ADMINISTRATIEVE & TECHNISCHE GEGEVENS
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Kaart-Nr: 14E
PLAAT: Lillo
Nr: 270 (VIII, b)
Type Boring: ontsluiting
Topografische kaart: 7/6
Uitgevoerd te: Doel
Postnr: 9130
Adres boorplaats: Deurganckdok
Opdrachtgever:
Boorfirma:
Boordatum:
Topografie: van topo kaart
Stalen door:
Boringsmethode:
Lengte & doormeters:
Grondwaterstanden:
1ste maal:
Bij rust :
Tijdens pompen:
Debiet:
Waterzaaknr:
Totale diepte:
Stalen bewaard:
Maaiveld/ref. peil: -18 m
X: 142.850
Y: 220.600
NIS-code: 46003
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BOORBESCHRIJVING
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Top * basis* AARD DER GRONDLAGEN
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Planchette LILLO 14 E
Topo IGN 7. 6
DOEL Deurganckdok
Découverte de divers éléments de la colonne vertébrale d'un Cetorhinus cf. maximus (GUNNERUS, 1765)
VERTEBRATA Pisces - Elasmobranchii : Famille Cetorhinidae
14 E 270 Chantier (Deel) I M 71-72
coordonnées Lambert x : 142.850 et y : 220.600
cote DNG : - 18m
Circonstances de la découverte et localisation :
14 E 270 : La phase finale des travaux d'aménagement du fond du Deurganckdok prévoit l'installation d'une bande
asphaltée de quarante mètres de large tout au long de la base des murs de quais. Celle-ci devrait éliminer les risques
d'affouillement qui résulteraient des tourbillons provoqués par les hélices des tankers venant y accoster.
Pour ce faire, un ultime nivellement du fond du chantier à la cote 18m (DNG) fut exécuté.
Celui-ci permit en premier lieu d'observer in situ et à l'horizontale quelques 20.000m2 d'une strate de la partie
supérieure de la zone inférieure des Sables du Kattendijk.
A distance plus ou moins régulière, se remarquaient des concentrations subcirculaires très denses de petits Palliolum , des
zones à peuplement de Glycimeris beaucoup moins denses et des petites nids de térébratules à large foramen
pédonculaire. Des valves, le plus souvent operculaires, d'un grand pectinidé (Pecten grandis) comblaient çà et là les
zones intermédiaires. Les coquilles de quelques rares individus étaient demeurés valves en connexion. Les restes de bois
flottés n'y étaient pas rares, une petite fructification de conifère y fut recueillie.
Les déblais de cet ultime nivellement furent partiellement rejetés sur le flanc du talus original. Chaque rejet provenant
d'un enlèvement délicat et précis implique environ 5m³.
Un premier examen superficiel d'un de ces rejets a livré une vertèbre parfaitement préservée d'un grand squale (M.
Grigis , juillet 2003). Une seconde visite a révélé la présence d'une deuxième vertèbre , une troisième fut découverte
quelques jours plus tard . Une fouille systématique fut programmée.
La morphologie générale, la structure à la fois cyclo- et astérospondyle ainsi que les dimensions de ces vertèbres
permettent de les attribuer au genre Cetorhinus BLAINVILLE, 1816 et , sous réserve, à l'ancêtre de l'espèce actuelle C.
maximus (GUNNERUS, 1765).
Résultat de la fouille :
Un examen plus approfondi de la masse totale de ce rejet a permis d extraire une trentaine d'autres vertèbres, cervicales,
dorsales, précaudales et caudales plus ou moins entremêlées.
Certaines furent de toute évidence brisées lors de , et par , l'enlèvement mécanique. Remarquons qu'une d'entre elles
avait été affectée d'une déformation par torsion dans le sédiment, deux autres étaient encore en connexion virtuelle avec
sédiment intercalaire légèrement induré et présentaient un angle d'écartement de quelques 30°, enfin deux autres
également en connexion montraient un léger décentrage axial.
Le diamètre de la plus grande vertèbre est de 104mm, celui de la plus petite d'à peine 12mm. Deux des petites caudales
furent découvertes dans la concavité antérieure des disques d'une cervicale et d'une dorsale antérieure.
La carcasse résiduelle avait donc subi un reploiement complet sur elle-même, amenant les caudales en position couvrante
des cervicales et antérieures.
Deux vertèbres précaudales présentent un net décentrement structurel et un phénomène d'exostose résultant
vraisemblablement d'un traumatisme juvénile mais nettement postnatal..
