Pl. ARENDONCK 18W Service Géologique
A.Rutot de Belgique
160 A.Rutot.- Sur l'âge des dépôts connus sous les noms de
sable de Moll, d'argile de la Campine, de cailloux de
quartz blanc, d'argile d'Andenne et de sable à faciès
marin noté "Om" dans la légende de la carte géologique
au 40.000 ème. (Mém.de l'Acad.roy.de Belgique,T.II,1908).
Sondage VIII
A 2560 mètres du précédent.- Cote de l'orifice : 24
mètres (9)
De à Epaisseur
1 Sable gris brun, avec nombreux petits galets
de quartz 0m00 1m85 1m85
2 Sable gris pâle 1.85 7.35 5.10
3 Sable fin, gris vert, devenant de plus en
plus foncé en descendant 7.35 27.55 20.40
Les sondages que nous venons de détailler sont donc
échelonnés approximativement du sud au nord, le long
de la grand'route, le premier situé à l'extrême sud
de la ligne, étant foré à 320 mètres au nord de la
gare de Moll, et le dernier se trouvant au nord-est de
Rethy; la coupe déterminée par ces sondages à donc un
développement total de 9270 mètres.
Le sondage IV se trouve un peu au nord du canal de la
Campine, à la hauteur des grandes exploitations de
sable de Moll. et le sondage V est situé dans le
village de Desschel.
Les résultats des sondages étant connus, construisons
la coupe géologique au moyen des éléments que nous
possédons. (Voir fig. 1.)
Que pouvons-nous déduire de cette coupe ?
1. Au sondage I, nous constatons une superposition
importante, qui ne s'est plus reproduite dans les
sondages situés au nord. A la profondeur de 27m80, sous
un sable assez fin, gris verdâtre, devenant plus foncé,
très légèrement argileux vers le bas, et présentant une
trace graveleuse à la base, apparaît un sable vert
foncé, très micacé, très glauconifère, argileux.
Que sont ces sables ?
En l'absence de fossiles, nous ne pouvons déterminer
directement leur âge, mais nous croyons qu'il serait
difficile de faire, du terme inférieur, vert foncé,
autre chose que du Diestien, qui affleure du reste
largement au sud, aux environs de Diest.
Dès lors, l'ensemble des 28 mètres de sable supérieur,
qui repose nettement sur le Diestien, n'est donc pas de
cet âge; ce sable est moins ancien que le Diestien, et
comme il ne semble pas que ce puisse être le Scaldisien
il y a toute probilité que ce soit le Poederlien;
2. Au sondage II, nous voyons apparaître les mêmes
sables gris verdâtres, mais le forage ayant été
arrêté à 23m75, il n'a pu atteindre le terme inférieur
qui, évidemment, s'enfonce vers le nord et doit se
trouver, au sondage II, un peu plus bas qu'au premier
sondage;
3. Dès le sondage III, nous voyons apparaître les vrais
sables de Moll, blancs, purs, meubles, très aquifères.
Au sondage III, ils descendent depuis la surface du sol
jusqu'à la profondeur de 8m25, puis, par transition
insensible, ils passent au sable gris des sondages
I et II.
Au sondage IV, sous un peu de tourbe moderne, le sable
de Moll va jusque 11m20, ou il passe, de même,
insensiblement, au sable gris verdâtre;
4. Au sondage V, un fait nouveau se produit: sous un
peu de sable flandrien, apparaît un autre sable avec
grains et petits galets de quartz et de silex à la base,
épais de 3m60, qui repose nettement sur le sable
blanc de Moll.
Celui-ci descend jusque vers 16m35, profondeur à
laquelle il passe au sable gris verdâtre sous-jacent;
5. Au sondage VI une nouvelle constatation est faite.
Sous 6m80 du sable supérieur, avec gravier à la base,
nous ne rencontrons plus la sable de Moll.
Celui-ci a totalement disparu et nous ne nous trouvons
plus en présence que du sable gris verdâtre inférieur
au sable de Moll.
Les sondages VII et VIII ont donné des résultats tout à
fait semblables.
Il suit de là que le sable blanc de Moll forme comme
une enclave, une grosse lentille, dans la masse des
sables fin, gris verdâtres, lentille qui s'arrête entre
les sondages V et VI.
Cela étant, si le sable argileux vert foncé du fond de
sondage I est le Diestien et si le sable fin gris
verdâtre est, comme nous le pensons, le Poederlien,
nous reconnaissons que le sable de Moll constitue une
masse lenticulaire comprise vers le haut du Poederlien,
dont elle forme, dans une région bien déterminée de la
Campine, un facies spécial du sommet.
Le sable blanc de Moll étant bien visible dans les
exploitations ouvertes sur les deux rives du canal, on
peut voir qu'il y est nettement recouvert de 1 à 1 1/2
mètre de sable flandrien avec cailloux roulés de nature
très variée à la base, le sable exploité se montrant
stratifié et renfermant, épars, d'assez abondants
galets de quartz blanc.
La stratification n'est plus rapportable à la mer
qu'aux eaux douces et elle montre plutôt le caractère
mixte de sables et de cailloux apportés par des cours
d'eau et repris par les marées le long d'un littoral.
En somme, je suis d'avis qu'il est là question d'un
apport de cours d'eau, d'un bras de la meuse primitive
qui se jetait dans la mer poederlienne lors de sa plus
grande extension et qui a suivi les rivages dans leur
retraite vers le nord, à la fin du Poederlien.
Dès lors, au nord de la lentille de sable blanc de
Moll, la mer poederlienne s'étendrait ver la Hollande,
l'extrémité nord de la lentille montrant le point
auquel se serait arrêtée l'influence du courant d'eau
douce.
Jusqu'à présent, nous étions habitués à considerer le
Poederlien comme la dernière de nos assises tertiaires,
mais voici que dans nos sondages V, VI, VII et VIII,
apparaît, en parfaite continuité, un nouvel horizon à
facies évidemment marin, avec gravier à la base et dont
le biseau sud est situé entre les sondages IV et V.
Quel est ce nouvel horizon, limitée au sud et qui
semble se développer lentement vers la Hollande?
Nous ne trouvons q'une réponse : cette nouvelle assise
n'est guère rapportable qu'au Pliocène supérieur marin,
c'est-à-dire à l'Amstelien de M. F.-W. Harler (1), et c'est
à cette hypothèse que nous nous arrêtons.
Notre grande coupe de Moll à Rethy nous montrerait donc
la superposition de trois dépôts marins en régression à
partir du plus ancien, qui seraient vraisemblablement
le Diestien, le Poederlien et l'Amstelien, avec une
certitude: l'intercalation en grosse lentille du sable
blanc de Moll dans l'assise du milieu, que nous
interprétons comme poederlienne.
C'est là tout ce que nous pouvons tirer utilement de la
première coupe.
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(1) F.-W. Harmer, On the pliocene deposits of Holland
and their relation on the english and belgian crags
(Quart. Journ. Geolog. Soc., t, XLII, 1896) et les
dépôts tertiaires supérieurs du bastin anglo-belge
(Bull. Soc. Belge De Geolog., t. X, 1896).