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010E0030.TXT

Pl. BLANKENBERGE  10E   
R.Rutot 

30 (III)           LE PUITS ARTESIEN DE BLANKENBERGHE
                                  par
                               A. Rutot.

          Conservateur au Musée Royal d'Histoire Naturelle de Belgique.

          A Blankenberghe, comme à Ostende et comme tout le long
          du littoral, la bonne eau potable fait défaut ou tout
          au moins, ne se trouve guère en quantité suffisante
          pour satisfaire aux besoins sans cesse croissants de la
          population.

          Malgré l'insuccès d'Ostende, l'édilité de Blankenberghe
          s'est demandée si le creusement d'un puits artésien ne
          pourrait pas augmenter les ressources en eau potable et,
          la nécessité d'agir aidant, le forage d'un puits
          artésien fut décidé et l'entreprise accordée à nos
          confrères M.M. Ibels et Lang.

          L'emplacement du puits n'a pas été choisi au centre de
          l'agglomération et diverses raisons, parmi lesquelles
          il faut sans doute compter le désir de s'éloigner
          autant que possible d'Ostende, firent décider que le
          forage aurait lieu à environ 2 kilomètres à l'E.N.-E.
          de la gare du chemin de fer, près de la voie ferrée de
          Blankenberghe à Heyst, l'orifice du puits se trouvant
          ainis vers la cote 3.

          Les travaux furent commencés en mars 1887 et pirent fin
          en octobre de la même année.

          M.M. Lang et Ibels, sollicités par nous de soigner,
          autant qu'il était en leur pouvoir, la récolte des
          échantillons, n'hésitèrent pas, dans le but d'être utiles
          à la science, d' abandonner en commençant la
          méthode de creusement par pression d'eau qu'ils
          emploient d'une manière courante pour y substituer le
          mode de forage ordinaire. Malheuresement, vers la
          profondeur de 16 mètres, les frais occasionnés par le
          changement de travail devinrent tels, qu'il fallut
          sacrifier la prise des échantillons à la bonne marche
          du forage, de sorte que les inconvénients que nous
          avons à reprocher au système de creusement à courant
          d'eau se sont produits et sont venus obscurcir la coupe
          de certaines parties des terrains traversés.

          Néanmoins, nous tenons à remercier vivement M.M. Ibels
          et Lang de leur bonne volonté et de l'empressement
          qu'ils avaient mis à satisfaire à notre demande.

          Passons maintenant à la description de la série des
          couches rencontrées:

          Puits artésien de Blankenberghe à 2 kilomètres E.-N.-E. de la gare.

          Cote approximative de l'orifice: 3m.

          TERRAINS RENCONTRES                   DE          A    EPAISSEURS

1         Sable de la plage                     0,00      2,30      2,30
2*        Argile grise sableuse                 2,30      2,90      0,60
3*        Sable gris avec lit de coquilles
          (Cardium edule) vers 3m35, 
          de profondeur                         2,90      4,00      1,10
4*        Tourbe pure                           4,00      6,00      2,00
5*        Sable gris un peu argileux            6,00      6,40      0,40
6*        Argile sableuse                       6,40      6,90      0,50
7*        Sable gris argileux                   6,90      9,40      2,50
8*        Sable gris meuble avec lit coquilier
          vers 16 mètres de profondeur, le reste
          sans coquilles                        9,40     28,00     18,60
9*        Sable meuble, gris verdâtre clair,
          glauconifère, avec débris de nombreux
          fossiles                             28,00     32,00      4,00
10*       Même sable avec moins de fossiles    32,00     35,00      3,00
11*       Sable meuble gris clair, glauconifère,
          grossier, presque graveleux, avec
          énormément de débris de coquilles    35,00     36,00      1,00
12*       Sable demi fin, gris verdâtre clair,
          peu fossilifère                      36,00     39,00      3,00
13*       Même sable, plus fossilifère         39,00     45,00      6,00
14*       Sable plus gros, glauconifère, 
          de teinte plus grise, avec très 
          peu de débris de fossiles            45,00     47,00      2,00
15*       Même sable plus glauconifère, sans
          fossiles                             47,00     60,00     13,00
16*       Argile grise sableuse                60,00     82,00     22,00
17*       Sable vert, fin, glauconifère, sans
          fossiles                             82,00     83,50      1,50
18*       Argile grise, sableuse un peu
          verdâtre                             83,50    122,00     38,50
19*       Argile grise, pure                  122,00    237,00    115,00
20*       Sable gris pâle, fin, peu pointillé,
          aquifère                            237,00    248,00     11,00
                                              ------    ------    ------
                                     Total                        248,00

          Telles sont les données lithologiques du sondage;
          essayons de déterminer l'âge des couches rencontrées.
  
          Il n'y a pas de difficulté pour reconnaitre dans les
          couches 1,2,3, et 4, la série moderne qui se retrouve
          presque tout le long de notre littoral; ce sont
          respectivement: le sable de la plage, l'argile des
          Polders, sableuse et coquillière vers le bas, et enfin,
          la tourbe.

          M. G. Vincent a reconnu dans le lit coquillier situé
          entre l'argile grise et la tourbe, la présence de
          nombreux Cardium edule, de Mytilus et d'Hydrobies.
          H. ulvoe Penn. type et variétés.

          Il est probable que sous la tourbe commence la série
          quaternaire; mais on ne peut rien préciser à ce sujet,
          les couches 5,6 et 7 pouvant également appartenir au
          terrain moderne.

          En admettant la tourbe comme base des terrains modernes
          le Quaternaire comprendrait alors au moins les couches
          5,6,7 et 8.

          Vers 16 mètres de profondeur le sable gris terne,
          meuble no 8, contient un lit coquillier qui a fourni à
          M. G. Vincent les espèces suivantes:

          FAUNULE DU LIT COQUILLIER à 16 Mètres de profondeur.
                  (Déterminations de M. G. Vincent)

                       ESPECES ACTUELLES.

                          Gastropodes.

 Succinea oblonga? Drap.            Hydrobia ulvoe, L.
 Cylichna mamillata, Philippi.      Natica intermedia, Phil. (N.Alderi,Forb.).
 Nassa reticulata? L                Adeorbis subcarinatus, Montagu.
 Cypraea europaea, L               
 Cerithium reticulatum, Da Costa    Scalaria clathratula, Adams
 Lacuna pallidula, Da Costa.        Phasianella pullus, L.
          - vincta, Montagu.        Trochus cinerarius, L.
 Rissoia inconspicua? Ald.          Callistoma zizyphinum, L.
          - parva? Montagu.

