102W0388
PL UCCLE 102W Service géologique
M.Mourlon de Belgique
388(I) Compte-rendu de l'excursion géologique aux environs
de Bruxelles à l'occasion des grands déblais effectués
à Forest pour la création de nouvelles avenues, le dimanche
29 mars 1908.
(Bull.Soc.belge de géologie,Bruxelles, t.XXIII,pp.149-153.)
(Séance du 15 avril 1908).
La premiére coupe qui s'imposa à notre attention fut
celle du haut talus limitant à l'Est le boulevard
Guillaume Van Haelen, en voie de construction et
s'étendant le long de la propriété de M. Smet, jusqu'a
la rue des Eglantines (fig.1).
Seulement, la partie la plus importante de la coupe
(fig.1) étant fournie par la paroi sententrionale du
déblai qui lui a donné naissance et cette paroi étant
appelée à disparaître promptement par suite de
l'avancement rapide des travaux, ce qui donne un
caractère des plus fugaces aux observations qu'elle
permet d'y effectuer, il importait de ne point différer
notre visite sur les lieux.
Après avoir appelé l'attention sur la grande
stabilité du terrain, figuré dans la coupe ci-aprés,
bien qu'il soit entrecoupé de nombreuses failles si
bien mises en evidence par la disposition en escalier
du banc de grès à Nummulites no 2, failles qu'on
retrouvera, du reste, dans une situation analogue en
s'avançant vers le sud, le long de la vallée, j'ai cru
devoir, en attendant que le rassemblement des
excursionnistes fût complet, présenter les quelques
considérations suivantes:
Conséquences de la nature du terrain à Forest, pour
la Jonction Nord-Midi.
Il ne sera peut-être pas inutile d'appeler l'attention
sur les conséquences qu'entraine, pour les grands
travaux projetés de la jonction des gares de Bruxelles
Nord-Midi, l'étude des importants déblais qui
se pratiquent en ce moment, dans des sables
identiques, pour la création de nouvelle avenues à
Forest, entre le boulevard Guillaume van Haelen, en
construction et l'avenue d'Huart.
Eocène inférieur yprésien:
Yd. 1* Sable humecté foncé avec parties argileuses et
présentant sur la paroi septentrionale de petites
bandes d'argile sableuse jaune tranchant par leur
teinte plus pâle et paralèles au banc no 2 (Ech.)
2* Banc à Nummulites planulata incliné à 10 Est, comme
le montre également la paroi septentrionale du déblai,
ou il est constitué par du grès dur avec un niveau de
Nummulites en dessous. Ech.coll.stratigr.
3 Sable très fin pâle, visible sur près de 10m. de haut
f=faille.
On a pu se convaincre, en effets, que les sables fins
yprésiens, soi-disants boulants, qui affleurent sur
tout cet espace, n'ont pas donné le moindre mécompte
aux travaux de terrassements, bien qu'il renferment,
comme dans le sous-sol de la capitale, des lentilles
argileuses, si souvent invoquées pour justifier
certaines réserves quant à l'issue favorable des
travaux du Métropolitain bruxellois.
Des tranchées presque à pic y ont été creusées sans
blindage ni étançonnage, et le sable étant sec ou
légèrement humide, les parois, à inclinées, se
maintiennent comme des murailles.
J'ai rappelé à cette occasion qu'un organe de la
presse bruxelloise(1) parlant, il y a quelques jours
de la future et problématique gare centrale, comme il
l'appelle, faisait allusion à un incident survenu
récemment aux travaux de construction d'une maison
rue de l'Hopital, mais sans dire en quoi consistait cet
incident.
Or, renseignements pris sur les lieux, il se trouve que
les sondages pratiqués tout récemment, en ce point,
n'ont absolument rien décelé d'anormal et qu'il n'a pas
même été nécessaire de recourir à des sondages tubes
pour atteindre, à plus de 8 mètres de profondeur,
le niveau ou passera le rail du Métropolitain tout
contre l'habitation en question, ce qui n'eut certes
point été le cas si l'on avait à du boulant.
