062E0222

          PL.HOUTHAELEN 62E             Service géologique
          F.Halet                          de Belgique

                            6 avril 1923

222 (VII) Coupe relevée sur le bord Nord du nouveau canal
          charbonnier à l'Ouest de la gare de Houthaelen.


1         Sol végétal avec limonie des marais                 de 0m20 à 0m50

2         Petits niveaux tourbeaux à allure
          lenticulaire d'épaisseur                            de 0m10 à 0m20

3         Sable gris-blanchâtre et jaunâtre, quartzeux,
          finement glauconifère, contenant sporadiquement
          des petits cailloux de quartz blanc, de quartzite
          et de silex roulés                          épaisseur:4 à 5 mètres

4         En face de l'installation de pompage, on voit
          actuellement immédiatement sous le niveau tourbeux,
          une partie lenticulaire composée de sable vert,
          quartzeux, glauconifère, identique au sable 
          diestien; en profondeur ce sable devient blanchâtre
          et se confond avec le sable No 3.

5         Gravier de cailloux de silex, de quartz blanc, de
          quartzite roulés d'ou s'échappent des eaux assez
          abondantes et ferrugineuses                            0m10 à 0m20

6         Sable vert (Diestien).


    N.B.- Il est intéressant de remarquer que le ruisseau
          Winterbeek, est d'âge récent, car on ne voit pas de
          trace de son parcours dans le talus de la coupe.


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          PL.HOUTHAELEN 62E             Service Géologique
          F.Halet                          de Belgique

222(suite)Bull.Soc.Belge Géologie,Bruxelles,1923,t.XXXIII,pp.229-232

          Troisième partie.
          La fouille du canal charbonnier à Houthaelen

          (Compte rendu par F.Halet)

          Peu à l'ouest de la station de Houthaelen du chemin de
          fer de Hasselt à Eindhoven, un premier tronçon du
          futur canal d'Anvers à Liège se trouvait en voie
          d'achèvement.

          L'Administration des Ponts et Chaussées a fait
          exécuter cette fouille afin d'obtenir les terres
          nécessaires aux travaux de remblai du nouveau chemin
          de fer charbonnier Asch-Houthaelen.
         
          La tranchée nouvelle, profonde de 4 à 6 mètres,
          s'étend sur une longueur d'environ 500 mètres. Le levé
          détaillé de ses parois a fourni la coupe ci-contre.

          L'interprétation géologique de cette coupe nous
          paraît être la suivante :

          Les couches no 1 et no 2 sont incontestablement d'âge
          moderne.

          Divers débris végétaux, notamment des racines d'arbres,
          se montrent depuis la surface jusqu'à 2m50 de profondeur.

          La couche no 3 est formée d'un sable jaunâtre, par
          places gris jaunâtre ou gris verdâtre, quartzeux,
          légèrement glauconifère, contenant des linéoles d'un
          sable plus fin, limoneux et, vers la base, des parties
          franchement limoneuses.

          Ce sable renferme, sous forme lenticulaire, des
          trainées de sables graveleux, avec petits cailloux
          roulés de quartz blanc, d'arkose, de grès, de
          phyllades, de phtanite noir et de silex, ainsi que
          des éclats de silex bleus, gris et noirs.

          Ces masses graveleuses, tou à fait lenticulaires,
          ont une allure ravinante dans la masse des sables
          gris jaunâtre, quartzeux.

          Les sables no 3 rappellent, en tous points, ceux
          représentés dans le fond de toutes nos grandes vallées
          quaternaires de la basse Belgique,

--------------------  Fig. -----------------------
                                                          Epaisseur
                                                            Mètres

1.        Sol végétal sableux avec limonite des marais   0.20 à 0.50
2.        Dépôts lenticulaires de tourbe                 0.10 à 0.30
3.        Sable jaunâtre et gris jaunâtre, quartzeux
          avec parties limoneuses (3) et contenant de
          rares et petits cailloux de silex et quartz
          blanc roulés, et éclats de silex (3")          3.50 à 4.00
4         Gros cailloux roulés de quartz blanc, de
          quartzite et silex                             0.10 à 0.40
5.        Sable vert avec grès ferrugineux (5')          1.00 à 2.00

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          où ils surmontent le gravier de la basse terrasse.

          En conséquence nous considérons ces sables no 3 comme
          étant d'âge pléistocène supérieur.

