088W0657

PL. BRUXELLES 88 W. SERVICE GEOLOGIQUE
A. RUTOT DE BELGIQUE

657(VIII)
Transformation du Quartier d'Isabelle.
Résultat des Sondages exécutés par M. Rutot, Géologue.

Sondage no 1

Cote de l'Orifice: 40.525.

1. Sable grossier, altéré et sali avec fragments
de brique, formant remblai 0.00 1.50 1.50
2. Sable limoneux, cohérent, hétérogène 1.50 2.00 0.50
3. Sable bruxellien assez pur, plus ou moins
chargé de limon 2.00 4.00 2.00
4. Sable bruxellien grossier, meuble altéré 4.00 5.00 1.00
5. Sable très fin, cohérent, devenant plus
argileux en descendant (sable Yprésien) 5.00 7.00 2.00

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Sondage No 2

Cote de l'orifice 41.97.

1. Remblai noir, hétérogène avec fragments de
briques, devenant sableux et moins hétérogène
vers le bas 0.00 1.70 1.70
2. Sable grossier, meuble, sali 1.70 2.55 0.85
3. Sable moins gros, très sale 2.55 3.40 0.85
4. Sable bruxellien remanié, hétérogène,
mêlé d'argile 3.40 3.70 0.30
5. Sable bruxellien mêlé d'argile très
ferrugineux, cohérent 3.70 4.80 1.10
6. Sable bruxellien, fin, altéré, cohérent 4.80 5.80 1.00
7. Gros sable bruxellien, pur, meuble 5.80 6.40 0.60
8. Sable gris très fin remanié 6.40 6.90 0.50
9. Gros sable bruxellien, pur, meuble,
paraissant en place 6.90 7.00 0.10

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Sondage no 3

Cote de l'orifice 47.81.

1. Mélange hétérogène de gros sable bruxellien
et d'argile 0.00 2.00 2.00
2. Remblai hétérogène, plus ou moins sableux
avec briques 2.00 2.60 0.60
3. Gros sable bruxellien, assez pur, meuble 2.60 4.40 1.80
4. Sable terreux, noirâtre, très sale 4.40 6.25 1.85
5. Sable bruxellien, grossier, meuble, sali
vers le haut, mais devenant pur vers le bas 6.25 10.00 3.75
6. Sable fin remniê 10.00 11.80 1.80
7. Mélange de sable bruxellien & d'argile
yprés. 11.80 12.15 0.35
8. Sable très argileux assez pur 12.15 13.00 0.85
9. Sable hétérogène plus ou moins graveleux
avec quelques petits cailloux de silex 13.00 13.50 0.80
10. Sable fin yprésien, avec linéoles d'argile
vers le haut 13.50 15.00 1.20

Niveau d'eau vers 7.70m. de profondeur.

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Sondage no 4

Cote de l'orifice: 48.155

1. Sable noirci, sali, assez meuble 0.00 4.05 4.05
2. Gros sable bruxellien, ferrugineux mélange
d'arg. 4.05 5.05 1.00
3. Sable yprésien, fin, pur, avec fragments de
grès bruxellien 5.05 6.15 1.10
4. Sable très fin, yprésien avec linéoles
d'argile à diverses hauteurs 6.15 15.00 8.85

Niveau d'eau vers 8.10m. de profondeur.

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Sondage no 5

Cote de l'orifice 39.87

1. Terre noire de remblai avec fragments de
briques 0.00 2.15 2.15
2. Sable assez fin, assez pur, un peu argilux 2.15 3.25 1.10
3. Sable noir, tourbeux 3.25 3.75 0.50
4. Sable sali, cohérent d'apparence remanié 3.75 5.00 1.25
5. Terre noire cohérents 5.00 5.80 0.80
6. Sable limoneux gris, d'apparence remanié 5.80 6.25 0.45
7. Argile yprésienne 6.25 6.75 0.50
8. Sable très fin, yprésien 6.75 7.00 0.25

Niveau d'eau vers 3.75m. de profondeur.