(voir pl. Bruxelles, 539)
Comme l'a fait remarquer une autre de nos feuilles
quotidiennes dans un articulet intitulé: Rue de
l'Hôpital(2) "on n'a rien trouvé qui sortit des
prévisions ni qui fût en contradiction avec les
sondages précédement effectués. Le terrain est, certes,
très aquifére à partir d'un certain niveau, mais une
saigné - et ce sera un jeu d'y établir, à la profondeur
voulue, une galerie de drainage- ce sera l'un des
meilleurs que l'on puisse rêver pour une fouille".
(1) Le Soir du 25 mars 1908.
(2) Journal de Bruxelles du 9 avril 1908.
Parmi les sondages invoqués dans les lignes qui précèdent
je n'en rappellerai qu'un seul, celui le plus rapproché du
point incriminé et qui fut pratiqué par le Service
géologique pour l'Administration des Chemins de fer
de l'Etat, dans la cour de la maison portant le
numéro 19 de la rue d'or, à la cote 35.87.
Il descendit jusque 17 mètres de prodonfeur dans le sable
Yprésien, argileux vers le bas, sans rien mentionner
d'anormal (voir pl.Bruxelles, 203).
La vérité, c'est que, dans l'esprit du plus grand
nombre, les terrains dans lesquels doit être éxécuté,
à mi-côte, l'important et indispensable travail de la
Jonction Nord-Midi, sont assimilés à tort aux terrains
tourbeux d'alluvions du bas de la ville, rencontrés
naguére, pour les fondations des agrandissements de
la caisse d'Epargne, rue Fossé-aux-Loups, à proximité
de la rue du Marais, dont le nom seul est déjà une
indice suffisant de la nature défectueuse des terrains
en ce point. Et cependant, même dans ces
circonstances si défavorables, on n'entend guère parler
d'affaissements et moins encore d'effondremnts des
innombrables édifices et habitations qui reposent sur
ces dépôts alluvioneux.
A plus forte raison n'en sera-t-il point ainsi dans la
partie la plus élevée de la ville où passera le
Métropolitain bruxellois et ou s'élèvent des momuments
comme L'église Sainte-Gudule dont on n'avait pas craint
de prédire la destruction avant d'avoir pu apprécier,
comme il convient, l'heureux résultat des études par
sondages qui ont été effectuées dans le sous-sol
tertiaire, entre les gares du Nord et du Midi. Il faut
ajouter enfin que toute l'économie du projet de
jonction réside surtout dans le fait de pouvoir éviter
les gares de rebroussement et de dispenser tout au
moins les grands express venant d'Ostende, de passer
par le pont de Laeken encombré par le trafic croissant
qu'amènera de plus en plus inévitablement Bruxelles
port de mer. On prendra la ligne directe en préparation
de Gand-Saint-Pierre à Bruxelles-Midi et, de là, on
continuera par voie non moins directe et
souterrainement, par le Nord, dans toutes les
directions, vers la Suisse, l'Allemagne, la Russie et
l'Autriche.
Ce sera la réalisation d'un projet tout à la fois
grandiose, utile et indispensable.
On se convaincra de plus en plus, par ce qui va suivre,
que les sables fins yprésiens avec leurs lentilles
argileuses ne méritent nullement la mauvaise réputation
qui leur a été faite par les adversaires du
Métropolitain bruxellois.
Et cela n'est pas seulement vrai pour les sables qui,
dans la coupe figure 1, se montrent sur 10 mètres de
hauteur, entre les cotes 40 et 50, mais aussi pour ceux
qui ne sont plus visibles à présent et qui affleuraient
jadis à une quinzaine de mètres au-dessus de la dite
coupe, près l'ancienne barrière de forest, entre les
cotes de niveau 60 et 65, comme le montre la coupe de
98 que j'ai relevée le 28 avril 1872 et qui avait déjà
disparu l'année suivante.
Lorsqu'on se trouve au bas de la rue des Eglantines,
qui limite, au Sud, la coupe figure 1, on aperçoit
encore sur la hauteur la maisonnette blanche de
l'ancienne barrière de Forest, no 98, renseignée sur la
carte au 20.000e, et l'on peut embrasser d'un coup
d'oeil tout ce versant de la colline dont les terrains,
qui sont identiques à ceux que traversera la Jonction
Nord-Midi, n'ont jamais, que je sache, présenté les
inconvénients tant redoutés pour le grand travail à
exécuter.
