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141W0275.TXT

PL. ROEULX 141W
R.MARLIERE

275 (III)

Bull. Soc. belge de Géologie. T.XLIII, 1933, pp.187-189.

Carrière des Cimenteries de Thieu. (8) (1)

L'un des fronts de l'exploitation est disposé dans la direction Nord-Ouest
-- Sud-Est; il montre une craie blanche renfermant des lits de rognons de
silex bigarrés de gris et de noir. Environ 6 mètres au-dessus du lit supér-
ieur, un "banc dur", un peu roux, forme corniche: c'est une roche con-
glomératique à ciment crayeux, un peu ferrugineux, à nodules et galets
phosphatés; quelques spongiaires s'y rencontrent. Sous ce poudingue, on est
en présence de la Craie de Saint-Vaast (2) Sénonien inférieur: Coniacien et
Santonien ?. Au-dessus, on voit une craie sans silex, très fissuré, identi-
que à celle que nous avons vue dans la nouvelle carrière Denuit: c'est la
craie de Trivières. L'inclinaison des couches se fait à quelques degrés (4°
à 8°) vers le Nord-Ouest (exactement Nord 56° Ouest); nous sommes précisé-
ment en un endroit où le grand bassin crétacique est affecté d'un petit
synclinal transversal.

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(1) En permettant et en faciliant notre étude, MM. DELHAYE et DUBOIS,
directeurs, se sont acquis des droits à notre gratitude. Nous leur
adressons tous nos remerciments.
(2) J.CORNET y aurait trouvé Actinocamax quadratus, Actinocamax verus,
Inoceramus involutus.
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La figure 4 représente une coupe du front perpendiculaire au précédent.
A droite, la superposition est la même que dans la coupe Nord-Ouest - Sud-
Est. Brutalement les silex, en lits horizontaux, disparaissent, mis en
contact anormal avec une craie blanche, légèrement grisâtre, sans silex,
peu fossilifère, criblée de lithoclases (Craie de Trivières). La surface de
contact est parcourue de fines stries de glissement, et l'amplitude verti-
cale du mouvement est certainement supérieur à 18 mètres, puisque la craie
de Saint-Vaast n'est pas connue à gauche de la cassure (v. croquis). Parmi
les failles visibles dans le Crétacé du Hainaut, la faille de Thieu est
celle qui a le plus fort rejet, ceux des failles observées par J.Cornet
dans le Crétacé des environs de Ciply n'étant que de quelques mètres.

En parcourant la coupe vers le Sud-Ouest on voit apparaître à une trentaine
de mètres de la faille, une véritable brèche crayeuse, roche massive en
apparence, entièrement constituée par de la craie blanche en blocs anguleux
de 80 à quelques centimètres de diamètre, entre lesquels une craie plus
finement divisée joue le rôle de ciment, des oxydes de fer et de manganèse,
plus ou moins mélangés à des matières argileuses peu abondantes, recouvrent
certains joints. De grandes cassures se voient par-ci par-là, mais il est
très difficile de les suivre à cause de l'état de fissuration des roches et
de l'absence de lit-repère.

Les excursionnistes reconnaissent que, à première vue, rien ne permet de
distinguer la brèche de Thieu de la brèche d'Havré.

Croquis (fig. 4): Carrière des cimenteries de Thieu.
Faille et brèche de Thieu. - Hauteurs multipliées par 2.

1. Sables, argiles sableuses et limons pléistocènes.
2. Craie de Trivières.
2' Brèche crayeuse.
3. Craie de Saint-Vaast.

Fort heureusement l'affleurement de Thieu montre un conglomérat phosphaté
et l'observation des allures de ce banc est fort instructive. Il se présen-
te en blocs disjoints, mais cependant restés en lit; on peut le suivre sur
20 mètres environ, distance sur laquelle il est affecté de quatre petites
failles en escalier, dont les rejets verticaux sont respectivement de 0m05,
0m10; 1 mètre et 2 mètres. Ces petites dénivellations sont bien visibles au
niveau du conglomérat, mais elles se perdent entre les blocs au-dessus et
au-dessous, où il est impossible de la retrouver. Elles sont notés par le
lettre "f" sur la figure 4.

Ici reprennent les échanges de vues, la plupart des membres prenant une
part active à la discussion en jetant de-ci de-là quelques idées que l'on
examine sur le champ; cependant aucune explication n'est proposée avec
fermeté, parce que les arguments démonstratifs manquent et que les opinions
n'ont pas encore eu le temps d'éclore. M. Ch.Stevens pense que la structure
bréchique de la roche de Thieu est un effet des mouvements récents: le
substratum primaire continuerait à subir des influences tectoniques et les
formations qu'il supporte doivent alors suivre ces mouvements en s'adaptant
et en réagissant chacune selon ses propriétés physiques; les craies, notam-
ment, ne peuvent que se briser et ainsi prendre les aspects que nous lui
voyons dans cette carrière.

Dans une descriptions géologique de la faille et de la brèche de Thieu (1),
on trouvera un aperçu général sur les brèches crayeuses de la région fran-
co-belge et quelques idées sur leurs modes de formation.