Une partie de la carcasse d'un très grand spécimen de Cetorhinus cf. maximus (GUNNERUS, 1765) a donc été enfouie
en ce secteur. Sa taille devait approcher les 10m de longueur. Si le fragment ossifié énigmatique s'avérerait être une
portion de ptérygopode, il s'agissait d'un mâle. Le nombre d'anneaux calcifiés permettrait de supposer que l'animal avait
une trentaine d'années au moins.
La destruction du gisement originel et la dispersion des restes ne permettent plus de garantir la localisation exacte ou
l'orientation de la dépouille. Toutefois, la précision d'exécution de ce dernier travail de nivellement et le déversement
latéral immédiat de ses enlèvements consécutifs permettent de suggérer une position de gisement entre les parcelles M71
et M72 de ce chantier. Ceci se traduit en coordonnées Lambert par x : 142.850 et y : 220.600 , localisation attribuée à la
trouvaille.
L'absence de tout autre reste sur les surfaces déblayées et minutieusement examinées entre 19m et 18m DNG oblige à
penser qu'elle se situait un rien plus haut, tout proche de la séparation entre parties inférieure et supérieure des Sables du
Kattendijk estimée à -17m50 en ce secteur ; les annotations concernant ses restes mentionneront donc : circa -18m00
(DNG).
Une partie du sédiment enrobant les restes et la totalité du sédiment constituant leur gangue furent soigneu-sement
examinés. Quelques foraminifères (Frondicularia, nombreux Nodosaria et quelques cf. Lagena-Procerolagena),
quelques valves d'ostracodes, quelques soies d'échinides irréguliers de type spatangoïde, et de très nombreux fragments
de coquilles aragonitiques de grandes Atrina y furent décelés, mais aucune dent orale, aucun fanoncule et aucun denticule
cutané de Cetorhinus n'y furent découverts.
Ceci autorise à supposer que la masse crânienne avec ses dents et , - éventuellement -, ses fanoncules s'était déjà séparée
du tronc bien avant l'échouage de ce dernier. L'absence du moindre denticule cutané laisse supposer que l'état de
putréfaction de la carcasse résiduelle était avancé au point d'avoir déjà provoqué le détachement et la chute de tous ceux-
ci.
Le sédiment enrobant les restes est considéré comme celui du dernier enfouissement. Séché, il s'effrite de lui-même ou
s'effondre au moindre contact. Il est fin et fortement glauconifère mais point argileux. Le sédiment désigné comme
gangue est plus fin, légèrement argileux ,et adhère plus fermement aux corps vertébraux. Il est porteur de diverses traces
organiques, comme des remplissages de petites galeries vermiformes, quelques menus débris coquilliers, voire un
foraminifère de type Frondicularia ou une valve d'un petit pectinide comme Peplum clavatum. Au contact même des
disques vertébraux ou entre les rayons, l'adhérence est plus forte encore et le sédiment présente un grain encore plus fin,
légèrement argileux et porteur de sulfures de fer. Une oxydation rubéfiante lui a conféré une teinte brun roux. Des
exsudats divers ont vraisemblablement participé et favorisé cette induration.
Les centra de plusieurs vertèbres montrent en zone ventrale une désagrégation très avancée. Ce phénomène est plus
particulièrement marqué sur les centra des vertèbres ayant cédé sous l'effort de la torsion due au reploiement de la
carcasse. Les cadavres en dérive des grands sélaciens sont souvent dévorés de l'intérieur par des cohortes de lamproies.
Aucune trace de rongement sur les cartilages n'étant apparente, la désagrégation constatée a pu être d'origine
bactérienne.
La gangue sédimentaire, le sédiment accompagnateur, les quelques concrétions ferrugineuses, les restes de bois flottés,
les térébratules, ainsi que les quelques mollusques pélécypodes (pectenidés et ostréidé) associés, dont un exemplaire
bivalve de P. princeps , suggèrent que le niveau de provenance se situerait dans les strates supérieures de la partie
inférieure des Sables du Kattendijk , proximales de l'horizon rubéfié qui a livré en cet endroit un squelette de balénoptère
(Fouilles M. Bosselaers, avril 2003), soit entre 18 m00 et 17m50 DNG.
Immédiatement sous ce niveau de gisement hypothétique abondent, en effet, les grands pectens (P.grandis) et les
concentrations des délicates coquilles de Palliolum.