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Sondage no 6

Cote de l'orifice 38.89.

1. Remblai hétérogène, noir, avec fragments de
briques 0.00 1.50 1.50
2. Sable noir, très tourbeux 1.50 2.75 1.25
3. Sable limoneux, cohérent, d'apparence remanié 2.75 4.75 2.00
4. Argile noire, très tourbeuse 4.75 5.60 0.85
5. Sable très fin, limoneux, facies de foirage 5.60 6.00 0.40

Niveau d'eau vers 3.75 de profondeur.

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Sondage no 7

Cote de l'orifice 39.95

1. Terre noircie, très hétérogène, avec très
nombreux fragments de briques, surtout vers
le haut 0.00 2.80 2.80
2. Mélange de gros sable et d'argile, hétérogène 2.80 3.30 0.50
3. Grois sable noir, tourbeux avec fragments de
bois et de racines 3.30 4.20 0.90
4. Limon gris, cohérent 4.20 4.75 0.55
5. Gros sable, mélange d'argile, très cohérent 4.75 6.70 1.95
6. Sable bruxellien grossier, assez pur 6.70 6.85 0.15
7. Sable bruxellien grossier, un peu graveleux 6.85 6.90 0.05
8. Sable fin yprésien 6.90 7.00 0.10

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Sondage no 8

Ce sondage a été supprimé.

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Sondage no 9

Cote de l'orifice 38.00

1. Remblai noir, argileux, avec briques 0.00 1.70 1.70
2. Sable argileux, noir très tourbeux 1.70 2.70 1.00
3. Argile noire, tourbeuse 2.70 3.70 1.00
4. Sable très fin, cohérent, facies de foirage 3.70 5.00 1.30

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Sondage no 10

Cote de l'orifice 38.07.

1. Sable bruxellien, grossier, plus ou moins pur 0.00 2.60 2.60
2. Sable bruxellien, demi fin, meublé, assez pur 2.60 3.50 0.90
3. Sable très fin, pur, un peu cohlrent, avec
une linéole d'argile de 0.25 d'épaisseur,
entre 4.05 et 4.30 de profondeur 3.50 5.00 1.50

Niveau d'eau vers 2.65 de profondeur

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Sondage no 11

Cote de l'orifice 45.54.

1. Sable grossier bruxellien, assez meuble, sali 0.00 3.00 3.00
2. Remblai très hétérogène, sale, avec fragments
de briques et de mortier, sableux vers le bas 3.00 6.00 3.00
3. Sable bruxellien, fin, assez pur 6.00 6.90 0.90
4. Remblai noir avec briques 6.90 7.85 0.95
5. Sable fin bruxellien, meuble, pur 7.85 8.65 0.80
6. Sable très fin yprésien 8.65 13.00 4.35

Niveau d'eau vers 9.15 de profondeur.

Ces sondages, généralement compliqués, ont été
d'interprétation délicate et difficile, car parfois
des couches d'apparence et de composition identiques
doivent être rapportées à des terrains de natures très
différentes au point de vue de l'origine.

Après analyse détaillée des échantillons tirés des
sondages, j'ai reconnu que l'ensemble des couches
traversées peut se subdiviser en trois masses
distinctes, de composition très variable.

Ces trois masses sont:
1e) les remblais apportés de main d'homme;
2e) les remblais naturels, résultant de l'entrainement
de matériaux par ruissellement, de grands foirages,
de couches imprégnées d'eau et de dépots de
marécages intercalés; enfin
3e) Viennent les terrains purs de la série géologique
dits "en place" mais qui ne le sont pas en réalité.

Nous étudierons d'abord le groupe des remblais
artificiels.

Cette étude nous sera facilitée par l'examen des coupes
qui accompagnement le présent travail.

La première de ces coupes, suivant la direction
générale de la rue des Douze Apotres, passe par les
sondages, 10, 9, 6 et 1.

