans le gravier du Quaternaire
semble avoir échappé à cet auteur qui n'en fait pas mention dans la légende
de la feuille géologique Loppem-Oedelen.

Les bois ligniteux n'étaient guère connus jusqu'ici. Nous désignons de ce nom,
des bois ayant encore l'aspect extérieur des bois actuels par opposition aux
bois silicifiés, sans avoir la certitude, qu'il s'agit de véritable lignite.
On sait, en effet, que ce dernier terme a un sens précis; qu'il s'applique
actuellement à des charbons riches en eau, généralement d'âge tertiaire, se
colorant en rouge sous l'action de l'acide nitrique, en brun sous l'action de
la potasse à chaud et donnant à la distillation, un produit acide.

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(2) Rutot A.- Carte géologique au 40.000e dressée par ordre du Gouvernement.
    Feuille Loppem-Oedelen, 1895.

(3) Rutot A.- Explication de la feuille Thourout. Service de la carte
    géologique du Royaume. Musée royal d'Histoire naturelle de Belgique,
    1885, p.43.

A Loppem, les bois ligniteux sont nombreux et parfois de grandes dimensions,
Roulés ou non; ils s'observent dans des couches bien déterminées, au milieu
des sables glauconifères plus ou moins verts suivant l'endroit considéré, mais
qui, observés à la loupe binoculaire montrent les mêmes constituants princi-
paux: quartz et glauconie. Il en est ainsi même pour les sables jaunâtres
situés parfois immédiatement au-dessus de la couche noire supérieure et dont
la teinte dominante n'est due qu'à des infiltrations argileuses comme l'a
prouvé un lavage à l'acide chlorhydrique suivi de décantation.

Si de tels bois n'ont pas été remarqués jusqu'ici dans le Panisélien, du moins
à notre connaissance, du lignite l'a été à plusieurs reprises. Rutot (4) cite
des linéoles d'argile et de lignite pour la colline de la citadelle de Gand.
M. Halet (5) parle d'un niveau avec débris de lignite au sommet des sables
paniséliens d'Eecloo et M. Stainier (6) décrit un faciès ligniteux à Gand
également. Toutes ces couches sont constituées de sables plus ou moins cohé-
rents imprégnés de matières organiques avec tout au plus des débris noirs très
petits. Le mot lignite semble donc avoir été employé dans un sens très large
encore. En tout état de cause, il est intéressant de constater qu'en plusieurs
points de la Flandre, ces couches noires avec débris organiques se retrouvent
dans le Panisélien; leur importance est très notable à Loppem où les végétaux
sont encore visibles à l'état de fragments de bois considérables.

Un premier examen microscopique a montré que les bois silicifiés de Loppem
comportent à la fois des bois à zones de croissance concentriques et des bois
à faisceaux épars, tandis que les bois ligniteux trouvés jusqu'ici offrent
tous des zones de croissance concentriques. La description et la détermination
de ces bois feront l'objet d'une autre publication.

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(4) Rutot.A.- "Résultats de nouvelles recherches dans l'Eocène supérieur de la
    Belgique". Bull. Soc. roy. Malacologique de Belgique, t. XVII, Bruxelles,
    1882, p.CLXXXI.

(5) Halet.F.- "Coupes géologiques et résultats hydrologiques de quelques puits
    nouveaux creusés dans la Moyenne et la Basse Belgique." Bull. Soc. belge
    géologie, paléont. et Hydrologie, t.XXVI, Bruxelles, 1913, Mémoires,
    pp.64-66.

(6) Stainier.X.- "Notes sur le Tertiaire de la région de Gand".
    Bull. Soc. belge géologie, paléont. et Hydrologie, t.XXXVI, Bruxelles,
    1927, p.140
    - "Le panisélien ligniteux de Gand"- Bull. Soc. belge géologie, paléont.
    et hydrologie, t.XL, Bruxelles, 1931, p.14.
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