                        Scaphopodes.

          Dentalium tarentinum, Lmk.

                       Pélécypodes.

Ostrea edulis, L.                 Donax truncatulus, L.
Mytilus eulis, L.                 Solen ensis? L.
Arca lactea, L.                   Mactra subtruncata, Da Costa.
Pectunculus glycimeris, L.        Corbula striata, Walk et Boys. (Corb.
                                  gibba, Oliv.)
Astarte triangularis, Montagu.    Pholas candida? L.
Venus ovata, Penn.                Lucina divaricata, L.
Montacuta bidentata, Montagu.     Tellina baltica, L.
Cardium edule, L                  Tellina tenuis, Da Costa.
          - nodosum, Turton.      Scrobicularia compressa, Pult.
Meretrix chione, L.               Syndesmya alba, Wood.
Tapes edulis, L.                  Thracia sp?

                       Echinodermes.

Echinocyamus pusillus, Gray.


              ESPECES FOSSILES (REMANIEES) (1)

                       Gastropodes.

Turritella edita, Sow               Homolaxis laudnensis. Desh

                       Pélécypodes.

Limopsis sp?                        Kellia ambigua? Nyst (1)
Cardita Aizyensis? Desh

                       Annélides.

Ditrupa plana, Sow.

                       Foraminifères.

Nummulites elegans, Sow.


          Sous le sable no 8, c'est-à-dire sous 28 mètres de
          profondeur, commencent les difficultés.

          Si l'on s'en tient strictement aux échantillons
          lithologiques, on voit que sous 28 mètres apparaît un
          sable gris verdâtre clair, semblant pur et bien en
          place, différent du sable précédent, devenant très
          grossier de 35 à 36 mètres de profondeur sous l'orifice
          puis reprenant son grain régulier, demi-fin, jusque 45
          mètres.

          De 28 à 45 mètres le sable est fossilifère, et ce que
          l'on remarque tout d'abord, c'est l'extrême abondance
          de Turritelles et de Cardites de petite taille, dont
          les formes caractérisent la partie supérieure de
          l'Eocène inférieur, c'est-à-dire le Paniselien et la
          partie supérieure de l'Ypresien

          Les coquilles ne sont pas réparties uniformément dans la
          masse; d'après les échantillons fournis, elles sont
          abondantes aux niveaux de 32, 36 et 45 mètres; le niveau
          de 36 mètres offrant un fort maximum, correspondant à
          la zone grossière déjà indiquée.

          A la suite de cet examen superficiel, on serait tenté
          de ranger ces sables coquilliers dans les niveaux à
          Turritelles des sables paniseliens; mais un examen plus
          attentif des éléments fauniques tend à faire modifier
          cette conclusion.

          En effet, un tamisage des échantillons ayant permis de
          recieullir la faune de chaque niveau, il s'est trouvé
          que de 28 à 36 mètres inclus, la faunule éocène est
          fortement mélangée d'espèces à facies moderne,
          probablement quaternaires, et l'on trouve associées,
          surtout dans le lit grossier de 35 à 36 mètres de
          profondeur, des Turritelles et des Cardites éocènes à
          Cardium edule, à des Hydrobies et même à des coquilles
          d'eau douce.

          Voici, du reste, les faunules trouvées par M.G. Vincent
          dans le niveau grossier de 33 à 36 mètres:

          Faunules du sable graveleux retiré de 35 à 36 mètres de
          profondeur.

                       (Déterminations de M. G. Vincent)

Espèces fossiles éocènes.              Espèces actuelles ou quaternaires.

Solarium sp?                           Succinea putris, l.
Homalaxis (Bifrontia) laudunensis,     Planorbis rotundatus, Poir.
  Desh.                                                - albus, L.
Turritella edita, Sow.                 Rissoia ventricosa, Desm. 
Dentalium lucidum, Sow.                Hydrobia ulvoe, Penn.
Venericardia Aizyensis, Desh.          Adeorbis subcarinatus, Mont.
      - Prevosti, Desh                 Odostomia spiralis, Montag         
Crassatella propinqua, Wat.            Chlamys (Pecten) varius, L.
Corbula rugosa, Lmk.                   Donax truncatulus? Linn.
Lucina squamula, desh                  Pholas Candida, L.
Serpula heptagona, Sow.                Cardium edule, L.
Ditrupa plana, Sow. 
Nummulites elegans? Sow                  
Lucina crenata? Wood.                  
Cellepora sinuosa, Hass.               
                                        

          Comme nombre d'individus, les espèces éocènes dominent,
          surtout Turritella edita, mais les espèces de forme
          actuelle ne sont pas rares.

          D'autre part, sous 36 mètres, c'est-à-dire sous la zone
          grossière à éléments fauniques mélangés, le tamisage
          des sables n'a fourni à M.G. Vincent que des espèces
          éocènes pures, identiques à celles de la liste donnée
          ci-dessus, avec la même abondance relative de
          Turritella edita.

          Tout d'abord, vu l'apparente pureté du sable compris
          entre 28 et 36 mètres, qui ne le cède en rien à la
          partie inférieure de 36 à 45 mètres à faune éocène pure
          j'ai cru qu'il y avait eu descente, par suite du mode
          de forage à courant d'eau utilisé, d'éléments fauniques
          de la zone quaternaire coquillière de 16 mètres de
          profondeur, et mélange de ces éléments à ceux des
          couches éocènes, ainsi que le cas se présente parfois
          lorsque les matériaux constituant les couches
          traversées ne sont pas homogènes. J'étais disposé à
          admettre que des Cardium edule bivalves et renfermant
          du sable avec quelques petites espèces du même niveau,
          avaient coulé peu à peu à cause de leur poids, au lieu
          d'être remontées immédiatement par le courant ascendant
          étaient donc descendues jusqu'au niveau des sables
          éocènes, puis rejetées vers 36 mètres par un coup de
          pression avec tous les éléments grossiers qui s'étaient
          accumulés; mais, ainsi que M.G. Vinvent me l'a fait
          remarquer, l'abondance et surtout la variété des
          espèces actuelles ne permettent guère de s'arrêter à
          cette manière de voir; de sorte que le plus prudent, vu
          l'absence complète de gravier à 28 mètres, le mélange
          des faunes de 28 à 36 mètres, la présence de la zone
          graveleuse à 36 mètres et la cessation complète du
          mélange des espèces sous ce niveau ou la faune éocène
          devient pure, le plus prudent, disons-nous, est de
          tenir compte de la valeur propre de chaque échantillon
          et de considérer, comme remaniements quaternaires, les
          sables avec faune mélangée de 28 à 36 mètres, et de
          prendre comme base du Quaternaire le lit grossier et
          graveleux de 36 mètres.