Nous y voyons le remblai superficiel, teinté en rose,
commencant à apparaitre vers le sondage 10, pour se
développer bientot sur une épaisseur à peu près
constante de 1.75m. environ, sur tout le reste de la
coupe.

Ce remblai, sans doute ancien, est noir, argilo-sableux,
hétérogène et renferme d'assez nombreux fragments de
briques.

Une seconde coupe longitudinale parallèle à la première
et distante de 20 mètres de celle-ci, suit les sondages
11, 7,5 et 2.

Ici, le remblai s'étend sur toute la coupe et l'on
remarque que la butte comprise entre les sondages 11
et 7 est composée en entier de remblais, dont
l'épaisseur atteint 8 mètres au sondage 11.
Ce remblai parait avoit été déposé à des époques
successives, car il est très hétérogène dans ses
parties; tantot il est noir, avec fragments de briques,
tantot il est formé de sable plus ou moins pur.

Les coupes transversales confirment les données
fournies ci-dessus et montrent que presque toute
l'étendue explorée est couverte de remblais artificiels
d'une épaisseur moyenne de moins de 2 mètres, mais qui,
localement, peuvent atteindre jusque 8 mètres.

Viennent ensuite les remblais naturels dus à l'action
des causes géologiques et météorologiques.

A l'inspection des coupes, il est aisé de
constater que, primitivement, il a existé, sur le
territoire exploré, un ravin creusé par des sources et
qui s'est, peu à peu approfondi et élargi. Ce ravin
date du temps où la vallée de la Senne et de ses
affluents se creusait et prenait son relief actuel.

Plus tard, les sources devinrent moins
abondantes et le ravin garda les dimensions qu'il
avait acquises, avec des talus assez raides.

Ces talus trop rapides ne purent se
maintenir, et, bientot, des àboulements se produisirent
qui élargirent le ravin en commençant à le combler.
De temps en temps survinrent des périodes
de sècheresse qui permirent aux parois encore assez
inclinées de se maintenir.

Grâce aux suintements constants des sources,
le fond du ravin se transforma en marécages où
s'étendirent, en même temps, les rapports dus aux
ruissellements sur les pentes et une végétation dont
les débris donnèrent naissance à la tourbe; mais à
diverses reprises, des foirages et des éboulements se
produisirent et c'est cet ensemble, qui peut avoir de
4 à 5 mètres d'épaisseur, qui finit par combler, au
moins en partie, le fond du ravin.

J'ai représenté la masse de ces remblais
naturels par une teinte bleue, à laquelle est associée
une teinte gris foncé, qui représente la partie des
dépots où la quantité de matières végétales accumulées
sous forme de tourbe est très notable.

De cette manière, le teinte bleue pure a
été réservée aux couches de sable soit pur, soit plus
ou moins limoneux et cohérent qui résultent des
foirages et des éboulements.

Les sables limoneux dits cohérents, n'ont
quelque consistance que lorsqu'ils sont secs; à l'état
humide ils sont mous et ébouleux.

Sous les remblais naturels, se développent
largement en sous-sol les couches dites "en place".

A la profondeur exploré par les sondages,
les couches dites "en place", comprennent, vers le
haut, le sable bruxellien, teinté en jaune sur les
coupes; puis le soubassement général est constitué par
l'étage Yprésien, formé de sable très fin avec
linéoles d'argile vers le haut et passant vers le bas,
à une cote inférieure à celle atteinte par les sondages
les plus profonds, à l'argile sabloneuse Yprésienne,
dont l'épaisseur peut atteindre 40 mètres.

Normalement, le contact du Bruxellien sur
l'Yprésien devrait se présenter comme une ligne
horizontale qui se maintiendrait à la cote 45 environ.

Or, l'examen des coupes montre qu'il n'en
est rien; les lignes de contact se tiennent à des cotes
inférieures à 45m. et elles ne sont pas dans le
prolongement l'une de l'autre.