          La couche no 4 est formée d'un gravier composé de gros
          cailloux roulés de quartz, de quartzite, de grès et de
          silex, dans lequel un seul reste organique, une dent
          d'Equidé, a été receuilli par l'entrepreneur et transmis
          par M.Vincent, à fin de détermination, à M.L. Dollo.

          Cette couche no 4 paraît représenter le gravier
          pleistocène de la basse terrasse de nos rivières belges.

          Situé ici à la cote 38 à 40, ce gravier correspond au
          niveau de la basse terrasse du Démer.

          Le sable et les grès du niveau no 5 nous paraîssent
          être les représentants des sables pliocènes ou diestiens.

          Au total, cette coupe présente un intérêt considérable,
          si on la considère du point de vue de la géologie du
          Quaternaire et de la géographie physique des vallées
          campinoises.

          En effet, la fouille traverse perpendiculairement la
          vallée d'un petit ruisseau, le Winterbeek, qu'il a
          évidemment fallu détourner, mais dont le cours naturel
          tel qu'il existait avant les travaux, est indiqué au
          croquis (fig.2).

          L'étude de la coupe du sol à l'emplacement même du lit
          naturel nous montre que le ruisseau n'a guère déposé
          d'alluvions; d'ou la conclusion que le lit en question
          est fort récent.

          D'ailleurs, les couches inférieures nos 3 et 4 de la
          coupe ne peuvent être considérées que comme des dépôts
          nettement fluviatiles. Leur allure ravinante,
          lenticulaire et la nature de leurs éléments, grossiers
          et graveleux, en témoignant. Ce sont là les vestiges
          d'un ancien cours d'eau important d'âge pléistocène,
          qui a emprunté graviers et cailloux aux terrasses
          moyennes et hautes de la Campine. Qui plus est, la
          base du gravier no 4 a une pente bien caractérisée
          de l'Est vers l'Ouest.

          En résumé, ces dépôts paraissent ne pouvoir être
          considérés que comme la basse terrasse d'un cours
          d'eau pléistocène, de direction Nord-Sud, c'est-à-dire
          sensiblement parallèle au cours récent du Winterbeek.
          C'est donc vraisemblablement un cours ancien du
          Winterbeek.

          Le travail de creusement de l'excavation a été
          sérieusement entravé, vers l'extrémité occidentale de
          la fouille, par la nature boulante des terrains.

          L'examen de la coupe montre que ce sont les sables no 3
          très limoneux vers la base (3'), qui, boulants, ont
          entrainé les berges au fur et à mesure de
          l'approfondissement de la fouille. C'est que les limons
          empêchent le drainage naturel des sables no 3 et,
          ainsi, amènent le foirage des talus.C'est un accident
          local, mais qui, au cours du creusement du canal,
          pourrait se représenter fréquemment à la traversée des
          vallées campinoises, si l'on adoptait au delà d'une
          certaine profondeur un procédé de déblai à niveau vide.

          Constatations hydrologiques. - Cette tranchée nous a
          encore permis de faire d'intéressantes observations
          sur la circulation souterraine des eaux dans cette région.

          Les venues d'eau se faisant jour dans la fouille
          avaient deux origines bien distinctes.

          Sur toute la longueur de la tranchée, le gravier no 4
          forme un important niveau aquifère. C'est celui de la
          nappe phréatique qui alimente tous les puits
          domestiques de la région.

          Dans la partie orientale de la fouille, une autre venue
          d'eau s'observait au sein des sables verts, avec grès
          ferrugineux, couche no 5 du croquis (fig.3)

          Lors du creusement, c'était en divers points du fond
          de la tranchée qu'on voyait sourdre des sources
          bouillonnantes, à gros débit.

          Elles se faisaient jour au fur et à mesure que
          l'excavation entamait les bancs de grès ferrugineux.

          Ces venues d'eau témoignent d'une circulation d'eau
          assez intense dans la masse sableuse du Diestien,
          c'est-à-dire entre les bancs de grès ferrugineux, qui
          entravent la circulation.

          Comme le Diestien plonge assez régulièrement vers le
          Nord, ces eaux se trouvent sous une certaine pression
          et jaillissent lors du percement de ces séparations
          gréseuses.

          L'heure s'avançant, les excursionnistes s'acheminèrent
          vers la gare de Houthaelen, ou des automobiles les
          attendaient pour les reconduire à Hasselt.