          Le reste du sable, à faune éocène pure, serait donc
          ajouté aux couches sableuses éocènes sous-jacentes.

          Sous 45 mètres de profondeur, les sables glauconifères,
          passant avec alternances argileuses à l'argile grise
          ypresienne bien caractérisée, se laissent facilement
          déterminer; mais le sable gris vert clair, coquillier,
          éocène, compris entre 36 et 45 mètres, ne présente pas
          un facies ypresien qui nous soit bien familier.

          Les sables de l'Ypresien supérieur renferment assez
          souvent des lits coquilliers, mais alors ces lits sont
          presque uniquement formés de Nummulites planulata avec
          Turritella edita et hybrida, Ditrupa plana et Vermetus
          bognoriensis.

          Ici, nous n'avons reconnu que de rares exemplaires de
          Nummulites elegans (qui accompagne ordinairement la
          Nummulites planulata) dans les parties sableuses
          remaniées vers 36 mètres, et quant au reste de la
          faunule, il manque complétement de signification, car
          toutes les espèces citées, bien que se trouvant dans
          le sable ypresien, se retrouvent également dans tous
          les niveaux du Paniselien jusque et y compris dans les
          sables d'Aeltre.

          Il s'en suit que la faunule éocène trouvée est
          insuffisante pour servir à caractériser nettement l'âge
          paniselien ou ypresien, de sorte que l'hypothèse de la
          présence de couches paniseliennes épaisses de 9 mètres
          et surmontant 15 mètres de sable ypresien ne peut être
          rejetée à priori.

          Cependant, si l'on tient compte des faits
          stratigraphiques connus, relatifs à l'altitude et à
          l'épaisseur moyenne du Paniselien dans la Flandre
          occidentale, on peut conclure qu'il est hautement
          improbable que les sables fossilifères compris entre 36
          et 45 mètres soient d'âge paniselien.

          En effet, ainsi que je l'ai déjà montré dans le Texte
          explicatif de la feuille de Wacken (p.24) de la carte
          géologique de a Belgique à l'echelle du 1/20.000 et
          ainsi que M. E. Delvaux l'a également fait remarquer
          (1), la pente Nord-Sud, ainsi que la pente Est-Ouest
          des terrains sont faibles dans la Flandre occidentale,
          vers le littoral.

          D'autre part, j'ai montré, dans mon travail publié dans
          les Bulletins de la Société et intitulé: Détermination
          de l'allure souterraine des couches formant le sou-sol
          des Flandres entre Bruxelles et Ostende (Vol.I 1887.
          Mémoires, p. 3 à 19), que la base de l'étage paniselien
          se trouve, sous Bruges, vers la cote-15, c'est-à-dire
          vers 20 mètres sous la surface du sol; et de son côté
          M. E. Delvaux, dans son travail précité, a fait
          connaître l'existence à mi-chemin, entre Wenduyne et
          Blankenberghe, vers la cote + 1, le long de la plage,
          d'un assez large affleurement d'argilite paniselienne,
          avec grès durs fossilifères silicifiés, devant
          représenter à peu près la partie médiane du Paniselien,
          étage dont l'épaisseur totale, dans ces régions, ne
          doit guère dépasser 20 à 25 mètres. Il s'en suit que
          vers Blankenberghe, la base du Paniselien, lorsqu'il
          existe, ne peut guère descendre sous la cote -15, ce
          qui exclut complètement toute hypotèse de présence de
          sable paniselien sous 36 mètres de profondeur dans le
          puits artésien.

          Les sables coquilliers de 36 à 45 mètres devront être
          ajoutés à l'Ypresien et les sables remaniés, faisant
          actuellement partie de la base du Quaternaire, ont dû,
          primitivement à la dénudation, être compris dans
          l'Ypresien depuis environ 15 mètres de profondeur.

          Avant l'érosion quaternaire dans la région du littoral,
          le sable ypresien devait donc être compris entre les
          profondeurs de 15 à 60 mètres, soit 45 mètres
          d'épaisseur totale, dont il ne reste de nos jours que
          de 36 à 60 mètres, soit 24 mètres.

          Quant à l'absence des Nummulites planulata soit dans
          les couches remaniées quartenaires de 28 à 36 mètres,
          soit dans les couches éocènes en place de 36 à 45
          mètres, elle ne doit pas nous étonner, car, dans mon
          travail précité (p.19) j'ai fait remarquar que les lits
          à Nummulites planulata sont surtout développés entre
          Bruxelles et Gand et qu'à l'Est de Gand, on n'en trouve
          plus que de rares lentilles sporadiques, comme celle
          située à 2 kilomètres au Nord de Thielt. Au puits
          artésien d'Ostende, les lits à Nummulites ne se sont
          non plus pas montrés.

          Sous 60 mètres de profondeur commence, à Blankenberghe,
          l'argile ypresienne.

          De 60 à 82 mètres, soit sur une épaisseur de 22 mètres,
          existe une argile gris verdâtre sableuse, dont la masse
          est interrompue en profondeur par un lit de sable gris
          vert fin, glauconifère de 1m,50 d'épaisseur, puis
          l'argile sableuse reprend sans interruption de 83m,50
          à 122 mètres, soit sur 38m,50 d'épaisseur.

          Sous 122 mètres, la proportion de sable mêlé à l'argile
          diminue et l'on entre, de 122 à 237 mètres, dans une
          argile grise assez pure, qui forme la partie infèrieure
          de l'ypresien.

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      (1) E. Delvaux, Visite aux gites fossilifères
          d'Aeltre et exploration des travaux en cours
          d'exécution à la colline de St-Pierre à Gand. Ann. de
          la Soc. Roy. Malacolog. de Beig. T.XXI, 1886, pp. 274- 296.
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          Enfin, sous 237 mètres, la sonde a pénétré subitement
          dans du sable gris, fin, peu pointillé, très aquifère,
          landenien, d'ou l'eau a jailli au-dessus du sol. Ce
          sable, homogène, a été percé sur 11 mètres, ce qui
          porte la fin du sondage à la profondeur de 248 mètres.

          Dans le puits actuel, l'Ypresien est donc compris entre
          les profondeurs de 36 à 237 mètres, soit 201 mètres.

