14 E 283
Planchette LILLO 14 E
DOEL Deurganckdok Werf (Deel) II
Précisions concernant les emplacements du gisement à astéries de type Goniaster et du gisement connexe à
spatangues du même horizon, d'âge Miocène supérieur.
Localisation et détails des fouilles :
14 E 283 : Les découvertes in situ peuvent être centrée sur M 27 (Deel II) dont les coordonnées Lambert sont
x : 143.050 et y : 220.750 , le niveau du Gravier de base contenant ces pièces étant : -20m50 DNG.
Pour rappel, un seul bloc à astéries (onze individus quasi complets) a été découvert in situ, au cours de notre
première campagne de fouille du Gravier de base des Sables du Kattendijk (GBSK-1, décembre2001). Par la
suite, quelques autres blocs contenant des assules plus ou moins groupées ou disséminées, en association avec
des tests plus ou moins complets de spatangues ont été récoltés lors des deux campagnes de fouille suivantes
(GBSK-2 et GBSK-3, début 2002). Ces trois fouilles ont été exécutées en partant du nord et en progressant vers
le sud, en trois bandes parallèles jouxtes, dans la zone marquant la limite de la mise place du radier de base sur le
Chantier II ( cf. carte). Ces blocs étaient enchâssés dans, ou enrobés par , la masse constituant le Gravier de base
des Sables du Kattendijk.. Les plus volumineux et massifs reposant à même le sommet du Miocène dont le toit
consiste en cet endroit en sables argileux très glauconifères.
Ces blocs, relativement peu altérés, nettement érodés sur leurs côtés naturels ou sur leurs faces de brisures
anciennes, et dont les plus volumineux d'entre eux étaient apparemment demeurés en position normale,
proviennent de l'affouillement avec déplacement éventuel sur faible distance des éléments d'un horizon sous-
jacent à lithifications gréseuses ou gréso-carbonatées d'âge miocène.
Ces blocs livrèrent en outre de nombreuses coquilles de mollusques (gastéropodes, pélécypodes, ptéropodes),
des restes végétaux (palétuviers et conifères), et quelques restes de vertébrés (dents et petits ossements de
poissons marins, élasmobranches et téléostéens).
La zone qui s'avérera représenter la terminaison méridionale de cet horizon à lithifications miocènes a pu être
retrouvée in situ lors de la première campagne de fouilles (Chantier II, décembre 2001). En cet endroit, les
lithifications peu épaisses ne montrèrent que de nombreuses traces de galeries et s'avérèrent stériles au débitage.
Cet horizon ne fut pas retrouvé plus au sud. Les foreurs ont confirmé ne l'avoir rencontré qu'en la partie nord du
chantier.
Au cours des quatre fouilles suivantes, seules des assules isolées (Chantier II) ou quelques fragments de bras
(Chantier I) furent retrouvés parmi les résidus de tamisage. Le nombre et le volume des blocs y furent moins
importants. L'altération et la décalcification se marquaient de plus en plus vers le sud . Le Gravier de base des
Sables du Kattendijk vint à disparaître sur quelques cent mètres en ce secteur.
Les premières trouvailles de blocs avec assules dispersées ou portions de squelettes d'astéries goniastériformes
proviennent des déblais déposés devant les bâtiments de la S.A. INDAVER. Elles nous furent signalées par
divers amateurs belges ou étrangers. Renseignements pris auprès de la Direction du chantier, tous ces déblais
proviendraient de la partie la plus septentrionale du chantier (terrassements 2000 - 2001).
L'avancement du chantier II au début 2001 produisit une nouvelle masse de déblais. Les Sables du Kattendijk (et
leur Gravier de Base en terminaison sud) en constituant la partie la plus inférieure du chantier furent enlevés les
derniers et déversés en un seul long déblai distinct. La masse des sédiments constitutifs du Gravier de base des
Sables du Kattendijk , dernière enlevée, vint coiffer tout le talus, mêlée quelquefois à des petits enlèvements de
sables du sommet du Miocène. Vents et pluies allaient se conjuguer pour en faire resurgir les éléments les plus
massifs : dents, ossements, concrétions et lithifications.
C'est ainsi que furent découverts outre une grande quantité de dents d'élasmobranches, des dents et ossements
isolés de mammifères marins, les principaux blocs contenant astéries, astéries et spatangues, ou spatangues seuls,
associés à une faune malacologique d'affinité deurnienne .
L'enlèvement et le déversement des sédiments s'étant opérés de façon méthodique nord - sud, la localisation des
ramassages effectués sur cette surface de déblais battue par les vents reste révélatrice de la position originale
approximative des principales pièces récoltées.
A ce titre, les blocs contenant les astéries goniastériformes groupées ou isolées les mieux préservés proviennent
d'une aire très restreinte ; ceux à assules encore plus ou moins associées d'une autre bande ténue et ceux à
assules dispersées en association avec des tests plus ou moins complets d'échinides spatanguiformes d'une autre
zone distincte plus étendue.
De même, les lithifications porteuses d'ichnofossiles particuliers proviennent elles aussi de zones distinctes.
Elles concentrent de façon particulièrement sélective tantôt des terriers comblés de toutes dimensions, tantôt des
galeries concrétionnées simples, segmentées, anastomosées ou entrelacées, ailleurs des traces de mouvements
verticaux simples ou répétitifs, ailleurs encore des traces de reptation.
La bande de terrain qui recelait l'ensemble de ces blocs ou lithifications est celle que recouvrent les lots M17 à
M27 du chantier (M étant l'initiale du mot néerlandais Moot). Une Moot intéressant 20 mètres, cette bande de
terrain s'étire sur quelques 200 à 250m (voir report sur carte 1/5.000).