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(1) R.MARLIERE.- La brèche crayeuse et la faille de Thieu (description
géologique), Ann. Soc. Géol. de Belgique, t.LVI, 1933, n° 10, juillet
1933).
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Les excursionnistes sortent de la carrière en la parcourant par le dessus:
sur 4 à 8 mètres d'épaisseur, des sables gris-vert très glauconieux, des
argiles plus ou moins sableuses, des limons argilo-sableux et des caillou-
tis en stratification entrecroisée se rencontrent un peu partout. L'ex-
ploitation se faisant à la pelle mécanique, il est impossible de trouver
une coupe claire, mais semble-t-il, toutes ces formations sont à rapporter
au Pléistocène.

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PL. ROEULX 141W

275 (suite) et PL. OBOURG n° 168 (suite)

R.MARLIERE.- Société Géologique de Belgique. Liège, 1936-1937, p. 275.

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THIEU – Carrière de la Cimenterie de Thieu Planchette Obourg 141 W 275 (suite)
Observations J. Herman 1973 - 1987

Historique – descriptif :

La possibilité de retrouver le niveau décrit par R. Marlière en 1937 me fut signalée au début 1973 par M. José Blondiau, responsable des Avoirs de la S.A. Ciments d’Obourg, qui avait conservé ses bureaux en l’usine de Thieu encore active. La carrière elle même était déjà à l’abandon depuis quelques années. La prospection en fut aussitôt entreprise.
En 1973, les flancs de l’ancienne exploitation permettaient encore d’observer et d’échantillonner les diverses strates décrites par Marlière, à l’exception du niveau phosphaté au sein de la Craie de Trivières. Le flanc Nord montrait encore la superposition de la Craie de Trivières (Campanien inférieur Cm1a) sur la Craie de Saint-Vaast (Santonien Sa).

Il eut été intéressant de pouvoir identifier ce niveau phosphaté de la Craie de Trivières dessiné décalé en gradins par Marlière pour apprécier le rejet relatif de la faille. De quel horizon s’agissait-il : 2ème, 3ème , 4ème ou 5ème ? . Je ne l’ai point retrouvé. Il pouvait être masqué par les éboulis ou avoir disparu à cause d’une petite faille transverse. Toute la zone Obourg-Havré-Thieu-Strépy est un clavier de piano brisé et distordu.
La Craie de Saint-Vaast, légèrement grisâtre, très finement grainée et légèrement argileuse, y présente des horizons silexifères à petits silex à cœur d’un noir profond moucheté de petites macules blanchâtres et à zone corticale grisâtre.
La Craie de Trivières, d’un blanc jaunâtre et nettement plus grenue, est dépourvue de silex.
Le conglomérat phosphaté avec fragments de craie et l’association des deux bélemnites Gonioteuthis quadrata et Belemnitella mucronata les sépare. Sa constitution est des plus variable, tant latéralement que Nord-Sud.
Ce niveau recelait une intéressante faune d’élasmobranches (J . Herman 1977), et de nombreux moules phosphatés de spongiaires. Seuls les macro-éléments furent découverts et mentionnés en 1974 et 1975. Les micro-éléments furent découverts ultérieurement après dissolution des résidus à l’acide monochloracétique.

Diverses fouilles furent entreprises entre 1973 et 1978 avec nos collaborateurs M. Crochard et M. Girardot, ensuite avec G. Coupatez et G. Wouters et enfin, avec R. Smith..

Lors de la création du nouveau tracé du Canal du Centre (1986-1987) quelques ultimes prélèvements furent effectués (fouilles J . Reynders et Fouilles D.&M. Hovestadt).

Il est important de signaler l’évolution de la constitution du niveau séparant Craies de Saint-Vaast et de Trivières. Sur à peine quelques 300 mètres du Sud au Nord, il se présenta comme suit :

1.Brèche crayeuse (Marlière, 1937)) ………nouvelle interprétation : partie inférieure d’un glissement en masse.

2. Horizon conglomératique phosphaté avec galets de craie subanguleux ( observations 1973-1978)
……. interprétation : zone médiane du même phénomène.

3. Horizon phosphaté relativement ténu (chantier du Nouveau Canal 1987), gravillons de craie
………………………………………………… interprétation : partie haute et déchargée.

Observation biologique :

Il nous fut donné d’observer à quelques reprises des pseudoscorpions vivant sous des blocs de craie (de Trivières uniquement). Les individus observés étaient solitaires. Nous pensons pouvoir les attribuer à l’espèce : Chtonius(Chtonius) tenuis Koch L. , 1873 (Pseudoscorpiones Famille Chtoniidae).

Références bibliographiques :

HERMAN J., 1977 : Les Sélaciens des terrains néocrétacés et paléocènes de Belgique et des contrées limitrophes. Eléments d’une biostratigraphie intercontinentale. Mémoires pour servir à l’explication des Cartes Géologiques et Minières de la Belgique. Bruxelles. 15 (1975) : 314 –315.

LEGG G., & JONES R-E., 1988 : Pseudoscorpions Synopses of the British Fauna (New Series). N°40. Bril/Backhuys. London : 159p (voir p. 68-70).

MARLIERE R., 1937 : Compte-rendu de l’excursion de la Société Géologique… Annales de la Société Géologique de Belgique. Liège. 60 (1936-1937) : p.Bull. 99-101.

Iconographie : 12 planches photographiques accompagnent ce descriptif. Jacques Herman 06. 05 2007

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