          Si nous admettons que la base du Paniselien devait se
          trouver vers la profondeur de 15 mètres sous le sol,
          nous pouvons évaluer la puissance totale primitive de
          l'Ypresien sous Blankenberghe à 222 mètres.

          C'est de beaucoup la plus forte épaisseur qu'il nous a
          été permis de constater dans notre pays pour cet étage.

          Des considérations et discussions qui précédent, nous
          pouvons donc résumer le puits artésien de Blankenberghe
          de la manière suivante:

                 Terrains rencontrés                  Epaisseurs

TERRAIN          Sable de la plage               2,30
MODRENE          Argile des Polders              0,60
                 Sable gris coquillier           1,10             6,00
                 Tourbe pure                     2,00
          

TERRAIN          Sable gris argileux             0,40
                 Argile sableuse                 0,50
QUATERNAIRE      Sable gris argileux             2,50
                 Sable gris meuble              18,60            30,00
                 Sable gris vert, meuble très
                 coquillier                      7,00
                 Sable vert grossier très 
                 coquillier                      1,00
          

ETAGE            Sable gris vert coquillier      9,00          )
YPRESIEN         Sable assez gros, glauconifère                )
                 sans fossiles.                 15,00     24,00) 201,00
                 Argile grise sableuse          62,00          )
                 Argile grise plastique        115,00    177,00)
          

ETAGE LANDENIEN  Sable blanchâtre homogène                        11,00
                                                                 ------
                                      Total                      248,00

          Contrairement à ce qui est passé à Ostende, le
          Landenien sous-jacent à l'argile Ypresienne ne s'est
          pas montré fossilifère; aucun indice de la présence de
          la faunule d'eau saumâtre qui caractérise les couches
          d'Ostende (Cyrena cuneiformis, Melania inquinata,
          Cerithium funatum, etc), n'a été rencontré.

          Dans tous les cas, comme à Ostende, le Landenien a
          perdu le facies purement marin qu'il possède sur une
          vaste étendue de notre pays.

          Vers le littoral, les facies d'estuaire, qui s'étaient
          localement montrés aux environs de Tirlemont et de
          Landen d'une part et d'Erquelinnes de l'autre,
          reprennent et constituent comme la passage de notre
          bassin landenien avec celui de Londres, ou dominent
          les couches saumâtres à Cyrènes.

          Pour terminer la partie géologique de ce travail, je
          crois bien faire de donner, dans le tableau suivant, la
          comparaison des coupes des puits artésiens d'Ostende et
          de Blankenberghe, dont les orifices sont très
          approximativement à la même altitude.

          En prenant des deux côtés la base de la tourbe comme
          limite conventionnelle entre les terrains modernes et
          quaternaires, nous avons:

                       PUITS d'OSTENDE.

          Terrains rencontrés                Epaisseur

          Terrain moderne                       6,45
          Terrain quaternaire                  27,05
          Etage ypresien (argile)             136,50
          Etage landenien Sable                20,50
                          argile               17,50
          Craie blanche                        64,00
          Marne turonienne                      2,20
          Cénomanien (?)                       26,00
          Phyllade cambrien, percé sur          7,85
                                              ------
                           Total              308,05

                       PUITS DE BLANKENBERGHE.

          Terrains rencontrés                Epaisseur.

          Terrain moderne                       6,00
          Terrain quaternaire                  30,00
          Etage Ypresien sable                 24,00
                         argile               177,00
                         sable percé sur       11,00
          Etage landenien      ?
                                              ------
                                  Total       248,00

          A Ostende, le sable ypresien et probablement une
          partie de l'argile ont été ravinés par l'érosion
          quaternaire; à Blankenberghe, le sable ypresien a été
          conservé sur 24 mètres et l'argile sous-jacente a
          encore 177 mètres de puissance. Il existe donc dans
          les cotes de base de l'Ypresien entre Ostende et
          Blankenberghe, une dénivellation de 136m,50 à 201
          mètres, soit 64m,50.

          Or, la distance comprise entre les deux puits artésiens
          est d'environ 20 kilomètres; il s'en suit que la pente
          moyenne de la base de l'Ypresien est d'environ 3m,23
          par kilomètre, ce qui est encore assez considérable et
          ce qui dépasse les appréciations basées sur les calculs
          de la pente du Paniselien dans les collines situées au
          Sud de Thielt, ou nous avons constaté une pente vers le
          Nord d'un peu moins de 1 mètre par kilomètre.

          Il est donc possible qu'à partir de Bruges les couches
          prennent une inclinaison plus forte vers le Nord; mais
          je suis porté à croire qu'au moins une partie de la
          dénivellation de 64m,50, constatée entre les cotes de
          base de l'Ypresien d'Ostende et de Blankenberghe, est
          due à une augmentation dans la puissance totale de
          l'ypresien par suite de l'éloignement plus grand de
          Blankenberghe relativement aux rivages du bassin
          ypresien.

          Tel est, croyons-nous, tout ce que l'on peut tirer de
          plus important des échantillons du puits de
          Blankenberghe; disons maintenant quelques mots des
          résultats du forage.

          Ces résultats n'ont malheureusement pas répondu aux
          espérances de l'édilité de Blankenberghe et des sondeurs

          Au point de vue du débit, la réussite est complète, car
          à 1 mètre au-dessus du sol, l'eau sort naturellement à
          raison de 150 litres par minute; malheureusement, si la
          quantité ne laisse rien à désirer, l'eau elle-même, au
          contraire, n'est pas utilisable.

          Non seulement cette eau a un goût salé et même
          légèrement sulfureuse, mais sa température est de 20
          degrés centigrades; c'est presqu'une eau thermale.

          Dans les premiers temps, la salure était très sensible
          (près d'un gramme de chlorure de sodium par litre),
          mais, depuis qu'on a laissé couler l'eau en abondance,
          la proportion de sel marin a diminué à peu près de
          moitiè; toutefois la température n'a pas changé et un
          essai fait récemment a encore accusé 20  C.

          D'où vient la salure des eaux des puits artésiens de
          Blankenberghe et d'Ostende ?

          Cette eau vient, pour ce qui concerne Blankenberghe, du
          Landenien, qui ne renferme pas de sel et dont les eaux,
          utilisées à Bruxelles, à Ninove, à Gand, également par
          puits artésiens, ne sont pas mauvaises.

          Mais, ainsi qu'on l'a constaté, l'Ypresien diminue
          d'épaisseur en allant du Nord-Est vers le Sud-Ouest, et
          cette épaisseur décroit jusqu'à se réduire à zéro avant
          d'atteindre Calais.