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PL UCCLE 102W Service géologique
M.A. Ledoux
388 (suite)
Annales de la Société géologique de Belgique.
Liège, 1911, t.38, Mém.p.p.160-162.
Roches yprésiennes (Eocène inférieur)
Calcaire yprésien à Nummulites planultata de
Forest-lez-Bruxelles.
(Ech. communiqué par M. M. Mourlon)
Pl. Uccle, 388-2, Texte, pp.102-103.
La roche est considérée ordinairement comme un grès:
c'est l'appellation qui lui est donnée dans la légende
de la carte géologique. En ce qui concerne
l'échantillon que j'ai examiné, cette dénomination est
fautive et il s'agit en réalité d'un calcaire. On
constate à l'oeil nu qu'il est principalement constitué
par l'accumulation des Nummulites planulata disposées
parallèlement entre elles.
Examen microscopique.- La roche taillée suivant une
direction perpendiculaire au plan suivant lequel sont
couchées les Nummulites montre des coupes de ces
foraminifères. Ils sont constitués par un test calcaire.
Entre les divers individus il y a un ciment, constitué
par de la calcite secondaire, mélangé à des grains de
quartz et de la glauconie. Les grains de quartz sont petits,
à contours arrondis et ne contiennent que peu ou pas
d'inclusions. La glauconie a parfois subi l'altération
limoniteuse.
La disposition de la calcite constituant le teste des
Nummulites est très curieuse: cette calcite est
fibreuse. En examinant la préparation en lumière
parallèle entre nicols croisées on constate que chaque
loge est constituée par un sphérolite plus ou moins
tronqué (fig.4.) Au centre de la Nummulite on a un
sphérolite complet qui montre parfois le phénomène dit
de Bertrand-Klein (Pl.IX-fig.10) c'est-à-dire que le
sphérolite présente en lumière polarisée parallèle une
figure analogue à celle d'une lame de calcite taillée
perpendiculairement à l'axe optique et vue en lumière
convergente: on voit une croix noire dont les branches
sont orientées suivant les sections principales des
nicols et les cercles concentriques colorés. Ce
phénomène est général aux sphérolites de tous les
minéraux uniaxes à forte biréfringence. Pour
l'observer convenablement il faut abaisser ou relever
l'objectif de telle façon que la mise au point
correspond au centre du sphérolite placé plus bas ou
plus haut que le plan de la lame mince. Ce phénomène
s'explique aisément. Les fibres du minéral sont
allongées suivant l'axe optique. Celles qui sont
dirigées suivant les sections principales des nicols se
trouvent dans leur direction d'extinction et donnent la
croix noire. Quant aux circonférences d'égal retard que
l'on observe en lumière convergente, elles sont dues à
des variations de l'obliquité relative du rayon
lumineux et de la lame cristalline. Dans ce cas la lame
conserve en tous ses points la même orientation: c'est
le rayon lumineux qui change d'inclinaison. Au
contraire, dans le sphérolite observé en lumière
parallèle le rayon lumineux conserve en tous les points
la même direction, mais en chacun d'eux l'orientation
de la section diffère. Il en résulte un phénomène
identique.
Souvent, une partie de la Nummulite a été dissoute et
de la calcite secondaire fibreuse ou grenue vient se
déposer sur le contour des parties demeurèes intactes.
En somme, il s'agit d'un dépôt de Nummulites avec
quelques grains de quartz et de glauconie. La
circulation des eaux dans ce dépôt a remis en mouvement
une certaine quantité de calcite qui a servi à
constituer le ciment de la roche. Dans l'échantillon
examiné la calcite formait de beaucoup le constituant
essentiel de la roche qui dans ces conditions est un
calcaire. Il se pourrait cependant qu'en certains
points la proportion de calcite soit moindre, celle de
quartz détritique plus élevée et l'on passerait alors
au grès calcareux.