PL. GENT 55W
133 (VI-c)
X.STAINIER.- Bull. Soc. belge de Géologie, etc. Bruxelles, t.36, 1926,
p.140
J'ai eu, cet hiver, l'occasion d'observer un curieux "facies de ce sommet"
(NOTE: il s'agit du sommet du Panisélien inférieur) dans une importante
fouille faite à Gand, près de la lisière sud du parc, pour la construction
du Park-Residence, à l'angle de la rue du Fort et de l'avenue Militaire. On
a d'abord commencé par pratiquer une fouille générale de 1m50 environ de
profondeur, au fond de laquelle des tranchées de même profondeur ont été
creusées à l'emplacement des murs. Dans les longues tranchées dirigées N-S,
on voyait sous une épaisseur variable de remblais une couche de 2 mètres de
puissance maximum de sable argileux fin glauconifère, d'un vert jaunâtre,
avec marbrures et auréoles rougeâtres. On y rencontrait des valves dépar-
eillées assez rares de Cardita planisocta très friables et très difficiles
à extraire intactes de la roche. D'autres fossiles, plus nombreux mais
encore plus fragiles, étaient impossibles à conserver intacts. Je n'ai pu
conserver qu'un Solarium. Par places, au milieu de petits amas de sable
bien plus meuble, on voyait des blocs de grès pétris d'empreintes de Tur-
ritella. A tous ces caractères on peut aisément reconnaître les sables
d'Aeltre (Panisélien supérieur). La Carte géologique (1) montre d'ailleurs
en ce point un affleurement de cet étage. Vers le bas de l'étage et jusqu'à
0m40 de la base on voyait plusiuers amas d'une sable brun chocolaté prove-
nant manifestement du remaniement de l'étage sous-jacent, le Panisélien
inférieur, que les tranchées montraient sur 0m75 d'épaisseur maximum. On
avait là un bon point d'observation du contact entre les deux étages que
l'on n'a jamais vu ailleurs que dans la colline de Gand. Les auteurs
précités le décrivent un peu différemment. Delvaux dit que les deux forma-
tions sont séparées par une transition insensible. De Limbourg-Stirum
décrit le contact à la Citadelle de Gand (Parc) comme formant une ligne
très nette mais sans cailloux ou traces quelconques de ravinement. Rutot
mentionne un contact assez net avec petits graviers épars. Le contact que
j'ai observé était bien net, marqué, comme le disent tous les auteurs
précédents, par une différence brusque de teinte. Je n'ai vu aucune trace
de gravier, mais la ligne de contact était très ondulée, irrégulière, sug-
gérant des ravinements paisibles, ce que confirmait la présence d'amas de
sables inférieurs remaniés, dans la base de l'étage supérieur.
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(1) Feuille Gand-Melle par E.Delvaux.
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Le sommet de l'étage inférieur se montrait composé d'un sable différent de
celui que tous les auteurs signalent à ce niveau. M. Putman, entreprneeur
de la construction, à bien voulu pratiquer trois sondages à la tarière à
sec, en ma présence, aux extrémités nord et sud et au centre de la fouille.
Le plus au sud a recoupé le même sable chocolaté sur 0m50.
En descendant, le sable est devenue de plus en pâle, à teinte un peu mauve
et a passé graduellement à du sable gris pâle sans mica. Ce sable très fin
était meuble. Vers 2m75 on est arrivé au niveau d'eau, peu abondant, car le
sable était devenu un peu argileux. Le sondage a été poursuivi jusqu'à 4
mètres, où le sable devenait verdâtre, pointillé de glauconie. Cote de
l'orifice: environ 13 mètres.
Le sondage central, tubé, orifice à la même cote, a percé 1 mètre de sable
fin gris verdâtre pâle, montrant au sommet un lit épais de sable chocolaté,
suite de celui qui affleurait sur 0m25 dans la tranchée; puis, plus bas, on
ne voyait plus que de minces couches de sable chocolaté dans le sable
verdâtre. Plus bas, 0m50 de sable chocolaté fin avec petits points
blanchâtres (?). Puis 1 mètre de sable un peu argileux, verdâtre, pâle,
avec minces lits brun chocolaté. Puis 3m50 de sable fin un peu argileux,
gris verdâtre, devenant micacé à partir de la profondeur de 3 mètres et
montrant de minces lits d'argile couleur saumon. Le sondage le plus au
Nord, parti de la même cote jusqu'à 3m50, a montré que les sables choco-
latés sont encore plus minces dans cette direction.
A l'analyse, le sable chocolaté ne donne que des traces de fer infimes. Ce
n'est donc pas le fer qui colore le sable. En effet, celui-ci, chauffé sur
une spatule de platine, se décolore presque totalement et ressemble fort au
sable sous-jacent. C'est donc une matière organique tourbeuse ou ligniteuse
qui le colore.
Le contact entre les deux divisions du Panisélien se trouve approximative-
ment à la cote 13.50. Or Delvaux signale qu'à l'emplacement de l'Institut
des Sciences situé à environ 1 kilomètre N-N-E. du Park-Residence, le même
contact se trouve à la cote 16.70.