          Quant au Landenien, sa limite Sud déborde celle de
          l'ypresien, de sorte qu'il affleure assez largement, au
          niveau de la mer, sous les sables de la plage, entre
          Dunkerque et Calais.

          Des infiltrations d'eau de mer doivent donc
          inévitablement avoir lieu le long de l'affleurement
          littoral et c'est cette eau qui, entraînée par la
          pente, vient se mélanger à l'afflux d'eau douce qui
          s'infiltre tout le long de l'affleurement landenien
          continental passant par Saint-Omer, Béthune, Lille,
          Tournai, Ath, Hal Wavre, Landen et Saint-Trond.

          On aurait pu toutefois espérer que l'importante
          nappe souterraine d'eau douce qui tend à s'écouler
          dans la direction N.N.O., aurait pu refouler les
          eaux salées venant du Sud-Quest et de l'Ouest, d'autant
          plus que ces eaux ne s'infiltrent guère au-dessus de la cote
          zéro, tandis que l'altitude des infiltrations
          continentales d'eau douce est sensiblement supérieure;
          mais il faut aussi réfléchir que l'eau douce qui
          s'infiltre le long de la ligne d'affleurement indiquée
          ci-dessus se sépare souterrainement en plusieurs
          niveaux au travers du Landenien lui-même et du Crétacé

          Entre Bruxelles et Gand, la nappe de la partie
          supérieure du Landenien est véritablement étranglée par
          le peu d'épaisseur relative des sables; la circulation
          est donc rendue très difficile et les frottements
          occasionnent, au bout du parcours de Bruxelles à
          Blankenberghe, une perte de vitesse et de charge telle
          que la différence d'altitude des points d'infiltration
          ne compte plus et que l'action du courant d'eau salée
          n'est plus efficacement contrebalancée.

          A cause de la facilité d'infiltration le long du
          littoral, les eaux marines infiltrées peuvent gagner le
          Nord-Est et venir ainsi aider à noyer les sables
          perméables de la partie supérieure du Landenien
          incomplètement injectée d'eau douce par suite du
          rétrécissement des conduits, des frottements et de la
          perte de charge qui en résulte.

          Peut-être ces frottements et la lenteur avec laquelle
          l'eau douce circule souterrainement dans les couches
          profondes sont-ils des facteurs importants de la
          température relativement élevée constatée.

          Peut-être aussi la circulation plus active de l'eau
          douce continentale amènera-t-elle progressivement une
          diminution continue de la salure; mais, dans ce cas,
          il est à craindre que la température de l'eau ne
          s'élève encore, car, à cause de la facilité relative de
          circulation de l'eau salée, celle-ci joue probablement,
          jusqu'à un certain point, le rôle de réfrigérant.

          De toutes façons, l'avenir ne paraît pas bien brillant
          et il n'y a guère d'espoir de voir jamais jaillir de
          l'eau fraiche.

          Ajoutons que le puits est tubé au moyens d'une seule
          colonne de 240 mètres de longueur et de 0m,178 de
          diamètre.


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          RUTOT A.-BULL. de la Soc. belge de géol. Bruxelles.
          1888, t.II, pp. 260-270.


                       PUITS ARTESIEN DE BLANKENBERGHE

          L'un de nous a déja donné, dans le Bulletin (I) la
          coupe du puits artésien de Blankenberghe, creusé par
          notre confrère M. Lang.

          D'autre part, notre regretté confrère, M. l'ingénieur
          Van Mierlo, avait, à la séance du 27 février 1889,
          donné les résultats de l'analyse de l'eau du puits.

          Pour rendre complet le présent travail, nous
          reproduisons ci-après les principales données
          utilitaires relatives à ce puits.

                       Cote de l'orifice: 3 m.

Terrain moderne et quaternaire                             36,00
ETAGE      Sable                                 24,00
YPRESIEN   Argile                               177,00    201,00
ETAGE      Sable aquifère                                  11,00
LANDENIEN                                       ----------------
                                       Total              248,00

          L'eau sort donc du sable landenien.

          Niveau hydrostatique. Ce niveau n'est pas connu, mais
          l'eau est jaillissante.

          Débit. D'aprés M. Lang, l'eau s'écoulerait
          naturellement à raison de 150 litres par minute à 1
          mètre au-dessus du sol; d'après un autre jaugeage, le
          débit serait de 7.81,7.50 par minute. Peut-être y a-t-il
          des variations de débit analogues à celle signalées
          pour le puits d'Ostende.

          Température de l'eau. La température, mesurée à
          diverses reprises, a toujours accusé, à la sortie, 20 
          centigrades.

          Analyse de l'eau. M. Dryepoundt-Bergeron, pharmacien et
          membre de la Commission médicale provinciale, à Bruges,
          a trouvé:

          Chlorure sodique                 4gr,2510 par litre.
          Acide carbonique                 0,0250   "    "
          Carbonate calcique               0,0618   "    "
          Sulfate calcique                 0,0840   "    "
          Sel de magnésie                  0,0990   "    "
          Pas d'iode

          Plusieurs analyses ont confirmé la haute teneur de plus
          de 4 grammes de sel marin par litre.


             Tubage. Diamètre intérieur du tube: 0m,162.

          (1) Voir A Rutot. Le puits artésien de Blankenberghe
          Bull. Soc. Belge de Géol. T. II, Mém 1888, pp. 260-270.


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          Rutot A. et Van den Broeck E.-Bull. de la soc. de géol.
          Bruxelles, 1890 T.IV, pp. 209-210.


                  II.- LE PUITS ARTESIEN DE BLANKENBERGHE.

          Les constatations faites à Bruges éclairent d'un jour
          tout nouveau l'interprétation des couches rencontrées
          dans le puits artésien de Blankenberghe.

          J'ai publié, en 1888, un travail sur le puits artésien
          de Blankenberghe (I), d'après les matériaux qui
          m'avaient été remis par les sondeurs: Messieurs Ibels
          et Lang.

          Non seulement, en 1888, je ne savais pas ce que je sais
          maintenant sur le Paniselien, mais je ne connaissais
          rien des couches modernes constituant la plaine maritime.

          Depuis lors, mes levés dans la plaine maritime m'ont
          fourni la connaissance complète des couches modernes et
          quaternaires qu s'y rencontrent, de sorte que je suis à
          même de fournir, pour les couches des puits artésiens
          de Blankenberghe, des déterminations beaucoup plus précises.