Ces couches dites "en place" ne le sont
donc pas en réalité, et actuellement la continuité, la
régularité et la hauteur primitives ont été remplacées
par des irrégularités assez considérables.

Ces perturbations sont déjà anciennes et
elles datent de l'époque du creusement de la vallée de
la Senne.

Il y a lieu, en effet, de considérer que
le plateau au travers duquel s'est creusée la vallée
étendait primitivement sa surface à la cote 100
environ.

La rivière, en entamant le plateau sableux
s'est peu à peu enfoncée jusque vers la cote - 10
maximum. Il s'en suit que le creusement total a
été de 110 mètres.

On conçoit que les versants plus ou moins
rapides de la vallée n'ont pu se maintenir intacts;
des fissures verticales se sont produites sur le
plateau, parallèlement à la direction; puis les blocs
de terrains, se sont détachés et sont descendus d'une
pièce en se tassant vers le bas.

Ces blocs, formés de la superposition du
sable bruxellien sur l'Yprésien sont donc ainsi
descendus de quantités inégales et ce sont ces déni-
vellations de couches que nous rencontrons sur le ver-
sant principal de la vallée.

Ces parties inégalement descendues ont
été à leur tour, dans la suite, recoupées, par le ravin
perpendiculaire à la direction générale de la rivère.

Ces masses descendues, hors de leur position
normale, sont naturellement beaucoup moins solides
que les couches restées réellement en place et le
principal danger qu'elles présentent réside dans les
fissures verticales qui peuvent se trouver à peu de
distance de la paroi que l'on observe.

Sans qu'on puisse s'y attendre, des
tranches verticales de terrain peuvent ainsi s'ébouler
d'un coup et occasionner des accidents dont les
ouvriers seraient principalement les victimes.

Pour terminer, il est nécessaire d'entamer
maintenant le point de vue hydrologique.

Le report, sur les coupes, des niveaux
d'eau constatés, montre que la surface de la nappe
liquide se maintient à la cote 36 environ.

En quelques points, ce niveau tombe à la
cote 32 ou 33, en d'autres, il peut s'élever jusqu'à
des causes locales. Lorsque le niveau d'eau se constate
dans une couche de sable perméable, la présence de
l'eau se montre immédiatemment, avec netteté, tandis
que si l'on l'atteint à la traversée d'une couche
argileuse, la surface de la nappe liquide est diffuse
et elle ne s'impose qu'après un certain temps à une
cote un peu trop basse.

En réalité la vraie cote s'approche sans
doute de 37 mètres.

Avant de terminer ce rapport, je dirai
que j'ai multiplié les coupes afin de réduire le texte
au minimum.

Ces coupes ont été établies à l'échelle
uniforme de 5 millimètres par mètre, tant pour les
hauteurs que pour les longueurs de telle facon que l'on
se trouve devant des allures et des inclinaisons vraies.

J'ajouterai que le Bruxellien en place
représenté sur les coupes est constitué par le sable
meuble à gros grains qui forme la base de l'étage.

D'ordinaire ce sable renferme des rognons
irréguliers de grès durs, qui ne paraissent guère
exister dans la région explorée.

Les sondages ont montré que la partie
supérieure de ces sables bruxelliens en place est
noirâtre et fortement salie, parfois sur plusieurs
mètres d'épaisseur. Ce noircissement ne peut être
qu'attribué à l'infiltration multiséculaire d'eaux
superficielles très sales et chargées de détritus
végétaux ou de matières organiques; les grains du sable
ont fini par être revêtus d'une mince couche charbon-
neuse.

Pour ce qui en est des nouvelles construc-
tions à établir sur la région étudiée, il y aura lieu
de tenir bon compte de la composition du sous-sol et du
niveau d'eau constaté et de voir quelles relations
existent entre les fondations des constructions futures
et les couches dans lesquelles elles seront établies.

Bruxelles, le 29 janvier 1910.
Le Géologue,
(s) Rutot.