Zonéographie bionomique nord - sud hypothétique proposée (chantier II)
Zone à lithifications gréseuses glauconifères peu épaisses particulièrement riches en terriers divers, dont de très
nombreux à remplissage concrétionné formant des entrelacements complexes
Zone à lithifications gréso-carbonatées glauconifères relativement volumineuses avec terriers divers et partie
inférieure mal stratifiée riche en coquilles de mollusques assez volumineux (Ficus, Galeodea,
)
Zone à concrétions mixtes gréso-carbonatées épaisses et généralement subtabulaires . Les strates sableuses,
glauconifères et riches en mollusques plus ténus (bivalves de type Ensis) en constituent la partie inférieure. La
partie supérieure en est argilo-carbonatée et recèle divers types de terriers ainsi que des fragments de tests de
spatangues et des assules plus ou moins groupées d'astéries.
Zone à concrétions de même type , un rien plus épaisses, avec à leur sommet des astéries plus ou moins
complètes, isolées ou regroupées accompagnées de leurs ultimes traces de reptation.
Zone à concrétions de même type, subtabulaires, avec fragments d'astéries, assules dispersées et tests de
spatangues plus ou moins complets.
Zone à concrétions tabulaires de moindres dimensions porteuses à la face supérieure de traces de reptation et de
mouvements d'enfouissement verticaux répétitifs.
Variantes latérales :
Secteur nord de la bande concernée : lithifications tabulaires présentant à leur sommet des amas de coquilles de
Glycimeris généralement dépareillées, altérées ; concrétions et coquilles peuvent être porteuses de colonies de
petits cirripèdes de type balane .
Secteur sud de la bande concernée : lithifications finement laminées avec fortes concentrations de coquilles de
minuscules bivalves et ou de ptéropodes.
Des restes de bois flottés mais non taraudés, centimétriques à subdécimétriques se rencontrent occasionnellement
au sein des concrétions porteuses des plus fortes densité de coquilles. Les bois reconnus avoir appartenu à des
palétuviers en proviennent.
Position systématique de ces astéries
La morphologie générale et le squelette de ces astéries permet de les attribuer au Genre Ceramaster VERRILL,
1899 de la Famille des Goniasteridae PERRIER, 1894 (Ordre Valvatida). L'espèce avec laquelle elles
présentent le plus d'affinités est Ceramaster polonicus NOSOWSKA Ewa, 1997 du Badénien des Sables de
Nawodzice en Pologne. L'horizon duquel proviennent les spécimens polonnais est interprété comme un milieu
marin subtidal à intertidal.
L'étude de ces astéries et des échinides spatanguiformes associés, a été confiée à J. JAGT (Maastricht,NL).
Références bibliographiques
NOSOWSKA E., 1997 : Asteroids from the Nawodzice Sands (Middle Miocene ; Holy Cross Mountains,
Central Poland). Acta Geologica Polonica. Warszawa. 47(3-4) : 225-241.
SPENCER W.K. & WRIGHT C.W., 1966 : Asterozoans in R.C. MOORE (Ed.), Treatise on Invertebrate
Paleontology . Lawrence, Kansas. Part U (Echinodermata 3) : U1-107.
DOEL - Deurganckdok
Précisions concernant l'incident ayant provoqué la formation des lithifications à astéries
Miocène supérieur cf. Sables de Deurne
L'examen détaillé de plusieurs lithifications impliquées a mis en évidence la présence de plusieurs terriers à
remplissages séquentiels. En l'occurrence, la succession des événements semble être la suivante:
1°. Des dépôt argileux, légèrement silteux et carbonatés se sont formés en certains creux ou paumelles. Ils sont meubles ou
plastiques, non consolidés, peut-être encore en phase de décantation.
2°. Des terriers verticaux d'une profondeurs de 4 à 6cm et d'un diamètre subcentimétrique s'y creusent.
Les responsables seraient des petits crustacés (ou des vermidiens ?).
3°. Les occupants de ces terriers les abandonnent , décès ou abandon pour autre cause ?
4°.Les terriers abandonnés sont comblés par des venues sédimentaires séquentielles alternativement fines et grossières
parfaitement rythmées. En chaque cas, on peut compter 7 phases identiques et successives : marées montantes et descendantes
semblent être la plus vraisemblable interprétation
Ces sept marées représenteraient à peine deux jours et demi. Ce laps de temps peut correspondre à celui qui
permet en milieu subtropical peu profond l'échouage de ces astéries, leur décès avec crispation des membres
(dessiccation ou décroissance de salinité) et leur décoloration (12 à 24 heures maximum), mais serait trop bref
pour provoquer la décomposition totale et la dislocation de leurs squelettes qui nécessiteraient elles plus de 72
heures.
Il faut signaler que certains squelettes d'astéries totalement disloqués ont été retrouvés en amas difformes mais
tous éléments groupés, et que d'autres ont vu leurs éléments largement dispersés. Les premiers pourraient
résulter de prédation suivie de régurgitation, les autres d'une simple dispersion mécanique
Ces fameux échouages ne représenteraient donc que l'effet d'une forte tempête avec effacement et enfouis-
sement consécutif immédiat
Référence bibliographique supplémentaire :
SCHAEFER W., 1972 : Ecology and Palaeoecology of marine environments. Oliver & Boyd Ed., Bristol . 568p.
J. Herman Juillet 2003 révisé Juin 2004