          Je transcris-ci-après le résumé des couches traversées
          par le puits, d'après ma note de 1888:
          cote +3

                       Terrain rencontrés                    Epaisseurs

TERRAIN         Sable de la plage                               2,30
MODERNE         Argile des Polders                              0.60  6m00
                Sable gris coquillier                           1.10
                Tourbe pure                                     2.00
          
TERRAIN         Sable gris argileux                             0.40
QUATERNAIRE     Argile sableuse                                 0.50
                Sable gris argileux                             2.50
                Sable gris meuble                              18.60  30m00
                Sable gris, vert meuble, très coquillier        7.00
                Sable vert, grossier, très coquillier           1.00
          
ETAGE           Sable gris vert coquillier         9m00
YPRESIEN        Sable assez gros glauconifère                  24.00
                sans fossiles                     15.00              201m00
                Argile grise, sableuse            62.00
                Argile grise plastique           115.00       177.00

ETAGE LADENIEN  Sable blanchâtre homogène                              11.00
                                                                      ------
                                                     Total            248.00

          Or, grâce à l'établissement de l'échelle
          stratigraphique des couches modernes et quaternaires de
          la Plaine Maritime et des nouvelles observations faites
          dans le Paniselien de la même région, je suis en
          mesure d'apporter des rectifications sérieuses à
          l'interprétation reproduite ci-dessus.

          D'abord, pour ce qui concerne les couches modernes,
          voici la série stratigraphique normale, telle que je
          l'ai déduite de mes levés et telle que l'a trouvée
          aussi M. Mourlon dans les régions de l'Escaut et du
          Littoral qu'il a également levées; j'y joins les
          notations des divers termes adoptés dans la légende de
          la carte géologique au 1/40 000.

          SP     Sable de la plage et galets.
          ALP2   Argile supérieure des Polders.
          ALQ    Sable meuble à Cardium, avec fines linéoles
                 argileuses vers le haut, avec galets et tourbe et
                 grès paniseliens remaniés vers le bas.
          ALP1   Argile inférieure des Polders.
          ALR2   Alternances très fines d'argile grise et de sable
                 gris blanchâtre, avec lit de Scrobicularia plana
                 au sommet.
          T      Tourbe pure.
          ALR1   Sable fin, plus ou moins argileux, parfois avec
                 lits d'argile.

          Ce sable repose sur un sable gris plus grossier, qui
          est le sommet du Quaternaire flandrien.

          De l'examen des échantillons du puits et du résultat de
          sondages pratiqués par moi, à proximité de l'orifice
          du puits, lors de mes levés, je puis actuellement
          rapporter toutes les couches traversées aux termes de
          la série stratigraphique développée ci-dessus.

          Un seul terme manque-à part la sable de la plage, qui
          n'existe pas derrière les dunes- c'est l'argile des
          Polders supérieure.

          D'après mes levés, elle vient toutefois pousser une
          pointe à proximité.

          La sonde est donc entrée d'abord dans le sable
          coquillier alq, puis a successivement traversé la série
          complète des couches modernes alp1,alr2,t et alr1 sur
          les épaisseurs qui seront données ci-après.

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      (1) A. Rutot. Le puits artésien de Blankenberghe (Bull.
          de la Soc. belge de goél. t.II 1888.
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          Sous alr1, la sonde est entrée dans le Flandrien q4m,
          facies marin, très coquillier, avec faune actuelle en
          place et faune éocène remaniée. La base de Q4m est
          nettement indiquée par un lit graveleux, très
          coquillier.

          On arrive ainsi à la profondeur de 36 mètres.

          C'est alors qu'on entre dans l'Eocène, par des couches
          qui m'ont fort intrigué anciennement et que, faute de
          mieux, j'ai rangé avec doute dans l'ypresien, n'ayant
          alors encore aucune notion de l'existence ou de
          l'importance du terme sableux P1b et de la
          transformation des couches paniseliennes du facies
          normal en facies littoral, au fur et à mesure que l'on
          s'approche du littoral actuel.

          Or ces couches sableuses, fossilifères entre 39 et 45
          mètres, doivent représenter l'ensemble des termes P1d
          et P1b que je ne connaissais pas et que les puits de
          Bruges viennent de nous dévoiler, bien que sous un
          facies peu fossilifère.

          Mais il y a mieux. Je viens de découvrir à Eeghem, à
          l'Ouest de Thielt, le terme P1b rempli de fossiles avec
          test, très semblable au facies rencontré dans le puits
          de Blankenberghe, de sorte que je crois la question
          complètement élucidée.

          Pour ce qui concerne la découverte du terme P1b
          fossilifère, c'est en effectuant le levé de la feuille
          Wynghene-Thielt, que, passant par Eeghem, j'ai
          rencontré dans la partie, à proximité de l'église du
          village, une petite excavation que l'on venait de
          creuser pour servir de fosse à rouir le lin.

          L'excavation était carrée, d'environ 2m50 de côté et
          de 1 mètre de profondeur.

          En l'absence de Quaternaire, on voyait très nettement,
          au sommet, sur 0m,30 le bas du terme argileux P1c avec
          grès fossilifères, puis sur 0m70, un sable vert,
          glauconifère, rempli de fossiles avec le test, à faune
          paniselienne.

          Des sondages effectués dans les environs m'ont donné,
          tantôt le facies altéré sans fossiles, tantôt le facies
          normal fossilifère.

          J'ajouterai encore que la série des sédiment
          paniseliens de Blankenberghe ressemble beaucoup à
          celle de Bruges; au sommet, on a d'abord des sables
          fins, glauconifères, puis, plus bas, viennent les
          sables à gros grains, gros points de glauconie, grandes
          paillettes de mica; la seule différence consiste dans
          l'absence, à Blankenberghe, des fragments de lignite xyloïde.

          Ces nouvelles données fournies, voici comment
          j'interprète actuellement les couches traversées au
          puits artésien de Blankenberghe.

          NOUVELLE INTERPRETATION DES COUCHES TRAVERSEES AU PUITS
                      ARTESIEN DE BLANKENBERGHE.