Cette trouvaille vient renforcer la supposition du passage relativement fréquent de requins pèlerins dans l'ensemble du
secteur portuaire d'Anvers (Linkeroever compris) pendant toute la durée du dépôt de la partie supérieure des Sables du
Kattendijk.
La masse de la partie inférieure de ces sables ne livre qu'occasionnellement quelques fanoncules ou, plus rarement
encore, quelques dents. Par contre, dans la partie supérieure de ces sables les trouvailles de restes divers semblent
fréquentes. Rappelons la description d'un grand appareil fanonculaire (LERICHE, 1908), d'un appareil fanonculaire
(JANSSEN, 1974) associé à plus de deux cent dents à Kallo (HERMAN, 1979) , les trouvailles de vertèbres intactes ou
de disques vertébraux parfaitement préservés me signalées par divers chercheurs à Anvers même, à Kallo, à Verrebroek ,
ou à Doel , et présentement la découverte d'une portion de colonne vertébrale à Doel.
Il est intéressant de noter qu'à quelques cent à deux cent mètres de la portion de colonne ci-évoquée aux moins cinq
disques vertébraux de Cetorhinus ont été découverts. Les deux plus grands d'entre eux appartiennent à une même
vertèbre cervicale à centrum complètement désagrégé. Les disques de cette vertèbre (Collection L. Ceulemans) ont un
diamètre de près de 11cm et un aspect vaguement cordiforme. Ces disques ainsi que les deux autres plus petits ont une
autre patine noirâtre et sont fortement pyritisés. Ces restes fragmentaires appartiennent à un ou plusieurs autres individus.
Les trois disques trouvés in situ se localisent entre 16m50 et 17m00. Ils proviennent de la dislocation d'un autre
squelette plus dispersé et altéré qui pourrait toutefois provenir du même horizon.
Contrairement à d'anciennes opinions ces présences saisonnières motivées par l'abondance planctonique dans les eaux de
surface n'impliqueraient pas obligatoirement des déplacements en latitude mais plus généralement des remontées post-
hivernales d'eaux relativement profondes vers les eaux superficielles.
La qualité de préservation de la majorité de ces fossiles exclut toute éventualité de remaniement. Il proviennent de
cadavres ou de portions de cadavres rapidement enfouis. Si les disques vertébraux sont bien calcifiés, les éléments
constitutifs des corps vertébraux des Cetorhinus sont particulièrement délicats et prompts à se corrompre. Sans traitement
adéquat, les vertèbres des individus fraîchement pêchés se déforment et se distordent dès le début de leur déshydratation.
Les rayons des corps des vertèbres laissées en solutions aqueuses non salées se corrompent et se désagrègent à
température ambiante en quelques jours sous nos latitudes (expériences personnelles). Ces observations permettent de
penser que toutes les vertèbres cervicales à précaudales de Cetorhinus parfaitement fossilisées sont demeurées post-
mortem en milieux aqueux et salins.
Les vertèbres caudales sont , pour des raisons mécaniques évidentes , beaucoup plus intensément calcifiées et se
conservent ou se fossilisent d'autant plus aisément.
Le genre Cetorhinus est présent en Belgique dès, et pendant tout , l'Oligocène. Des fanoncules de Cetorhinus parvus
LERICHE ont été découverts dans les Sables de Kerniel à Gellik, les Sables de Berg à Vliermael, les Sables de
Ruysbroek à Boom et à Sint-Niklaas ; des dents et des fanoncules de la même espèce ont été découverts dans divers
horizons de l'Argile de Boom (Fouilles J. Herman et collaborateurs).
Les fanoncules des deux espèces parvus et maximus se retrouvent associés dans le Miocène : Sables d'Anvers à Berchem
et dans la transition Miocène - Pliocène : Gravier de base des Sables du Kattendijk à Doel et à Kallo (Fouilles J. Herman
et collaborateurs). Cette association pourrait toutefois résulter de remaniements éventuels mêlant sédiments et fossiles
oligocènes et miocènes à ceux du tout début du Pliocène.
Au Pliocène, le genre est abondant dans les Sables du Kattendijk. Quelques fanoncules sont connus des Sables du
Luchtbal et des Sables d'Oorderen .
J. Herman Juillet 2003, révisé en Décembre 2003
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BELGISCHE GEOLOGISCHE DIENST
14E/0270 (VIII, b) - KAARTBLAD: LILLO
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