Les cahiers du Musée des Confluences -Études scientifiques n"3, 2012:11-16
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Par Irma Novljanin Grignard1
Introduction
Avec l'affaire de la restitution de la dépouille de la «Vénus hot¬ tentote » en Afrique du Sud et après la décision du muséum de Rouen de rendre leur Toi moko 2 au musée Te Papa Tongarewa de Wellington, le monde muséal et plus largement le monde scien¬ tifique, les autorités politiques et le public ont mesuré toute l'importance des enjeux autour de la question de la présence des restes humains dans les musées.
L'histoire de Saartjie Baartman constitue le premier exemple contemporain de cette problématique en France. La jeune
Sawtche, née en 1789 sur le territoire sud-africain actuel, avait été envoyée par son orphelinat dans la ferme d'un colon hollan¬ dais, Peter Caezar, qui la baptisa du nom de Saartjie3. En gran¬ dissant, Saartjie développa deux caractéristiques morphologiques singulières : une macronymphie4 que les scien¬ tifiques médicaux nommèrent en référence le «tablier hotten-tot »5, et une hypertrophie des hanches et des fesses. Ces deux attributs biologiques ont rapidement intéressé le frère de Peter Caezar et Alexander Dunlop6 qui ont rapidement imaginé com¬ ment faire fortune en l'exhibant comme «phénomène humain » en Europe. A 21 ans, Saartjie a été emmenée en Angleterre pour y être montrée de foire en foire comme une curiosité d'ailleurs
1 irma.qriqnard@qmail.com.
2 Tête maorie tatouée momifiée.
3 Prénom afrikaner.
4 La macronymphie est une élongation des labia minora ou petites lèvres, appelée aussi «tablier hottentot » (Encyclopedia Universalis, Jacques Maquet, article "Bochimans, Boschimans ou Bushmen", § Représentants et Caractéristiques).
5 Du fait de l'origine tribale hottentote des femmes développant notamment cette caractéristique.
6 Chirurgien de la marine anglaise.
LES CAHIERS DU MUSÉE DES CONFLUENCES 1 ÉTUDES SCIENTIFIQUES N°3 1