Notations         Descriptions des couches               Epaisseurs.
Géologiques

alq       Sable meuble coquillier                         2m30
alp 1     Argile infèrieure des Polders                   0.60   2.90
alr 2     Alternances d'argile et de sable fin            1.10   4.00
t         Tourbe pure                                     2.00   6.00
alr 1     Sable plus ou moins argileux                    3.50   9.50
q4m       Flandrien, facies marin, sable gris
          coquillier à la base                           26.50
P1db      Sable fin coquillier vers le haut; sable à
          gros points de glauconie ver le bas
          (Paniselien)                                   24.00
yd c      Argile ypresienne, sableuse vers le haut,
          plus pure vers le bas                         177.00
l2        Sable gris pâle, fin, peu pointillé, aquifère
          (Landenien)                                    11.00
                                                       ---------
                                              Total     248m00

          Soit, plus en résumé:

          Terrain moderne.                      9m40
          Quaternaire flandrien                26.50
          Paniselien (Pldb                     24.00
EOCENE    Ypresien (ydc)                      177.00
INFERIEUR Landenien (L2)                       11.00
          
          D'après cette interprétation, c'est le sable ypresien Yd qui
          semblerait faire ici défaut, mais, sans doute, c'est là
          plutôt une apparence qu'une réalité, et l'argile
          sableuse retirée par les instruments résulte
          probablement du mélange du sable ypresien avec les
          linéoles argileuses qu'il renferme d'habitude.

          Quant au terme argileux P1c, je crois qu'il fait
          réellement défaut et que le terme sableux supérieur
          P1d, passe par le bas directement au terme sableux
          inférieur P1b.

          De même le terme argileux lagunaire p1m fait défaut et
          si les échantillons avaient pu être pris d'une façon
          plus nette, peut-être aurait-on pu saisir, au contact
          du Paniselien sur l'Ypresien, le terme graveleux P1a,
          dont l'existence sous Bruges parait bien certaine.

          Rutot A.-Bull. de la soc. belge de géologie Bruxelles,
          1895, t.IX, pp. 294-297.

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          J. Delecourt.- Bulletin de la Société belge de
          géologie, etc. Bruxelles, 1938, tome 48, fasc.3,pp.580-589.

                       COMMUNICATIONS DES MEMBRES:

          SUR LA COMPOSITION CHIMIQUE DES EAUX DU PUITS ARTESIEN
                       DE BLANKENBERGHE,

                       Par J. Delecourt.

          Le puits artésien de Blankenberghe a été exécuté, en
          1887, par nos confrères Ibels et Lang. Foré à injection
          il a rencontré le Landénien à 237 m. et a été terminé
          dans cet étage à 248 m. A. Rutot a donné une
          description des terrains traversés qui méritaient
          d'être revue à la lueur des faits nouveaux (1).
          J. Cornet propose avec plus de raison, je crois, la
          coupe résumée ci-dessous (2):

          Holocène                           de  0,00 à   6,00m.
          Pléistocène                        de  6,00 à  36,00m.
          Panisélien                         de 36,00 à  60,00m.
          Yprésien:
          Argile sableuse                    de 60,00 à 122,00m.
          Argile pure                        de122,00 à 237,00m.
          Landénien: Sable fin blanchâtre
          peu glauconifère                  de 237,00 à 248,00m.

          L'essentiel pour nous est de savoir que le forage a été
          bien tubé au moyen d'une colonne étanche et que les
          eaux n'ont jailli qu'à partir de la rencontre des
          sables fins compris entre 237 et 248 m. C'était donc le
          courant landénien et lui seul qui alimentait le forage.
          La température au jaillissement était de 20 . Elle
          indiquait un degré géothermique, très bas, tout au plus
          de
                  (248 + 237) 
                  ----------- - 10 :(20 - 9) = 21,14m.
                       2

          En raison de la composition chimique de ses eaux, le
          puits de Blankenberghe, comme d'ailleurs celui
          d'Ostende, fut longtemps inutilisé. Certain jour, on
          songea à l'emploi de l'eau d'Ostende à des usages
          thérapeutiques et, en 1931, fut creusé le nouveau puits
          dit <<Ostende Thermal>> (3). Quant au forage de
          Blankenberghe, on y pensait si peu, que son emplacement
          même était perdu.

          M. le bourgmestre Pauwels se rappelait pourtant fort
          bien un tube d'ou jaillissait une << fonteintje>>
          autour de laquelle il avait pataugé enfant. Il se
          souvenait également de la saveur particulière de l'eau
          et de sa température apparemment élevée pendant les
          journées hivernales.

          En 1936, on se mit à la recherche de la << fonteintje>>
          à l'intérieur d'un batardeau construit dans une
          emprise du chemin de fer, emprise qui se trouvait
          malheureusement noyée. C'est en août 1936 que nous
          pûmes voir le sommet d'un tubage, de 178 mm. de
          diamètre, fort bien conservé. Malheureusement le
          puits ne jaillissait plus et un premier sondage nous
          démontrait qu'il était obstrué à 24m60.

          Toujours d'après mes conseils et sous la poussée
          agissante de son actif bourgmestre, l'Administration
          communale fit curer le puits. Il jaillit de nouveau
          depuis le début du mois d'août. La température des eaux à
          fin août 1938, lors de ma dernière visite, était de
          18,2  à 10 m. sous le sol. Elle s'élèvera
          vraisemblablement jusqu'à 20 . température constatée en
          1887, car les échanges thermiques entre la colonne
          d'eau ascendante en mouvement et les terrains qui
          l'entourent ne sont pas encore équilibrés. Les
          indications relatives à la faiblesse du degré
          géothermique en cet endroit semblent se confirmer.
          Cette constatation est pleine d'intérêt parce que la
          position de la venue d'eau est ici bien localisée entre
          237 et 248 m.

          Ch. Van Mierlo a communiqué à notre Société (4) le
          résultat d'une analyse faite vers 1887 par Dryepoundt,
          membre de la commission médicale provinciale.

          La voici:

          Chlorure sodique     4,2510 gr par litre.
          Acide carbonique     0,0250    "
          Carbonate calcique   0,0618    "
          Sulfate calcique     0,0840    "
          Sel de magnésie      0,0990    "

          Cette analyse est interprétée, incomplète et il est
          impossible de la désintégrer.

          Dans le travail de J.-B. André sur les eaux
          alimentaires (5), on trouve d'autres renseignements:

          Résidu d'évaporation             5,560 gr. par litre.
          Dureté totale                    23  français.
          SO3                              0,050 gr par litre.
          C1                               2,550     "

          Les renseignements relatifs au chlore et à SO3 sont
          déduits de l'analyse de Dryepoundt, ainsi que l'on peut
          s'en convaincre, mais c'est, je pense, au chimiste
          Van den Berghe que l'on doit deux déterminations
          importantes: celle du résidu d'évaporation et celle de
          dureté totale.

          On se rappellera que c'est en 1925 que j'ai commencé à
          parler de la zone de sursalure du Grand Courant
          artésien en commentant les résultats de l'analyse des
          eaux du puits de Bailleul (France) (6).

          En 1928, je pouvais démontrer, grâce aux analyses de
          Dryepoundt et de Van den Berghe, qu'à Blankenberghe les
          phénomènes de sursalure affectaient aussi la nappe
          landénienne (7).

          Nous allons voir plus loin que cette affirmation se
          confirme.

          En août 1938, à ma demande, un premier échantillon
          d'eau me fut expédié et j'en confiai l'analyse à M.
          Meunier, de Saint-Ghislain. Cette analyse sommaire,
          mais très bien faite, a donné les résultats suivants:

          Résidu sec à 105  C               5,5960 gr. par litre.
          Dureté totale                    27   français.
          Dureté permanente                 9    "
          Dureté temporaire                18    "
          Alcalinité en CaCO3              0,4750 gr. par litre.
          Chlore en Cl                     2,5700      "
          Sulfates en SO3                  0,4580     "
          Chaux en CaO                     0,0531     "
          Magnésie en MgO                  0,0563     "
          Agressivité par alcalinité:CaCO3 (0,485-0,475)=0,010.
          Agressivité par dureté:CaCO3 (29 -27 ) X 0,01 = 0,020.
          Ammoniaque                        présence nette.
          Nitrites                          traces.
          Nitrates                          néant.
          Matières organiques               0,130 gr. par litre.
          Matières organiques en oxygène.   0,00655

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      (1) A. Rutot. Le puits artésien de Blankenberghe (Bull.
          Soc. belge de Géologie, t.II, 1888, Mémoires, pp.260-270).
      (2) J. Cornet, leçons de géologie, Bruxelles édit.
          M. Lamertin, 1927.
      (3) A. Renier, Le sous-sol d'Ostende: Sa constitution
          géologique. Ses particularités hydrologiques (Ostende-
          Thermal, 41me année, no 15, 1937, Ostende).
      (4) Ch. Van Mierlo, Analyse de l'eau fournie par le
          puits artésien de Blankenberghe (Bull. Soc. belge de
          géologie, t. III, 1889, p. 109).
      (5) J.-B. André, Enquête sur les eaux alimentaires, t.
          II, 1906. Impr. Lesigne, 27, rue de la Charité, Bruwelles.
      (6) J. Delecourt, La salure des eaux artésiennes de la
          Basse et de la Moyenne Belgique, 2e note (Ann. Soc.
          géol. de Belgique, t. XLVIII, 1925,
          Bulletin, p. 49).
      (7) J. Delecourt, Op cit., 3e note, 1928.
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          Voici comment j'interprète les résultats ci-dessus:

          La présence nette d'ammoniaque et l'existence de traces
          de nitrites indiquaient que les tubages n'étaient pas
          encore, au moment de la prise d'échantillon,
          complètement purifiés des matières organiques qu'ils
          supportaient avant et pendant le curage du puits. Ces
          matières organiques apparaissaient d'ailleurs par 6,55
          mgr. en oxygène ou 130 mgr. en matières organiques.

          Il y aura donc lieu de refaire une nouvelle analyse.
          On constatera alors:

          1  l'abense complète d'ammoniaque;
          2  l'absence de nitritres;
          3  une diminution considérable de l'oxydabilité.

          Néanmoins l'analyse actuelle donne des indications très
          précises sur la nature des matières minérales dissoutes.

          Exprimée en millivalences, cette analyse se traduit ainsi:

          Millivalences acides.            Millivalences basiques
               ------                                -----

          Cl           72,40               Ca        1,89
          SO4          11,45               Mg        2,82
          CO3           9,50               Na + K   88,64
                       ------                       ------
                       93,35                        93,35

          La somme des millivalences sodique et potassique est
          déterminée par différence. Une nouvelle analyse
          complète devra établir ces chiffres par dosages directs
          du sodium et du potassium. Nous savons que les
          millivalences potassiques seront faibles et par
          conséquent en tirons un premier groupement des corps
          contenus dans le résidu sec:

          Sulfate de calcium                         0,12852
          Sulfate de magnésium                       0,16920
          Sulfate de sodium                          0,47854
          Carbonate de sodium                        0,50350
          Chlorure de sodium                         4,23500
          Indosés, matières organiques, équation
          personnelle                                0,08124
                                                     -------
          Résidu sec pesé (par litre)                5,59600
          Dureté calculée                            24,55   français.
                                  5,596
          Millivalence moyenne   ------- =           59,94
                                 93,35

          Il apparait que la composition chimique des eaux n'a
          pas dû se modifier bien considérablement depuis
          l'exécution du forage.

          Les analyses de 1887 donnent:

          Résidu sec                       5,560 gr. par litre.
          Chlorure de sodium               4,251 par litre
          Dureté mesurée                   23  français.

          Un demi-siècle plus tard celle de M. Meunier, d'août 1938, donne:

          Résidu à 105  C                  5,596 gr. par litre.
          Chlorure de sodium               4,235 gr. par litre.
          Dureté calculée                 24,55  français.

          J'ai calculé la dureté par CaO et MgO, parce que, pour
          une eau contenant plus de quatre grammes de NaCl, il
          est difficile d'établir nettement quand la mousse
          devient persistante à l'aide d'une solution même
          spéciale de savon. Quoi qu'il en soit, les duretés
          mesurées en 1887 et 1938, ainsi que la dureté calculée
          par le dosage de la chaux et de la magnésie, sont assez
          élevées et de toute façon très supérieures à 6  français.
          Il se confirme donc que nous sommes en pleine
          zone de sursalure landénienne.

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          F. Halet               1913

30(suite) Le puits artésien creusé en 1887 pour la ville de
          Blankenberghe est actuellement complètement abandonné.

          A l'emplacement de ce puits on ne voit qu'une mare
          d'eau stagnante.

          Cette mare est divisée en deux parties par une
          ancienne digue en terre.

          Il est probable que ce puits jaillissant au début est
          actuellement complètement ensablé.

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          Extrait d'une lettre du 4 mai 1888, adressée par le
          Bourgmestre de Blankenberghe au sondeur Dotremont de Hougaerde:

          " Je m'empresse de vous faire connaître que l'eau qui
          " sort actuellement du puits que vous avez foré ici a
          " une température de 20 degrés."

          Extrait d'une lettre du 27 août 1888, adressée à
          Mr. A.Rutot par J.B.Ibels:

          "Le puits de Blankenberghe est tubé avec une seule
          "colonne de tubes de 7" = 178 mm. A environ un mètre
          "au-dessus du sol le débit naturel est de 150 litres par minute".
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